The Unicorn Spell
LesNez
- Marque : LesNez
- Année : 2006
- Créé par : Isabelle Doyen - René Schifferle
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Boisée - Florale
- Style : Pointu
Haricot Fleur
par Alexis Toublanc, le 24 mars 2014
Le sortilège de la licorne. Il s’agit peut-être du nom le plus crypto-gay du monde de la parfumerie (avec le karanal, ce si cher bois ambré) et le parfum n’est pas en reste, du coup je donnerais cher pour connaître l’alcoolémie de René Schifferle - créateur de la marque LesNez - et d’Isabelle Doyen - le nez en question - lorsqu’ils sont partis sur ce projet !
En étant une des marques les plus difficiles à dénicher en France depuis un trop grand nombre d’années, l’annonce d’Antonio - le grand chef de la boutique Marie-Antoinette - a fait l’effet d’une petite bombe dans les rangs des passionnés de parfums parisiens : LesNez IS BACK !
Si vous lisez l’article que Jeanne a consacré à l’inimitable Manoumalia et redécouvrez les quelques mots d’Isabelle Doyen sur l’Antimatière, vous comprendrez assez vite que LesNez fait de très beaux parfums. The Unicorn Spell va au-delà : en plus de sa beauté, il est complètement barré, totalement délirant mais aussi d’une accessibilité étonnante. Construit autour de la violette, ne cherchez pas pour autant un petit bonbon sucré ou une eau de toilette mémérisante : celle-ci sent les paillettes argentées, les confettis roses et les néons verts. S’alignant sur l’imagerie geek de la licorne qui éternue des arcs-en-ciel et fait des cacas-papillons, le parfum n’hésite pas à associer aux mythes classiques un sens de la dérision hilarant.
Le N°19, cet iris vert à l’élégance complexe ne vous convient pas lorsque votre double malicieux prend le dessus sur vous ? La violette baignée dans les haricots verts martiens de The Unicorn Spell est faite pour vous.
Iris Silver Mist et son iris terreux vous terrifie lorsque, par les nuits de pleine lune, vous voyez votre meilleur ami se transformer en loup-garou ? Un pschit du Sortilège de la Licorne fera l’effet d’une balle d’argent avec ses notes poudrées et boisées qui propulsent le parfum dans l’espace.
Et enfin, si Diorissimo vous rend maniaco-dépressif à l’image d’une nouvelle demachysation sponsorisée par Blédina, la partie de cache-cache avec ce parfum d’Isabelle Doyen vous fera pousser des ailes et vous vous envolerez au Cloud Cuckoo Land en laissant s’échapper, grâce à votre fabuleux sillage, le plus étincelant des arcs-en-ciel.
D’une inventivité folle, au charisme déjanté, The Unicorn Spell fait passer l’histoire de Jack et le Haricot Magique pour un drame franchouille avec des plans en contre-plongée sur des perfumistas négligés en train de décortiquer tous les flankers de Gucci Guilty. Enfin, ce parfum s’avère aussi être une des rares odes à la créativité du marché de la parfumerie : la créativité si particulière de l’enfance, où l’innocence (revendiquée par des publicitaires en mal de petite pilule bleue) disjoncte, proche d’un jeu de construction aux briques multicolores et aux possibilités infinies.
Par le caleçon de Merlin, je compte vraiment sur tous les Parisiens pour aller tirer la chevillette de la boutique d’Antonio afin que vous découvriez cet objet olfactif non identifié. Sur ce, je m’en vais rejoindre Pégase. Un quart d’heure qu’il m’attend, garé en double-file, pour m’emmener à Las Vegas où Legolas et Gimli fêtent leur enterrement de vie de garçons. Perfumistas Party The Hardest !!!
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par domik, le 24 mars 2014 à 23:00
On devrait mettre Jicky dans un flacon et se parfumer avec !
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par Arpège, le 24 mars 2014 à 23:29
J’ai déjà vu ca quelque part.......
Et c’est pas chez Guerlain !!!!!
par Jicky, le 29 mars 2014 à 23:37
Quand on connait le terme associé au passage de l’état solide à l’état gazeux, mon égo ne peut qu’acquiescer.
En revanche, pas sûr que l’idée plaise à ma maman.
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par Arpège, le 30 mars 2014 à 13:01
Et Jean Patou a utilise ce terme associe pour en faire un parfum ;-)
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par Biloute, le 30 mars 2014 à 15:23
Pour les ignares comme moi qui ont du faire une discrète recherche Wikipedia pour décoder l’échange, je vous donne directement le lien vers la réponse que j’ai trouvée : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz
C’est dans le paragraphe "Gaz et thermodynamique" !!
Et le parfum associé de Jean Patou : http://www.jeanpatou.com/parfums-jean-patou-sublime/
On ne naît pas nez, on le devient...
par antolio, le 24 mars 2014 à 20:08
Je ne suis pas du tout d’accord ! Ce parfum est pure poésie, pas de bisounours et d’arc en ciels ici, des lavis, du Rimbaud, un tableau d’Odilon Redon et des estampes japonaises. Voilà.
The Unicorn spell prend Vent vert et le haricot, là où Germaine l’avait laissé pour l’emmener vers l’imaginaire et le mystérieux. J’aime quand on me dit en le portant : hmmm, ça sent la fraise, oh ça sent les fleurs, c’est boisé non ?
C’est un parfum pour brouiller les pistes.
Il a légèrement changé avec son nouveau flacon, et même en mieux, où alors c’est mon flacon qui a vieilli. En tout cas, je suis fan des haïkus d’Isabelle Doyen pour LesNez et je fonce chez Marie Antoinette faire le plein.
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par Sun Jae, le 25 mars 2014 à 11:03
Je suis d’accord avec Antolio sur ce point : pour moi, The Unicorn Spell est un moment magique, poétique et d’une délicatesse extrême. Il m’évoque une forêt emplie d’une brume blanche translucide, on verrait presque les gouttes en suspension en y regardant de plus près, un tapis de violettes à peine écloses au pied des arbres, l’herbe est encore humide de rosée, il y a même un doux parfum de bois vert fraîchement cassé, le silence règne, c’est un instant de grâce.
par Aaricia, le 26 mars 2014 à 08:57
Mon ressenti est également plus proche du vôtre que de celui de Jicky (désolée). Je lui trouve un côté éthéré, vaporeux... Quasi elfique. Oui c’est vrai il y a un côté "haricots verts" ou "petits pois" qui balaye un peu cette magie, quand on vous met le nez dessus et que vous la reconnaissez. Mais ça reste un parfum très singulier, bizarre mais très beau. Clairement ma violette préférée.
Ceci dit, chez les Nez, c’est du Lion (Let Me Play the Lion, franchement, quel nom) dont je ne peux plus me passer. Par les temps froids, il m’enveloppe d’une bulle d’Afrique (virtuelle, je n’ai jamais été en Afrique Noire, je ne sais même pas ce que ça sent, mais l’odeur m’évoque ces grands paysages vus uniquement par docus interposés), chaude et sèche, un délice. Par contre, il ne va pas sur toutes les peaux... Un pote à qui je l’ai fait essayer le sucre horriblement. Sur ma peau c’est juste une merveille.
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par lolo, le 26 mars 2014 à 11:36
C’est très tentant car je ne connais pas. Les descriptions de Sun Jae et de Aaricia sont parlantes. En revanche, je trouve Jicky de plus en plus difficile à suivre pour l’esprit simple que je suis.....
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par Jean-David, le 26 mars 2014 à 12:33
Je crois qu’il évoque de façon très imagée la fantaisie virtuose qu’est ce parfum. J’oserais dire : la farce virtuose. Il est d’ailleurs amusant de constater que, à ce qu’il semble, j’éprouve des réserves à l’égard de ce parfum pour les raisons mêmes qui font que Jicky l’aime. En revanche, si j’y percevais ce que Sun J et Aaricia y perçoivent, peut-être, sans doute, l’aimerais-je. C’est bien toi, Jicky, qui me disais qu’il y a plus d’une façon d’"entrer" dans un parfum : nous y sommes. Il y a peut-être ici une porte masculine et une porte féminine, d’ailleurs...
J’ai ressenti ce parfum sur mon poignet (et mon bureau en est tout imprégné) tout en lisant les descriptions rêveuses et éthérées de nos deux interlocutrices. Oui, je voyais des elfes, des forêts, des mousses et des faunes. Et puis, une fois refermé ce grimoire et toutes ces fééries, il n’y avait plus que cette platée de haricots aromatisés à la violette fraîche. O rage...
par Jicky, le 29 mars 2014 à 23:35
Bonjour à tous,
Désolé d’arriver si tard pour nourrir le débat, j’ai eu et j’aurai des semaines un petit peu chargées ^^
Je trouve vos visions très intéressantes et je comprends vraiment cette vision de parfums plus éthérés vaporeux y tutti quanti. Ces parfums sont d’ailleurs dans un registre que j’apprécie tout particulièrement et que, sans aucun orgueil mal placé de ma part, j’appréhende avec une aisance de plus en plus profitable.
Comme semble l’évoquer lolo, je pense qu’il est temps pour moi d’expliciter un peu plus les idées de ce texte. Car quand je l’ai fini je me suis dit "bon, là c’est plutôt plus du J&P que du auparfum... oh mais ça va c’est The Unicorn Spell quoi ! Les gens comprendront le délire".
J’ai en gros deux idées principales qui me semblaient importantes à faire passer : celle d’une ôde à la créativité à la fois totale et déjantée et celle d’un clin d’oeil plein d’humour à des mythes.
Car si je comprends l’idée qu’on voit ce parfum avec une tendresse pleine d’émotion, de silences et de recueillement, je ne la partage pas forcément. L’idée du haiku rendant hommage à Vent Vert, des gouttelettes faisant la course sur la vitre d’une voiture glissant sur l’autoroute un dimanche après-midi d’octobre ou d’une main d’une belle pucelle se tendant vers le blanc immaculé d’une licorne sagement endormie dans une praire perdue ; tout s’évapore quand je sens cette densité picturale dans le parfum. Le vert est tellement marqué, les pigments sont si concentrés, et la violette vient donner tellement de "plussoyance" à cette verdeur qui ne vire jamais à la salade bouillie (le grand risque dans ce genre d’accord) que l’épure totale semblent être mordue par ces excès à la fois chromatiques et olfactives. Les bois permettent de verticaliser tout ça, à la fois de le maintenir dans le temps mais aussi (et surtout) de lui donner une sorte de propulsion plutôt dingue. Là, j’ai vraiment l’image du haricot magique, qui pousse très haut et très vite dans le ciel. Sur le tronc du haricot viennent pousser des brins de muguets électrisant (comme si les clochettes étaient remixés par un bidouilleur hype sur SoundCloud). Et à partir de là, vient tout le déroulé sur un conte d’enfance qu’on aurait repris, twisté, pailleté...
Car l’enfance me semble assez important dans la manière d’aborder ce parfum (d’entrer dedans comme le souligne Jean-David ;) ). Mais ceci est peut-être (sûrement ?) une constante chez moi, c’est souvent le cas avec les parfums pour lesquels j’ai beaucoup d’affection. Pour moi ce parfum est important dans la niche, comme peut l’être Dans Tes Bras, M/Mink, L’Heure Fougueuse ou Géranium Pour Monsieur car il est à la fois une véritable ôde à la créativité (tous ces parfums sont uniques), mais en plus de cela, il a un véritable fond, un véritable propos, un discours pas forcément unique mais d’une justesse incroyable et parfaitement illustré olfactivement.
Des idées, des images qui se mélangent, paraissent improbables sur le coup mais se lient à merveille en moins de deux secondes, c’est clairement une impressions majeure chez The Unicorn Spell. Un jeu de construction coloré presque simpliste et un dystopie métaphysique ? Legolas et Gimli ? Un haricot magique et une violette éclatante ? Seuls des enfants y auraient songé sans trop se poser de questions. Et c’est, je pense, très important.
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par Youggo, le 30 mars 2014 à 10:36
Totalement d’accord avec ta vision. Effectivement, l’ambiance poétique d’une forêt de conte de fées est bien là, mais il y a quelque chose en plus. Une touche un peu folle, bariolée, incongrue... et très enfantine. Comme si au milieu de cette forêt on retrouvait renversé au sol le bazar foutraque et surréaliste d’une chambre d’enfant. Un méli-mélo de jouets en plastique, des pièces de Lego et de la pâte Play-Doh sur la mousse de la forêt, des feuilles de coloriages avec une tortue violette et un soleil vert, des livres colorés, des bibelots inattendus, des cailloux ramassés sur une plage, des étoiles qui brillent dans le noir... La princesse du conte est une une poupée barbie en sky, bikini et casque de moto, secourue par le prince Power-Ranger et son fidèle destrier diplodocus, au milieu de course de voitures.
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