Parfums : les nanars de l’été
par Jeanne Doré, le 24 août 2016
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L’été touche à sa fin, et bientôt, le rythme infernal va bientôt reprendre.
Les vacances sont parfois justement le bon moment, puisqu’on a le temps, d’aller sentir, au hasard des déambulations dans quelques parfumeries désertes de petites villes inconnues, certains parfums sur lesquels on n’avait pas forcément eu le temps (l’envie ?) de s’attarder.
Cela représente souvent un petit plaisir égoïste, de flâner dans ces parfumeries, conscient de son addiction et d’un certain manque ressenti durant la pause estivale, alors on s’amuse à aller renifler ces parfums que l’on n’avait même pas remarqués, pris dans le flot des milliers de nouveautés qui déferlent chaque jour, ou au contraire ces grands lancements dont on a vu tant de fois la publicité sur un abri-bus ou en quatrième de couverture de tous les magazines féminins.
Aurais-je un avis différent dans un autre contexte ? Découvrirais-je d’autres facettes... ou au contraire, serais-je confortée dans mon premier jugement ?
Sentir les nanars de l’été, juste pour le plaisir d’avoir le temps... Petit florilège.
Lolita Lempicka semble avoir définitivement abandonné la parfumerie créative et originale pour se tourner exclusivement vers les jeunes fi-filles. Le succès de Sweet ayant sans doute largement dépassé celui de Elle L’aime et ses dérivés, elle récidive cet été avec So Sweet, qui associe framboise et cerise à de l’iris, de la rose, avec un max de muscs et de bois ambrés. Pas le pire dans son genre, ses notes fruitées poudrées de violette, et une petite réminiscence de réglisse comme dans le premier parfum, le sauvent de l’indigestion fatale.
So Sweet, de Lolita Lempicka par Anne Flipo et Caroline Dumur
48 euros/30ml, 70 euros/50ml, 86 euros/80ml.
A quand remonte le dernier Van Cleef & Arpels intéressant ? Si l’on écarte Midnight in Paris, qui était un masculin, en 2010, je pense qu’il faut aller chercher loin dans les années 90 pour retrouver la trace d’un parfum féminin dont on se souvient… Et ce n’est malheureusement pas So First qui nous fera changer d’avis : un floral fruité vanillé, poudré, impossible à se remémorer, tant il ressemble à des générations d’autres parfums, tous échoués aux oubliettes. Une formule déjà vendue des dizaines de fois à d’autres marques, à peine remaniée de petites variations, mais dont personne ne se souviendra : à peine senti, déjà oublié.
So First de Van Cleef & Arpels, par Nathalie Lorson
74 euros/50ml, 99 euros/100ml.
Lacoste n’a jamais eu de bol avec ses parfums féminins. Hésitant toujours entre la sportive trentenaire et la jeune fille de bonne famille, la maison du croco relance en boucle le même floral fruité depuis 15 ans, avec les sempiternels agrumes pétillants en tête (pour le dynamisme), les fruits rouges crémeux (pour la sensualité) et le même fond boisé musqué comme un shampooing Pantène (pour faire bien propre) Quelque part entre Ralph et J’Adore, le petit dernier de la série L.12.12 ne déroge pas à la règle.
Eau de Lacoste L.12.12 Pour Elle Elégant , de Lacoste
55 euros/50 ml, 69 euros/90ml.
Les petites robes de Guerlain se vendent comme des petits pains, alors qu’elles soient noires, roses, vertes ou bleues, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
La maison pousse le curseur de l’appât commercial encore plus loin avec cette version Intense, sous-titrée « sous le vent », qui choisit de placer les baies noires et rouges - myrtille, cassis, framboise - en tête d’affiche, avec une forte impression de yaourt aux fruits des bois, dont l’écœurement est amplifié par un accord - fièrement revendiqué- de barbe à papa. Bizarrement, un aspect boisé, savonneux, presque masculin semble s’échapper des notes de fond, provenant sans doute d’un patchouli ambré bien calibré. La bonne nouvelle, c’est que cette version aura probablement disparu des rayons dans un an, pour laisser la place à une autre couleur…
La Petite Robe Noire Intense de Guerlain par Thierry Wasser
69,50 euros/ 30ml, 97 euros / 50ml, 137 euros/100ml.
Pour celles qui trouvaient qu’il n’y avait pas assez sur le marché de déclinaisons de Coco Mademoiselle et de Miss Dior (Chérie), Mon Paris sera sûrement une bonne surprise.
Pour tous les autres, il ne sera qu’une caricature de chypre moderne supplémentaire, concentrant à l’extrême les fruits synthétiques (arôme de fraise tagada et coulis de framboise industriel) fleurs indéfinies au sillage asphyxiant, et un patchouli sec et piquant, accompagnés de bois ambrés et de muscs à la durée de vie interminable.
Mon Paris va bien se vendre, sans aucun doute, compte tenu des techniques de vente aux forceps mises en place depuis sa sortie, mais pour combien de temps ? Cela ne semble à vrai dire même plus être le but recherché aujourd’hui...
Mon Paris d’Yves Saint Laurent, par Olivier Cresp, Harry Fremont et Dora Baghriche-Arnaud.
58,75 euros/30ml, 84,45 euros/50ml, 110,15 euros/90ml.
Illustration : The Sting Of Death
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par daniela, le 30 août 2016 à 11:57
Merci Garance pour Cet article,je suis vraiment chagrinee du florilege de parfums d’ ete assez sirupeux et qui n’ honorent pas les Marques qui les distribuent.....
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par Jeanne Doré, le 30 août 2016 à 12:14
Merci Daniela, moi c’est Jeanne !
Mais pas de problème pour la confusion, plutôt flatteuse, Garance Doré est plus célèbre que moi :)
Et oui, c’est triste, mais heureusement qu’il y a aussi des beaux parfums qui sortent et qui viennent compenser ce flot de sirops...
par théauparfum, le 26 août 2016 à 13:48
Merci pour cet excellent article !!! Les intérêts financiers sont sans doute trop importants pour que les personnes concernées y prêtent attention et c’est dommage. Mais pour les consommateurs avertis c’est un régal à lire.
par Chanel de Lanvin, le 26 août 2016 à 11:26
Dans une société comme la nôtre,où l’on prône le doit à la différence,il ne faut pas oublier que de tout temps,être différent à toujours valu des critiques désagréables.
Les parfumeurs < mainstream > l’on très bien utilisés en créant des soi-disant parfums dit < personnel > mais en fait que tout le monde porte,c’est une manière de ramener les moutons au bercail.
Pour sortir du lot,il faut oser,avoir du caractère,aussi bien pour les créateurs de niche que pour ceux qui les adopteront.
par bendhi, le 25 août 2016 à 17:54
J’ai presque tous senti ses nouveautés et franchement si on mettrais du sirop de fraise dans nos cou ce dernier aurais la même odeur que tous les parfums narnars de l’été.
Ce que je vois sur le site de Sephora :
So Sweet : 13éme parfum le plus vendu
Mon paris ( nom débile, à quand un vrais nom ) : 4éme parfum le plus vendu
La Petite Robe Noir Sous le Vent : 16éme parfum le plus vendu
Perso ça me choque
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par Garance2, le 25 août 2016 à 19:14
Je suis désolée de la manière dont évolue le style des parfums Lolita Lempicka : j’ai longtemps porté Le Premier Parfum, c’est pour moi un classique au même titre qu’Angel. J’ai apprécié L, SI Lolita, et même si je n’ai pas particulièrement aimé Elle l’aime, je ne le trouvais pas épouvantable.
Mais là, Sweet, So Sweet, et même la dernière déclinaison en date du Premier Parfum : Le Parfum se vautrent dans la sucrerie, c’est le genre d’odeur que j’essaie frénétiquement d’effacer quand je reviens à la maison après un essai.
Lolita Lempicka = Lolita Tagada/Tagada Lempicka ?
par Piarà, le 25 août 2016 à 11:16
Je suis allée sentir La petite robe noire édition bleue par curiosité, notamment parce qu’elle s’appelait "sous le vent". Ce "sous le vent" sous-entendait pour moi une odeur subtile, fraiche mais aussi sensuelle, comme une brise rafraichissante dans l’été moite. Bon, autant dire que j’ai été déçue. Je ne suis pas une grande amatrice de la Petite robe noire, bien que la première soit la plus intéressante à mes yeux. La version verte était inspide à mon nez mais c’est bien la première fois qu’une petite robe noire me donne envie de vomir... J’ai bien bien regretté d’en avoir pschitté dans le creux de mon poignet et j’ai dû vaillamment ignorer cette partie de mon anatomie pendant toute la journée.
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par Doblis, le 4 septembre 2016 à 23:49
Bonsoir Piarà,
Ce qui me choque, c’est que Guerlain ait supprimé le magnifique Sous le Vent pour récupérer le nom afin de sortir cette erreur de La Petite Robe Noire Sous le Vent.
Même La Petite Robe Noire Couture discontinuée était supérieure !
Les choix de Guerlain sont vraiment très discutables.
Ils prennent de plus en plus les gens pour des c... en témoigne leur dernier Néroli Outrenoire sans intérêt et absolument sans aucune tenue.
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par Aberystwyth, le 8 septembre 2017 à 15:08
Eh oh ! On n’insulte pas mon petit Néroli Outrenoir chéri !!!
Plus sérieusement, au vu des commentaires de ce parfum, il est assez clivant... Sur moi il tient très bien, merci, mais apparemment beaucoup moins sur certains. Et c’est vrai que ce n’est pas un Guerlain très Guerlain. Mais je dois dire qu’il me parle. Cher Doblis, je devine que vous êtes un amateur des Guerlain plus fidèles à la tradition maison ?
par Passacaille, le 25 août 2016 à 10:14
Flipo, Lorson, Wasser, Cresp ! comment exprimer poliment ma colère ?
Tous ces parfumeurs ont les qualités créatives pour proposer des parfums construits, originaux, signés même, leurs griffes respectives étant souvent reconnaissables quand on leur laisse un peu de liberté. Nous avons donc affaire avec une double honte dans ce métier de la parfumerie.
1. Des maisons qui ont abandonné tout ou partie de la direction créative à des marketeurs décérébrés et myopes.
2. Des parfumeurs qui abdiquent tout respect de leurs compétences pour faire les toutous et composer des nanars anonymes et sans humour (au moins Serrault en son temps tournait des nanars hilarants) mais pour une somme (très très) confortable.
Merci Jeanne, ça fait tellement de bien de lire ça, un grand vent de liberté, de lucidité, dans ce milieu bien clos et rempli de fumée (ou poudre aux yeux).
Et comme je suis snob, j’écris ça en portant Jubilation 25 d’Amouage, en extrait, c’est cher, c’est somptueux, c’est Lucas Sieuzac, c’est fuck you !
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par gabichou, le 30 août 2016 à 10:25
Je crois que moi aussi, c’est ce que je trouve le plus consternant.
Que les vendeurs de parfums (à ce niveau, on ne parle plus de "maison de parfums", n’est-ce pas) fassent de l’argent en sortant des parfums faciles, soit - on a bien d’autres exemples dans d’autres secteurs que la parfumerie.
Mais que des personnes reconnues pour leurs créations sortent des jus pareils, à la formule si stéréotypée, c’est tout de même d’un cynisme effrayant. Cela fait déjà un moment que les noms de Cresp et Wasser ne sont plus une garantie de qualité pour moi.
Le pire, c’est qu’à force de se tirer une balle dans le pied, on finira par ne réellement plus voir la différence entre une marque dite "de luxe" et les parfums d’Equivalenza ou autres.
Et le consommateur qui apprécie ce genre de parfums, mais ne veut plus se faire plumer, il ira acheter un "générique", secteur qui m’a l’air en plein développement ...
par rose de nuit , le 24 mars 2017 à 16:36
Qu’est ce qui pousse ces gens de talents à agir de la sorte ... je viens de lire l’article sur Marc Antoine Corticchiato et je n’ai pas l impression qu’il agirait de la sorte en signant à droite à gauche des parfums sans intérêt
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par rose de nuit , le 24 mars 2017 à 16:42
Cela dit il faut parfois malheureusement mettre le prix pour trouver son bonheur c est pourquoi j’ai bien aimé votre dossier "parfums à petit prix" .
Il n est pas donné à tout le monde de pouvoir acheter des jus à 160 euros la bouteille !! Soit parfois le dixième d’un salaire...
par Tibo, le 14 mai 2017 à 12:59
"Et comme je suis snob, j’écris ça en portant Jubilation 25 d’Amouage, en extrait, c’est cher, c’est somptueux, c’est Lucas Sieuzac, c’est fuck you !"
Oh laaaaaa !!! Oooohh ! Mazette !!!!
Tant de folie dans cette fofolle conclusion !!! Oh j’en suis tout retourné tient !
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par narcissenoirendeuillée, le 18 janvier 2018 à 18:22
C’est vrai, les parfums Amouages sont trop chers, mais ils sont de qualité ! Moi, personnellement, quand j’en ai marre de la enième reformulation d’un grand classique que j’aime, je me tourne vers Maître Parfumeur et Gantier que tout le monde a oublié parce que Jean Laporte est mort : qualité, là aussi. De plus mème si j’adorerais essayer les Parfum d’Empire (qui m’inspirent), où vais-les trouver, coincée dans la province italienne ? Par les temps qui courent, Milan n’est plus trés sùre...pour une éventuelle échappée shopping !
par DOMfromBE, le 25 août 2016 à 10:10
Bonjour,
Et bien, si avec tout ça on ne se chope pas une crise de foie, dans le métro, à la rentrée...
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Ah si seulement ils ne pouvaient être que les nanars de l’été ! Malheureusement leurs sillages risquent de nous accompagner toute l’année... Je les sens déjà quotidiennement dans le métro et sur quelques amies.
Qui d’ailleurs se sont senties un peu vexées (à ma grande joie) à la lecture de cet article.
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