Le grand come-back : la revue de sorties des icônes rééditées

Honneur aux anciens : fondée en 1774 sous le nom « À la reine des fleurs », la vénérable maison L.T. Piver a subi à la rentrée un sacré lifting, à la suite de son rachat en 2022. Les eaux de Cologne qui ont fait le succès de la marque au début du 20ème siècle, puis le bonheur des amateurs de trouvailles à petit prix ces dernières années, se voient réinventées en eaux de parfum. Les flacons sont plus travaillés, le positionnement plus haut de gamme, mais, surtout, les nouvelles créations se révèlent très éloignées des anciennes, et guère convaincantes pour les adeptes des versions d’origine - le nouvel Héliotrope blanc parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu avec ses notes poudrées amandées qui gagnent en complexité. La bonne nouvelle ? Les eaux de Cologne sont toujours disponibles à un tarif très accessible et, on l’espère, dans une version inchangée (nous ne les avons pas senties depuis l’arrivée des eaux de parfum).
Eaux de parfum 190 euros / 100 ml
Eaux de Cologne 25 euros / 100 ml

C’est ensuite une maison phare de la Belle Epoque qui renaît par le biais de deux initiatives distinctes : Coty, fondée par François Coty, auteur d’Ambre antique (1905), de L’Origan (1905), du Chypre (1917) et d’Émeraude (1921), considérés comme des chefs de file de la parfumerie moderne.
Le groupe Coty, qui détient notamment les licences des parfums Gucci, Calvin Klein, Chloé ou encore Burberry, a lancé en mars 2024 sa propre marque, Infiniment Coty Paris. Parmi les 14 premières fragrances, qui ne revendiquent pas de filiation olfactive directe avec les créations de François Coty, Après l’amour, Aristo Chypre, Les Mots doux et Entre Genres avaient retenu notre attention. Depuis cet automne, la marque propose également une réédition d’Ambre antique en édition limitée à 1905 exemplaires, en clin d’œil à l’année de sa sortie. Cette repesée, décrite comme « fidèle à l’esprit et à la formule d’origine », délivre des notes de bergamote amère et de vanille irisée, légèrement animalisée, dans un esprit vintage plutôt crédible.
Eaux de parfum 230 euros / 75 ml
Réédition d’Ambre antique 330 euros / 75 ml

Par ailleurs, Véronique Spoturno, arrière-petite fille de François Coty, qui commercialisait ces dernières années dans un circuit confidentiel des rééditions des parfums de son aïeul, a créé cette année sa marque Spoturno 1921 - inspirée du nom de naissance de François Coty et de la date de lancement d’Emeraude. C’est ce parfum ambré (auquel Shalimar, sorti quelques années après, ressemble beaucoup), retravaillé avec finesse par Christopher Sheldrake, que l’on retrouve aujourd’hui sous le nom de Spoturno 1921, en eau de parfum et en extrait. Un cœur de jasmin, de rose et d’ylang-ylang, rafraîchi par une bergamote juteuse et un brin de lavande, repose sur une vanille musquée. Quatre autres créations du parfumeur – toutes nouvelles – complètent la collection, parmi lesquelles se distingue Barbicaja, un bouquet vert et opulent de jacinthes et de tubéreuses.
Eaux de parfum 320 euros / 60 ml
Extrait Spoturno 1921 520 euros / 60 ml

Deux maisons de couture parisiennes créées au milieu du XXe siècle et qui avaient déserté les rayons des parfumeries depuis quelques années se sont repositionnées ces derniers mois avec des lignes exclusives.
À l’automne 2024, Balmain dévoilait ainsi une gamme de huit parfums, « Les Éternels », enrichie depuis de deux autres références. Si certains noms sont déjà connus (Vent vert, Ivoire, Ebène, Carbone), les nouvelles compositions se démarquent des anciennes : Vent vert, créé par Germaine Cellier en 1947, et célèbre pour sa gifle de galbanum, relève désormais du registre fleuri fruité, avec ses notes de jasmin aqueux, de cassis et de basilic. La rédaction de Nez avait été plutôt séduite par Carbone, une rose cuirée et musquée au profil assez animal.
Eaux de parfum 180 euros/ 50 ml

Balenciaga, qui n’avait plus lancé de nouveautés depuis les années 2010 (Balenciaga Paris, Balenciaga L’Essence, Florabotanica, B. Balenciaga) a plongé dans ses archives pour présenter à la rentrée une collection de dix fragrances. La star ? Le Dix, le parfum emblématique de la maison, créé en 1947 par Francis Fabron, qui «  se dévoile renouvelé, infusé de l’esprit contemporain de Balenciaga ». C’est son flacon original qui inspire celui qui accueille la collection, au style vintage et très réussi. Sur le plan olfactif, le nouveau Dix, qui conserve les facettes poudrées d’iris et de violette de son ancêtre, est celui qui nous a le plus convaincu. Parmi les neuf autres créations, on pourra aussi s’attarder sur Muscara, qui traite les notes poudrées sur une trame plus cuirée. Le reste déçoit par une apparente volonté de se fondre dans les tendances olfactives interchangeables du moment… dommage !
Eaux de parfum 260 euros/ 100 ml

Enfin, une marque plus récente fait également son retour : Agnès B, qui a marqué les esprits avec Le B sorti en 1987 dans un flacon en forme de cœur. On retrouve son esprit bouquet floral diaphane dans les deux nouveautés signées Isaac Sinclair : L’Eau se révèle, sans grande surprise, très transparente, propre et fruitée, tandis que Le Parfum assume une dimension plus solaire et épicée. Les prix raisonnables rattrapperont-ils l’absence d’audace ?...
L’Eau, eau de toilette 20 euros/ 10 ml, 50 euros/ 40ml, 105 euros/ 100ml
Le Parfum, eau de parfum 22 euros/ 10 ml, 55 euros/ 40ml, 115 euros/ 100ml