Le sexe des parfums

Vous savez pas la meilleure...Ce qu’on m’a sortit ce matin d’un air très sérieux...Alors voilà : soi disant, les parfums féminins tiennent moins longtemps sur les hommes, parce que leurs peaux n’ont pas les hormones féminines, et idem pour les femmes qui portent des parfums pour homme : la tenue est beaucoup plus faible ! Ouiouioui.

Que dire. Euh, oui, peut-être que les parfums évoluent différemment sur peau d’homme ou de femme (mais là encore ce n’est peut-être qu’une impression, on est faussé par l’image physique de la personne...Ou peut-être pas, en fait j’en sais rien). Mais pour la tenue, je vois vraiment pas le rapport. Ensuite, quand vous demandez aux gens "quelles sont les matières premières qui ont un sexe", soit ils vous répondent très bêtement que les fleurs sont pour les parfums féminins (et les choux pour les hommes aussi, non ?), soit ils vous blablatent d’un ton expert que ça se passe "au niveau de l’élaboration de la formule", ouiouioui. Bah oui, parce que quand on trace la médiane entre une formule masculine et une formule féminine, bah on tombe sur un parfum mixte, comme CK One !

Bon, c’est une gentille dame de la quarantaine qui m’a sortie tout ça, parce qu’elle sait que j’aime bien les parfums et que elle, elle est passionnée depuis sa jeunesse (elle s’est présentée à moi tel un guide spirituel lol...). Et elle a un de ces nez ! J’ai jamais vu ça quoi. En sentant Arpège de Lanvin, elle a froncé les narines au dessus de la mouillette avant de me sortir d’un ton expert "mmh..Oui, je sens qu’il y a du patchouli..Sans doute pour cela que j’aime pas !". Je comprends pas trop, il n’y a pas de patchouli dans Arpège, si ? J’aimerais dire qu’elle débloque, mais en fait elle est pas la première à me sortir qu’il y a "du patchouli" dans tel ou tel parfum juste parce que ça sent fort et chargé dans les notes de têtes...

Maintenant j’ai un peu mal aux yeux à force de les avoir levé aux ciel toute la matinée.

D’accord avec dau, on s’en fout pas ! Dites moi que vous avez quelqu’un ! Avec un tel sens de l’humour, vous avez forcément quelqu’un dans votre vie. Moi c’est comme ça que j’ai séduit mon mari, en le faisant rire. Bon, c’est peut-être aussi parce qu’à l’époque j’étais une bombe atomique :p Enfin, disons que c’est comme ça que je l’ai gardé.

Ca y est ! Mon père a fait le grand saut ! Mon papa chéri d’amour c’est un mec un vrai ! Mais il vient de s’acheter... Angel !

Je trouve qu’il est cro fort mon papa !

Voilà un sujet que je n’avais pas encore remarqué et qui est je trouve fort intéressant. Surtout que depuis quelques années, les codes ont changé, avec des parfums unisexes (genre CK One, ou Gaultier 2) puis des parfums femmes à notes dites "masculines", et des parfums hommes à notes dites "féminines". Certains, au rayon hommes sont assez caractéristiques. Prenons A men, de Mugler. Pour un néophites, la différence avec Angel ne saute pas aux narines. Fleur du Mâle de Gaultier, n’a-t-il pas quelque chose d’ultra féminin ? Et Gucci 2 ? Et Dior Homme ? Et PI ? Combien de femmes portent des parfums pour hommes ? Fahrenheit, Kouros, Déclaration, Jaipur... J’en ai même connu une qui portait - très bien - Egoiste.

Il existe, en effet, des codes culturels qui attribuent certains parfums à un sexe plutôt qu’à l’autre. Cependant, ceux-ci sont plus flous, me semble-t-il, que, par exemple, en ceux qui concernent les vêtements. Par exemple, il est assez difficile d’expliquer pourquoi (nom mis à part), Dior Homme est au rayon hommes, et Bandit au rayon femmes.
D’après ce que je vois et ce que je sens, inutile de convaincre les dames de s’essayer à la parfumerie masculine, elles le font déjà sans retenue : je suis sûr d’avoir senti Eau Sauvage plus souvent sur des femmes que sur des hommes.
Aux messieurs qui hésitent à franchir le pas dans l’autre sens, voici ce qu’on pourrait dire :
 Pensez au choix que cela donne !
 Un soupçon de "gender bending", c’est amusant, assez libérateur, et il est possible de porter certains parfums comme "au second degré", ce qui est une autre façon de jouer avec les odeurs.
 La perception que nous avons des parfums n’est pas indépendante des autres signaux sociaux que nous recevons. Indépendamment même des questions de chimie de peau, le même parfum n’est pas perçu de la même façon sur un homme et sur une femme. De même que des expériences ont montré que la couleur d’un vin modifie la façon dont on le goûte, on sent différemment un parfum en fonction de la personne qui le porte. Ainsi, j’ai entendu le commentaire "typiquement masculin" à propos de ... Féminité du Bois sur un homme.
Naturellement, cela ne signifie pas forcément que tout est indifférencié et qu’il n’y a plus ni masculinité ni féminité dans les parfums, mais c’est à chacun d’en dessiner les contours sans se les laisser imposer par les marques.

Oh mon dieu ! Heureusement que la blanquette n’a pas de sexe… ;).

Je n’ai pas envie de contredire pour contredire (même si j’adore ça et puis on est bien là pour débattre !) puisque dans le fond, je pense comme vous ; rien n’est moins sexué qu’un parfum…

mais il existe maintenant une tendance à tout vouloir aplanir, rendre égal, comme une envie de gommer les différences, qui me désole. Il est de bon ton de dire que tout est pareil et que tout se vaut. Oui les hommes et les femmes sont différents. Et, sans vouloir cantonner la femme à une potiche trop cocotée et l’homme a un macho sentant la sueur ou la fougère, j’aime qu’ils soient différents, qu’ils aient des façons différentes d’appréhender et de faire les choses, c’est plus enrichissant ainsi, je trouve. Savez-vous que le chromosome Y est en train de disparaître ? C’est triste, mais dans un futur pas si lointain, on ne se posera plus la question du sexe des parfums, puisqu’il n’y aura plus qu’un seul sexe pour les porter, celui qu’on a longtemps appelé « faible »…Dans un registre moins dramatique, si l’homme était une autre femme, et bien il ne m’intéresserait plus vraiment. Ce que j’aime chez l’homme c’est justement sa différence.

Les membres de sexes opposés doivent ils se parfumer, se vêtir différemment ? Non, aucune obligation à vrai dire...Il a des hommes qui portent très bien la jupe ( il parait que les écossais ne portent pas de slip sous leur kilt…mais c’est encore un de ces trucs culturels ) et certaines femmes (dont je fais partie) cultivent soigneusement leur moustache… :D
La culture n’est pas toujours négative, elle peut élever l’homme, elle peut devenir raffinement, ralliement, appartenance, mémoire, transmission… L’homme (et la femme aussi) est une bête culturelle depuis qu’il a commencé à enterrer ses morts… Difficile de vivre sans...

A Chaque fois que je croise ce sujet, je pense à la chanson
« les filles à la vanille, les garçons au chocolat ».
Puis je me dis, une blanquette de veau, c’est quel sexe ?!?!
Alors, arrive l’histoire du culturel ! Des garçons qui doivent ne pas sentir la cocotte mais doivent sentir l’odeur du travail : la sueur ! Uniquement la sueur !
Puis, il y a les notes de fougère masculines… Et là, Je ris…. Jicky, premier grand parfum vivant, il est de quel sexe ?!?! J’imagine Aimé Guerlain, appelé « Jicky » dans son laboratoire… Et, je me dis que le monde de la parfumerie à bien trouvé son premier né !
Et, Mitsouko, l’odeur de pêche dite « de la femme », portée en son temps par Charlie Chaplin… Je ris, je ris… ce sujet est amusant et subversif !

Puisque vous parlez de Turin, Je crois que ce dernier dit que les parfums n’ont pas de sexe, non ? Il a raison dans l’absolu. Un parfum très poudré comme Baghari par exemple, n’a pas plus de sexe qu’une robe à dentelles, n’empêche que les deux me déconcerteraient porté par mon boucher, (un homme très gentil, par ailleurs). Une odeur, que cela soit celle de la rose, ou celle du vetiver, n’est ni féminine, ni masculine, mais un parfum n’est pas une simple odeur, il est composé et répond à certains codes olfactifs culturels qui se traduisent par des codes de formulation. En d’autres termes, le parfum a une forme et cette dernière est culturellement définie et sexuée. On peut déplorer l’utilisation qu’en a fait le marketing toutefois c’est ainsi. Comme je l’ai dit on peut jouer avec ces codes, et ce même du côté des parfumeurs, un peu à la manière dont Yves St Laurent a utilisé le smoking pour magnifier la féminité. Les codes olfactifs vont certainement considérablement évoluer au cours des prochaines décennies mais néanmoins, il faudrait complètement sortir le parfum de la culture pour le retrouver totalement asexué. (Bon, je me fais un peu l’avocat du diable pour pimenter le débat… ;)

L’histoire nous montre hommes et femmes utilisant les mêmes notes fleuries à travers les siècles : rose, néroli, jasmin… il y a cent ans, ces notes n’avaient pas une connotation strictement féminine, et dans beaucoup de pays du « middle east » elles ne l’ont toujours pas.
Le sexe du parfum est une notion moderne et dans la plupart de cas futile : Luca Turin ne m’en veuille pas, mais en dépit de ce qu’il soutient, la peau elle-même change une fragrance dans la mesure où elle exalte certaines notes, en estompant d’autres. Le parfum « masculin » de mon copain devient tout de suite féminin quand c’est moi qui le porte.
Je partage l’avis de jerryb – l’habilite de certaines maisons de niche est de savoir glisser sur le gendre du parfum : un préconcept marketing (tout comme la liste de notes, le packaging, la couleur du jus) en moins – c’en est autant de gagné pour le consommateur !

Au-delà de la culture, il n’y a pas de notes masculines ou féminines, mais le parfum est un produit culturel. La fougère, emblème de la virilité, est un code olfactif reconnu par tous comme exprimant la masculinité. Cela ne veut pas dire que l’on ne puisse pas jouer de ces codes culturels, les dépasser, ou en faire abstraction, néanmoins ils existent.