Séville à l’aube
L’Artisan parfumeur
- Marque : L’Artisan parfumeur
- Année : 2012
- Créé par : Bertrand Duchaufour
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Florale
- Style : Opulent - Sensuel
Histoire de fleur d’O
par Thomas Dominguès (Opium), le 13 août 2012
L’Artisan parfumeur, Bertrand Duchaufour et Denyse Beaulieu nous proposent un parfum qui se situe entre le soliflore et la narration olfactive d’un moment spécifique de la vie de l’écrivain - blogueuse ; celui d’une nuit de passion se poursuivant jusqu’à l’aube, durant la semaine sainte, entre odeurs d’encens des processions, des colognes lavandées des spectateurs et des orangers en fleurs.
A quoi cela ressemble-t-il ?
Un petit-grain tonitruant par la pétillance des agrumes verts, piquants, poivrés, presque salins, comme une impression de salive après un baiser, crée un envol hespéridé quasiment violent, comme une gifle de zestes au visage ! J’ai presque l’impression de croquer dans un chewing-gum menthe-chlorophylle dans les tous premiers instants de la mastication, entre coup de froid et chaleur qui s’en suit. Une lavande aromatique réchauffe ces premiers instants de prise de contact.
Puis, rapidement, une sensation de thé Earl Grey très réaliste surgit, illusion certainement apportée par l’association entre les agrumes et la bergamote qui émergent après deux ou trois minutes à peine. Un thé qui oscille entre un Earl Grey, et un thé noir qui aurait été infusé plusieurs fois. De l’encens apporte ce contraste entre brise glaciale et chaleur suffocante, entre liquide brûlant et masse plus solide qui part en fumée.
Après plusieurs minutes, la fleur d’oranger émerge. Elle est vaguement poudrée, iridescente et baumée. Le thé se fait composition du type "orange amère" de chez Mariage Frères servi avec quelques biscuits sec aromatisés au miel et à la fleur d’oranger.
La verdeur poivrée du petit-grain et l’encens accompagnent la fleur d’oranger durant quelques heures (de deux ou trois à bien davantage, selon les peaux) et lui permettent de ne pas prendre un aspect trop "pâtissier". Un jasmin un peu indolé, avec son odeur carnée caractéristique (une odeur de peau mordillée) apporte de la chair et de la sensualité à ce moment de l’évolution.
Enfin, benjoin baumé, un peu gras et vanillé, ciste-labdanum ambré et cire d’abeille évoquent les crèmes catalanes ou portugaises au citron ou à l’orange. Une impression balsamique douce fait son chemin. Le sillage se fait plus charnel et plus proche de la peau. Une peau à croquer, à dévorer même. Mais, plutôt en gourmet qu’en gourmand, avec subtilité donc.
Cette fleur, dont l’eau extraite de la distillation est si souvent utilisée lors de la confection de pâtisseries orientales ou traditionnelles, y renvoie inéluctablement. Fort heureusement, la sensation, bien qu’elle mette l’eau à la bouche, ne se fait malgré tout pas trop culinaire sur ma peau. Sur d’autres, si... En cela, cette fragrance me fait penser à Mandarine Mandarin de Serge Lutens. Sur certain(e)s, un thé fumé à l’orange amère apparaît, alors que d’autres doivent se contenter d’oranges confites. On ne répétera jamais assez combien un parfum peut évoluer différemment d’une peau à l’autre.
L’encens et la lavande, toujours présents, semblent réaliser un retour en arrière au début de l’histoire, quand au moment où le soleil se lève, on se remémore le début d’une soirée, moment d’une rencontre, et le chemin parcouru en à peine quelques heures. Les feuilles vertes et l’air aromatique des premiers instants restent présents par traces, comme pour donner un second souffle à cette composition qui s’embaume et s’adoucit, pour la rendre plus profonde, nuancée et complexe.
L’écrivain, Denyse Beaulieu, qui a inspiré ce travail de Bertrand Duchaufour, m’a raconté l’anecdote suivante : pour elle, la fleur d’oranger est souvent une "fleur un peu tarte" ; parfois bien trop mièvre. Nous sommes, Denyse et moi, plutôt du côté "tubéreuse vénéneuse" de La Force. Comme elle, jamais je n’aurais pensé pouvoir être séduit par la fleur d’oranger. Jusqu’ici, celle de Fragonard (d’un excellent rapport qualité-prix) me suffisait amplement.
Cette version "pour adultes", plus complexe, plus sinueuse, m’enchante littéralement. Dans la manière dont l’actrice principale (la "fleur d’o" comme un certain roman intitulé "Histoire d’O") a été recomposée par Bertrand Duchaufour, on peut voir de grandes similitudes avec sa déconstruction - reconstruction dans Nuit de Tubéreuse de la fleur du même nom. Il est d’ailleurs intéressant d’observer qu’alors qu’il a désexualisé la "plus bitch des fleurs" (Denyse B.™ dans son blog), il a, au contraire, fait gagner en sensualité celle qui est, normalement, la petite sœur un peu naïve et ingénue de l’autre.
Au vu de l’histoire qui a donné lieu à cette création, celle d’une passion déchainée, on aurait pu s’attendre à une composition plus "sale", plus "bestiale". Mais, non. Finalement, cette histoire, loin d’être une simple bluette à la fleur d’oranger comme tant d’autres l’ont déjà racontée, ne sombre pas non plus dans une interprétation trop facile des évènements qui l’ont faite exister. C’est de beauté et d’émotion qu’il nous est offert de (res)sentir en visitant Séville à l’Aube.
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par pierrelune, le 2 mai 2017 à 10:33
Moi aussi j’aime bien ce Séville à l’aube...Mais quel dommage de devoir m’en asperger de 8 à 10 pschitts pour avoir l’espoir que ce parfum puisse tenir qqs heures...(D’ailleurs pour vous y a t ’il des parfums à me conseiller chez l’AP ,qui aient de la tenue voire du sillage.Merci)
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par Anna, le 2 mai 2017 à 11:03
Une alternative, dans le même esprit, Fleur d’Oranger et Fleur d’Oranger Intense chez Fragonard. Bonne chance.
par Jane B. Root, le 29 avril 2017 à 10:08
Je viens de tomber dedans comme on tombe en amour.
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par Solance, le 1er mai 2017 à 10:54
Comme je vous comprends ;) Ce Séville à l’Aube est né des réminiscences d’une nuit d’amour et inconsciemment, on a envie de s’en asperger quand on est habité par ce sentiment... c’est ce que j’ai fait pour aller rejoindre mon mari chéri il y a qqs jours dans le cadre d’une parenthèse enchantée ;)
par ChrisB, le 31 décembre 2016 à 12:08
Nouveau coup de coeur. En fleur d’oranger, je ne portais que "Fleur du Mâle" de JPG (que je trouve magnifique). Ce "Séville à l’Aube" est plus subtile, moins opulent. Le jasmin, que j’aime beaucoup chez le premier cité, est moins présent, mais contrebalancé par une bergamote et un piquant du plus belle effet. Magnifique.
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par Solance, le 31 décembre 2016 à 12:58
Ravie de croiser un nouvel amoureux de ce bien beau jus en effet, ChrisB... Souvent hélas, les curieux se laissent rebuter par le départ légèrement médicinal de SALA et loupent la rencontre avec une bien belle andalouse.
Pour moi, SALA est une histoire d’amour qui dure, et pas qu’un peu ;)
par ChrisB, le 14 décembre 2016 à 09:55
Vente privée L’Artisan Parfumeur sur Showroomprivé. De nombreux flacons à -50% dont ce Séville à l’Aube. Ma CB n’a pas aimé. Attention, vente se terminant demain matin.
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par Solance, le 31 décembre 2016 à 13:03
Grâce à toi, j’ai pu quant à moi faire le plein avec un 100ml de mon parfum d’été délicat que j’adooooooore, que je vénère.... L’Eté en Douce :)
par Solance, le 13 septembre 2015 à 15:31
Il est des coups de coeur qui se muent en grand amour... Je crois bien que c’est ce qui m’arrive avec Séville à l’Aube que je ne porte pourtant pas si souvent que cela, mais dont la beauté me paraît plus grande à chaque parfumage....
De toutes les fleurs d’oranger que j’ai pu approcher, c’est celle qui m’enchante le plus, que je trouve la plus équilibrée, la plus subtile... Plus que celle de Lutens pllus opulente et qui peut écoeurer à la longue, plus que celle de l’Eau Couture d’Elie Saab un peu trop tape à l’oeil ...
Séville à l’Aube conserve sa fraîcheur (grâce à sa lavande ?), sa profondeur (grâce à son encens ?), sa douceur (grâce à sa cire d’abeille ?) sans jamais sombrer dans un fond sucré facile...
Elle n’asphyxie pas aux beaux jours et ensoleille les jours gris, possède une bonne tenue et un sillage discret mais existant.
Un enchantement pour tous les sens, à la mesure de cette nuit d’amour de Denyse Beaulieu vécue avec un bel andalou sous les orangers pendant une semaine pascale et qui a inspiré Duchaufour, son créateur !
I’m in looooove !
par Farnesiano, le 23 août 2015 à 16:54
Séville à l’aube ! Une évolution comme je les aime : riche, raffinée, pleine d’infinies nuances et nous offrant bien plus que l’aube. Personnellement, si les notes de tête peuvent m’évoquer la verdeur citronnée de l’aube, j’y sens, surtout en fin de parcours, celle du soir qui tombe au terme d’une longue journée chaude quand un vent léger nous apporte la divine senteur des orangers en fleurs. ce parfum pourrait tout aussi bien s’appeler, pour reprendre la page de Debussy extraite des Estampes "Soirée dans Grenade". Du vrai travail d’artiste.
par Solance, le 6 mai 2015 à 10:18
J’ai étrenné ce matin avec ravissement mon flacon de Séville à l’Aube. Ce parfum, moins opulent que le Fleurs d’Oranger de Lutens, sied parfaitement à la belle saison selon moi...
J’ai beau chercher et renifler, il n’y a aucun trace médicamenteuse sur ma peau, tout juste une fraîcheur aromatique très agréable, sans doute la petite touche lavande du parfum...
De l’encens, de la lumière, des fleurs blanches, de la légèreté,de la présence et de la profondeur en même temps...
Mmmmmm, je suis vraiment, vraiment conquise !
Et mes collègues de bureau ont "validé" cette odeur très agréable également à leur nez :)
Bref, une nouvelle ’compagne’ séduisante pour les beaux jours !
par Tamango, le 23 décembre 2014 à 08:53
J’ai grandi à Séville et c’est tout naturellement que je me suis intéressée à SAL. Le départ m’a séduite, me rappelant l’odeur des rues sevillanes au printemps qui embaument la fleur d’oranger, el azahar. Malheureusement, je ne supporte pas son évolution médicamenteuse - quelle déception - donc j’en ai acheté un flacon uniquement pour, de temps en temps, m’y plonger comme dans mes souvenirs d’enfance.
Bonne journée à toutes et tous !
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par Opium, le 26 décembre 2014 à 19:12
Bonsoir Tamango.
Désolé pour ce souci de perception de la facette médicamenteuse de Séville à l’Aube, c’est dommage que cela vous gâche ce si beau parfum.
Bonne soirée.
Opium
par eckbo, le 13 septembre 2015 à 23:27
Cette facette médicamenteuse ressort énormément sur ma peau, mais pas sur mouillette. Aussi, j’apprécie Séville à l’aube pour son histoire attachante, et ses jolies effluves sur touche.
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par Solance, le 14 septembre 2015 à 09:40
Bon, je ne sais pas s’il y a une facette "médicamenteuse" à ce parfum, personne ne m’en a fait la remarque au porté en tous cas, mais pour moi, ce n’est que du bonheur ce parfum qui se démarque des fleurs d’oranger un peu gnangnan et passe-partout du marché ! et puis quand bien même.... what’s the problem ?...?
Comme l’exprimait fort justement Hangsten il y a quelques mois, personne n’irait reprocher à Tubéreuse Criminelle son fort aspect camphré (qui pourrait faire médicinal aussi !) et c’est même grâce à cette facette presque étrange et en tous cas "couillue" que ce parfum est un chef d’oeuvre et qu’il constitue une tubéreuse absolument unique sur le marché !
Pour moi, Séville à l’Aube est à la fleur d’oranger ce que Tubéreuse Criminelle est à la tubéreuse.... des virtuoses de leur genre ! ;)
par hangten, le 22 novembre 2014 à 10:04
Je l’aime beaucoup celui-là ! caractéristique de L’artisan, avec cette petite note que je ne parviens pas à nommer mais que l’on trouve dans tous ceux que je connais de cette marque.
Pharmaceutique c’est certain, locabiothal peut-être (et j’en ai inspiré, gamin...), mais pour moi rien de dérangeant, au contraire... J’allais dire qui reprocherait à Tubéreuse Criminelle, merveille parmi les merveilles son aspect médicamenteux ?
Si on n’est pas la-dedans, il y a plein de sucrailleries et autres bidules citronnés frais qui nous tendent les bras...
Bon, respect tout de même pour ceux qui détestent, dans les réminiscences traumatiques d’une douloureuse angine...
Bref, quatre étoiles !
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par Opium, le 23 novembre 2014 à 21:51
Bonsoir encore Hangten.
Merci pour ce message.
Je suis d’accord en tous points. ;-)
Bonne soirée.
Opium
Ps : J’ai utilisé le Locabiotal, son goût entre sucre "orangé" et amertume assez mal masquée (Ou était-ce moi qui avait si mal à la gorge ? ^^), et, même si je perçois cette facette dans Séville à l’Aube, cela ne me gâche en aucun cas son utilisation. ;-)
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Je suis dégoûtée.... SALA, ce parfum qui fait désormais partie de mes incontournables depuis des années semble... discontinué ?? Je voulais en avoir toujours une goutte sous la main pour enchanter et ensoleiller mes journées encanailler mes nuits, mais il est en rupture partout... Il n’y a plus non plus Safran Troublant Manquerait plus qu’ils suppriment l’Été en Douce, mon doudou délicat et subtil des chaudes journées d’été et de farniente, pour m’achever ! :(
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par Petrichor, le 6 décembre 2020 à 07:15
@Solance : Je sais, c’est bien triste ! Surtout que la fleur d’oranger de la gamme actuelle est bien nase.
Néanmoins, Séville à l’aube et Safran troublant peuvent encore se trouver, d’occasion. Mais pour combien de temps encore ? Heureusement, on peut trouver dans la réduction qui accompagne ces arrêts de parfum une occasion de sucrer nos larmes.
Safran troublant est sur Beauté privée à 59€
(vous avez raté les -10% du black friday, mais vous aurez les fdp gratuits)
J’ai testé. Hormis l’emballage sans papier bulle (grrr), tout est parfait. Et le prix d’occasion permet d’en appliquer généreusement.
https://www.beauteprivee.fr/shop/item/shopId/1028/itemId/64102
Séville à l’aube :
. les soldes de l’artisan parfumeur, seulement sur leur site internet et plus en boutique. On y trouve parfois Séville à l’aube, comme s’ils en sortaient de je-ne-sais-quel tiroir. De mémoire, séville à l’aube était dans la 2ème vague de soldes proposée, genre 65€, mais avait disparu à la 3ème vague. (tous vendus ?!)
. Ou les sites d’occasion (ebay, vinted) et forum d’échange (facebook La Bourse des Parfums), mais on en croise beaucoup moins depuis 6 mois.)
Si vous voulez, abonnez vous à cette discussion, et je mettrais un message ici si je croise un Séville à l’aube soldé à au moins -30% ?
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