Les mal nommés
par Thomas Dominguès (Opium), le 12 décembre 2013
Qui n’a pas connu une Bérangère très dévergondée et un Marcel branché tendance hipster ? Pas vous, moi non plus. Pourtant, nous avons tous déjà côtoyé des personnes qui ne correspondaient pas du tout à l’image que nous nous faisions de leur prénom. Il en est de même avec les parfums. Si certains, aux intitulés abstraits, comme les numéros de Chanel ou de L’Artisan Parfumeur, ne peuvent rater leur cible puisqu’ils n’en n’ont pas, l’absence d’un nom concret éliminant le pouvoir d’évocation qu’aurait une référence plus tangible, d’autres parfums aux noms plus évocateurs courent le risque de tomber à côté de ce qu’ils sont censés suggérer....
Il y a surtout deux manières d’échouer au baptême d’un parfum.
La première, plus subjective, est de ne pas parvenir à évoquer l’association liée au concept plus ou moins abstrait auquel il est renvoyé. Ainsi, on peut adorer ou pas J’adore. Personnellement, je n’adore pas du tout J’adore. (Il ne faut surtout pas entendre la phrase comme suit, "Je n’adore pas du tout, j’adooOore !" ; voilà comment une simple virgule peut faire basculer du désamour à la passion. #comiquedel’absurde) Personnellement, selon moi, si la vie est bel et bien belle (souvent), La Vie est Belle est laide. Ce qui devrait évoquer la joie ne m’évoque que nausées et écœurement. Si j’aime Angel, il n’a d’angélique que le nom tant son sillage dévastateur a pu sembler sortir tout droit de l’enfer pour certain(e)s. Voilà pour les parfums nommés selon un concept : auquel on peut adhérer ou non.
La seconde erreur qui peut être commise, plus objective, est d’évoquer autre chose que l’élément concret signifié dans le titre du parfum. Dès lors que l’on intitule un parfum du nom d’un objet matériel concret, il ne reste plus qu’à tenter de le reproduire au mieux ou de jouer avec. Si Brin de Réglisse, Vanille Galante et Fille en Aiguilles peuvent sembler plus ou moins concrets, ils renferment des abstractions qui peuvent permettre de jouer avec. En revanche, nommer un parfum Une Rose, Rose Absolue, Le Jasmin, Tubéreuse etc, implique normalement de leur rendre honnêtement justice de la manière la plus fiable possible dans un intervalle ou un spectre créatif dont la largeur est plus ou moins importante selon la créativité de son auteur. Tonka doit rendre hommage à la fève tonka, mais selon l’angle souhaité en fonction des différentes facettes exploitées (plutôt amandée ou plutôt miel et tabac). Honey, lui, est un parfum totalement à côté de la plaque tant il évoque autre chose que le miel (une salade de fruits pas de toute première fraîcheur en l’occurrence).
Et vous, quels sont les parfums que vous trouvez mal nommés, dont le nom vous tape sur les nerfs en comparaison de ce que vous avez senti ? Et, si vous avez des exemples positifs, de noms étranges pour des choses plus intéressantes qu’on pourrait le croire à la seule lecture de leur intitulé, n’hésitez pas. Montrez-nous que, parfois, la parfumerie, ce n’est pas juste un attrape-nigauds...
par Guillaume83, le 14 décembre 2013 à 12:43
Dans la catégorie "Les mal nommés", moi Nickos Nez-Liagas je me lance dans les oscars... au final et après une petite liste qui me vient vite en tête je constate que certaines marques se distinguent en tant que mauvais dénominateurs plus ou moins réussies de leur jus, les oscars se dérouleront donc par marque, qui descendent le tapis rouge et non le montent évidemment ndlr
La première marque, attention l’enveloppe ... suspense... Maître Nezéabond Huissier de Justice au pays de Oui Oui me la remet et là surprise nous avons en 1ère ligne ...
GIVENCHY !
1 : Ange ou Démon aurait dû s’appeler "banale" de Givenchy, c’est une évidence, déjà presque passé à sa sortie on n’y sent ni l’ange ni le démon, ce n’est pas vulgaire non plus entendons nous mais franchement beaucoup de promesses qui conduisent forcément à une déception (le flacon confirme le jus d’ailleurs....).
2 : Gentleman Only ! Si ce jus est seulement pour Gentlemen alors je pense que je dois être fier d’être un simple manant de nos années de crise mais qui a conservé au moins l’utilité de son nez. Un flanker d’un excellent et presque oublié parfum (le Givenchy Gentleman), peut être à cause de son manque de charisme, un nom à lui tout seul n’aurait sans doute pas suffit. Il n’ont pas osé le "Mentalist" sans doute.
3 : Givenchy III ! Quel manque de classe pour un parfum légendaire, envoutant qui se retrouve dans un pauvre flacon générique au bas des rayons des séphocibérionnaud.... quand on le trouve encore ! Celui-ci à mon sens aurait mérité le nom de "Madame Givenchy" tel un fleuron de la marque. Un classique oublié et pourtant si troublant, du gachis !
En deuxième, attention je trouve 2 se concurrencent... je commencerai par celui que j’aime le moins :
YVES SAINT LAURENT
1 : L’Homme Libre : il est bien évident que pour moi qui suis un homme et libre de surcroit, je ne peux manquer la Fête des Citrons de Menton chaque année, mais oui franchement, pour être libre, prenez un jus pas désagréable mais ordinaire, ajoutez du citron et vous obtenez votre liberté ! La liberté s’arrête là où celle des autres commence paraît il, ce n’est pas grâce à YSL en tous cas...
2 : Paris : Grand succès, je ne critiquerai pas (je ne saurai d’ailleurs pas le faire même si je n’apprécie pas plus que ça ce parfum) mais quand même d’où les champs de rose sont ils cultivés à Paris ? J’y ai vécu, j’y retourne régulièrement, je l’aime, je l’adore mais là franchement à part un nom purement commercial je ne comprends pas la relation.
2ème aussi : eh bien oui c’est le mythique Guerlain....
1 : Champs Elysées : A l’image du Paris cité précédemment pour YSL, d’où les Champs Elysées sont ils si propres ? Première interrogation, et là comble du comble, dorénavant et merci Guerlain, les mimosas poussent dorénavant sur la mythique Avenue. Quelle tristesse, là encore à mon sens du pur commercial mais aucun respect pour le jus, c’est tout de même regrettable pour une maison comme Guerlain qui a su prouver qu’elle savait concevoir des Chefs d’œuvre et leur construire (ou du moins raconter) leur histoire (Shalimar, Samsara et j’en passe évidemment).
2 : La Petite Robe Noire : Là je ne comprends pas non plus, on imagine cette petite robe noire comme une élégance décalée et désinvolte, féminine avant tout, voire féministe (oui je suis une femme et évidemment je porte une robe) mais là franchement elle est où la noblesse du jus ? Finie et aboutie avec ce mode Guerlain magnifique OK mais pour le reste cela semble un produit de mode éphémère et rien de plus, pas de quoi craquer, pas de quoi en rêver des nuits entière jusqu’à le faire sien, un parfum dans l’air du temps, pardon dans la mode du temps présent mais loin de l’image classe et simple que nous revoit le parfumeur, et loin de son savoir faire de parfumeur innovant non plus, je l’aurai bien vu s’appeler "Premier Guerlain", comme un parfum pour jeunes filles en fleur.
Le 3ème, et oui c’est lui l’homme en kilt : Jean Paul Gaultier et son "Madame" !
S’il en a le nom il n’a rien d’une "Madame". Là encore, un parfum pour jeune fille qui personnellement me laisse plutôt indifférent (ni bon ni mauvais) mais non, ce n’est pas le parfum d’une "Madame" à la Française (à l’instar d’un Madame Rochas par exemple qui a eu de belles et méritées heures de gloire avant toutes ces reformulations), ou alors c’est une madame nouvelle génération que je ne comprends pas malgré mon age pas si avancé (j’ai 36 ans).
Je pense qu’il y en à tant qu’on pourrait en écrire des pages, Egoïste est pour moi loin d’être Egoïste mais le nom lui va si bien ;-) , j’ai omis volontairement de décrire en premier poste les in-CanardWC-Victus et One-Cent (qui ne valent pas un million ni même un centime), et oui devant ce matraquage marketing et dénué de toute sensation odorante, je souhaite de tout cœur que nous ne tombions pas dans une déprime olfactive qui nous fasse penser que "La Vie est moche".
A vos nez, Prêts , Partez !
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Jicky, le 14 décembre 2013 à 19:46
Bonsoir Guillaume,
pas mal votre message ;)
néanmoins, je tiens à défendre Paris et Champs-Elysées ensemble car la justification sera la même ! Dans les deux cas, c’est la lumière qui faisait partie du brief. Paris est bien la ville-lumière, et Grojsman est bien partie de cette idée pour faire son bouquet de rose et de violette si connu (et que je n’aime pas forcément non plus d’ailleurs pour être honnête, bien que le parfum soit très joli encore aujourd’hui. Il fête ses 30 ans cette année aussi d’ailleurs). Et pareil pour Champs-Elysées.
De plus, je trouve l’argument "il n’y a pas de rose/mimosa à Paris un peu réducteur" ==> il n’y a pas de vanille au Taj Mahal, pas de cannelle dans l’opium et les anges ne doivent sûrement pas sentir le patchouli cacaoté... La vision matière n’est pas forcément pertinente quand on souhaite nommer un parfum, contrairement à ce que voudrait nous enfoncer dans le crâne la niche. Et je pense que sur ce point, le grand public est toujours en avance par rapport à la niche, qui tombe souvent dans le soliflore pour désigner ses parfums (mais autre explications : le copyright est libre, et c’est galère de trouver des noms de parfums actuellement). L’idée d’un parfum est souvent plus forte que sa matière. Même si nous sommes d’accord, quand la forme rejoint le fond, c’est vraiment superbe !
par Opium, le 16 décembre 2013 à 21:34
Bonsoir Guillaume83.
Je n’ai pas eu l’occasion de vous la souhaiter auparavant, donc, bienvenue sur auparfum !
Merci pour votre commentaire (votre vote ?), il m’a bien fait rire.
Je rejoins Jicky à propos de Paris et Champs-Elysées : Paris et ses lieux cultes, dans l’imaginaire, c’est LA ville du romantisme. Et, ce qui représente le mieux le romantisme, les fleurs. Alors, deux floraux dans ce cas, même si les fleurs ne sont pas disponibles dans les lieux concernés, cela me va. Et puis, la rose, symbole de l’amour pour Paris, la capitale de l’amour, ça me paraît plutôt bien caler.
Mais, il s’agit là d’une vision et de ses largesses qui sont toutes personnelles. ;-)
En revanche, je vous suis à fond pour Ange ou Démon qui aurait dû s’appeler "Frangipane et Beurre (Pas) Salé", L’Homme Libre qui n’est rien d’autre que "Un Homme (Très) Banal", La Petite Robe Noire qui serait plutôt "La Large Gaine Noire" (on conserve le "noire" car, le noir, c’est bien connu, ça amincit ^^) et Madame qui devrait être une MadAmoiselle... ;-)
Merci encore pour votre message.
Bonne soirée.
Opium
par Freyia, le 6 février 2014 à 17:48
Peut-être que Champs Elysées faisait référence au séjour des âmes bienheureuses dans la mythologie classique ? Moi je l’ai toujours compris comme ça, du fait, Guerlain était absolument libre de créer ce qu’il voulait, puisque personne n’allait lui répondre que ces Champs-Elysées-là ne sentaient pas ainsi ? Mais je n’ai jamais fait de recherche sur la genèse de ce parfum.
par judith, le 13 décembre 2013 à 21:59
Ah oui Opium, ça c’est un sujet amusant !
Franchement : "Infusion d’homme", vraiment ??! Allez, j’adore ce parfum au moins autant que l’original féminin dont il est - et avec beaucoup d’audace - inspiré (extrait, pourrait-on dire), mais entre nous : on a connu plus viril...! Décerner à un parfum aussi ostensiblement féminin - ou tout du moins à l’élégance florale et délicate si peu associée au masculin - la palme de la "mâle-itude" ne peut qu’être provocation ou ironie, non ? Invictus-horribilis doit probablement se retourner dans son coffret de Noël.
En tout cas : bravo pour cet oxymore drôle et osé, Prada ! Je trouve ça très, très fort. Mon mec le porte, et je lui trouve avec un air de Delon dans Plein soleil : une virilité italienne lumineuse et élégante, à la fois ultra masculine et très légèrement ambiguë...
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Opium, le 16 décembre 2013 à 21:24
Bonsoir Judith.
Je trouve, également, ce sujet plutôt amusant. Il m’est venu un soir d’insomnie je crois bien. Souvent les meilleurs moments pour l’imagination (mais, pas les meilleurs pour les lendemains ^^).
Votre exemple est excellent. Je n’y avais pas pensé. "Infusion d’Homme" ferait tout aussi bien de s’intuler "Infusion de Dandy" ou "Infusion Métrosexuelle" ("Infusion de Tata" ou "Infusion de Gayeté" ? (Bon, j’arrête avec mes poncifs faciles...)^^) tant on est éloigné d’une virilité de vestiaires de sport ! ;-))
Je ne peux faire mieux que ce que vous en avez écrit : "une virilité italienne lumineuse et élégante, à la fois ultra masculine et très légèrement ambiguë..."
En même temps, soit il y a bel et bien beaucoup d’ironie, soit il s’agit d’un double langage entre l’"homme" visé par ce parfum qui est une "infusion", plutôt un breuvage de dames en général. Quoique, pas forcément, on connaît même des jeunes hommes qui se saoulent à coups de tasses entière d’infusions. Alors, oui, certainement, il y a beaucoup d’humour et d’ironie dans le titre. Tant mieux dans ce cas ! ;-)
Encore merci pour le sourire que vous m’avez apporté en vous lisant. ;-)
Bonne soirée.
Opium
Ps : Ce qu’elle est bien cette Infusion "d’Homme" ! <3
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par judith, le 16 décembre 2013 à 22:55
Bonsoir Opium ! Contente de vous avoir fait sourire :-)
J’avais moi aussi pensé à l’interprétation qu’on peut faire d’"infusion" dans ce cas précis : c’est presque encore plus rigolo ! En tout cas, un beau pied de nez aux clichés, pour un tout aussi beau parfum - qui vous plaît autant qu’à moi apparemment ^^
Très bonne soirée.
Judith
par ericgmd, le 13 décembre 2013 à 16:59
Bonjour Opium,
Merci pour cet article. Les noms commencent a manquer en fait (copyrights de toutes sortes !) et l’on commence a voir de vraies bizarreries (Cherie...Eaudemoiselle...)
Pour ma part je voudrais adresser un angle plus specifique en complement de votre bel article : Celui des noms qui pourraient etre assez astucieux pour un marche’ specifique comme la France mais qui n’arrivent pas a accrocher sur un marche’ anglophone ou autre. Par exemple :
1- Loverdose : En Fransais, c’est assez reussi comme clin d’oeil car c’est un jeu sur le mot "overdose" et plus specifiquement sans doute l’overdose d’une substance. Mais en Anglais cela fait tres moche et bizarre car nous n’avons pas de "L-apostrophe" alors cela devient "Lover-Dose" qui se traduit "Amant-Dose". Resultat final en guise d’accrochage : Rien !
2- Arsene Lupin : Cet heros n’est pas connu du tout ici. Et quand Guerlain a sorti ses deux "Arsenes" (en meme temps en plus) c’etait la confusion totale. Les clients des boutques Guerlain aux USA se demandaient mais qui est donc cet Arsene ? ce Lupin ? (iPhone necessaire pour aller sur Wikipedia en paralant a la vendeuse !) Et comme cela ne suffisait pas, Guerlain a choisi un mot de plus a ajouter a Arsene Lupin. Dandy n’etait pas un probleme car c’est un mot anglais a l’origine. Mais Voyou ? Alors la ! Pour un anglophone, pouvoir arriver a prononcer le mot voyou correctement tient preseque au miracle !
Et je suis sur qu’il y en a plus d’autres exemples que d’autres lecteurs trouveront.
Cordialement,
Eric
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Opium, le 16 décembre 2013 à 21:19
Bonsoir Ericgmd.
Il est de plus en plus difficile de ne pas nommer les parfums qui sortent par des noms alambiqués et bizarreries en tous genres, seules créations encore disponibles et non "copyrightées". ^^
A propos de ce que vous nous racontez ensuite à propos des choix qui peuvent être pertinents dans une langue mais pas dans une autre, cela est tout à fait vrai. Mais, à partir du moment où l’on fait certains choix, on tombe à côté de sa cible dans certains cas. Choisir, dans quelque domaine que ce soit, c’est courir le risque de se tromper (qu’il s’agisse d’un nom de parfum ou de toute autre chose).
Ainsi, si vos exemples sont tout à fait justes (des noms francisés ou français qui s’adaptent mal à la langue et à la culture anglophone), on m’a relaté le même problème à propos de noms en français ou en anglais qui posaient des problèmes car phonétiquement ils se prononçaient comme des mots familiers, voire grossiers ou étaient même des insultes dans certaines langues comme l’arabe, le chinois et d’autres langues. C’est là bien malheureux, mais, cela arrive. En gros, il est difficile de satisfaire tout le monde je crains. Les marques, en théorie, sont attentives à ce genre de choses... ^^
Pour l’anecdote, quand Madonna vient à Paris lors de ses tournées, elle prononce souvent en français cette phrase/question avec son accent américain : "Est-ce que tu crois / vous croyez à l’amour ?" qui se transforme phonétiquement, malheureusement, avant re-construction mentale par ses auditeurs en : "Est ce que tu crois / vous croyez en la mort ?"... Beaucoup moins sympathique lors d’un concert de pop culture qui vise le divertissement / l’entertainment, n’est-ce pas ? Mais, à chaque tournée, on y a droit, et on voit certains visages interloqués par la question avant qu’ils ne comprennent ce qui voulait être dit. Tout cela pour dire comme il est difficile d’exprimer un message qui ne soit pas juste une syllabe et qui soit universel sans aucun risque de mauvaise compréhension. ;-)
Il paraît que les américains ont eu quelques problèmes avec "La Vie est Belle, difficile à prononcer.
A l’inverse, beaucoup de clients (russes, anglophones et français) préfèrent appeler les parfums By Kilian par leurs sous-titres plutôt que par leurs noms alors que ces premiers sont parfois bien plus longs ou, en tous les cas, plus imagés et "littéraires" : ainsi, Love devient "Don’t Be Shy" et Straight To Heaven devient "White Cristal", ainsi de suite... En fait, dans ce cas particulier, c’est comme si les gens préféraient, finalement, le titre le plus complexe plutôt qu’un intitulé qui, s’il est plus simple à prononcer, manque peut-être, pour cela, un peu de la complexité souhaitée dans le monde du parfum. C’est un peu comme si les client(e)s attribuaient involontairement une valeur et une complexité supérieures à celles prévues, peut-être car il s’agit de parfum. Un Findus (poisson pané) peut n’être qu’un "Findus", un parfum doit, lui, être plus complexe qu’un titre de morceau de pop music ; cela ne peut pas juste être "Love", il faut que l’histoire soit plus élaborée. ^^
Petit aparté : on reproche aussi, surtout les étrangers, que des marques françaises utilisent des noms non-français. Une partie du rêve, pour certain(e)s en tous les cas semble-t-il, et plutôt les étrangers, tient dans le respect de choix en français pour la langue française. Beaucoup sont assez circonspects quand on leur annonce, par exemple, un parfum français dont le titre est "Love" et non "Amour" pour rester dans l’exemple précédent. Tant pis pour la mondialisation.. ;-)
Dans la continuité de ce genre d’idées, je préfère des termes qui invitent au voyage, à l’imaginaire et à la rêverie plutôt que des termes simples ou de mauvais jeux de mots : bye bye "Loverdose", épouvantable terme valise même pas transgressif, juste nul pour un parfum nul ! Et ce, aussi bien en français où le jeu de mots est douteux qu’en anglais où il est absurde et ridicule.
Shalimar, Samsara, Mitsouko sont autant de termes qui ne font pas partie de ma culture : tant mieux si, en plus de m’aider à sentir bon, ils m’ont incité à cliquer sur un lien Wikipédia pour savoir de quoi il s’agissait. Un peu de culture ne (me) fait pas de mal. ;-)
De cette façon, qu’un terme soit hors de ma culture, hors de culture des clients, que ce terme soit, parfois, un peu exigeant, me semble être une bonne chose : cela parlera peut-être à la curiosité et à l’intelligence de certain(e)s et cela anoblit peut-être un peu cet objet qu’est le parfum.
Ainsi, je préfère un titre comme Arsène Lupin à un Oriental Brûlant et autres choses peu palpitantes. En revanche, les ajouts "Dandy" et "Voyou", au même titre que tout pluggin’ aberrant, est assez absurde, que ce soit en anglais où cela ne renvoie à rien, ou en français où cela crée un nom qui ne veut pas non plus signifier grand chose en plus de pécher par sa longueur. Oui, oui, "Miss Dior (ex-)Chérie " et Coco Mademoiselle et autres écervelées aux noms à rallonge, c’est à vous que je pense avec vos noms tellement longs à prononcer que des cours d’apnée sont nécessaires. Et, pourquoi ? Pour créer une jolie phrase qui incite à la rêverie ? Non, juste des pensums constitués d’un fatras de termes communs, un amas de mots banals, qui ne renvoient à rien d’autre qu’aux poncifs du "parfum-féminin-qu’est-trop-luxueux-et-qu’est-trop-meugnôn-et-qui-rend-trop-sexy"... *baille*
Merci beaucoup pour votre commentaire Eric, cela m’a donné l’occasion de longuement réagir. ^^
A très vite.
Opium
par lucasdries, le 13 décembre 2013 à 08:47
mes commentaires disparaissent !
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par dominique, le 13 décembre 2013 à 09:53
Si j’étais taquin, je dirais que non puisque je vois ce commentaire.. mais quand on me connaît, on sait que je ne le suis pas. Pouvez-vous me décrire le problème plus précisément ?
par dominique, le 13 décembre 2013 à 09:54
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par lucasdries, le 7 janvier 2014 à 11:57
Dominique, pardon, je n’avais pas vu votre message !!! Mille excuses.
J’avais écrit un message qui est apparu puis a disparu du site, mais c’était les premières heures de la nouvelle mouture du site, peut-être y’a t il eu un bug ? Sans doute car comme votre taquinerie l’indiquait à juste titre, le problème s’est visiblement résolu ..
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Opium, le 16 décembre 2013 à 20:55
Salut Lucasdries.
Je suppose que le problème est réglé dorénavant. ;-)
Dominique est très très joueur... ^^
Bonne poursuite ici, sur l’auparfum remasterisé. A bientôt.
Opium
par AdRem, le 13 décembre 2013 à 01:03
Bonsoir Opium....Je vous répondrais sur le thême " Et, si vous avez des exemples positifs, de noms étranges pour des choses plus intéressantes qu’on pourrait le croire à la seule lecture de leur intitulé, n’hésitez pas." :
Un ami m’a demandé de sentir puis de porter [ 16 SU ], [ 6 C ], [ 8 O ], [ 80 Hg ] !!!!
Je l’ai fait sans grand enthousiasme, pour lui faire plaisir....me laissant convaincre non pas par amour de la chimie (franchement...le tableau périodique des éléments...est-ce sérieux ?) mais à cause de Françoise Caron qui a signé Carbon et d’Antoine Lie qui a signé les 3 autres parfums, 2 parfumeurs respectables (euphémisme)...
Au final ma rencontre avec cette obscure marque italienne....au nom peu "vendeur" à mes yeux..( nu-be )...me laisse perplexe : derrière ces Sulphur, Oxygen et Mercury...se cachent un vrai travail et des choix parfumés courageux...à priori non fédérateurs, presques expérimentaux.... qui me séduisent malgré moi....(mais bon ! Je suis fan absolu de Comme des Garçons et de ses Odeurs....comme un air de famille qui m’attire ^^)
J’ai adopté [ 6 C ] dit Carbon avec bonheur, sans doute à mon nez le plus accessible des 4 et d’une tenue plus remarquable que le fragile et bel "Oxygen" : ce cocktail d’épices sans esbroufe est un vrai bonheur, un boisé/aromatique qui associe le froid (gingembre,iris, cardamome) et le chaud (canelle, poivre...) sous un fond de résine et de santal...
Une belle découverte qui me pousse à sentir mes cols de chemises 24h00 après vaporisation : en général un bon signe pour prédire que je vais être accro à cette fragrance....
(Je n’ai pas encore sentit l’Helium de Sylvie Fischer, l’Hydrogen d’Antoine Lie (encore lui) et le Lithium de Nicolas Bonneville)
(Fin du Roman)
Répondre à ce commentaire | Signaler un abus
par Opium, le 16 décembre 2013 à 20:43
Bonsoir AdRem.
C’est vraiment sympa d’apporter des exemples "positifs" à ma proposition de listage de noms étranges.
Alors que presque tous les mots qui invitent à la rêverie sont déposés et protégés, les marques doivent aller chercher ailleurs leur(s) inspiration(s). Soit on intitule avec un nom disponible à tous (comme un chiffre ou un numéro), soit on crée des intitulés tellement créatifs (par l’association de plusieurs mots ou des termes si "spéciaux" voire inexistants) qu’ils n’avaient pas été déposés en l’état (les intitulés qui sont, au choix, alambiqués et/ou ultra-créatifs de Serge Lutens en sont un bon exemple), soit enfin on utilise un terme suffisamment peu courant, inexistant dans la langue usitée, ou invitant suffisamment peu à l’évasion et décalé par rapport à l’univers habituel du monde du parfum pour qu’il soit encore disponible. C’est ce dernier choix qui est rapporté ici.
Il est clair qu’on a connu mieux que le tableau périodique des élément de chimie pour inviter au voyage qu’est censé représenter le parfum. Quoique, Oxygen et Carbon sont bien deux éléments essentiels à la vie et, indirectement, finalement ils peuvent révéler une dimension poétique. Mais, pour cela, je préfère leurs noms littéraires à leurs symboles de chimie.
Quand vous avez précisé que l’univers auquel on pouvait penser est celui de Comme des Garçons, je n’ai pas été surpris. On sent bien, sans même connaître la marque, que le sillon creusé est celui fondé par Comme des... et un peu Etat Libre d’Orange. Par ailleurs, je m’attendais bien à un parfum de type boisé - encens - épicé - résineux pour Carbon, un parfum "à la Comme des..." quoi... ^^
Bon, que l’intitulé soit attrayant et/ou barré ou non, en tous les cas, à vous lire, AdRem, j’ai bien envie de découvrir tout cela en amateur des deux marques précitées.
Merci pour votre commentaire et votre participation à cette discussion.
Bonne soirée.
Opium
à la une
La Paris Perfume Week revient pour sa deuxième édition, du 20 au 23 mars 2025 !
Après une première édition réunissant près de 3000 passionnés et professionnels du monde entier, la Paris Perfume Week revient du 20 au 23 mars 2025 au Bastille Design Center. Dans son sillage, se dessine une programmation inspirée et foisonnante.
en ce moment
il y a 2 heures
Bonjour, Farnesiano. "Le Critique de parfum" (anonyme mais à mon avis un nez) écrit ça : "Hermès(…)
il y a 15 heures
Bonsoir, Je ne sais où placer mon intervention sur Barénia, le dernier Hermès sorti il y a(…)
Dernières critiques
Armonia - Anatole Lebreton
Nombre d’or de l’iris
Infuse - Akro
Songe d’une nuit des thés
Feu sacré - Réserve en Afrique
Désert brûlant
il y a 29 minutes
Certaines senteurs sont genrées, d’autres non ou moins. Dans la catégorie unisexe, un parfum(…)