Bleu

"J’aurais voulu être un artiiiiiiiiiiiiiiiiste". T’inquiète Christopher, chez Lutens t’es juste parfait, puis oui, c’était la crise.

"J’aurais voulu un autre Egoïïïïïïïïïïïïïste". Manque de pot, Jacques, là, ça à pas du être la grosse marade dans ton labo.

C’est avec ces deux cris plaintifs en arrière plan qu’on sent Bleu. A parfum comme ça, jeux de mots pourris. Bleu est le parfum pour les bleus de la parfumerie. Et encore.

Et malheureusement, je peux pas dire qu’il sent bon car il m’a tout de suite fait penser à... Hugo ! Sauf que manque de chance, ce parfum je peux pas le saquer. Un truc très pratique quand on veut débuter la décomposition de parfum, au même titre qu’Azzaro pour homme très facile à décomposer mais différent : une tête citronnée et aromatique, un coeur épicouillet et un fond boisé. A noter un peu de vétiver, pour continuer à fond le côté masculin, en jouant à fond le pseudo-cèdre.

Grosse déception pour le flacon, moi qui le pensais classe et tout, bah c’est raté. Trop gros, trop carré, trop large. Par contre, je persiste et signe, le bouchon c’est trop la classe.

Sincérement, c’est plat, sans rebondissements. Commercial : oui à fond. Je sens déjà venir le BLeu Intense (aller, c’est Chanel, il s’appelera Bleu Nuit). Bleu Sport je pense pas non plus.

Puis même au fond, il me dégoute. Le vieux cliché Axe. A se taper jusqu’à avoir des bleus partout. Puis il est pas cher. Je l’ai vu au duty free le 50 ml à 51 dollar canadien, soit environ 35-40 €. Sûr qu’il va bien se vendre. Avec une pub stylée et une égérie agréable à regarder, nos "girl-friend" vont se précipiter en masse, One Million va se sentir un peu moins seuls.

Puis faut que je l’avoue. J’ai peur.

Vous, ça va, vous êtes "grands" et tout. Vous travaillez dans un milieu olfactif pas trop mal. Mais nous... Dans un... un... un lycée ! Ca va faire quoi !!! J’en ai le blues...

Oh Chanel, je t’aime tellement pourtant, Jacques aussi, mais plus période Coco-Egoïste. Bleu, désolé, aucune pitié là où j’en aurais eu (si je l’avais senti) pour un Hugo Boss ou un autre.

Voila, je crois avoir fini. Je reconnais qu’il est bien construit, mais j’ai envie de dire, quels parfums aujourd’hui ne sont pas bien construits ? C’est même ceux qui ont des défauts, des surdoses, des trucs binouches en plus qui sont vraiment interessant. Moi qui aime les fougères (le premier qui insulte Guerlain Homme et sa clique, je le mange, on est bien clair ?), là je suis révulsé. Car en plus il tient bien (encore heureux...).

Bref...

Passons

Tout à fait d’accord avec vous Jeanne, je suis très déçu par ce lancement dont j’attendais beaucoup après une série de dérivés autour d’Allure (Sport, Edition Blanche...) Il y a effectivement peu de choses à dire sur le parfum lui même : il est juste affreusement banal. Le genre de parfum que porterait un mec jeune, sans relief, le brave type qui vous a parlé au détour d’une soirée et dont on ne se souviendra jamais... Je trouve également le parfum en décalage avec l’univers sophistiqué, nocturne et mystérieux de la publicité car je l’associe plutôt au monde du sport, des loisirs en plein air avec ses facettes marines et toniques. Il aurait très bien pu s’appeler "Allure Homme Sport Marine" comme la nouvelle montre J12 pour hommes de Chanel. Je vois mal ce parfum devenir un classique tant il ressemble à d’autres parfums existants mais il marchera sûrement bien à court terme car il est "calibré" pour plaire à un maximum de personnes à la recherche d’un parfum frais & facile à porter, d’une marque qui les rassure et d’une jolie publicité.

Bonjour à tous, après de looongues vacances !!!

Aaaaaah.... Le fameux nouveau masculin de Chanel... Il va vraiment falloir que je trouve mes mots pour évoquer au plus près le fond de ma pensée. Car je suis TRES partagé sur cette sortie. Oui, on va le dire de suite, c’est décevant POUR UN CHANEL. Bien sur, on attendait autre chose, qui allait nous faire plaisir, nous faire sourire, combler nos attentes de perfumistas aiguisés à la critique et aux jus les plus subtils...

Et bien là, on en est loin. Pas de sursaut de plaisir, pas de bave aux coins des lèvres, mais pas non plus de sursaut d’horreur !

ET JUSTEMENT !!! Tout le dilemne est là !! Bleu sent BON ! Mais il sent simplement bon. Au duty-free de JFK, j’ai donc acheté un flacon pour la collection (ahhhh, la collectionnite...), et depuis hier matin, je le porte au bureau, pour le tester en environnement réel... Et bien mes collègues hommes et femmes apprécient, la diffusion est tout à fait appropriée au bureau, et ça les change de mes habituels capiteux ou corsés à la Lutens.

Cela nous mène à un débat, ou à une question capitale : qu’attend t’on d’un "parfum" ???

Tous ici nous attendons, il me semble, que le parfum soit une oeuvre d’art, et finalement, qu’il sente simplement "bon" n’a qu’une importance secondaire. Comme le dit si bien Dau, les parfums qui nous plaisent ne sont pas toujours sympathiques au premier coup...

Mais quid du consommateur non éclairé, moins affuté en matière d’odorat ? Et bien ce fameux consommateur, qui représente en fait 95% de la population, nos amis, notre famille, celui là cherche juste "un parfum qui sente bon" !!!

Alors là d’accord pour dire que Bleu est une réussite. Il ne dérange pas, tient plutôt bien, est bien équilibré, etc, etc...

Je serai je pense moins sévère que la moyenne. Je suis décu en tant qu’amoureux des parfums, mais soulagé en tant qu’employé de bureau, qui en a marre de sentir autour de lui des parfums tout venant bien pire que ce joli Bleu.

Point positif également : la reprise du bouchon aimenté, comme pour les Exclusifs. Bien vu !

Sinon pour Dau, je ne partage pas entièrement ton avis sur les Exclusifs. Je porte avec bonheur depuis plusieurs mois Coromandel, N°18 et Sycomore. Je les trouve remarquables, et en rien snobs. Le prix est élevé, mais ramené au prix/ml, il sont deux fois moins cher qu’un Lutens !!! Et si il faut un alibi créatif pour faire de telles merveilles, et bien tant mieux... et au moins, on ne les sent pas à tous les coins de rue !!! ;-))

Moi, je l’ai vu gendre idéal en week end à la campagne, habillé en blanc et bleu marine. Ennuyeux au possible, mais gentil et pas désagréable. C’est déjà ça. Il y a des gens qui ne demande pas plus à un parfum que sentir le propre et qui aiment dire Chanel ! Ce sont des hygiénistes snobs. Pas mon genre, mais, ça existe.
Bleu pose problème dès qu’on attend plus d’un parfum : révélation mystique, beauté sidérante d’une œuvre d’art, formule magique de séduction… Peu importe, ici, c’est vraiment non imaginatif au possible.

Je pense que Mademoiselle n’aurait pas aimé ce bleu-là, pas aimé que son nom, sa marque, s’aligne sur les autres. Et le problème, c’est que de moins en moins, Chanel colle avec le style Chanel : les parfums anciens sont abstraits, riches, intellectuel et pas sympathiques à tous les coups. Un 5 ou un 19, c’est quelque chose qui s’apprivoise, qui ne flatte pas nécessairement le sniffeur dans le sens du poil, c’est affirmé, ça a du caractère et même un sale caractère. Mais Bleu ? Une personnalité fascinante si on s’intéresse aux vides abyssaux. Les deux Allures et dérivé, à peine mieux. Chance ? Heu… non plus… Bref, depuis Coco au milieu des années ’80, plus rien. Peut-être parce que la mode n’est pas aux jus de caractère, mais justement, c’était la force de Chanel de ne pas forcément suivre les modes mais de les démoder et d’imposer ses choix. En termes de vêtements, son retour dans les années ’50 a d’abord été un échec avant de devenir son triomphe. Maintenant, on dirait qu’e la maison Chanel n’ose plus prendre de risque pour ne pas porter préjudice au patrimoine qui souffrirait d’un échec, c’est déjà ce qui faisait peur aux Wertheimer quand Gabrielle à 70 ans à voulu refaire de la couture. Mais ils l’ont laissé faire en croisant les doigts pour qu’elle ne ruine pas son nom et les ventes du N°5 et elle a gagné. Par pitié, qu’ils osent à nouveau, qu’ils renouent avec l’audace et je pardonnerai Bleu. (Ce n’est pas la peine de me parler des Exclusifs : un alibi créatif et un filons pour l’exploitations du snobisme en se faisant passer pour une niche.)