- Marque : Aedes de Venustas
- Année : 2015
- Créé par : Alberto Morillas
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Boisée
- Style : Élégant - Sensuel
Bois plus que précieux
par Patrice Revillard, le 30 mars 2015
Bois précieux. Ce terme pompeux, qui veut tout et rien dire, est bien commun en parfumerie. Notamment dans les discours marketing des pyramides olfactives. Et puis, il faut voir ce qu’on nous met dedans pour les rendre précieux, ces bois : souvent des matières à pas cher, qui sentent bien fort, histoire que ça ramone bien et qu’on ait l’impression d’en avoir pour son argent. (Argent... Précieux... vous suivez ?)
Pourtant, ce qui fait quelque chose de précieux, c’est ce qu’il a d’unique, de rare et de beau à la fois. Le véritable luxe, c’est pas le monogramme qu’on affiche sur son sac. Donc pas besoin de sortir la grosse artillerie tapageuse pour les rendre précieux, les bois ! Alberto Morillas tente de nous le prouver en signant Palissandre d’or, le cinquième opus d’Aedes de Venustas.
Si c’est bien un bois qui s’étire de la tête jusqu’au fond du parfum, il est si décortiqué, ciselé, lustré, poli, patiné et verni qu’il laisse planer le doute. Rien n’est laissé au hasard, tout s’enchaine en une mélodie ligneuse parfaitement orchestrée.
L’attaque se fait par l’écorce ; brute, marron et écorchée, elle exalte l’odeur boisée rêche et riche du patchouli et du cèdre, tout hérissés de baies roses et d’épices froides presque pimentées. Puis, peu à peu, on pénètre la chair du bois, allant toujours plus loin. Un voile soyeux de cacao mêlé de notes torréfiées et de céréales saupoudre la trame qui se lisse peu à peu. Un spectre floral, mi fleurs blanches, mi rose, enlace la composition et finit d’amorcer cette patine dans un effet laiteux, doux et suave à souhait. Le cœur s’embrase alors d’une cannelle, attisée par une pointe fumée et ambrée, puis relayée par des baumes justement dosés qui pulsent jusqu’en fond du parfum. Elle est si fondue dans les strates de cellulose du cèdre, du santal et du patchouli qu’elle semble jouer un second rôle, et pourtant c’est elle qui sert de liant et de sève nourricière finissant, par ses aspects les plus épicés, les plus doux et les plus scintillants, de marqueter ce tronc jusqu’à la moelle.
Puis le temps fait son œuvre : tout s’imbrique, se lie en un délicieux sillage androgyne, diffus et soyeux, poudré d’or et confit de quelques fruits secs. Une douce patine pour une précieuse finition sur ce bois massif dans sa matière, ciselé dans son travail et radieux dans son rendu.
Véritablement précieux.
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par Passacaille, le 4 juin 2015 à 12:43
bon je regarde pas en haut, ni en bas....
Après l’avoir testé sur poignet dès la réception de l’échantillon, me voici en train de porter Palissandre d’Or.
Ça démarre direct, bois, bois, bois, on dirait boosté par un poivre lumineux, des baies roses. Très vite on est mis au courant que ya une bonne rasade de patchouli, ni trop terreux, ni trop moisi mais viril le gars. Au passage, comme avec le tout récent Déclaration d’Un Soir Intense, boisé et bien dosé en patchouli, cela râpe un peu à fleur de peau mais avec plus de distance donne une aura superbe et racée ; j’adore cet effet de ressenti très différent près/loin. Le sillage est volumineux sans être imposant ou agressif et chose rare, cela m’a valu une remarque de mon patron ce matin lorsqu’il est entré dans le bureau : "oh mais ça sent bon ici..."
D’ailleurs, en rentrant dans mon bureau j’ai eu une impression fugace mais claire de rose, une belle rose pourpre. Que je ne sens pas sur moi directement... j’ai encore du boulot pour entrainer mon nez :-)
Ensuite la chaleur d’un santal sans trop de lait, j’ai pas un grand amour pour les santals lactés donc c’est cool. Un bel amortis d’ambre, une chaude vanille, des muscs moelleux et point trace de bois ambrés atomiques. En somme de la belle ouvrage, équilibrée et bien en phase avec son nom, palissandre, ce bois brun-rouge veiné de noir, éclairé d’une chaude lumière d’or par les ambres.
De façon plus imagée, je vois un homme, mûr, la chemise largement ouverte, le poil dehors, la peau halée, le genre cinquantenaire, viril mais correct, un peu cliché, mais bon c’est beau aussi les clichés ;-)
https://www.pinterest.com/pin/411094272209725903/
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Un mâle éduqué, raffiné, cultivé, la chemise est de chez Armani, le poil est tondu, la peau dorée au soleil sicilien, les dents propres, polyglotte.... bon en bref il est un peu chiant à la longue, il est beau à regarder mais lassant à vivre, il attire l’œil mais fatigue la vue. On le laisserait pas dormir dans la baignoire mais bon.... c’est viril mais pas sensuel, racé mais pas sexuel. Beau papa va sentir vraiment bon Noël prochain !!! :-))
Je pas encore eu la curiosité de regarder le prix de la chose, ça doit restreindre drastiquement le public, c’est dommage, car enfin si les sorties masculines étaient toutes de cet acabit il ferait bon humer le sillage de banquiers dans les rues de la Défense. Je suis pas conquis mais faut reconnaitre une classe de haut vol à ce Palissandre.
Et pour finir, un grand merci à l’équipe d’auparfum pour m’avoir donné l’occasion de découvrir ce beau boisé. Bisous
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par Jeanne Doré, le 5 juin 2015 à 13:00
Mais de rien, Passacaille, merci à vous pour ce retour très imagé, voire incarné !
par S9, le 3 juin 2015 à 23:57
Par jeu, mais aussi surtout par défi personnel, j’ai pour une fois résisté à l’envie et à la curiosité d’aller lire la critique de ce parfum sur le site, où de consulter sa pyramide olfactive sur internet (si si, je le jure, pas une seule ligne n’a été lue).
Palissandre d’Or : rien que dans son nom, tout est (presque) dit : on aurait donc affaire à un boisé précieux, le palissandre étant un bois exotique provenant d’un arbre de la forêt tropicale de Madagascar et d’Amérique, dont la teinte va du gris au rouge.
L’or quant à lui accentue l’idée de quelque chose de précieux et illumine les tons ocres de sa lumière vive et chaude, avec une pointe de jaune : on est assurément dans des teintes chaudes qui annoncent donc une fragrance opulente et ambrée.
Un bois onéreux qui s’associe au métal le plus emblématique , le plus représentatif des richesses dont l’homme puisse rêver, et qui encore aujourd’hui jouit d’une aura indétrônable, ne serait-ce pas le petit frère du puissant et décadent Bal à Versailles ?
Mes souvenirs de ce dernier sont trop confus pour que je confirme le lien de parenté, mais ce Aedes de Venustas (marque que je ne connais absolument pas) semble bel et bien le cousin de Tam Dao et Habit Rouge réunis, à moins que ce ne soit la version fumée du magnifique Coromandel allié à Mon Parfum Chéri et ses notes d’alcool de prune et de moisi.
Ce n’est pas une pyramide olfactive qui me vient à l’esprit mais davantage un arbre généalogique dans lequel Palissandre d’Or apparaît comme la descendance d’un Diptyque accouplé à un Guerlain.
A moins que ce ne soit Chanel qui ait fauté avec Goutal.
Vous l’aurez compris, je trouve Palissandre d’Or très beau, et j’apprécie son opulence et son caractère bien trempé.
Tour à tour liquoreux, lacté (santal ?), ambré, épicé (cannelle ?) boisé, mais aussi vanillé et fumé dans son évolution, et dont les notes de fond s’évanouissent en prenant leur temps, dans un sourire carnassier.
Un parfum généreux et direct que j’imaginerais bien sur Daniel Craig conduisant une Bentley décapotable, impeccable dans son costume cravate , sûr de lui, conquérant.
Eh oui, un tel parfum ne supportera pas le jogging ou un look débraillé.
Avec un tel nom, un peu de tenue voyons !
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par Jeanne Doré, le 4 juin 2015 à 09:10
Merci beaucoup S9 pour votre retour très détaillé et imagé ! Ravie qu’il vous plaise :)
par Clara Muller, le 1er juin 2015 à 14:45
Bonjour,
Aussitôt reçu, aussitôt testé ! Et je ne suis pas très enthousiaste. Dès les premières secondes j’ai une impression de déjà-senti. C’est un bois, sans aucun doute, mais qui ne m’évoque ni la forêt ni les rondins. Je le trouve très (trop) musqué, piquant plus qu’épicé. Il diffuse presque violemment. Par intermittence je sens un patchouli plutôt doux, pas vraiment terreux. Puis au bout d’une heure l’odeur s’arrondit, s’harmonise et colle plus à la peau, avec un aspect un peu "confis", mais sans devenir pour autant sensuel. Mais me reste ce "déjà-vu" qui me gène. Enfin je crois distinguer une rose, veloutée, presque imperceptible, qui apporte l’originalité que j’attendais, mais de façon si diffuse, que cela ne contrebalance pas ma déception générale.
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par Jeanne Doré, le 4 juin 2015 à 09:08
Merci beaucoup Clara pour votre retour, même mitigé, il a le mérite d’être honnête !
par Tamango, le 30 mai 2015 à 16:10
Bonjour,
Recu en échantillon cette semaine, je teste Palissandre d’or sur peau et j’avoue que pour l’instant j’ai le sentiment de traverser une forêt au départ presque inquiétante. Ses premières notes me troublent car elles m’angoissent. J’attends son évolution pour compléter mon commentaire.
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par Jeanne Doré, le 30 mai 2015 à 17:17
Merci Tamango pour ce premier retour, vous êtes le "preums" de la série "opération Palissandre" :)
Prenez votre temps pour nous livrer la suite de vos ressentis...
Bonne soirée.
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par Tamango, le 30 mai 2015 à 18:03
Ouf ! Enfin sortie de la forêt épineuse et hostile de la Belle au Bois Dormant. J’approche d’une clairière et les bois deviennent rassurants, réconfortants. Je vois des bouleaux à l’écorce ronde et blanche. Je suis bien.
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par Jeanne Doré, le 30 mai 2015 à 19:37
Merci Tamango, on se croirait un peu dans une séance d’hypnose Ericksonnienne :)
Mais ça le mérite d’être explicite et imagé !
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par Tamango, le 30 mai 2015 à 20:27
Oui, Jeanne, vous avez entièrement raison. Cette rencontre à été, comment dirais-je, presque...onirique avec des émotions très fortes, très contrastées. Après la torpeur, j’ai sombré dans un doux réconfort. Du coup, je ne veux pas me réveiller.
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par Tamango, le 30 mai 2015 à 20:35
Alberto Morillas et moi nous sommes nés et avons grandi dans la même ville. Peut -être alors, avons-nous des rêves en commun ?
par palamaman, le 20 mai 2015 à 16:10
Bonjour,
Je suis nouveau sur le site et les critiques m’ont données envie de m’intéresser à l’univers du parfum.
Patrice, votre description est très belle et m’a fait commander un échantillon de ce parfum. Ce parfum est très agréable, je ne vais pas donner de détail car j’en parlerai moins bien que vous.
Malheureusement, il est d’un prix élevé. Pourriez vous me conseiller un parfum plus abordable qui soit dans le même esprit ?
par invité, le 2 mai 2015 à 23:34
Merci Patrice pour ce beau billet. Votre description est pleine de sensations.
par Borneo, le 12 avril 2015 à 21:59
Jolie description Patrice, qui donne envie. J’aime beaucoup cette marque et porte trois de leurs parfums.
Mais c’est fini l’encens au traitement toujours particulier dans cette maison ?
Borneo
par Belle du seigneur, le 2 avril 2015 à 12:14
Merci Patrice pour cette belle critique, j’étais sur le pas de ma porte pour aller le sentir quand j’ai vu qu’il me faudrait attendre encore... Grrr. Dans la description c’est tout ce que j’aime, alors je vais prendre mon mal en patience, prévenez-moi dès que l’on peut le sentir !
Il a l’air sublime.
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par Patrice, le 4 avril 2015 à 22:33
Merci à vous !
N’hésitez pas à revenir nous en toucher deux mots. Peso, le le trouve addictif ce truc. Et je n’ai pas eu un retour négatif à tous les gens à qui je l’ai fait tester. Même des professionnels du domaine l’on trouvé très beau et avec un truc qui fait la différence.
Passacaille
a porté Palissandre d’or le 3 novembre 2015
Youggo
a porté Palissandre d’or le 4 juin 2015
Passacaille
a porté Palissandre d’or le 4 juin 2015
Vesper
a porté Palissandre d’or le 3 juin 2015
Tamango
a porté Palissandre d’or le 30 mai 2015
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