Samsara
Guerlain
Les Classiques
- Marque : Guerlain
- Année : 1989
- Créé par : Jean-Paul Guerlain
- Genre : Féminin
- Famille : Ambrée
- Style : Opulent
Le pour et le contre
par Jeanne Doré - Aurélien Caillault (PoisonFlower), le 8 novembre 2008
Une fois n’est pas coutume, vous aurez droit à deux avis pour ce parfum ! Un de nos fidèles internautes, PoisonFlower, s’est prêté au jeu de l’écriture et nous livre sa vision de Samsara, qui diffère quelque peu de celle de Jeanne... Et vous, vous en pensez quoi ?
L’avis de PoisonFlower
[Highway to Nirvana]
Samsara, ce fut mon passeport pour la galaxie Guerlain, un sésame sous la forme de la première publicité du parfum, découverte vers 1990/1991 au hasard de recherches d’images dans des magazines pour le cours d’arts plastiques.
D’emblée, tout m’a attiré dans ce que proposait la marque au travers de ce visuel.
Déjà, le nom Guerlain résonnait dans mon esprit comme un synonyme de distinction suprême et de bon goût.
Et puis il y avait ce slogan mystique, "A l’aube du troisième millénaire, la femme se réincarne en Guerlain", aussi intrigant que le nom du parfum aux sonorités venues d’ailleurs.
Enfin, il y avait cette femme à la beauté et à l’allure sereines, derrière laquelle on pouvait deviner les tentures d’un palais oriental. A la manière d’une offrande, elle tenait entre ses mains le précieux flacon. Sa robe drapée, aussi luxueuse qu’imposante, était en outre tellement mise en avant que je me suis demandé un certain temps si Guerlain, en plus d’être parfumeur, n’était pas également une marque de haute-couture !
Je n’ai respiré Samsara que deux ou trois ans plus tard grâce à la miniature d’extrait. Et là, dans la continuité de ce que la publicité m’avait fait ressentir, j’ai été subjugué. De ce petit flacon émanait en effet une fragrance suave et envoûtante de fleur exotique et précieuse...
Le départ hespéridé se distingue de celui des classiques de Guerlain en ce sens que les agrumes sont moins là pour distiller leur fraîcheur que pour empêcher quelques instants le reste de la composition d’exploser, car on entre rapidement dans le vif du sujet et le parfum reste quasi le même du début à la fin de son évolution.
Après les notes de tête, tout arrive donc très vite, cœur et fond semblant entremêlés : les fleurs capiteuses (jasmin, ylang-ylang) ourlées discrètement d’une note verte, les notes poudrées, balsamiques (vanille, iris, benjoin, fève tonka), le tout dominé par le bois de santal qui procure à l’ensemble une senteur onctueuse aux relents de lait de coco et de caramel.
Tout cela fait de Samsara un oriental d’excellente facture, chaleureux, puissant, avec un sillage et une tenue à toute épreuve, et lui permet de s’inscrire sans mal dans la plus pure tradition Guerlain avec ses accents poudrés et vanillés. Tradition qu’il renouvelle toutefois en mettant à l’honneur le santal, ce qui annonce les notes boisées féminines et sensuelles des années 90 de parfums comme Féminité du Bois, Angel ou Dolce Vita, avec en contrepoint des notes imposantes de fleurs blanches, jasmin en tête.
A certains égards, Samsara me fait aussi penser à deux orientaux marquants des années 80 : sa facette florale et poudrée m’évoque ainsi l’aspect fleur exotique et entêtante de Loulou, tandis que son murmure vert me rappelle quelque peu Must.
En 1989, j’imagine que le pari avec Samsara a été pour Guerlain de proposer un nouveau grand féminin capable de rivaliser avec la popularité de Shalimar et de renouer avec le succès après une série d’échecs ou semi-échecs commerciaux pour les parfums sortis après Chamade (1969).
Pour ce faire, Jean-Paul Guerlain a donc en quelque sorte mis au goût du jour la recette orientale inaugurée par son grand-père, Jacques Guerlain, pour donner naissance à une composition aussi voluptueuse et opulente que Shalimar, mais que je trouve en même temps plus douce et nuancée, qui soit capable de séduire aussi bien les fans du parfum de 1925 que celles qui pourraient le trouver "too much". Car si Shalimar, c’est un peu le grand jeu selon Guerlain (ne s’agit-il en effet pas de "s’afficher Shalimar", comme le proclamait la publicité dans les années 80 ?), Samsara constitue une alternative moins ouvertement séductrice. En cela, la publicité dont je parlais plus haut, qui montrait une féminité affirmée mais sage, était une parfaite illustration du parfum et de celles qu’il est censé attirer.
Samsara est parfois considéré avec une pointe de dédain par certains inconditionnels de Guerlain, car il fut le premier parfum de la marque à être lancé à l’aide du marketing. Pourtant, le travail d’élaboration d’une imagerie accompli fut exemplaire. La communication, le flacon, le nom, tout était très cohérent et prolongeait admirablement la fragrance et l’histoire du célèbre parfumeur.
Le mot "Samsara", qui vient du sanscrit et désigne le cycle des naissances et des renaissances menant normalement au Nirvana, est ainsi une référence implicite à Shalimar, qui avait déjà emprunté son nom à cette langue.
Et si l’Inde est la toile de fond de l’éternel best-seller de Guerlain, Samsara poursuit quant à lui le voyage jusqu’au Cambodge, comme en témoigne son très beau flacon, dont les courbes sont inspirées d’une statue khmère exposée au Musée Guimet à Paris et dont la teinte rouge sombre symbolise l’Orient.
Avec son concept empreint de spiritualité et de plénitude, Samsara annonçait en fait la décennie suivante et le retour à des valeurs moins superficielles et matérialistes que celles véhiculées dans les années 80, valeurs que Trésor a été l’un des premiers parfums de luxe à mettre en scène dès 1990.
Que retenir de Samsara au final ? Qu’il s’agit d’un grand oriental ET d’un grand Guerlain. Les années passant, j’espère qu’il accédera enfin au statut de parfum culte. Dommage en tout cas que la marque ait cessé d’en faire toute promotion depuis plusieurs années, car tout en étant très Guerlain, il est tout à fait accessible et susceptible de séduire un large éventail de femmes...
L’avis de Jeanne
[Sacré santal]
Jusqu’en 1989, Guerlain était une maison qui fonctionnait encore “à l’ancienne”. Si lorsque le parfumeur créait un parfum, on le trouvait bon, on lui trouvait un nom et un flacon, on le mettait sur le marché, s’il marchait, tant mieux, et sinon, on le retirait des ventes.
Compte tenu de la concurrence accrue et l’internationalisation de la parfumerie en cette fin des années 80, Guerlain fit pour la première fois la démarche inverse, aujourd’hui généralisée pour la plupart des grandes marques (hélas !) : le marketing définit le concept de Samsara, basé sur une envie du moment d’exotisme et de spiritualité inspirée du sud-est asiatique, et Jean-Paul Guerlain dut interpréter cette image en parfum. Ce fut également la première fois que le parfumeur maison fut mis en compétition avec d’autres parfumeurs externes, afin de le motiver à faire le meilleur parfum !
Ce sont deux matières d’origine asiatique et considérées là-bas comme sacrées qui furent choisies pour former le squelette du parfum : le santal, bois crémeux et fumé, utilisé ici en surdose, et le jasmin, fleur exotique, opulente et sensuelle. Ce duo, qui constitue la véritable empreinte olfactive du parfum, s’accompagne toutefois de quelques notes de rose, de narcisse, d’iris, de fève tonka et de vanille. Cette touche de “guerlinade” est ici apportée de façon si extrêmement discrète que Samsara n’est souvent pas considéré comme dans la lignée des “vrais” Guerlain, et je partage plutôt cet avis.
Avec sa vocation de vouloir plaire dans tous les pays, à d’autres femmes que les adeptes de Shalimar ou de L’Heure bleue, Samsara représente exactement ce que Guerlain voulait qu’il soit : un produit à la mode, donc démodable, olfactivement imposant et monolithique, au succès international et qui fit entrer la marque dans la nouvelle ère de la parfumerie, soumise corps et âme au roi marketing.
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par Petrichor, le 9 novembre 2021 à 17:19
Et l’accord de fond ! Ambre, santal, tonka, vanille.
Quand le "drydown" finit de vous séduire, c’est vraiment une marque des guerlain qu’on aime.
Farnesiano, peut-être êtes-vous dans la même situation que moi, avec votre flacon ?
J’avais un flacon d’EDT acheté d’occasion autour de 2012. Je le croyais contemporains, et en réalité il datait de 1999.
Je n’ai pas testé l’actuel, car je n’aime pas trop le début de l’EDP depuis plusieurs années. Tester le coeur et le fond m’engage sur deux jours de parfumage, donc je n’ai pas eu cette patience pour l’instant.
L’extrait était toujours très bien, c’était le santal indien de référence que je recommandais avec l’extrait de Bois des îles, or Guerlain vient de l’arrêter en silence.
(Dans le santal, j’aspire à un bois chaud rosé lacté, qui sent presque meilleur le lendemain sur les vêtements.)
Samsara semble d’une complexité à se tirer les cheveux, dans sa composition. Tout y est calibré, structuré, pour maintenir un équilibre entre "fouillis" et "richesse", au cours de son évolution.
Structuré :
Il y a de gros rivets synthétiques pour tenir l’accord santal en place.
(Le polysantol est fort au début, avec son odeur de pot fracassé en terre cuîte rouge. A l’origine, la dose de santal blanc était grande, je crois autour de 20% du concentré. Il y a peut-être une trace de graine ce carotte au début pour introduire l’effet santal (et l’iris).)
Les fleurs (et fleurs épicées) évoluent autour du jasmin, notamment un ylang-ylang suffisamment transparent. Comme l’ambre y est opaque, il a tendance à avaler les fleurs, donc beaucoup de notes florales sont en renfort.
Un exercice amusant et donc de le comparer à Bois des îles de Chanel.
Les notes qu’ils ont en commun sont aussi des "notes guerlain", qu’on oublie de citer pour Samsara :
. l’ylang-ylang
. l’héliotropine,
. l’iris,
. et la lactone pêche.
. (et la bergamote, le gaïacol, les ingrédients indirectement vanillés dont le benjoin, une violette irisée...)
Grosso modo, il y a de l’ADN de Après l’ondée/L’heure bleue, et de Mitsouko. On remplace la logique de "formule à tiroir", par une formule à clins d’oeil.
L’héliotropine se mêle à l’iris pour s’approcher dangereusement de l’effet "pâte à modeller play-doh".
L’ylang-ylang, lactone pêche et iris, c’est un reflet atténué du Mitsouko d’avant, l’edt.
La dose héliotropine ajoute au côté suffocant du début, de poudre de riz brune sèche et surannée, mais c’est peut-être cette dose qui rend plus joli les flacons de 10 ans qui ont maturé.
La dissipation de l’héliotropine et de la lactone pêche me sert de fil directeur, pour suivre l’évolution du parfum au fil de la journée, jusqu’à ce que le santal rayonne.
En point culminant, Bois des îles et Samsara ont un accord de santal (chaud rosé lacté) ambré très proches.
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par Farnesiano, le 9 novembre 2021 à 18:06
Grand merci, Petrichor, pour cette approche fouillée et richissime en renseignements précieux. Au début je n’envisageais pas Samsara comme un Guerlain, même chose avec L’Instant pour femme. Aujourd’hui, je le sens différemment et l’apprécie davantage en devinant dans son évolution le spectre des grands classiques que sont Après l’ondée, L’heure bleue et de Mitsouko. Et puis il y a cette petite pêche duveteuse enrobée d’une fine vanille sèche et ambrée, mâtinée de fève tonka, très Guerlain en somme. Tout l’inverse d’un iris froid et hautain (je les aime aussi ceux-là !) Un régal. Une authentique gourmandise qui n’avoue pas son nom car Madame Samsara tient à garder son rang de parfum racé, opulent, réservé aux esthètes amoureux de pure volupté. Au fond, comme tous les grands Guerlain, c’est un féminin flirtant avec un dandysme masculin de haute volée.
par Farnesiano, le 9 novembre 2021 à 12:24
Le pour et le contre ? J’ai choisi mon camp : Samsara est un merveilleux parfum, en tout cas mon EdP d’il y a dix, douze ans. Un fameux ensorceleur que cet oriental qui aujourd’hui me paraît bien sage et même plutôt occidental si l’on songe à certains Lutens, aux huiles d’Amouage ou d’Abdul Samad Al Qurashi... Samsara dont je détestais à l’époque la publicité (tout comme celle, complètement ratée, de Mahora) m’envoûte par son ylang-ylang, doublé d’iris et de santal. Hyper poudré et voluptueusement boisé, ce floral oriental laisse derrière lui un sillage impressionnant que la version actuelle ne restitue pas.
Et puis, il y a ce nom que je me plais à prononcer tant il sonne comme une incantation magique : Samsara semble ouvrir les portes d’un éternel paradis.
par Adina76, le 16 avril 2021 à 12:30
Bonjour à tous,
Pour poursuivre nos échanges d’hier sur Samsara, le discours "promotionnel " que j’avais retenu (je corrige ce que j’ai écrit précédemment : j’étais une jeune adulte, plus une ado), était tout de même plus romantique : Samsara, c’était le cadeau de Jean-Paul Guerlain à sa muse Dacia de Pauw, amoureuse de jasmin et de santal. Par ailleurs, n’oublions pas qu’à la fin des années 80 et toute la décennie 90, deux parfums dominaient le marché : Trésor et Samsara - tout comme l’Air du Temps se trouvait absolument partout et embaumait chaque coin de rue (ou presque) dans les années 70 et sa quasi-disparition aujourd’hui me peine vraiment. Pour en revenir à Samsara, je le préférais de loin à Trésor mais l’omniprésence de ces deux parfums avait quand même quelque chose de lassant, je l’avoue. Tout ça pour vous dire qu’on tient le bon bout : dans une quinzaine d’années, LVEB sera tombé aux oubliettes, si incroyable que cela puisse paraître à certains....
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par DOMfromBE, le 16 avril 2021 à 13:57
Hello,
Mon petit grain de sel... C’est Decia de Pauw. Une cavalière qui ne portait aucun parfum, en effet, et aimait les notes de santal et de jasmin.
;-)
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par Adina76, le 16 avril 2021 à 14:35
Ah merci DomfromBe ! Pour vérifier l’orthographe de son nom, j’ai trouvé un article du journal "le Soir" du 5 septembre 2009 d’un certain Gilles Béchet, qui écrivait "Dacia". La prochaine fois que j’aurais besoin d’une information sur la vie mondaine, promis, je m’adresserai à vous ! ;-)
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par DOMfromBE, le 16 avril 2021 à 14:43
Dacia, je trouve que ça ne lui rend pas hommage, lol.
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par germanomio, le 3 mars 2021 à 21:32
J’ai voulu donner une seconde chance à ce Samsara en eau de toilette dans sa formulation actuelle (flacon abeille).
Je ne peux pas comparer finement avec les versions antérieures, en particulier la perte de qualité du santal ni la perte de puissance.
Il reste pour mon nez d’une rémanence exceptionnelle, et les notes de fond imprègnent plusieurs jours les vêtements, conformes avec mes souvenirs. Une ode aux matières synthétiques comme le disait Luca Turin.
Mais si j’apprécie l’ensemble des notes, la construction, l’évolution il y a qqchose qui finit par me lèver le cœur et m’incommoder.
Un Guerlain qui n’est pas pour moi.
J’ai donc un flacon abeille à peine entamé à céder si quelqu’un est intéressé.
par nezquick, le 8 décembre 2020 à 23:37
Samsara est un parfum dont j’aimais beaucoup l’évolution, surtout l’eau de toilette moins vanillée et plus irisée. Ça sentait le nag champa. Les reformulations etant passé par là je ne le trouve pas aussi intéressant le santal fait très chimique et la tenue n’est pas terrible .
Je suis encore en quête d’un parfum effet nag champa ... j’ai un jus en macération ne trouvant pas ce qui me convient (j’ai pas encore testé bois des iles, mais au vue du prix ...)
par Melanie Fischbach, le 1er septembre 2020 à 19:12
Bonsoir,
Samsara c est ma maman et ça le restera à jamais. Combien de fois lui ai je dit que je n aimais pas et maintenant qu’ elle n est plus là.. .. je garde précieusement cette bouteille et en valorise parfois, le renifle. ... j ai appris à l aimer. J aime la fève tonka enveloppant. J en porté 2 ou 3 fois par an car ce n est pas moi mais quel réconfort.. .. on a tous un parfum comme ca je pense. Ma grand mère c était heure bleue ....
Depuis peu, je m intéresse à Guerlain. J adore Insolence et il faut que j aille ressentir Champs Élysées que maman a beaucoup porté. ...
Aux connaisseurs de Guerlain, lequel me diriez vous d aller sentir en tant que néophyte.. . ?
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par Fiorentina, le 3 octobre 2020 à 17:54
Bonjour Truite,
Votre commentaire m’a ému car j’avais la même réaction avec Jicky que portait ma mère.
Si vous aimez les Guerlain classiques, je vous conseille d’aller essayer celui-ci, ou encore Après l’Ondée dont la violette pourrait se rapprocher d’Insolence.
par loulou, le 27 octobre 2018 à 18:08
J’aimerai que Guerlain me lise...
Samsara, un beau parfum identitaire qui est saccagé... dans son nouveau flacon, aucune tenue comme l’ont déjà souligné certains d’entre vous. Supprimer des falcons, d’accord mais celui ci ! Flacon tellement associé au parfum.Flacon sensuel à tenir dans sa main, plaisir souvenir... C’est comme si je ne portais plus Samsara dans ce nouveau flacon.
Moi qui porte du Guerlain, depuis toujours, cela me donne envie de porter Lutens.
Un grand parfum mis aux oubliettes pour des jus imbéciles comme la petite robe noire.Dommage.
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par DOMfromBE, le 27 octobre 2018 à 18:41
Euh, Loulou, chez Lutens, ça n’est pas vraiment mieux, entre les dilutions, enfin... les reformulations, et certains parfums qui sont désormais disponibles dans le vaporisateur "gratte-ciel" à 300€...
Parfumerie, ton univers si pitoyable...
Bon weekend
par Galate, le 26 mars 2018 à 21:06
Soyons clairs : pour moi, mis à part les Aqua allegoria, Samsara est le dernier grand parfum sorti par Guerlain jusqu’à ce jour.
Un effluve reconnaissable, jamais copié, une tenue d’enfer.
Dommage que Samsara ne soit pas sorti quelques années avant, son succès aurait peut-être sauvé Guerlain du rachat. Malheureusement ce succès a profité à LVMH.
Par ailleurs ce n’est pas l IFRA qui pose problème, on peut même dire qu’ils ont sauvé les meubles. C’est un obscur comité scientifique de l’union européenne, mené par un britannique parti en croisade contre les allergènes qui a soulevé le lièvre.
Et comme les parlementaires et fonctionnaires français au Parlement européen comme à la Commission européenne sont des cossards, la docte commission qui a décidé d’interdire certains composants ne comptait qu’un seul Français mais une multitude de participants proches du degré zéro de la cosmétique et des parfums (pays nordiques entre autres).
L’Oréal étant le numéro 1 mondial de la cosmétique et la France étant le géant de la parfumerie, on a envie de pleurer devant une telle inanité de nos "représentants".
C’est l IFRA qui s’est remuée pour limiter la casse et trouver des compromis.
A ce jour, les experts externes mandatés par cette obscure commission scientifique sont : 3 suédois 1 danois 1 anglais et 1 allemand.... Pour les experts en bon goût, mode, pinard, gastronomie on repassera.... http://ec.europa.eu/health/scientific_committees/opinions_layman/perfume-allergies/fr/apropos-allergies-parfum.htm#29.
Encore plus risible depuis le brexit.
par DOMfromBE, le 26 septembre 2017 à 17:08
Bonsoir,
C’était l’une de mes craintes...
Ce matin, j’ai pu tester Samsara EDP dans son nouveau vaporisateur Abeilles.
Trois pulvérisations et deux heures plus tard... Il faut approcher le nez de la peau pour sentir le parfum.
Très maigre consolation, il est discernable 7 heures après application.
Discernable...
Sans autre commentaire.
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par Adina76, le 26 septembre 2017 à 17:55
Bonsoir à tous,
Ce nouvel affront fait à un chef d’oeuvre de la parfumerie - comme à tous les autres - pose la question de la "riposte" des parfumeurs. Il est probable qu’ils aient déjà réfléchi et travaillé à la question mais il serait grand temps de mettre en oeuvre un vrai plan de lobbying auprès des autorités européennes pour trouver un accord permettant l’utilisation de composants désormais interdits. Cette politique "extrémiste" d’interdits à tout va est en train de démolir purement et simplement la Parfumerie. Oui, certains composants peuvent, chez certaines personnes, provoquer des allergies mais il suffit qu’elles ne portent pas les parfums qui en contiennent. Les arachides, les noix, les kiwis et j’en passe peuvent provoquer des allergies. Va-t-on pour autant en interdire la commercialisation ? La pollution automobile imposée à chacun sans aucune échappatoire possible fait des milliers de morts prématurées. Idem pour le tabac. Mais la Commission européenne s’incline devant les lobbying autrement puissants de l’automobile, du pétrole et du tabac. Alors franchement toute cette intransigeance envers cette malheureuse industrie du parfum, moins riche et moins organisée, a quelque chose d’obscène et d’un cynisme éhonté ! Il est grand temps de réagir et d’organiser une riposte. A titre d’exemple, les producteurs de fromage AOC ont trouvé des accords avec l’Europe. Ils ne sont pas non plus très puissants. Mais ils ont pu se faire entendre. Pourquoi pas les maisons de parfum ?
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par DOMfromBE, le 26 septembre 2017 à 18:11
Tout simplement parce qu’elles y trouvent leur compte. Elles n’ont jamais autant vendu à moindre coût de fabrication. Tout ce qu’elles méritent c’est un boycott.
Cela faire déjà des années que j’ai renoncé à certaines. Et ce ne sont pas les lancements récents qui me feront revoir ma position.
J’ai trop souvent l’impression d’être floué, trompé.
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par euskalpyth, le 27 septembre 2017 à 09:41
DOMfromBE, je pense qu’effectivement, ça en arrange bien certains de "devoir" alléger leurs formules... Et dans Samsara, que j’ai re-senti récemment à l’aéroport (il faut bien s’occuper, alors on révise les classiques), je cherche encore le santal...
Et Je suis en train de me rendre compte, à la lecture de vos lignes, que le boycott dont vous parlez, c’est exactement ce que je fais depuis un petit moment, même si c’est de manière inconsciente et sans l’avoir délibérément choisi...
En effet, je m’aperçois que je suis en train de me tourner, de plus en plus, vers des parfums anciens, et que je porte en majorité des vintage, dont le sillage et la tenue sont autrement satisfaisants que ceux des parfums actuels reformulés...
Je me fournis sur les sites d’enchères et de fins de séries, sur les brocantes, les vides-greniers, où je trouve des flacons mais aussi des échantillons qui, cumulés, permettent de se parfumer avec des jus de qualité, notamment tous les superbes masculins des années 80 (French line de Revillon, Macassar de Rochas, Azzaro Acteur, Moustache de Rochas, Bel-Ami vintage, le 3ème homme de Caron, Edition de Dunhill, Must pour homme de Cartier...)
Dernière victime d’une reformulation (récente, visiblement, car mes échantillons d’il y a 3 ans sont encore "bons") : Bois d’Arménie de Guerlain, qui est complètement délavé par rapport à sa formulation originelle (on a comparé les deux, ce week-end) -
Alors, effectivement, il n’est pas laid, pour qui ne connaît pas la version de Ménardo à sa sortie, mais il a perdu en puissance, en texture, en présence, bref, il n’est plus que l’ombre de ce qu’il était encore il y a peu, moins benjoin, moins épicé... :-(((((
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par DOMfromBE, le 27 septembre 2017 à 11:10
Merci pour votre commentaire, qui contribue à me rassurer. Je ne suis pas anosmique ou parano. Pas encore, lol.
Je crois que les marques ont fait leur choix entre conquêtes (ou perspectives) de nouveaux clients et de nouveaux marchés VS utilisateurs expérimentés d’un marché vieillissant...
L’IFRA est un excellent alibi.
Cet appât de toujours plus de rentabilité illustre bien que la parfumerie est surtout une industrie et rien qu’une industrie.
Le discours sur l’Art tient quand il s’agit de parfumeurs très indépendants ou de nous manipuler, nous, les clients.
Petites marques, nouvelles marques...
Il y a tant à explorer, mais c’en est fini de c es gloires passées qui n’en finissent pas de décevoir du haut de leur réputation et de leur mépris pour nous.
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par S9, le 29 septembre 2017 à 04:57
Bonjour Adina76, DOMfromBE et Euskalpyth
Je suis avec intérêt vos remarques pertinentes et votre analyse de la situation de la parfumerie actuelle.
C’est désolant de constater que la qualité dans le flacon devient inversement proportionnelle au prix de ce dernier, enfin en ce qui concerne les "bonnes grosses maisons" qui n’en ont que faire de l’avis de quelques passionnés comme nous.
Désolée je dois être en mode pessimiste, mais ces derniers temps ce ne sont que désillusions pour moi, entre ces mauvaises nouvelles de reformulation / reflaconnage et lancements qui ne me ravissent pas (Chanel si tu m’entends...).
Marre aussi de cette uniformisation des flacons, comme si on ne vivait pas déjà assez dans cet état d’esprit là ... J’aime aussi la personnalité de chaque fragrance en ce qui concerne son contenant, cela fait partie du rêve et de l’histoire de chacune.
En ce qui concerne Samsara, le coup de coeur est récent pour moi, j’ai déjà cet été constitué des stocks de ce parfum envoûtant, mon doudou de réconfort avec Angel ;-)
Je vais en faire d’autres alors, car j’ai du mal à imaginer cette bombe olfactive privée de son corps, de son santal, bref ce qui fait sa richesse.
Moi aussi ça fait belle lurette que j’achète quasiment plus en parfumerie, me tournant vers la baie (Fidji vintage, jamais acheté la version actuelle, testeurs, etc).
C’est franchement triste de devoir constamment constituer des stocks en vue de la disparition / reformulation prochaine de nos parfums préférés.
par narcissenoirendeuillée, le 15 janvier 2018 à 20:36
Je suis entièrement d’accord avec vous, cette réglementation voulue par les colosses des essences synthétiques et des aròmes compliquent énormément la vie des parfumeurs-créateurs qui doivent reformuler les jus. Mais ce sont les grands groupes financiers (suivez mon regard !) qui profitent de la bonne excuse de la reformulation anti-allergie et imposent des reformulations continuelles en vue d’abaisser toujours davantage (jusqu’à l’absurdité) le prix de revient du liquide odorant quelque soit sa concentration. Mème les parfums mainstream créés aprés l’an 2000 sont eux aussi reformulés aprés quelques années de succés sùrement pas pour les améliorer, mais pour les rendre encore meilleur marché, comme si ils ne l’étaient pas déjà ! Pour la gloire, les producteurs français de fromages ont obtenu des passe-droits, mais toute l’agro-alimentaire française s’est déjà alignée sur les pratiques internationales de la malbouffe. Et les grands vins doivent lutter contre de soit-disant grands crus californiens ou néo-zélandais ! La bonne parfumerie de niche pourrait nous sauver du désastre olfactif si elle ne rencontrait pas le plus souvent des difficultés économiques. Peut-ètre faudrait-il se battre pour une vraie reconnaissance du patrimoine olfactif comme patrimoine national protégé (les groupes financiers seront toujours contre), mais si certains parfumeurs de renom ne se sentent mème pas un peu artiste, mais seulement des éxécuteurs habiles des diktats des services marketing (voir Nez n° ?), que faire ? Il me semble pourtant évident que les accords créés pour certains jus transcendent le simple mélange de tous les ingrédients du parfum. La surface d’une toile de grand maître n’a rien à voir avec l’assemblage hasardeux de tous les pigments utilisés ! La musique est-elle un ensemble de bruits ? Etc, etc...
par Garance, le 27 septembre 2017 à 11:29
C’est d’autant plus dommage que Samsara était vraiment un parfum très diffusif. J’avais une collègue qui le portait, son bureau embaumait...
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par DOMfromBE, le 27 septembre 2017 à 11:37
En effet, je pense que beaucoup de quadras ont des souvenirs des premières années de Samsara et des animations dans les grands magasins aux moments des fêtes... Décors rouges et effluves ensorcelants... Mais c’était "avant".
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