Le Tabac Blond

J’ai une histoire d’amour avec ce parfum, j’en ai testé de nombreuses versions. Voici mon avis

Tabac Blond 1919 : Testé à l’osmothéque de versaille puisqu’il est je pense toujours parmi les iconiques que vous pouvez tester. J’ai un flacon de cette première édition mais il ne contient pas le jus original. Le parfum est parfaitement décrit un peu partout, il serait presque importable aujourd’hui

Tabac Blond 1930/50 : J’ai la chance de posséder un extrait de 100 ml, comme tout achat vintage vous ne savez pas dans quel condition température humidité il a été mis. Le parfum est moins "puissant" que celui de l’osmothéque, sa note cuir sèche est moins mais toujours extrêmement puissante.

Tabac Blond 1970 : C’est l’époque américaine, je n’ai pas d’extrait mais juste une eau de toilette tabac blond, le coté ambré commence clairement à se dessiner sur la note de cuir, cela reste un parfum de référence. Délicat aussi de comparer un extrait et une eau de toilette 1970 (bien que celle ci serait largement en terme d’intensité et de tenu dans les eaux de parfum d’aujourd’hui). La tenue est impeccable pour la journée au niveau de sa note de fond.

Tabac Blond 1090 : Je n’ai pas d’échantillon de la période Réveillon Luxe de Caron donc je ne peux pas en parler et je ne désire pas dire de bétise, juste dire qu’avec le jus de 1970 je reconnais la description dans le premier guide de Luca Turin (écrit en 92)

Tabac Blond 2000-2010 : Alors c’est là que ça devient bordélique, j’ai acheté vers 2007 un flacon d’eau de toilette Tabac Blond presque pour la collection car il était disponible dans un flaconnage masculin (même que PUH ou 3eme homme). L’eau de toilette a une note de tête assez faiblarde et son fond est vraiment ambré, pas désagréable. Globalement j’étais satisfait de mon achat.

En 2008 Luca Turin sort son deuxième guide où il défonce tous les carons iconiques. Comme c’est une marque qui déclenche des passions, les réactions sont exagérées. Et surtout je ne reconnais pas la description de Luca Turin. Je rachète donc vers 2009 un flacon eau de toilette (dans son flaconnage femme) et là c’est la douche froide, les deux eaux de toilettes du même parfum n’ont strictement rien à voir.
Une note de fond qui n’arrive jamais ou alors dans cette note désagréable que Turin décrit comme étant "huileuse/cremeuse" ... bref en moins 2 ans d’intervalles j’avais perdu Tabac Blond. Et je me disais c’est quoi ce bordel ? Pour avoir le coeur net lors d’un achat à la boutique rue montaigne je demande en cadeau un échantillon issu de la fontaine .. et c’est bien la dernière version qui est présente. Je l’ai retesté hier .. jamais la note cuir voir ambrée n’est jamais présente .. c’est un pseudo truc poudré qui prend le dessus que de meilleur nez que moi décriront.

Tabac Blond 2022 - Je suis retourné après plus de 10 ans chez Caron juste pour tester leur cologne (qui sont pour moi trop cher en rapport qualité/prix mais passons) ... je n’avais plus suivi la marque je ne savais même pas qu’ils avaient été racheté. Bref je test aussi leur collection tabac, Tabac Noir je le trouve pas trop mal, le coté légérement gourmand miel m’ennuie un peu. Et je teste sans vraiment y croire Tabac Blond ne sachant pas qu’il avait été reformulé.

Et là boum madelaine de proust ... alors avant toute chose, ce n’est pas le tabac blond de 19 ni celui de 30 ou 70. Les puristes hurleront toujours, la note cuir est clairement contrebalancée par la note ambrée .. mais les deux notes principales qui forment l’accord sont là, même si évidemment ce n’est pas la même chose. Du coup j’ai re craqué. C’est un très beau parfum je trouve qui mérite qu’on le teste.
A titre personnel je trouve que Jean JACQUES a fait du très bon boulot sur les iconiques après test de Montaigne et Pois de Senteur.

La marche est longue pour les iconiques de Caron tellement ils ont pris cher entre 2010 et 2020 (à juste titre) , je ne sais pas si ils ont une place dans le monde hyper saturé et hyper concurrentiel de la parfumerie luxe/cher mais en tout cas l’équipe qui est derrière bosse.

Je suis toujours dubitatif quand on parle de Vintage car toutes les versions sont différentes de bases et toutes ont évoluées. Je lis souvent que Caron n’a plus sa place et ne fait plus réver .. mais quand je vois les réactions passionnées (dans un sens ou l’autre) que provoque l’évocation du nom j’ai toujours espoir.

L’inconstance vient du sujet, pas du parfum. Rangez-le tout au fond du placard pendant six mois puis redécouvrez-le, mais il est probable que le charme soit rompu à jamais. Condoléances. La même chose m’est arrivée avec Muguet porcelaine d’Hermès : courte lune de miel, puis c’est comme si c’était un autre parfum. Heureusement que nous n’avions pas d’enfants, j’ai demandé le divorce.

Couleur Vanille de l’Artisan parfumeur. En boutique cela a été un coup de coeur absolu. Je l’ai donc acheté dans cette même boutique de la rue Saint Honoré...mais quelque jours plus tard je ne comprends pas je le trouve différent. Est-ce que les premiers spray d’une bouteille peuvent etre un peu "différent" du reste du jus ? Est-ce que je vais retrouver mon coup de coeur ?! Faut-il que le jus "macère" un peu ?

Tabac blond extrait vintage
Surprise de ce matin, il restait une larme au fond d’un flacon "urne" que j’avais racheté pour le design. Sérendipité ! Ça tombe bien, je voulais le découvrir.

On retrouve la tonalité générale de "cuir mauresque" de Lutens, c’est-à-dire les mêmes ingrédients pour le fond ambré ultra-sec et poudré, contrebalancé par une fleur d’oranger très résineuse, et "ronde".

Tabac blond semble avoir une fleur d’oranger plus forte, et ornementée de plus de détails floraux :
 le "fluff" d’un mimosa retro façon héliotropine, avec probablement de la violette,
 le détail d’une l’huile essentielle de clou de girofle qui donne un détail "rose" en tête, et peut-être une jonction avec du bois de rose au fond.

Les épices et bois sont indiscernables, abstraits et soudés à l’ambre poudré et à la fleur d’oranger. Poivre ? Cannelle ? Santal ? Musc tonkin ?
Et Tabac blond ne me fait pas penser au cuir. De toute façon les odeurs connotées "cuir" sont un miroir des produits végétaux employés pour tanner et entretenir les peaux.
Le coeur révèle plus d’absolu miel (et de l’iris), rappelant l’encaustique pour les meubles et les fauteuils.
Et peut-être que la note dissonante verte et zestée cache du platane pyrogéné, et une pointe de sauge, qui sont les seules notes que je classe comme faisant l’ADN d’en "cuir".

Tabac blond déjoue des connotations vraiment casse-gueules.
 Le fond est rêche comme une odeur de désert, mais quand même caressant. Il tatoue la peau.
 Le fond est ultra poudré, et rappelle un odeur de poudrier rétro, sans faire vieillot. C’est comme un poudrier de terracotta très parfumée.
 L’accord ambre, fleur d’oranger, magnolia-héliotrope aurait pu rappeler des odeurs bon marché de couche, ou de produit pour bébé, mais non.
 La fleur d’oranger est friande et puissante, mais sans faire "collier de bonbon". L’accord rappelle le L’heure bleue des années 90 (accord œillet, ?base dianthine et iralia ?). Elle est aussi naturelle et joyeuse.

On a donc un contraste puissant entre un fond qui sent l’ascèse, la contemplation, et le repli sur soi (désert), et une fleur d’oranger extravertie joyeuse et tonitruante.

Bonne nouvelle ! Tabac blond est revenu sur le site de Caron. Espérons qu’il n’ait pas été massacré par une nouvelle reformulation. Enfin, s’il pouvait être un peu plus cuir et un peu moins vanillé, cela ne serait pas plus mal...

Bonjour Farnesiano et Nez inexpert bonjour à tous,
Quelle horreur que ces disparitions ! Le magnifique Nocturnes a purement et simplement disparu, tout comme Nuit de Noël et Fleurs de rocaille !!! Bref tous les jus mythiques ! Ah non ! C’est comme si Guerlain supprimait de son catalogue Shalimar, Mitsouko et l’Heure bleue. C’est vraiment n’importe quoi !

Suis-je en train de vivre un cauchemar ou suis-je simplement malhabile ? En a-t-on déjà parlé ici ? Je viens de consulter le site de la maison Caron et je n’y trouve plus mes chers Tabac Blond, Or et Noir, En Avion, Farnesiana, La Violette Précieuse, Acasiosa, Poivre, Alpona et autres French Can Can. La Tubéreuse devient " merveilleuse " dans une nouvelle formulation. Quant à la si belle Rose de naguère, la voilà cachée sous l’ébène ou l’ivoire. Vas-y voir...
Je suis dépité : une vraie razzia sur ma chnouf !

Mythique et magique, pour moi, malgré de probables reformulations au cours des décennies, c’est une merveille. Sans doute l’un des plus beaux parfums que j’ai peu découvrir.

Bien, cette critique passionnante de Tabac Blond date de 2013 et je ne sais ce que sentait TB cette année là, mais dans le dernier Nez, TB est présenté comme l’archétype du parfum à dominante "cuir" alors que l’EdP vendue actuellement par Caron n’a plus aucune note "cuir", mème secondaire. Si jamais, En avion EdP dans la nouvelle réédition a une facette "cuir" bien reconnaissable. Il serait peut-ètre bon d’en avertir les lecteurs d’autant que vos jolis schémas se veulent clairement didactiques. Je ne savais où adresser cette remarque aprés avoir commencé à lire le dernier Nez que j’attends toujours avec impatience.