Histoire de parfumeurs : Aimé Guerlain, tradition et rupture
par Jessica Mignot, le 1er août 2022
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Reprenant les rênes de la maison fondée par son père en 1828, Aimé Guerlain en poursuit la tradition classique tout en introduisant une rupture dans l’histoire de la parfumerie. Retour sur son parcours et ses créations.
Né en 1834, Aimé Guerlain perd sa mère à sept ans. Son père, Pierre-François-Pascal, l’envoie faire ses études en Angleterre avant de le former à la parfumerie. En 1862, il lui cède son commerce, ainsi qu’à son frère Gabriel qui s’occupe de la gestion. La maison est alors connue dans toute l’Europe et la fortune familiale déjà bien établie, avec notamment une boutique rue de la Paix et une usine-laboratoire à Colombes. Aimé prend la direction complète de la société en 1865, et, deux ans plus tard, pour l’Exposition universelle qui se tient sur le Champ-de-Mars, il compose le Bouquet de l’exposition ; Guerlain y remporte de nombreux prix, ce qui contribue à développer la reconnaissance mondiale de l’entreprise, qui fait plus de la moitié de son chiffre d’affaire à l’étranger. Pour consolider l’indépendance de la parfumerie, Aimé constitue, avec Jean-Baptiste Gellé, Alphonse Pivert et Charles Gallet, le système du comité d’admission, par lequel ils jugeront les demandes et les places des expositions universelles à partir de 1878.
En 1882, il se marie dans le 10e arrondissement de Paris avec Jeanne Alexandrine Dupérié-Pélou, veuve et mère d’une fille ; ils auront ensemble deux enfants, Marguerite et Jean.
Lors de l’Exposition universelle de 1889 dont il est alors membre du jury professionnel, il présente sa nouvelle création, Jicky. On raconte qu’il reprend le surnom d’un premier amour en Angleterre ; ou peut-être celui de son neveu, Jacques, qu’il forme au métier. Quoiqu’il en soit, c’est avec cette composition qu’il se fait l’un des initiateurs de la création moderne, plus abstraite, rendue possible entre autres par l’emploi de la vanilline synthétisée à partir de 1874. Selon les mots de Jean-Claude Ellena, « Jicky constitue une rupture radicale avec la parfumerie traditionnelle, qui copiait la nature. Il marque le début de la parfumerie émotionnelle, qui n’essaie plus d’imiter le parfum des fleurs, mais cherche plutôt à susciter l’émotion ». [1]
Le 25 juin 1890, toujours dans le but de défendre des droits et de faire reconnaître le métier, il crée avec Charles Gallet le Syndicat Français de la parfumerie. Deux ans plus tard, il est promu chevalier de la Légion d’honneur. Mais suite à la mort soudaine de son fils Jean en 1893, il se retire de la parfumerie, laissant Gabriel à la tête de l’entreprise avec ses fils, Pierre et Jacques, ce dernier prenant la relève de la création. Aimé s’éteint le 26 février 1910 ; et si rares sont les parfums qui nous sont parvenus, il s’agit pourtant de jalons importants pour l’histoire de la parfumerie.
Parfumographie non exhaustive
Bouquet de l’exposition, 1867
Cuir de Russie, 1872
Poa Rosa, 1877
Eau de Cologne du Coq, Cipricime, Fleur d’Italie, 1884
Skin, 1885
Rococo, 1887
Jicky, Une Verveine se meurt, 1889
Et vous, quel est votre parfum préféré d’Aimé Guerlain ?
Bibliographie indicative
Archives nationales
Elisabeth de Feydeau, Le Roman des Guerlain, Flammarion
Elisabeth de Feydeau, Dictionnaire amoureux du parfum, Plon
Michael Edwards, Perfume Legends II - French Feminine Fragrances, Emphase
Rosine Lheureux, Une Histoire des parfumeurs : France 1850-1910, Champ Vallon
Visuel principal : geneanet.org
Visuel publicité Jicky : mariefrance.fr
[1] Michael Edwards, Perfume Legends II : French Feminine Fragrances, p. 16
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