Famille recomposée recherche succès.... (3/3)

• Ré-essayez les vétérans, les doyens, les valeurs sûres intemporelles qui traversent les âges sans (presque) prendre une ride.
• Ne vous laissez pas systématiquement berner par les blockbusters qui font tourner la boutique, mais qui se sentent à chaque coin de rue.
• Osez tester les perles rares qui n’ont jamais percé, mais surtout à cause d’une mauvaise com ou d’un nom raté... avant qu’elles ne disparaissent !
• Et fuyez les fils et filles indignes de leur lignées, ces fautes de goûts ou erreurs de jeunesse qui ne valent pas la peine qu’on s’y attarde.

L comme Lancôme

Le vétéran

Ô de Lancôme, lancé en 1969, en pleine vague fraîche, est un peu le pendant de l’Eau de Rochas : une cologne chyprée et florale, avec des notes de chèvrefeuille, de muguet et de basilic, signée Robert Gonnon (le papa d’Anaïs Anaïs et de Sikkim...)

Sinon, comme chez Dior, les « vieilleries » ont été rangées dans l’étagère du bas sous le nom "La Collection Fragrances", relancée pour les 70 ans de la marque en 2005 avec Climat, Sikkim, Sagamore et Magie.

Le blockbuster

Si Trésor parvient à se maintenir depuis de nombreuses années dans le top 20 en Europe (talonné par son flanker Midnight Rose) et aux US, La Vie est Belle est désormais le blockbuster international de la marque à la rose (d’ailleurs, elle est où la rose dans LVEB ?)

Avez-vous vu par ailleurs ce magnifique spot pub (clip ?) où l’on vous explique en introduction que La Vie Est Belle a en fait été conçue en 1949, mais qu’à l’époque ils n’arrivaient pas à faire ce flacon révolutionnaire en « forme de sourire ». Heureusement avec les nouvelles technologies, LVEB a enfin pu voir le jour ! (L’arnaque Miss Dior s’adapte à toutes les marques !)

La perle rare

Magie Noire, même si largement reformulé et pas mal amoché (surtout les notes de tête) pour qui a connu l’ancien (mais chutttt... une chronique est prévue pour très bientôt !)
Et puis aussi Poème, un accord fleur d’oranger mimosa enrobé de vanille, signé Jacques Cavallier (dont on reconnait d’ailleurs ici la signature commune avec Classique de Jean-Paul Gaultier)

La faute de goût

La dérive a il me semble commencé en 2005 avec Hypnôse : « Quoi ? On n’a pas encore d’oriental gourmand ? Ah ben vite, vite, faut en sortir un ! »
Puis le désastre Magnifique en 2008, qui semblait tellement calibré pour la Chine. Eh bien c’est réussi, il est dans le top 30 là-bas !

Enfin vint l’apothéose du glucose en 2012, avec qui vous savez...

M comme Mugler

Le vétéran

Les parfums Mugler ont une histoire récente. Le doyen est bien-sûr Angel, le premier "oriental gourmand", qui fut lancé en 1992, se hissant lentement, mais sûrement jusqu’en haut des podiums plus de 10 ans après.

Le blockbuster

Qui dit meilleure vente pense forcément à Angel, et en effet, il reste n°4 en Europe en 2012... Mais, pas loin derrière, en n°6 apparaît Alien ! (Et il est même devant en Italie.) Je suis surprise et ravie que cet "outsider" ait réussi à se faire une place près de son ainé, car à créativité sans doute égale, j’y suis personnellement plus sensible, surtout en version "Essence Absolue".

La perle rare

Je suis loin de connaître toutes les éditions limitées et les flankers d’Angel, Alien et A*Men, mais je sais qu’on y trouve des vraies perles rares, telles que les séries Liqueurs de Parfum ou Parfums de Cuir.

Mais mon chouchou reste la Cologne de Mugler. Celle qui aurait pu sans doute devenir le nouveau CK One, est restée cantonnée au statut de parfum incompris : ni masculin ni féminin, tellement peu vendu qu’on aurait peur qu’il disparaisse. Au lieu de ça (merci Mugler) le Cologne reste surtout un parfum culte à adopter sans hésiter !

La faute de goût

Autant sur le concept (foireux), que sur les créations (risquées, mais hors sujet) je n’ai jamais compris la collection "Miroirs", mais elle semble avoir disparu, ouf.
Bon, sinon, il y a Womanity. Eh oui... même si les parfums Mugler sont connus pour s’affirmer sur la durée, le caviar à la figue semble avoir toutes les peines du monde à se trouver un public. Y parviendra-t-il un jour ?

P comme Paco Rabanne

Le vétéran

Le premier parfum Paco Rabanne, c’est Calandre, créé par Michel Hy en 1969, année érotique, et brief qui l’était tout autant. Devenu un floral aldéhyde mythique, on croise les doigts pour qu’il reste encore quelques années sur les linéaires...
Chez les hommes, Paco Rabanne pour Homme et sa note de savonnette proprette qui date de 1973, fait office de parfums culte de papi rasé de près.

Le blockbuster

Avant qu’Invictus ne vienne tout terrasser sur son passage, on peut encore affirmer que 1 Million est n° 1 en Europe, et dans le top 15 aux US.
Lady Million, la girlfriend endiamantée caracole en position n°5 en Europe et n°10 au Brésil. Autant dire qu’elle attend de pied ferme le lancement d’Invicta avant de se faire dégommer !

La perle rare

Si Calandre reste bien sûr une beauté cachée, j’éprouve une certaine tendresse pour Ultraviolet et sa violette épicé ambrée signée Jacques Cavallier.

La faute de goût

Depuis 2005 et le premier carton obtenu avec le couple Black XS et Black XS for Her), c’était mal barré. Le problème c’est que comme le niveau des ventes n’a fait que grimper au fur et à mesure que la qualité baissait et que le mauvais goût enchérissait, je vois mal comment ils pourraient désormais faire autrement !

R comme Rochas 

Le vétéran

Si Marcel Rochas avait lancé un premier trio de parfums en 1934, c’est Femme, composé par Edmond Roudnitska et lancé en 1943, qui restera dans les mémoires, malgré son intense reformulation et son changement récent de flacon (celui de Muse, recyclé). A noter : sur le site de la marque, c’est encore l’ancien flacon, et j’adore cette première phrase qui fait preuve de tant de classe et de conviction : « un des cinq ou six grands chefs-d’oeuvre de la parfumerie moderne. » Cinq, six, on hésite, vraiment...

Le blockbuster

Le problème de Rochas, c’est que leur seul blockbuster, c’est l’Eau de Rochas... mais uniquement en Espagne ! Dans le reste de l’Europe, elle se fait plus rare. Je trouve qu’elle a très bien vieilli, et une fois les notes fraîches passées, elle se comporte comme un vrai chypre vintage. Discrète mais signée.

La perle rare

Madame Rochas, même reformulé, et re-flaconné (sauf sur le site Rochas bien-sûr !), reste un beau floral aldéhydé, poudré, rosé, irisé dans la même veine que Calèche ou Arpège, créé à l’origine par Guy Robert.
Tocade a lui aussi changé de bouteille, et de formule... dommage, cette vanillé rosée signée Maurice Roucel, avait ses adeptes.

La faute de goût

L’Eau de Rochas Eau Sensuelle qui sent les fruits vomis, et à peu près tout ce qui est sorti depuis 2008... le pire restant sans doute à venir, comme ce Secret de Rochas annoncé pour 2014, un chypre qui « s’ouvre sur des notes de mangue exotique, de pêche juteuse et des fruits de la passion ». Aïe... Et aussi un « ingrédient secret » (parce que d’habitude, on vous donne la formule avec).

S comme Serge Lutens

Le vétéran

Maintenant qu’il a rejoint ses petits camarades dans son flacon rectangulaire, Féminité du Bois, le chef-d’oeuvre boisé, est le vrai doyen de la marque Lutens (Nombre Noir, le vrai premier, ayant disparu il y a bien longtemps...).

Le blockbuster

Je n’ai jamais vu les chiffres officiels, mais il y a fort à parier qu’Ambre Sultan fait tourner la boutique ! L’oriental souverain règne en maître culte des ambrés niches depuis son lancement en 1993. Et il n’a pas l’air de vouloir céder sa place.

La perle rare

Comme vous vous en doutez, si je ne désigne pas en premier le célèbre parfum-Dieu Iris Silver Mist, je m’expose à de sérieuses attaques d’un de mes collaborateurs... Mais comme je partage également ce point de vue, je n’ai pas trop d’efforts à fournir, ouf !

Je tiens à rajouter aussi Muscs Koublaï Khän, le fauve impérial inégalé, Tubéreuse Criminelle, la tata flingueuse hystéro, et Datura Noir, concoction toxique et addictive... Et ne me jetez pas des tomates si je n’ai pas mis Chêne, Serge Noire, Fleur de Citronniers, la série des Bois, etc.... je les aime aussi !

La faute de goût

Nuit de Cellophane m’a toujours laissé un arrière goût de plastique dans le nez, et l’Eau, avec ses muscs lessiviels, était peut-être à accueillir comme un pied de nez mais aurait mérité un meilleur traitement.

Y comme Yves Saint-Laurent

Le vétéran

Le premier féminin de la marque, Y, chypre fruité aldéhydé lancé en 1964 et signé Jean Amic, existe toujours mais a été inclus il y a deux ans dans la "Collection", avec tous les autres classiques...

Mais Rive Gauche, le floral BCBG des beaux quartiers et des femmes chics en smoking, reste quant à lui le must de l’élégance à l’état pur.

La perle rare

Nu, Yvresse et In Love Again, qui ont rejoint comme Y la collection YSL, sont toujours des petits joyaux à re-découvrir, ainsi que bien-sûr M7, rebaptisé à l’occasion M7 Oud Absolu, mais qui n’en reste pas moins addictif.
Toujours dans son flacon d’origine, peu connu, mais qui suscite toujours beaucoup d’émotions : Body Kouros, tout en muscle de violette...

Le blockbuster

Si Manifesto a plutôt bien démarré en France à son lancement (top 10 en juillet), c’est toujours Opium qui est jusqu’à présent en tête des ventes en Europe, mais avec sa triste reformulation (défiguration), le restera-t-il longtemps ?

La rose de Paris se maintient en France dans le top 15, mine de rien...

Et pour l’anecdote, c’est Baby Doll le blockbuster... au Japon !

Chez les hommes, la saga de l’Homme est une success story : La Nuit de l’Homme cartonne en Europe, L’Homme suivant de près, et aux US, c’est l’inverse, avec en plus L’Homme Libre dans le top 30 !

La faute de goût

Belle d’Opium, aka Moche d’Opium pour les perfumistas lors de son lancement en 2010, avait fait un départ fulgurant, sans doute aidé par une campagne agressive, puis il est retombé comme un soufflé...
Parisienne et sa rose fruitée n’est étonnamment pas si bien placée que ça dans les ventes, elle a dû s’essouffler à force de courir en talons aiguilles. On ne va pas s’en plaindre !

Personne ne croyait en Saharienne, lancée en 2011 pour tenter de « réinventer une fraicheur qui bouscule les codes », et bien les consommateurs non plus, c’est un flop !

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