Coromandel
Chanel - Les Exclusifs de Chanel
Patchouli de peau
par jle, le 26 octobre 2011
Coco aimait les paravents chinois et on la comprend, rien n’est plus splendide qu’un Coromandel, le nom désormais générique donné aux modèles chinois ornés de laques dont la finesse et la beauté ont fait leur réputation depuis le milieu du 17è siècle. Elle s’en servait en guise de décor mural ou pour moduler le la plus belle des façons son appartement de la rue Cambon.
Bien des années plus tard Jacques Polge et Christopher Sheldrake ont voulu rendre hommage à leur égérie et à cet élément décoratif fait de subtilité et de spiritualité avec un parfum qui le soit tout autant, donnant naissance à un remarquable oriental dans la collection des Exclusifs, Coromandel.
Coromandel suscite, provoque, parle même et raconte une histoire empreinte de création et de classe, d‘originalité et de séduction. Il dépeint la plus belle part du luxe, celle immatérielle dans laquelle on aime à se draper en pleine confiance, porté par le talent certain d’une maison chez qui la classe est une seconde nature. Délicieusement sophistiqué et à la fois simplement désirable ce parfum colorie la peau avec toute la force du patchouli mais aussi la délicatesse d’une formule dont on ne sait plus où commence la tête et s’arrête le fond.
Le départ est hespéridé et fruité frais avec un très beau musc faisant une fugace mais délicieuse apparition juste avant de redescendre d’un étage et laisser le patchouli s’installer. De la vanille, sans doute de la tonka et de l’orange confite viennent adoucir cet ingrédient en masquant une bonne partie de ses attributs fumés et moisis pour ne garder que le bois et la terre, magnifiquement présente au bout de quelques minutes et ne sombrant jamais dans le végétal. Le patchouli employé paraît en outre quelque peu assagi dans ses notes les moins appréciées qui ne ressortent, notamment celles camphrées, qu’en les décollant de la peau à l’aide du souffle. Du poivre et des épices le chauffent et cisèlent des arabesques aidées par une fumerolle d’encens qui virevolte délicatement.
L’accord entre tous ces ingrédients et sans doute bien d’autres est gras, riche et opulent, et colle à merveille à l’image intemporelle et chic de la marque. Le côté exclusif apparaît un peu plus tard quand le patchouli prend le dessus et délivre sa charge émotionnelle et orientale restant malgré tout confiné et embaumé par un superbe accord ambré où le benjoin à toute sa place.
Parfum gourmand et désirable, antithèse du patchouli mono cépage, piquant et difficile à porter, Coromandel rayonne sur les deux sexes et au-delà, chacun trouvant son tiroir à ouvrir et ses images couleur sable orangé à piocher et à savourer, et chasse avec distinction et assurance les considérations convenues qui veulent que les fleurs aillent aux dames et les bois aux messieurs.
Accrochant parfaitement bien à la peau Coromandel est l’un de plus faciles et gourmands patchoulis que je connaisse pour un prix somme toute acceptable quand l’on sait qu’il existe en 75ml et qu’un gros pschitt suffit amplement à vous habiller pour une journée entière. Un de mes coups de cœur.
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par César, le 2 janvier 2012 à 15:23
COROMANDEl, fut mon dernier coup de coeur. Ce parfum est très riche, complexe, envoutant, sensuel.
Je trouve que c’est l’un des rares parfums de la collection qui ait autant de sillage et de tenue. Un parfum élégant,tenace et très marquant.
J’ai eu, depuis que j’ai commencé à le porter beaucoup de compliments. Je le classerai non seulement comme étant le seul oriental des exclusifs, mais, personnellement, je le mettrai à la tête des orientaux les plus raffinés et les plus élégants.
Sublime..
Jeanne, je n’ai pas vu votre avis concernant ce parfum, est-ce par manque de temps, ou bien d’intérêt ?
par jle, le 7 novembre 2011 à 19:50
Ça y est, j’ai le nouveau Patchouli Impérial. C’est bon mais à la fois la réaction sur peau, forcément la mienne, m’a un peu déçu comparé à ce que j’ai senti sur papier où là, c’est un feu d’artifice bien construit et parfaitement raccord avec les eaux historiques féminines de Dior, tout en étant parfaitement utilisable par la gente masculine.
Hespéridé, musqué, animalisé, un vrai bon patchouli vibrant et frais à la fois. L’hiver approche, il est temps de se couvrir avec de bonnes senteurs bien chaudes et profondes, quoi de mieux qu’un patchouli bien né !!
Je vais prendre le temps de bien le savourer, le sentir dans tous les sens du terme et je vous gratterai quelques lignes. Quoi qu’il en soit ça me rabiboche avec son créateur François Demachy qui ne m’a pas emballé sur quelques parfum de cette vénérable maison...
par Yohan Cervi (Newyorker), le 6 novembre 2011 à 21:08
Bravo pour votre excellent billet Jle.
Coromandel me faisait de l’œil depuis deux ans et j’ai finalement cédé la semaine dernière. D’ailleurs, je vous conseille vivement la boutique Montaigne plutôt que celle de la rue Cambon (le service est craignos). Florence, la conseillère parfums est d’une rare gentillesse, elle aime son métier et prend le temps de parler, de plus, elle n’est pas avare sur les échantillons. Je la connais depuis des années, elle sait fidéliser la clientèle.
Pour revenir au parfum, on reconnait la patte Chanel ou plutôt Jacques Polge.Totalemennt addictif, je ne cesse de le humer sur mon poignet. Si la vision des paravents en laque de Coromandel faisaient "défaillir de bonheur" la Coco, moi c’est plutôt le parfum du même nom qui me bouleverse. Il est incroyablement complexe et changeant. Tantôt patchouli, tantôt ambre, tantôt benjoin, il se métamorphose au fil des heures. Tout comme Shalimar avec qui il a plusieurs points communs, je le redécouvre à chaque vaporisation. Son sillage, au coeur de l’automne ou de l’hiver, est des plus exquis et m’émeut à chaque fois. Quelqu’un a t-il essayé le nouvel exclusif Jersey ?
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par Jean, le 7 novembre 2011 à 00:14
Bonjourn
J’ai essayé Jersey : bof pas le grand emballement ! une lavande sans grand intere.t
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par Youggo, le 7 novembre 2011 à 12:27
C’est également la première impression que j’ai eu. Mais après un test sur peau, au calme à la maison, il s’est avéré bien plus intéressant qu’il n’y paraissait. C’est une lavande en effet, mais plus originale qu’elle en a l’air grâce à l’exploitation de son côté poudré (c’est assez rare), et le duo vibrant qu’elle forme avec une violette assez sucrée. C’est assez beau et classe finalement.
Et pour revenir à Coromandel, je le trouve vraiment sublime pour moi qui n’aime pas le patchouli. Par contre sur ma peau c’est pas possible. :(
par katja, le 1er novembre 2011 à 11:32
Quel joli billet !
Et pour ceux qui l’ont senti, comment décririez-vous le Patchouli de la collection des exclusifs de Dior, par rapport à Coromandel notamment ?
Amalia, 75 ml c’est plus accessible en volume mais en même temps, je rage de l’inflation sur le prix du ml, chez chnal comme ailleurs, les prix galopent chaque année ...
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par jle, le 7 novembre 2011 à 12:00
Je vais me procurer un échantillon pas plus tard qu’aujourd’hui, je meurs d’impatience de sentir la variante Dior de Coromandel, allez, leur nouveauté ;0)
Je gratterai quelques mots dans la foulée. Merci pour vos mots gentils...
par amalia, le 30 octobre 2011 à 07:56
Jle, un billet très intéressant et agréable à lire, encore une fois !
Cela fait longtemps que j’ai envie de me pencher un peu plus sur les Exclusifs mais je n’ai pas toujours la possibilité de passer rue Cambon lors de mes séjours à Paris, dommage... En fait je ne connais que le N° 22 et Cuir de Russie c’est pas honteux ça ?
J’ai lu beaucoup de descriptions de Coromandel, assez pour supposer que je me sentirais bien avec et la votre ne fait que me conforter.
Vous parlez d’un accord "gras, riche et opulent"... le rêve.
Il est d’ailleurs amusant de réaliser que beaucoup fuiraient à cette évocation ^_^.
Coromandel se rapprocherait de Coco, donc ?
L’accord gras en plus, le moelleux évoqué par Garance.
Je regrette vraiment qu’il n’y ait aucun moyen de se procurer d’échantillons des Exclusifs sur le net.
Bon, le format 75 ml les rend déjà plus accessibles...
par Garance2, le 27 octobre 2011 à 23:17
Très juste, le rapprochement avec Coco. Sauf que, justement, je le trouve plus féminin que Coco, moins sec, plus moelleux ... et pourtant, il est parfaitement unisexe ! Ce parfum est vraiment un philtre magique, au sens où il parvient à réunir et à dépasser des oppositions : le féminin et le masculin, l’opulence et la retenue, le clacissisme et l’originalité. A tel point que de nombreuses personnes n’appréciant pas normalement le patchouli adorent {}Coromandel .
Et en bonus, fait relativement rare : il plaît énormément, même aux gens qui ne sont pas spécialement connaisseurs. De tous les parfums que je porte, c’est celui qui a recueilli le plus de compliments, alors que mes autres parfums sont à mon avis plus "faciles". (Mûre et Musc extrême, Un Bois Vanille, Lolita Lempicka)
par Jean, le 27 octobre 2011 à 12:00
Bonjour à tous,
pour une fois, je vais être un des premiers à marquer un commentaire.
Coromandel est loin d’être si facile à porter. il est vraiment opulent, et effectivement 2 pschitts suffisent amplement. (C’est d’ailleurs incroyable, on dirait une concentration d’extrait... mais vu le prix c’est le moins qu’on puisse attendre).
Autant dire que si on a la main lourde on risque de provoquer une asphyxie généralisée dans un univers clos.
Ce week-end je l’ai mis pour une randonnée en plein air, et on arrêtait pas de me faire remarquer que mon parfum sentait fort... j’ai abusé, j’en ai mis 5 pschitts mais même 2h après c’était encore trop fort... et puis au final c’est pas un parfum pour les grands espaces, trop sophistiqué !
Mais si on a la main légère, c’est vraiment une merveille de complexité et d’orientalisme.
Si j’ai clairment repéré le patchouli, mon nez est moins entraîné pour les autres constituant.
on pourrait bien le définir comme un Coco mixte, non ?
Il me fait également penser à un Instant de Guerlain pour Homme mais avec moins de benjoin et plus de fleurs.
Bref je le vois très bien porter dans une soirée chic et sensuelle. Un col roulé, un jean, une veste de velour. Et comme il n’a vraiment aucun problème de tenu, il sera encore de la fête lorsqu’on enlèvera vos vêtements à coup de baiser... ce qu’il ne manquera pas de provoquer !
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par Newyorker, le 8 janvier 2012 à 12:56
Et bien Jean, je vous envie ! Coromandel, c’est vraiment un de mes parfums préférés, je l’ai déjà dit. Je le porte avec bonheur mais il ne laisse aucun sillage. Ma meilleure amie a le même problème. Elle s’en inonde littéralement et, passé une heure ou deux, il faut lui faire la bise ou mettre le nez dans son décolleté pour sentir le parfum. Avant hier, je portais Coromandel (6 touches) et en arrivant au bureau,je croise une de mes collaboratrices qui me dit : "Tiens Yohan, vous ne vous êtes pas parfumé aujourd’hui ?!"...Je l’avais vraiment mauvaise.
par Jean-David, le 27 octobre 2011 à 10:41
En revanche, moi, je ferais bien de me relire : le creux de mon bras, voulais-je dire, avec un x, comme Xxerus (et Xeryus).
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par jle, le 27 octobre 2011 à 11:32
Merci beaucoup Jean-David, je suis tellement heureux de retrouver cette critique dont j’avais totalement oublié l’existence que du coup je me suis parfumé avec Coromandel ce matin. C’est très, très bon.
Si on aime cet ingrédient, c’est une variante classieuse et à la fois tenace à d’autres patchoulis. Je confirme qu’il y a bien un 75ml, une contenance pratique pour prendre l’avion et surtout largement suffisante vu la concentration et la tenue de ce parfum.
par Jean-David, le 27 octobre 2011 à 10:39
Voilà qui donne bien envie d’y frotter son nez, mon cher Jle ! J’apprends avec plaisir qu’il est maintenant disponible en 75 ml, car je crois que, jusqu’il y a peu, on ne le trouvait qu’en 200 ml. Je crois me souvenir d’un échange entre auparfumistes qui envisageaient de se cotiser pour en acheter un flacon, et se le partager en petites fioles. Tu viens aussi de m’apprendre l’effet que produit le souffle sur la peau parfumée. Cela m’a intrigué, et j’ai essayé sur le creu de mon bras parfumé à St Clement de Heeley... Et là, grande surprise : le souffle exalte complètement les senteurs, les réchauffe et dévoile d’autres facettes.
Plus généralement, j’ai beaucoup apprécié ta critique, et je dois dire que ton écriture prend du métier ! Bravo !
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