Cuir de Russie

Que ce parfum est beau ! Je le porte aujourd’hui et j’ai envie de pleurer en humant un tel chef d’oeuvre ! Rarement une fragrance m’a émue à ce point.
Le départ est un sublime cuir qui épouse rapidement les divines notes florales dans la plus parfaite harmonie avec une finesse, une subtilité exceptionnelles. Ce soir, je ne suis plus chez moi quelque part en Bourgogne mais Anna Karenine ou la princesse Natasha de Guerre et Paix. Par la seule magie de ce divin parfum, je suis touchée par la grâce de l’âme russe. Inestimable ! Cette eau de toilette manque pourtant un peu de projection mais je lui pardonne ce si petit défaut.

Grâce à Solance, j’ai pu enfin sentir cette soi-disante "petite merveille, ce chef d’oeuvre" : las ! Cela fait 6 heures que je l’ai sur mon poignet, et j’attends toujours que le cuir montre le bout de son nez.... Je n’ai que des aldéhydes et du floral, ce qui n’est pas vraiment ma tasse de thé. Je me demande où sont passés les cosaques ? Il doit être trop subtil ou délicat pour mon bourrin de nez. N’en déplaise aux puristes, j’ai le regret de vous dire que Cuir de Russie n’est mon maître étalon en terme de cuir, et non, je ne ferais pas d’infidélités à Bandit....

Les Idées Heureuses

parfois deux chocs peuvent avoir lieu de manière simultanée, deux rencontres se chevaucher. Heureuse idée que de mettre Cuir de Russie ce dernier lundi de pâques avant de prendre la direction du Louvre pour voir l’exposition Poussin et Dieu.

Je connais Poussin depuis bien longtemps, les caramels somptueux de ceux du Louvre, la monographie fine et érudite de Rosenberg, seulement une froideur me laissait au seuil de l’amour. Mais lire et connaitre n’est pas "Voir." Je connais Cuir de Russie pour l’avoir badigeonner au moins cinq fois sur mon poignet avec le si gracieux "parfumez-moi" que Chanel utilise pour ses extraits et qu’on peut sniffer compulsivement pendant des semaines. Le goudron de bouleau m’a tout de suite parlé mais sa conversation cessait après 15 min sur mon petit carré de peau à l’articulation. Mais tester n’est pas "Porter."

Lundi de pâques matin, se parfumer, extrait par-ci, par-là, pschitt là, là et là et hop direction la gare rive gauche, objectif le Louvre.
Sur le chemin le vent disperse la tête aldéhydée qui virevolte rapidement.
A l’arrivée dans la gare un petit cuir monte, le même que celui qui me susurrait doucement son goudron masculin depuis le poignet. Une sourde frustration m’accompagne à la montée dans le train, Cuir de Russie est bien petit sur moi, un petit bouleau fumé avec une délicieuse âcreté raffinée alla Chanel mais c’est pas les Ballets Russes qui violentent Paris de leurs Sacres. (A ce moment je n’avais pas encore lu la belle description de Newyorker -coucou au passage, merci encore pour l’atelier de dimanche dernier et pour la découverte de Dolce Vita, mon banquier te maudis ! :-)

Mais...

Dans le train, soit bien une heure pleine après m’être habillé de ce parfum, une chose à proprement parler divine monte, m’enveloppe, me suit à pas lent. Sortie du train et passage par le Jardin des Tuileries pour un bref repas dans la nature codifiée, sous le soleil radieux et dans l’air pourtant froid de cette journée de printemps. A ce moment là c’est littéralement une bulle qui m’entoure, la magie jasminée tempère le bouleau qui lui même amplifie la fleur, je suis au cœur d’une odeur en fusion.

Au coté de mon amour, c’est un moment de pur bonheur terrestre, le cul sur un banc vert.

En lévitation, j’entre dans le Louvre et me voilà devant les fenêtres vers le sublime peintes pas Poussin. Quel dieu farceur et dévolu aux athées comme moi c’est amusé à me mettre devant de telles peintures le jour même où Cuir de Russie avait décidé de me ravir l’âme ?

La rigueur des poses assouplies par la grâce chromatique, l’harmonie supérieure des mises en scènes du grand genre historique et mythologique rendues fluides par la maitrise profondément humaine du peintre romain, en somme l’essence du XVIIeme français, tout ça trouve sa traduction olfactive dans Cuir de Russie.

A la fin de l’exposition, quelques salles sur la représentation de dieu dans la peinture française me donnera l’image concrète de cette expérience. Un tableau de Simon Vouet montrant le miracle d’un saint authentifié par l’église. Le prélat porte un imposant manteau de brocard de soie rouge et or, et incline la tête avec déférence devant la sainteté irradiante. J’étais cet homme, richement vêtu et témoin de miracles.

Il me rappelle 3 parfums :
* Cuir de Lancôme de très près (je l’ai aussi depuis quelques mois... et il faudrait sans doute dire l’inverse j’imagine, à savoir que Cuir de Lancôme rappelle Cuir de Russie...) mais avec une évolution moins "rustre"...
* le N°22 (et non le N°5, comme je lis souvent)
* Muscs Koublaï Khan (sur la fin)

Ne sachant dans quelle rubrique appropriée indiquer cette information, je me permets de signaler aux curieux et/ou amateurs de parfums cuirés que l’Osmotheque de Versailles organise samedi prochain, le 14 mars, une conférence thématique sur ce sujet, avec sniffages divers et variés bien entendu...
Il reste de la place, puisque je viens de m’y inscrire avec un ami, et le prix est de 22€ ;)

Sinon Cuir de Russie me fascine et je le trouve presque printanier ;) ...on dirait qu’un bouquet de fleur s’épanouit dans un vase recouvert de cuir ;) ... Merci Bella pour cette découverte que je te dois ...

Voilà j’ai craqué pour l’extrait...
La tenue me déçoit un peu, à moins que ce ne soit moi qu’i m’y habitue vraiment vite par rapport à d’autres choses.
Mais si l’eau de toilette me plaisait énormément, l’extrait est lui l’expérience d’un plaisir rare. J’ai du mal à comprendre comment un parfum peut être à la fois si rude, fumé et brut et si élégant. Sur ma peau c’est une animalité maîtrisée d’un chic parfait grâce à des notes de fond presque confortables.
Je dis bien presque parce que si je ne peux m’empêcher de le porter pour aller travailler, je me sens obligé de fournir un effort vestimentaire particulier pour ne pas me sentir en décalage alors que, dans le même temps, c’est un parfum qui habille et qui donne une structure.

Bref, l’extrait sera réservé au soir. Mais Dieu que ce flacon tant attendu me comble.

Je me sens transportée par ce parfum magnifique. J’ai plein de souvenirs olfactifs liés à ce parfum.
Par exemple il me rappelle le parfum que portait ma mère, Extrait Climat de Lancôme, peut être le castoréum qui est en commun ?
Ma grand-mère gardait les bottes militaires de mon grand-père qui avait participé à la deuxième guerre mondiale. Elle les gardait dans une malle en bois sombre recouvert de cuir brun et épais et les gros clous en laiton. Ca sentait bon le bois et le cuir gras et vieilli, ça sentait le Temps, si je peux le dire.
Puis l’odeur de jasmin qui poussait dans le jardin de ma grand-mère et les roses que je préparais en enlevant les pétales pour en faire la confiture... ce parfum qui restait sur mes mains, j’adorais les sentir, mes mains, après.

Ce parfum me fait penser à l’odeur d’asphalte chaud, les trottoirs de la ville au début de la pluie d’une journée d’été. C’est bizarre mais j’adore cette odeur :-), un peu la poussière de la ville sous la pluie.

Ce qui me plait dans CdR c’est qu’il est élégant, calme et même doux, il ne crie pas. Dans EDT les notes sont fraiches. Je remarque comme un reflet métallique dans l’aura qu’il crée au tour de moi mais qui n’est pas dérangeant. Pour mon nez CdR reste présent toute la journée mais mon entourage ne le sent pas à la distance.

C’est un parfum qui reste près de la peau et c’est ce qui me convient parfaitement. Il est que pour moi et pour la personne la plus proche dans ma vie, qui , d’ailleurs trouve ce parfum beau sur moi aussi ^_-

Ce parfum est d’une construction et d’un rendu incroyable...Et si l’extrait est "somptueux" selon les mots même de Newyorker, je ne me lasse pas de voir avec l’Eau de toilette s’ enchaîner pendant les 20 premières minutes matières et odeurs, comme sur le lacet d’un collier, pour se fondre sur peau en un objet scintillant, diffusant une rigueur et une grace digne des scènes des plus grands ballets russes...

Le seul problème que j’ai avec ce parfum est son nom....Le brief consistant à s’ inspirer de l’odeur des bottes de cuir des cosaques qui cotoyaient les cigarettes nouvellement adoptées par les élégantes, je ne le retrouve pas ici....C’est vers le Cuir de Mona di Orio beaucoup moins facile et fédérateur qu’il faut le chercher...

Ce Chanel est loin d’être mon cuir rêvé...mais il est un floral superbe que je porte avec un plaisir qui ne se dément pas avec le temps qui passe...
Jicky et Newyorker disent plus bas combien ce coeur floral fait toute la grace et la classe de ce parfum...
Simplement indispensable ( et plus si vous n’aimez pas les Cuirs ^^)

Bonjour,

Nouvelle sur ce forum, je me risque à un post après quelques semaines de découvertes en immersion totale dans les descriptions si évocatrices que vous faites.

Je suis passionnée de parfums et d’odeurs en général depuis ma tendre enfance ; d’ailleurs les liens que je faisais suscitaient souvent l’incompréhension familiale (je pô pas manger ce yaourt, il a le goût de l’odeur de ton assouplissant !!)
Aujourd’hui, je dois faire avec (ou plutôt sans) un odorat très diminué par une opération des sinus :(
Il n’en reste pas moins que lire les évocations parfumées de ce site me font voyager dans le plus grand bonheur, c’est en ce moment une détente presque quotidienne !

Alors je vous rejoins sur la page de "Cuir de Russie" que j’ai longtemps porté, avec un pseudo "factice" qui rassemble les notes de mes préférés.
Sur mes étagères : Cuir mauresque, Cuir beluga, Bois d’arménie (le délice des notes sèches de vanille), Shalimar il y a longtemps, Jicky et son opoponax addictif, Cuir et musc depuis (comme un délicieux Shalimar moins sucré mais tout en rondeur), Chergui ...
Bon, ça fait beaucoup de Guerlain et de Serge Lutens tout ça ! mais ce sont mes préférés ! Comme l’Artisan Parfumeur et quelques niches (certains Dyptique et les Jo Malone que j’aime bien associer, qu’en pensez-vous ? ... Bon d’accord, je vais pointer à la page shame on me ;-)

J’ai testé récemment The Different Company : pour la plupart j’aime bcp les associations que je trouve assez originales, mais elles ne tiennent pas sur moi ... c’est dommage, car par exemple de Bachmakoff est très chouette et un peu décalé pris comme parfum de femme.
Voilà pour ces quelques mots d’une béotienne addict, ravie qu’un tel espace existe !
Bien olfactivement à vous

Ne sachant où poster, je m’installe sur la page de Cuir de Russie, puisque le parfum testé est l’un de ses descendants...

 
D’abord, merci pour ce magnifique artcle que j’ai imprimé, avec celui sur Tabac blond. Je me fais mon classeur et pleins d’autres arti les vont suivre.

BOXEUSES, puisque c’est de Lui qu’il s’ agit, de Serge Lutens, demarre sur une base cuiree, seche, poudrée et tres vite fumée ou cendre de cigarettes. Magnifique effet retro fourrure vintage et l’apparition charnelle de la prune en contrepoids fruité.

 
Sur moi il demeure sec et poudré, la prune se fond en discretion et je retrouve beaucoup de Cuir mauresque. Sans les epices.
 

Je lui mets 4 etoiles pour cette evocation des annees folles. Sa stabilite. La prune est pour moi une belle quetsche juteuse (probablement parce que je viens de faire une tarte aux quetsches maison !) 

Je suis en amour avec ce parfum !!!!

Ps :
Et un petit mot à Opium pour lui dire merci pour sa contribution exceptionnelle à Auparfum -il n’est pas le seul- ses critiques constructives et ses ordonnances personnalisees et son extreme gentillesse. Je suis relativement nouvelle sur Auparfum et en lelisant, c’est l’evidence. Juste pour lui remonter le moral, il fallait que ce soit ecrit. Merciiiiiiii