Carnal Flower
Éditions de parfums Frédéric Malle
Coup de cœur
- Marque : Éditions de parfums Frédéric Malle
- Année : 2005
- Créé par : Dominique Ropion
- Genre : Féminin
- Famille : Florale
- Style : Chic - Classique - Sensuel
Pulp Fiction
par Thomas Dominguès (Opium), le 16 juin 2013
Aurore
"Charnelle", à l’aube de son existence adulte avait rapidement montré des atours craquants. On la dévorait comme on avale un petit pois et une olive verte croquants, frissonnant d’un plaisir doux-amer.
Carnivore, elle se faisait parfois revêche et montrait une certaine raideur mordante d’autant plus séduisante qu’elle semblait se refuser à ses proies. Elle soufflait le chaud-froid, bouche-à-bouche camphré, mais délicat, qui rafraîchit et saisit en même temps qu’il instille la brûlure du désir. Déjà un peu moite, d’une tiédeur humide, ses larmes d’eau salée nous faisaient tous succomber.
Carnassière, elle jouait de son charme mutin, immature, d’une certaine verdeur juvénile, naïve en somme, pour attirer ses victimes dans ses filets.
Chairnassière, elle nous la jouait croquante... pour mieux nous dévorer.
Mangeuse d’hommes et de femmes, après avoir montré une austérité froide distanciée, elle osait afficher la bestialité d’une peau tannée, se montrant plus agressive au fur et à mesure que le temps passait, sans, pour autant, jamais sombrer dans la vulgarité, tant sa délicatesse suffisait à perdre chacun. Dans ses tendres années, elle avait affirmé une personnalité plus rude, ferme et compacte à laquelle il pouvait être difficile de se confronter.
Zénith
"Matérialiste", Carnal découvrit que ses atours et charmes charnels pouvaient se révéler des atouts.
Sensuelle, sa verdeur post-adolescente fit place à une dualité mêlant la torpeur languissante de la jeunesse insouciante à l’entrain de la femme mûre, plus ronde, souple et moelleuse qu’elle sut devenir. Sa moiteur laissait une odeur naturelle, lui répétèrent ses maîtresses et amants, dans laquelle ils aimaient à se lover, au plus près de sa chair. On lui déclara souvent également que si elle avait une fraîcheur éternelle, elle possédait quelque chose de bestial, rustique et animal. Sa sexualité parfois exsudait par sa peau tel un daim ferme et âcre, celui d’une fourrure au pelage encrassé, mais enjolivé par le crémeux des produits de soins cosmétiques féminins les plus onctueux et luxueux.
Séduisante, tel un bouquet de fleurs blanches qui embaument dans une pièce, elle laissa une image, un sillage et un souvenir que l’on ne put oublier. Tendres, délicats, subtils, en même temps que narcotiques, complexes et attirants. Si elle sut se rendre accessible, elle ne fut jamais facile.
Séductrice, dès ses plus tendres années, elle sut faire appel aux artifices de la chirurgie, dont les interventions esthétiques multiples lui permirent de ne presque jamais décliner. Sa grande beauté naturelle fut figée, dura des décennies, sans, pour autant, paraître artificielle. Au contraire, de magnifique mais un peu distante, elle devint radieuse et éclatante. Elle rappelait tout à la fois les égéries froides et cinglantes de couvertures en Noir et Vert : "Miss Dior" et une certaine "Vent Vert" au souffle aérien glaçant, mais avec une sensualité bien plus "Fracassante". Elle en portait les robes, aux motifs naturels aux couleurs des jardins et des champs, recouvertes par des fourrures presque animales invitant aux ébats épicés et pimentés ! Pour autant, sur elle, tout semblait assagi, plus calme ; toutes et tous étaient, par elle, attendri(e)s.
Tarifée, elle sut se faire brûlante en même temps que chaleureuse. Mais, plus respectée que ses pairs, jamais elle ne fut dénigrée. On aurait voulu haïr tant de perfection, on ne pût que l’adorer. L’un de ses amants ou clients la compara, un jour, à une fleur de gardénia dont elle aurait possédé les traits : une moiteur et une touffeur addictifs, lascifs et violents, mais dangereux tant ils sont suffocants, derrière une innocence immaculée pourtant non simulée.
Régulière, ses charmes, ambivalents, transformèrent ses clients en amant(e)s et ami(e)s du quotidien. La posséder une soirée était vous condamner à l’aimer pour toujours.
Crépuscule
"Matérielle", évanescente à l’orée de sa vie qui se poursuit dans la lenteur, Carnal F. est contrainte de se faire plus rare, comme diluée, elle semble moins bien définie, plus absente. Pourtant, dès lors que l’on a la chance d’être en sa présence, elle nous éclabousse de sa luminosité solaire radieuse et éclatante.
Maternelle, quand elle est là, sur le déclin, elle est plus proche, et affiche une tendresse réconfortante telle une tasse de lait que l’on aurait chauffé et qui aurait tiédi. Douce comme un fruit vaguement sucré, elle n’est plus si croquante ni mordante qu’en son temps passé, mais moelleuse et poudrée tel un voile cotonneux et tendre.
Mortelle, on dit qu’elle coule ses dernière heures paisibles, en bord de mer, et qu’il n’y pas de moment qui la comble davantage que les couchers de soleil en pleine mer, quand les dernières lueurs du jour, radieuses et chaudes, la réchauffent et l’éclairent alors qu’elle trempe sa chair, diaphane, pour le dernier bain de la journée.
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par ghost7sam, le 17 juin 2013 à 14:02
Article opiumesque s’il en est, je ne peux encore que m’imaginer cette fleur carnivore ; non encore reniflée.
Par contre je serais curieux de connaître l’impression de Phoebus, qui en avait fait l’une des protagonistes de son autobiographie "Les fleurs du Malle" sur son co-blog avec Jicky
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par Opium, le 17 juin 2013 à 23:54
Bonsoir Ghost7Sam.
Il fallait bien un article "opiumesque" pour une fleur "titanesque".
Oubliez ce que vous en aurez lu, sinon, votre plaisir sera gâché par vos attentes.
Cette fleur est superbe, mais son interprétation dans son rôle de "Carnal F." est toute en élégance soit, mais sans chichis. Elle est bien plus décontractée que nombre d’autres. Avec elle, ne vous attendez pas à des effusions emportées. Elle irradie, rayonne, mais naturellement, sans fioritures, ce qui peut donner l’impression, d’abord, qu’il manquerait un je-ne-sais-quoi, un peu plus de maquillage peut-être. Puis, finalement, on se rend compte qu’elle est parfaite comme elle est. ;-)
Si Phoebus n’est pas trop occupé et nous lit, peut-être aura-t-il l’occasion de répondre à votre souhait. Je serai content de le lire également. ;-)
Bonnes futures découvertes.
Opium
par Babouboba, le 17 juin 2013 à 11:49
CARNAL POWER !!!
;0)
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par Opium, le 17 juin 2013 à 23:37
Bonsoir Babouboba.
Excellent jeu de mots, bien trouvé = ;-)
Après le "Girl Power", incarné par Madonna puis les Spice Girls, voici le "Carnal Power"... Qui pourrait, d’ailleurs, être incarné par les mêmes... Et l’est et l’a été par Madonna, fan de tubéreuse (Qui est étonné ? !), porteuse de Fracas qui a (fortement) inspiré son Truth or Dare l’an passé... ;-)
"Carnal Powaaa !"
A bientôt.
Opium
par Le Nez Bavard, le 17 juin 2013 à 00:02
Aaahh ! At last ! Cela faisait si longtemps que j’attendais cette critique, dont j’avais goûté le plan il y a quelques semaines...
Que dire de plus à part que tu as tout dit... Cette tubéreuse est la plus belle, la plus magistrale, la plus terrible de toute, oui, force est de le constater. Rien d’étonnant de la part d’un homme comme Monsieur Ropion, d’ailleurs ! Je me fais la même remarque régulièrement : heureusement que les chefs-d’oeuvre de Dominique Ropion comme Carnal Flower sont là pour témoigner du génie de leur parfumeur. Parce qu’en empilant des LVEB, on pourrait douter...
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par tambourine, le 17 juin 2013 à 10:15
Un texte sublime pour un parfum sublime... c’est marrant je le portais samedi....
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par Opium, le 17 juin 2013 à 23:18
Bonsoir Tambourine... ;-)
Meeeerci beaucoup. C’est vrai, encore une fois, qu’il est "sublime" ce parfum ! (Et, non, on n’en fait pas trop, il l’est... ^^)
Je suis convaincu que ton infidélité aux superbes orientaux qui te vont si bien a permis de rendre encore plus rayonnante cette "fleur charnelle" si solaire... ;-)
Encore merci.
Passe une bonne fin de soirée. A bientôt.
Opium
par Opium, le 17 juin 2013 à 23:13
Bonsoir PoivreBleu/Juliette.
Voici, donc, enfin le résultat à propos des prémisses que tu avais pu lire il y a quelques semaines. Tu avais eu l’occasion de mesurer mes quelques angoisses quant à ce texte.
Merci pour tes mots. Je ne sais pas si j’ai "tout dit" à propos de cette tubéreuse qui est probablement, effectivement, l’une des plus belles et des plus magistrales. Mais, j’ai tenté comme je le pouvais de lui rendre un hommage plus que mérité. "Terrible", elle l’est ; d’autant plus qu’elle n’impose pas, toute "tubér-osée" qu’elle est, la terreur charnelle "hystérico-frappadingue" qu’elle peut parfois infliger. Oui-oui, Poison et Tubéreuse Criminelle, c’est bien à vous que je pense là présentement. ^^
Sa dangerosité à elle, Carnal, réside justement en ce que l’on ne ressent pas le danger qu’elle représente, mais on ressent juste sa beauté tranquille et assurée, absolument pas tapageuse ni criarde.
D’Ysatis à Portrait of a Lady, en passant par Alien, Une Fleur de Cassie et Carnal Flower, c’est vrai qu’on apprécie quand Dominique Ropion "pousse le son" pour laisser ces fleurs magnifiques s’exprimer plutôt que quand il monte le volume sonore et la température du sucre en fusion qui caramélise ! ^^
En génie de la technique, quand il s’applique à rendre le beau plus beau, il devient superbe ; quand il s’applique à rendre le laid plus visible, il devient plus bruyant... ;-)
Merci pour ta pertinente intervention (un poil impertinente ^^).
Bonne soirée à toi.
A très vite.
Opium
par Yohan Cervi (Newyorker), le 16 juin 2013 à 23:24
Allez, je voulais mettre Moment Suprême de Patou ou le Dix de Balenciaga, mais ce soir, pour dormir, ce sera Carnal...Tellement charnel, impossible de dormir seul avec. Grrrrr :)
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par Opium, le 17 juin 2013 à 22:44
Re-Salut NewYorker.
Waouh ! Parvenir à effacer pour une nuit le désir de tes superbes vintages, Le Dix et Moment Suprême que j’adoooore, pour un parfum moderne, Carnal est trop forte ! ;-)
J’espère que la nuit (seul ou accompagné) n’aura pas été trop agitée... ou, plus précisément, agitée juste comme il faut... ;-p #tuberose #bitchy
Très bonne soirée à toi.
Opium
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par Newyorker, le 17 juin 2013 à 23:36
AHAH, tu me connais, tu sais à quel point j’aime toutes mes vieilleries, c’est dire si tu as été convaincant :) Bravo !
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par Opium, le 18 juin 2013 à 00:15
#flatté
"Vieilleries", soit, mais "Belles" !
Bonne soirée quelle que soit la "vieillerie" que tu porte(ra)s ce soir... ;-)
par Jicky, le 16 juin 2013 à 23:23
Dantesque mon cher Opium !
DANTESQUE !!!
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par Opium, le 17 juin 2013 à 22:29
Salut Jicky.
"Dantesque", je crains que ce ne soit me faire trop d’honneurs. Mais, cela me touche énormément.
Je suis trèèèèès content qu’au travers de toute la lumière que je ressens à propos de Carnal (comme on la surnomme affectueusement entre nous), que par-delà la luminosité que je souhaitais voir un peu émerger dans cet écrit, le "grandiose" et la "sombre obscurité" dantesques transparaissent dans l’histoire de cette tubéreuse-femme magnifique qui, comme nous tou(te)s, est amenée (d’abord) à perdre de sa superbe puis à disparaître, tout simplement, mais inéluctablement.
Toutes les histoires ont une fin. Tous les parfums s’évaporent et fuient immatériellement dans les airs. Toujours trop vite, nous semble-t-il, pour les meilleurs. Mais, Carnal, elle, le fait subtilement et en conservant de sa lumière et de sa superbe, solaire à son crépuscule.
Merci pour tes mots. ;-))
A très vite.
Opium
par ERIC, le 16 juin 2013 à 23:21
Que dire ? D’abord la joie d’être le premier à écrire en réponse à ce très beau texte. Quelle belle métaphore filée ...de bête de sexe tout au long d’une vie. Ensuite, cette critique tombe à pic : j’ai commandé et reçu les échantillons des Editions FM qui me manquaient, dont cette tubéreuse qu’il me tarde de tester. Vous êtes un messager du ciel Opium.
TRès cordialement
ERic
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par Opium, le 17 juin 2013 à 22:17
Bonsoir encore Eric.
Votre joie est un régal. Elle fait du bien à lire. ;-)
Je tente juste d’être un rédacteur pas trop mauvais. Si, par certains écrits, je parviens à apporter un peu de la lumière du ciel, alors, l’humble "messager" que je suis est heu-reux = ^^
Je suis ravi que vous trouviez cette métaphore attrayante à propos de cette "bête de sexe tout au long d’une vie" pour vous citer, dont j’ajouterai qu’elle marque d’autant plus ses partenaires / proies / acolytes (celles et ceux qui la portent en somme), qu’elle sait maintenir une certaine distance, une aura quelque peu lointaine, touchante et émouvante. Elle "marque les esprits" en réalité.
En fan fada absolu de la fleur de tubéreuse, les aimant assez déjantées, celle-ci, avec sa bonne éducation, ses bonnes manières, ses habitudes correctement élevées, m’a été d’abord assez intraduisible. C’est qu’on ne crée pas des œuvres pour Frédéric Malle comme pour Serge Lutens. Ainsi, si Tubéreuse Criminelle se devait d’être fort caractérielle, Carnal Flower devait être équilibrée. Puis, comme (tou(te)s) les autres, j’ai succombé aux charmes de cette dernière après avoir été "dévoré" par la première. Aujourd’hui, Carnal est l’une des tubéreuses que je porte le plus, car dans l’envolée d’air de ses bras, elle laisse suffisamment d’espace pour l’autre afin de respirer.
J’espère que la découverte des échantillons des EdPFM encore à découvrir, et tout particulièrement celui de Carnal, sauront vous satisfaire. ;-)
Excellente soirée. Merci pour tout.
Opium
par Yohan Cervi (Newyorker), le 16 juin 2013 à 23:20
Je ne peux absolument rien ajouter, en dehors du fait que j’ai rarement lu un aussi beau texte sur un parfum. Bravo, c’est épatant. Quel bel hommage.
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par ERIC, le 16 juin 2013 à 23:22
Bon, le second alors, Newyorker Grhhhhhh !
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par Opium, le 17 juin 2013 à 21:58
Bonsoir Eric.
C’est un "Grhhhhhh !" genre "chat qui ronronne devant la langueur de Carnal" ou "tigre qui feule de ne pas être le premier" ? ;-)
Ne vous battez pas pour savoir qui est le premier à commenter, c’est mignon ; merci pour votre entrain. ^^
Je vous réponds dans quelques instants.
A tout de suite.
Opium
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par ERIC, le 17 juin 2013 à 22:20
Non, c’est le tigre ! Je me doutais bien qu’il y a avait une course aux claviers pour être le premier à répondre alors je m’y suis inscrit ... et perdu. Non, mais sans rire ! Bon, soyons sérieux : cet article me tombait à pic car j’ai mon échantillon de Carnal Flower qui m’attend depuis vendredi. Je le réserve pour une soirée mercredi soir, je trépigne. il me tarde de voir les réactions autour de moi. Donc, j’ai lu l’article en me délectant de la prose littéraire mais en faisant abstraction de l’olfactive, ne voulant pas être influencé le jour de l’essai. Alors, mercredi soir passé, je relirai l’article, le savourerai une seconde fois, mais ma lecture sera étayée par mon expérience récente avec CF.
PS : il me semble que mes choix de néophyte s’orientent de plus en plus vers les orientaux et les fleuris, les boisés ne me correspondent pas trop je crois. Grave docteur ?
<très cordialement
ERic
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par Opium, le 18 juin 2013 à 00:12
Re-Bonsoir "Tigrou" ! Euh, Eric...
Vous avez bien fait de faire abstraction de l’olfactif pour ne pas nuire à votre découverte futuro.
Vivement mercredi ai-je envie de dire... ^^
N’hésitez pas à venir nous dire comment vous aurez trouvé Carnal.
Rassurez-vous, votre attrait hors des sentiers"virils boisés" n’est pas nuisible. Il serait même plutôt profitable au bon goût et pour vos proches au vu de ce que vous nous déclarez aimer. Vive les orientaux, les floraux et les florientaux ! Personnellement, je préfère sentir la "cocotte" que le sachet de Haribos collants cheeeeaaaps à 0,84 euro ! ^^
Bonne fin de soirée.
Opium
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par ERIC, le 17 août 2013 à 22:07
Bonsoir Opium,
Je vous devais depuis longtemps mes impressions sur Carnal que j’ai testée en juin. Si je n’ai pas écrit avant, c’est parce que cette fleur m’a poursuivie tout l’été et continue de me poursuivre, prolongeant ainsi votre belle métaphore anthropomorphique. M’a t-elle séduite ? Vous rigolez je pense ! Arrivé sur Paris en juillet pour 15 jours, je suis allé chercher un second échantillon rue Victor Hugo.
Un jus sombre, une sève. Autant ISM est pour moi un distillat transparent de la précieuse racine, Carnal est une sève recueillie par incision. J’en aime particulièrement la première vie, verte et craquante. Il semblerait de grosses tiges de fleurs immenses grandies trop vite, des tiges creuses, aqueuses, épaisses, des tubes minéraux de glaïeuls, d’arums. C’est un peu collant, un peu amer, presque un légume. Et cette phase chez Carnal dure, merci merci, longtemps. La seconde phase est, parfois, le retour de plage d’une serviette mal lavée, sel, soleil et monoï, parfois la note blanche et jaune, douce et amandée d’une fleur de frangipanier après une pluie de mousson. Elle dure aussi. Rares, rares sont les parfums qui me séduisent tout au long de leur évolution.
Rien de dangereux, de sulfureux, de carnassier : je suis resté en permanence dans la fleur. À tel point qu’il me faut maintenant sentir, toucher, couper une fleur de tubéreuse...que je ne sais où trouver. Je me contente d’une reproduction d’une planche botanique.
Emporté par mon enthousiasme, j’ai pris mon temps parisien pour tester d’autres tubéreuses. :
Do Son edt et edp m’a semblée celle s’en rapprochant le plus, quasiment identique, mais avec des durées de vie de ces deux phases plus courtes cependant. Je n’ai pas vu beaucoup de différence entre les deux concentrations.
Fracas : la déception, trop fruitée à mon goût et pas si tenace que cela. Mais je crois que le nouveau jus est bien loin de celui du début.
Loretta : je n’ai pas retrouvé ce que je cherchais, trop sucré ma foi. Mais je ne l’ai testée que sur mouillette, un peu vite aussi. Jeanne ne saurait se tromper.
Tubéreuse de Mona di Oro Les nombres d’Or : jolie, très jolie, verte, épicée, poivrée, aldéhydée (?) sans que la verdeur et la frangipane en soient dissimulées. On dirait Carnal recouverte d’un voile d’epices et de poivre doux. Je voudrais y revenir.
Tubéreuse Criminelle : oui, vous l’avez dit, un départ hurlant, camphré, médicinal qui, sur moi, n’a pas eu une tenue si prometteuse que cela et qui a trop occulté les deux phases de l’évolution de Carnal.
Résultats des courses : Carnal gagne haut la main. Et puis le soir sur une peau chauffée par une journée de plage et de soleil...il est là le meurtre carnassier. Un cadeau pour Noël ? Très certainement.
Très cordialement
Eric
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par Opium, le 19 août 2013 à 23:16
Bonsoir Eric.
Je suis content de votre retour, j’y ai pensé à plusieurs reprises car nous avions échangé il y a quelques semaines à propos de Carnal qu’il vous fallait découvrir. Je ne vous ai pas relancé pour ne pas être envahissant. Après tout, on écrit encore ici quand on le souhaite. ^^ Et puis, il était possible qu’avec vous le feeling ne soit pas passé.
Finalement, si, tant mieux !
Vous citez des tiges grosses, épaisses, poussées trop vite et creuses proches de légumes et de sève comme impressions de cette fleur plus vraie que nature : pour moi, cela est juste parfait ! Surtout les images de "tiges creuses", comme j’en ai connu au Portugal, car grandies et poussées trop vite. Jusqu’au moment de votre lecture, durant des années je n’y ai pas pensé. Et là, zou !, me voici transporté au Portugal il y a fort fort longtemps. Bravo pour cela ! L’impression d’un vert si intense qu’il convoque des sensations proches de celles que l’on a avec des "légumes" me semble également très juste !
La belle longue (merci !) jeunesse verte et craquante de Carnal est ce qui séduit le plus certain(e)s, cette verdeur radieuse et mordante qui irradie autour de soi. Elle est spectaculaire !
Vous trouverez parfois des tubéreuses, me semble-t-il, chez le fleuriste (si vous avez de la chance). Donc, n’hésitez pas, posez la question, si la chance des perfumistas est avec vous, vous saurez à quoi ressemble cette fleur "au naturel".
Passons maintenant à vos appréhensions des tubéreuses.
La proximité que vous avez constatée avec Do Son est très juste ! Nous en avons discuté plusieurs fois avec des proches, et nous en étions arrivés à la même conclusion. Parfois, j’ai tendance à avoir une préférence pour celle-ci car elle est plus solaire et, ainsi, plus chaleureuse. Je sais, c’est une hérésie pour beaucoup, mais, il y a ce moelleux dans Do Son (dont les deux concentrations sont, effectivement, très proches) qui manque un peu à Carnal, mieux mise, plus maquillée, plus hautaine ou pour le moins distante.
En testant ce qui avait l’air d’être une version vintage à l’Osmothèque - mais, en était-ce bien une effectivement ? -, Fracas n’avait pas l’air trop mal retouchée au final. Mais, elle reste après plus d’un demi-siècle si singulière. Cela doit être une des tubéreuses que la plupart des gens "aiment détester"... Elle en écœure beaucoup. Moi, z’aime bien. Mais, c’est que la tubéreuse et moi, ou, plus précisément, les tubéreuses et moi, c’est plutôt une histoire qui roule, une histoire sans fin, mais pas un long fleuve tranquille, non, plutôt du chahut ; et, tant mieux ainsi !
Loretta est assez originale, on doit bien lui reconnaître cela. Mais, comme la précédente, elle n’est pas d’approche facile avec ses notes fruitées et sucrées. Il faudra que je lui porte davantage d’attention.
Vous m’avez donné envie de faire plus ample connaissance avec la Tubéreuse de Mona di Orio : envie de la sentir à nouveau pour lui consacrer davantage de temps et pas juste une ou deux minute(s) mouillette en main avant de passer fissa à autre chose. ^^
"Criminelle", elle, est assez insupportable d’abord, puis, elle s’effondre après avoir craché tout son venin. Tarée et extrême, indomptable, je l’admire et l’adore, même si, très clairement, elle est la plus difficile à appréhender.
A l’opposé se trouve Carnal, séduisante par son équilibre et sa perfection. L’une des rares tubéreuses, avec Do Son (qui lui est donc proche) et avec Nuit de Tubéreuse - en raison du travail déconstructiviste ici, - à plaire à celles et ceux qui n’aiment pas la tubéreuse. En fait, je me demande même s’il ne faut pas ne pas aimer la tubéreuse pour parvenir à pleinement apprécier Carnal qui reste un peu trop dans le contrôle de soi pour afficher les "vrais" attributs extravagants tuberosés.
"Meurtre carnassier" l’air de rien, par la radiance solaire qui émane de cette fleur si parfaite qui, superposée à des températures élevées et à une peau échauffée par le soleil, devient alors vraiment dangereuse, voilà ce que peut être la si sublime Carnal.
C’est toujours un régal de vous lire Eric ! Sincèrement, cela fait toujours plaisir et du bien. Merci.
A très bientôt pour de nouvelles aventures ou péripéties parfumées.
Bonne soirée.
Opium
par Opium, le 17 juin 2013 à 21:53
Bonsoir NewYorker.
Eh bien, à mon tour de ne pas savoir quoi ajouter, si ce n’est un très simple mais très sincère : "Merci !"...
Je suis, sincèrement, touché par tes mots.
J’avais, comme on a toujours lorsque l’on est confronté à certains monstres / chefs d’œuvre, la peur de ne pas "être à la hauteur" dans l’hommage que je souhaitais rendre à "l’objet" concerné. Si je parviens à ne pas être trop en deçà, alors, je suis content... ;-)
Encore un grand merci.
Bonne soirée.
Opium
PS : Je profite de ma première réponse concernant Carnal Flower pour consteller cette "star" d’étoiles qui l’illuminent et sont bien méritées. ;-)
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Smell Talks : Dorothée Duret et Claire Martin – La couleur des odeurs
Interrogeant les mondes visuels et olfactifs, deux expertes échangent en écho au dossier publié dans le dix-huitième numéro de Nez, la revue olfactive.
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il y a 2 jours
Bonsoir Adhara, Merci de nous avoir communiqué cette bonne nouvelle. En fan de ce mythique(…)
il y a 2 jours
Profitez-en il y a une promo sur leur site web en ce moment sur plusieurs références(…)
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