Bon nez bon œil : la liste de Noël de dernière minute
par Gabrielle Fourcade, le 21 décembre 2024
À quelques jours de Noël, nous avons dressé une liste (non exhaustive) des publicités de parfums qui ont croisé notre regard dans la rue. Pour vous aider à y sentir plus clair sur ces images sans odeur, voici une appréciation - évidemment très personnelle - de ce qui vaut vraiment le coup de nez.
Comme chaque année en cette saison, un curieux phénomène fait son retour dans nos villes. À travers les rues noircies par une foule de retardataires pressés, la voie lactée que forment les panneaux publicitaires irradie l’espace public d’une forte odeur de consommation. La beauté fait vendre, et les égéries ne manquent pas d’arguments esthétiques pour nous faire perdre la tête.
Si l’argent n’a pas d’odeur, les flacons en contiennent bien une, que ces publicités ne dévoilent pas. Pire, celles-ci savent comment orienter nos sens, afin de mieux les tromper. Mais au fait, que sentent vraiment ces parfums ?
Libre, Yves Saint Laurent
Derrière le regard blasé de Dua Lipa, Libre est une fougère féminisée signée Carlos Benaïm et Anne Flipo, dont le squelette de lavande est habillé d’une chair florale et moelleuse, faite de fleur d’oranger et de tubéreuse. L’ensemble est solaire et opulent, et les inflexions boisées de vanille font dévier le parfum vers un registre plus gourmand que sucré.
Si vous souhaitez toutefois alléger votre menu, nous vous conseillons de (re)goûter à un grand classique lavandé incarné par Pour un homme de la maison Caron. Un parfum qui reste, comme son nom ne l’indique pas, merveilleux sur une femme.
Libre eau de parfum, 150 €/90 ml
Pour un homme parfum, 125 €/75 ml
La Petite Robe noire, Guerlain
Mettre la parisienne en bouteille, une promesse signée par Delphine Jelk, et sortie de manière confidentielle par la maison Guerlain en 2009. Trois ans plus tard (cent ans précisément après la sortie de l’Heure Bleue, dont le flacon cœur a été repris), l’accord sera relancé de façon plus ambitieuse. La petite silhouette noire et rose inonde alors les rues et s’ajoute aux nombreux symboles de la génération Y. La parisienne est une rose se parant d’une robe cerise mûre et confite, dont les détails brodés de réglisse, d’amande et de patchouli parviennent à tempérer un peu l’effet sirop. Une gourmandise de parfum, qui continue d’incarner l’insouciance d’une jeunesse en fleur, et qui se présente cet hiver dans un nouveau mini format cœur.
Flacon cœur eau de parfum : 61 €/20ml
Vaporisateur : 113,00 € /50 ml 82 € /30 ml 157 €/100 ml
Le Parfum, Lolita Lempicka
Créé en 1997 par Annick Menardo, ce premier parfum a vite trouvé sa place dans le cœur d’une génération fidèle et à jamais conquise, même s’il a souvent disparu des radars et changé de nom. Dans la lignée d’Angel, tous deux ont surtout pour points communs un univers bleuté, et une invitation toute nouvelle à la gourmandise olfactive. Il semble que tous les souvenirs d’enfance soient ici réunis pour un plaisir régressif immédiat. Un premier nez et c’est la main plongée dans un coffret en velours mauve, contenant en profusion des pralines, des bonbons à la violette, des bâtons de réglisse et autres nougats vanillés. Vous en reprendrez bien un peu ?
Si le parfum assume sa gourmandise, il ne saurait tomber dans les disgrâces de la gloutonnerie. Le parfum original Lolita Lempicka est surtout un parfum plein de candeur et de délicatesse, dont l’univers féérique emprunte à la rêverie sa douce torpeur. Il est donc particulièrement heureux de voir le petit flacon violet réapparaître sur nos tomettes et asseoir son indémodable sillage. À noter que le parfum a été réédité en 2017 dans une version plus vanillée, sans pour autant perdre tout à fait l’esprit du premier accord, constituant toujours une valeur sûre pour les personnes en quête d’évasion heureuse. Deux versions semblent ainsi cohabiter aujourd’hui, Le Parfum proche de l’original et Mon premier parfum, dans un flacon aux lignes plus anguleuses.
Le Parfum, 117,00 €/100 ml
Mon Premier parfum, 99 € / 100 ml
Barenia, Hermès
La marque promettait cette année le lancement d’un "grand féminin” et à cette même occasion, du tout premier chypre de la maison. Une création pensée par Christine Nagel pendant presque dix ans, travaillant les formules en secret. Composition unisexe, Barénia annonce d’abord un accord de fruits jaunes dont les peaux duvetées se mêlent avec tendresse, réhaussé par un jet de cassis fusant. Arrive ensuite un patchouli fort bien élevé et sans note terreuse, épousant les notes boisées chaudes du parfum. Barénia se distingue par son altière sobriété, son caractère fruité mais pas gourmand.
À travers cette création, la parfumeuse met à l’honneur le plus souple des cuirs d’Hermès, qui donne son nom au parfum. Mais surtout, il convient de saluer cette proposition aérienne et sophistiquée , qui tire assurément son épingle du jeu des néo-chypres mainstream. Dommage que la publicité et le flacon, assez fades, ne transmettent pas l’audace du contenu.
Barenia, eau de parfum 116 € / 60 ml, 159 € / 100 ml
Sauvage Eau Forte, Dior
Pour le dernier lancement masculin de la maison Dior, on aurait pu prédire une énième déclinaison plus intense de Sauvage, figurant toujours en tête des parfums les plus achetés par les hommes. En observant mieux la publicité de cette nouveauté, on est d’ailleurs surpris par son austérité, un indice qui aurait pu nous mettre sur la (bonne) voie. Pour cette proposition sans alcool signée Francis Kurkdjian, on retrouve avec surprise une fraîcheur mentholée, un cœur très lavandé et propre, relevé d’un heureux mélange d’herbes aromatiques séchées, de résines et de bois brûlés. Une autre version du pot pourri masculin.
Pour vous éloigner encore plus des sentiers (re)battus d’une masculinité cliché, allez tester les aromates herbacés saupoudrés d’encens et de poivre de Point du jour de Serge Lutens. On y retrouve la signature maison d’épices et de fruits confits, amplifiée d’une fraîcheur revigorante. Assurément plus vivifiant.
Et si vous pensez encore, comme beaucoup, que le best-seller indétrôné Sauvage en eau de toilette, incarné par un Johnny Depp déprimé, est une valeur sûre, vous pourrez plutôt patienter un peu et vous distinguer en allant sentir la nouvelle version de Dior Homme réorchestré par le même Francis Kurkdjian, qui remplacera donc le précédent, et dont la sortie est prévue le 1er janvier ! Vous suivez ?...
Sauvage Eau Forte, 169 €/100 ml
Sauvage eau de toilette, 88 € /60 ml 120 €/100 ml
Dior homme parfum (sortie en janvier), 150 €/100 ml
Point du jour, eau de parfum, 142 €/100 ml
J’Adore L’Or, Dior
Enfin, tapis dans la lucarne d’un abri-bus, les yeux lascifs d’une Rihanna toute d’or vêtue tentent de retenir l’attention du chaland, lui-même en quête du dernier parfum à offrir.
Il faut dire que notre Joconde des temps modernes - nouvelle égérie de Dior depuis septembre 2024 - continue de faire recette. Les ventes de J’Adore s’emballent pour hisser le flacon sur le podium des cinq parfums les plus vendus cette année. Indétrônable, sa formule séduit encore par la superposition de fleurs rares - il faut justifier le prix ! - qui composent son bouquet (jasmin, tubéreuse, rose, violette, fleur d’oranger), associé aux notes fruitées de la pêche, de la prune et de l’ananas. Le parfum se démarque de ses prédécesseurs dans la catégorie des simples bouquets floraux mais se révèle un tantinet collant.
Pour un bouquet nettement plus osé, au sillage plus affirmé - et surtout moins onéreux - vous pouvez troquer l’or de Dior contre l’améthyste d’Alien de Mugler, hypnotique et sombre jasmin poudré sur fond de bois épicés et crémeux.
J’adore L’Or, eau de parfum 168 € / 50 ml, 228 €/80 ml
Alien, eau de parfum 85 € / 30 ml, 120 € / 60 ml, 150 €/90 ml
crédit image @ Galerie 123
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