Vanille Absolument (ex Havana Vanille)
L’Artisan parfumeur
- Marque : L’Artisan parfumeur
- Année : 2009
- Créé par : Bertrand Duchaufour
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Ambrée
- Style : Gourmand - Sensuel
Salsa du démon
par Jeanne Doré, le 14 juillet 2010
J’aime bien les parfums qui commencent comme une contre-plongée dans un décor, un peu comme le début de Citizen Kane.
On ferme les yeux et on y est. En l’occurrence, je n’ai jamais mis les pieds à Cuba, mais j’aime assez l’idée qu’il pourrait y avoir ce genre d’odeurs lorsqu’on y débarque.
Ma première impression est une bouffée d’air dense et moite, empli de poussière, de volutes d’une fumée épaisse, et d’haleine de vieux marin imbibée de rhum ambré. Rien de très romantique dit comme cela, mais pourtant quelque chose d’appétissant se dégage déjà, comme une petite pointe de cacao amer qui percerait le nuage en apportant une étrange dimension gourmande à cette cette masse gazeuse. Et le rhum, très figuratif dans les toutes premières secondes (aidé par le vrai éthanol de l’eau de toilette) évoque bien sûr ces petits babas charnus et dodus que l’on sirote paresseusement après un repas déjà trop riche.
Une fois cette quasi fraîcheur éthylique évaporée, les feuilles de tabac aux accents épicés et amandés tourbillonnent dans l’air poussiéreux pour retomber sur la terre battue encore humide.
Puis, alors qu’on ne pensait même plus à elle, la vanille s’épanouit enfin dans une douceur presque enfantine, poudrée et mate, mais cachant cependant derrière cette façade innocente des facettes animales de fauve en cage.
Havana Vanille a quelque chose de profondément organique, de vivant, une pulsation latine et sanguine qui bat comme comme un coeur qui s’emballe trop vite après une salsa un peu trop endiablée.
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par encrenoire75, le 16 juillet 2010 à 16:44
Petit ajout : j’ai essayé il y a quelques semaines Tobacco Vanille de Tom Ford. Je n’adhère pas du tout au concept de la collection Private Blend. Faire du toujours plus snob en toujours plus cher, c’est bien dommage quand certaines de ces créations ont de la valeur artistique. Pourtant, je me suis senti comme envouté par la clarté et la qualité des deux notes dans ce parfum. A tel point que mon poignet n’a qu’a peine quitté mon nez de toute la journée. Peut-être est-ce donc le côté presque crémeux de la vanille de Vanille Absolument que je n’ai pas supporté.
par encrenoire75, le 16 juillet 2010 à 16:36
***
De retour de chez mon dentiste dans un beau quartier, je suis passé devant une boutique l’Artisan Parfumeur et j’ai souhaité essayer ce parfum dont j’avais lu la critique sur cette page. Première surprise : Havana Vanille aurait déjà changé de nom pour ne pas heurter la sensibilité des cubains ! Je ne sais pas si cette explication est même un tant soi peu vraisemblable (sauf à croire qu’il y a de grands amoureux de parfums français dans la diplomatie cubaine), ni si ce parfum a été reformulé pour qu’un nouveau visage accompagne son changement d’identité. En tout cas, c’est Vanille Absolument que l’ai donc appliqué sur mon poignet.
***
Je pense que, malgré toutes nos meilleurs volontés, nous sommes tous influencés par l’ensemble des facteurs non-olfactifs qui font l’identité d’un parfum. Son nom, l’esthétique de son flacon, la couleur de son jus, la maison qui le présente, la petite histoire qu’on nous raconte pour expliquer son inspiration, le "nez" qui en est responsable ... tous ces éléments ancrent un parfum dans un imaginaire qui prépare nos sens avant même la première sensation proprement olfactive. Cette modification de nom évoque pour moi non plus les odeurs des rues de Havane mais plutôt la cuisine lors de la préparation d’une crème pâtissière. La seconde surprise pour moi revêt donc la forme d’une déception : non, ce n’est pas un voyage que ce parfum m’évoque mais le vague écoeurement d’un dîner trop glouton. En espérant que cette sensation n’est pas, de ma part, la réalisation d’un préjugé pré-olfactif (« What’s in a name ? that which we call a rose / By any other name would smell as sweet »).
***
Oui, en effet, je ressens le rhum dans un second temps, après ce trop-plein de vanille. L’ensemble me ferait presque penser à Spiritueuse Double Vanille par cet aspect riche, lourd, gustatif et alcoolisé. Sauf que le Guerlain me donne au moins l’impression d’avoir siroté quelques cocktails (si on voit double, c’est aussi un peu parce qu’on aurait atteint sa limite d’alcool) pour oublier l’état de mon estomac, alors que Vanille Absolument n’a rien pour détourner mon esprit de la crainte de l’indigestion.
par Phoebus, le 15 juillet 2010 à 00:15
Ah, génial, bravo pour la critique !
Je ne suis pas d’accord pour le ressentit du début que vous décrivez à propos de la poussière...Je ne voit pas du tout. Mais sinon, globalement, oui, c’est très clairement un bar Cubain vintage de la belle époque que ça évoque pour toutes les raisons que vous avez cité...On voit très bien Havana Vanille être porté par le patron du bar, un homme ultra sociable et chaleureux qui aime les bonnes choses. Pendant qu’on y est, Habanita peut être la serveuse sexy de l’établissement (il n’y a pas un film qui réunit Antonio Banderas et Salma Hayek ?).
Je trouve que Havana Vanille est vraiment unique comme Masculin, il se démarque vraiment (en même temps le thème de la vanille chaude, chez les hommes, ça ne s’est pas beaucoup beaucoup vu). Mais il n’a rien à envier aux plus grands vanillés féminins non plus ! (et d’ailleurs je pense que si Havana vous plait, mesdames, n’hésitez pas, il peut certainement être dévastateur sur vos peaux également, mais de manière différente !). Je porte Bertrand Duchaufour de plus en plus haut dans mon coeur (bon, je lui excuse Al Oudh, on va dire que c’était un accident de parcour...).
Quatre étoiles, un gros coup de coeur
par Jicky, le 14 juillet 2010 à 19:03
Pas vraiment en contre-plongé, je vois plus ce parfum comme un "retour en arrière" qu’on faisait pour les cassettes (un temps bien lointain...).
En effet, je vois comme une sorte de nuages de pleins de sensations au départ, comme la fumée d’après guerre et au fil du temps, cela va faire comme une avance rapide à l’envers pour voir d’où est venue tout cela.
Jeanne décrit très bien l’aspect fumée, poussière, condensation de tempête. Pas toxique non plus, cette atmosphère est chargée de pleins de particules avec l’amertume très épaisse du clou de girofle que je trouve saississant, puis un aspect boisé type bouleau, qui a une odeur sèche et fumée.
L’aspect rhum est pour moi la deuxième partie de ce parfum, qui aspire la fumée toujours dans un effet retour en arrière. Cela atténue la création de manière spécial car elle ne s’allège pas mais devient plus claire, un peu comme le fait la vanille dans Habanita. Mais là où Spiritueuse Double Vanille m’évoque une histoire, un grand-père et l’aspect pirate, Havana Vanille me fait penser à un fond jaune avec pleins de petites billes noires, cette sensaion que je ressent pour les fleurs blanches (avec fond blanc ou bleu) ou d’autres parfums avec des ingrédients mystérieux. Et cela m’évoque plus les batons de vanille, comme je le disais sur Songes, avec le petit aspect amer et granuleux quand on les grignotte à l’intérieur (je me souviens une fois ma grand-mère avait cuit un ananas dans du rhum et y avait ajouté des batons de vanille ainsi que les petites graines de l’intérieur, Havana Vanille me rappelle ce dessert, sauf que l’acidité est devenue amertume dans ce parfum).
Enfin, le fond est entre des notes très boisées, comme le bouleau que l’on retrouve de la tête, mais aussi cuirée mais de manière légère avec une petite sensation de vanille crémeuse.
Ainsi, si je fais le film mais cette fois de manière normale (donc fond, coeur puis tête) je vois une sorte de cuir imbibé de rhum que l’on met sur des tonneaux explosifs que l’on fait sauter avec du feu (ou avec des merlans frits, au choix —’), puis la cargaison de batons de vanille explose en libérant tous les grains noirs, qui sont enveloppés dans du foin (fève tonka ?), puis enfin la grosse fumée, témooin du scénario.
Un film vraiment évocateur, un scénario bien ficelé, des effets de caméra qui font rentrer dans l’action et un montage alléchant.
!Vive l’odorat !
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