Yuzu de Caron, et encore des mondanités
Caron
- Marque : Caron
par Alexis Toublanc, le 26 mars 2011
Par notre fidèle envoyé spécial, Jicky, envoyé en mission le 1er mars au Salon des Lumière dans le 9ème arrondissement, pour le lancement du dernier masculin de chez Caron...
En fait, je crois désormais avoir trouvé l’utilité d’Azzaro pour homme : se pointer à « une soirée d’la haute », arriver en criant dans la salle et mettre une paire de mains sur la première mamie-fourrure venue…
J’en ai un peu rêvé, je l’avoue, mais ce jour-là, j’avais mis Dans tes Bras et une chemise (oui oui, je suis d’humeur au zeugma aujourd’hui), et j’avais décidé de conserver mon honneur en temps qu’envoyé spécial pour Auparfum.
C’était un mardi soir, et j’étais donc venu pour découvrir, comme tous les invités, la future création masculine Caron. Ah Caron ! Les petites poudres parfumées, Royal Bain, Montaigne, En Avion, Pour un homme… Un raffinement toujours élégant !
Entre une dissert’ de français, et une version latine, un lancement Caron ne pouvait qu’être le bienvenu !
Eh bah ça a pas loupé…
19 heures, j’arrive dans un salon vraiment très beau, en mode galerie des glaces de Versailles, avec une musique d’ascenseur pas désagréable, et une ambiance posée vraiment sympa. Et là, j’ai senti le « truc » : grosse ignorance de la part des dames Caron. Ah bah oui ! Forcément ! Un jeune ! Puis c’est vrai que j’avais une tête de casseur ! J’avais une chemise pourtant... Je dépose mes affaires au vestiaire (ou comment un vieux sac de cours lambda fait tache au milieu des Louis Vuitton…), et voilà. Je peux confirmer que la poussière avait été faite. Que le parquet était ciré et que le fauteuil était confortable. Un moment je demande à une dame en pleine conversation avec une madame toute de fourrure vêtue, pour lui demander vers quelle heure ça commençait et finissait. Discours de lancement à 20h et fin de la soirée à 23h (c’est mort ! J’ai Plaute qui m’attend à la maison !). Puis je demande s’il y aurait des bloggeurs de parfums, pour parler avec des gens intéressés… Là ça a été le remake des 12 travaux d’Astérix : « Alors demandez à Nadia, qui saura si Nicole a eu le contact presse de la part de Natacha et peut être qu’alors elle aura le coup de fil de Vincent pour le contact avec Mathilde ». Merci madame !
Donc j’attends, seul, à voir des personnes arrivant, avec des yeux plus proches du « Hum, yes y’a buffet gratuit » que du « J’espère que le parfum sera bon ! D’ailleurs où est ce parfumeur ? ». En attendant, je fais un remake du petit journal, à me moquer des gens intérieurement. J’aurais vu un guépard en liberté, un moine franciscain déguisé en Madame Irma, Voltaire, et une perle baroque… (toute ressemblance avec un quelconque tiers n’est que pure coïncidence… Vive la fashion week !). Je commençais à me tâter sur un départ anticipé, quand quelqu’un dont je ne soupçonnais pas la venue est arrivé pour me saluer ! Sylvaine Delacourte herself, toujours aussi gentille, m’a dit bonjour, et on a parlé un peu, comme quoi ! Mais bon, après je ne voulais pas la déranger… Alors je suis retourné voir une dame Caron pour lui demander s’il y avait le parfumeur. Ah ça oui, il y était.
Nous nous sommes frayé un chemin jusqu’à lui, une petite coupe de champagne à la main, et discutant posément avec d’autres personnes. On a attendu qu’il finisse et on me l’a présenté. Alors oui, je suis un gros délinquant de l’avoir dérangé ! Mea Culpa ! En tout cas, il avait pas l’air réjoui de me voir. Je suis si antipathique que ça ? Parce que bon, j’ai juste dit que j’étais là pour Auparfum, et qu’en plus, plus tard je voulais être parfumeur… J’ai eu le droit à un « ok c’est bien ça », traduction du « cool ta vie », et d’un « j’espère que le parfum va vous plaire », ce à quoi j’ai failli répondre « ah bah mon vieux, c’est bien parti ! ».
Et c’est ainsi qu’à 20h, j’ai enfin rencontré la fameuse madame qui s’occupait « de la presse » (la seule personne charmante et honnête au demeurant, de l’équipe Caron ce soir-là). On a parlé un peu et tout, puis j’ai parlé avec deux autres damoiselles. Quant le lancement a commencé !
Je m’attendais à une explication pertinente de la part de l’équipe. Hum… On a eu le droit à une vidéo de 3 minutes avec des taches d’encre de Chine, qui formaient des montagnes, de l’herbe, des papillons, et qui d’un coup se transformaient en mer et en Golden Gate de San Francisco. Avec à la fin une confusion entre building et montagnes. C’était joli, certes, mais c’était grillé que ce parfum n’était pas qualifié pour notre marché… Oh non !
Et donc le monsieur est venu et nous a présenté cette nouveauté : Yuzu Man.
Il a parlé 5 minutes, en parlant de ce parfum dans une prose poétique (en rentrant chez moi, je me suis aperçu qu’il avait juste lu le dossier… wahou !), parlant de l’hespéridé-aromatique-boisé qui manquait à la gamme Caron (bah oui, c’est vrai ! Le 3ème homme est un oriental épicé ! C’est bien connu !). J’ai eu un petit sursaut quand il a parlé de figue et de santal.
Mais bon, à défaut d’avoir pu en parler lors de la présentation (en 10 minutes c’étai bouclé et le DJ a commencé sa douce mélodie dans la salle bondée), parlons-en ici ! Commençons par le positif ! Hum… Yuzu Man sent bon (J’Adore aussi après tout). Plus sérieusement, disons que je le trouve équilibré. Car pour un hespéridé, il ne pique pas le nez une fois, et c’est sur ce niveau-là que je suis assez étonné. Il me semble qu’il y avait du yuzu (un petit citron japonais pour la petite histoire) dans l’Eau de Cartier, mais dans le Caron, je trouve que toutes les facettes Paic Citron ont été gommées, et allégées par de délicates petites feuilles aromatiques (du laurier surtout je trouve), et… la note de figue ? Ne vous attendez pas à la figue charnue de Womanity, où à la belle et éclatante figue de Ninfeo Mio. Non. Disons que sans rien savoir, j’aurais dit une note lessivielle douce et fruitée, mais avec un esprit plein d’imagination comme le mien, c’est effectivement une toute petite note de figue lactée qui vient contrebalancer l’acidité hespéridée. Alors, sur la plume sur laquelle on l’a humé, on ne sentait que dalle, mais sur peau, c’est vraiment une note musquée de lessive qui ressort. Cela dit, je préfère cette lessive là à celle de L’Eau Lutens beaucoup plus acide.
C’était la pause poétique (« Ô toi chemise blanche flottant dans l’immensité aérienne ! »). Parce qu’après, le parfum ne sent plus vraiment. Voila, tout est parti dans les notes de têtes ! Aucune tenue ! Bon, je suis mauvaise langue, parce qu’on sent bien le fond qui sent plus le reste d’un taille-crayon que le santal, avec toujours cette note aromatique-lessiviel Fraicheur d’Eté. C’est vraiment, mais alors là, vraiment décevant ! Surtout quand on sait que le dernier lancement Caron remontait à 2002 avec L’Anarchiste (à redécouvrir soit dit en passant, il est trop souvent oublié !) Et bien, je pense que le parfumeur n’a pas mis 9 ans à nous créer Yuzu Man, qui selon moi a été voulu pour conquérir un marché américain et d’Extrême-Orient. Après tout, on a nos Yatagan et Pour un homme…
Se dire qu’on pouvait considérer Caron comme une marque de niche, j’ai juste envie de faire mon Anarchiste, et de partir En Avion (chose que, pour la petite histoire, j’ai faite assez vite cette soirée-là, sauf que c’était en métro, et qu’en plus, j’ai très bien réussi ma version latine !) .
Images : onauratoutvu.tv
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par Jicky, le 26 mars 2011 à 13:19
Pour ceux que ça interesse, j’ai trouvé le petit film qui nous ont fait passer.
Marché américain/extrême-oriental, bienvenu ! ;)
par lolo, le 26 mars 2011 à 11:32
C’est clair, je le ressens comme ça aussi. Dommage c’était une grande maison, synonyme de classe et de qualité. Ils n’ont pas sur prendre le tournant. Ils ont modifié leurs grands classiques, mais n’ont pas créé de nouveautés marquantes, a part peut-etre Parfum Sacré (d’ailleurs déjà reformulé et affaibli). PATOU, CARON de grandes maisons d’après-guerre, mais qui peinent maintenant...LANVIN s’en sort mieux semble t’il.
par madiel, le 26 mars 2011 à 11:24
J’ai aussi eu la chance de pouvoir assister à cette présentation... La musique techno, l’ambiance boîte de nuit de camping et le buffet de mariage ne facilitaient pas la découverte de ce parfum "orientalisant".
La direction artistique du produit est très bonne, celle de la soirée... un peu trop bling bling.
Quand au parfum...
Il est vrais que pour un note agrume, le résultat est surprenant. Je dois avouer que cette recherche autour des bois, des notes rondes sauvent ce parfum. Mais les notes de fond sont fragiles et terriblement artificielles.
On sauve la marque en charmant les marchés américains et chinois, on fait du frais pour l’été mais on perd l’âme de ce qui a été le sommet de la parfumerie...
Du coup j’ai même pas touché au buffet...
(même si sur la photo je regarde le seau à champagne)
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par Jicky, le 26 mars 2011 à 13:14
Vous y étiez aussi donc !
Bah vous m’avez peut être croisé alors ^^ (je suis pas sur la photo).
Mais si la tête est interessante (le truc qui me marque surtout c’est le côté citron qui ne pique pas !), après on est d’accord, il est à 0,0001% le santal dedans...
Je lui trouve une réelle odeur de taille crayon sur le fond aussi. Le cèdre ?
par lolo, le 26 mars 2011 à 17:22
Vous avez l’air bien seul Madiel, heureusement qu’il y a le champagne !!
par Youggo, le 26 mars 2011 à 09:07
Mmm, autant ton récit du lancement de L’Eau d’Issey Florale donnait envie d’y être, autant là...
Bon, en même temps c’est Caron quoi. C’est un peu devenu la haute parfumerie pour vieilles bourgeoises en fourrure. Ils ont tenu à garder l’image old-school de la marque sans vraiment chercher à évoluer ou se moderniser.
Chez Issey Miyaké l’esprit est plus jeune, plus ouvert (de toute façon il suffit souvent de voir à quelle cible s’adresse une marque pour comprendre l’esprit d’entreprise qu’il y a derrière).
Et qui est cet aimable parfumeur qui t’a si sympathiquement snobé ?
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par Jicky, le 26 mars 2011 à 09:48
Nan mais là, c’est de une, vraiment pas un monde "agréable à côtoyer" quand on est jeune, et seul. La grosse différence avec Issey Miyaké, c’est que chez Miyaké, on a parlé parfum quoi ! Et le parfumeur, sincérement, je lui en veux pas vraiment, parce que peut être que ça le faisait encore plus ch*er que moi... Surtout que lors de la présentation, il n’a même pas pu en caser une. Si ça se trouve, il était même plus à plaindre...
Après, je pense pas qu’il faille méjuger Caron, parce que c’est vraiment une marque que j’apprécie ! Et en fait, justement, la sévérité de l’article souligne réellement ma deception, parce qu’attendre 9 ans pour ce petit taille crayon - presse citron, tu les a là, quand tu es face au parfum.
Sinon, le parfumeur, c’est Richard Fraysse, mais sincérement, ne lui en voulez pas.
Et dernierère petite précision que n’apporte pas l’article, le parfum sort le 15 avril si vous voulez...
par dau, le 26 mars 2011 à 10:01
Je trouve Caron de moins en moins haute parfumerie. Depuis la reprise, ils semblent de plus en plus déconnectés du monde réel et de la création. De beaux souvenir, mais honnêtement, à part ça, zéro inspiration pour moi : j’ai vraiment l’impression qu’ils pataugent sans savoir ou aller tellement ils hésitent entre maintenir haut le flambeau de la tradition et vouloir faire un succès et revenir à la une à tous prix.
Si j’ai tout compris, c’est pas pour cette fois-ci le retour à l’avant-plan. Faudrait peut-être une campagne de pub un peu plus racoleuse. (Herk, je rigole, hein !) Qu’ils coisissent une bonne fois pour toute entre mainstream et niche parce que le cul entre deux chaises, c’est très inconfortable et ça ne semble pas marcher des masses. Et c’est dommage parce qu’il fut un temps ou Caron, c’était quand même quelque chose parmis les tous grands !
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