Invitation au voyage, brûlure estivale et campagne sauvage : la revue de sorties parfums #18

La température monte, le soleil brille, et les ponts du mois de mai ont rendu le rythme de vie plus léger. Les dernières sorties parfums font de même, à coups de créations ensoleillées à déguster comme un avant-goût de vacances estivales. Avec ses notes vanillées et crémeuses, Un Été d’Obvious nous offre une réminiscence de l’odeur de « la crème solaire sur la peau après une longue journée à la plage », dans laquelle la parfumeuse Meabh McCurtin a caché un accord thé matcha, derrière des touches lumineuses d’agrumes.
110 euros / 100 ml

Après les récents Electric Cherry – une griotte épicée – et Cherry Smoke – une cerise noire, boisée et cuirée – lancés suite au succès de Lost Cherry, Tom Ford nous propose avec Soleil de feu une interprétation du coucher de soleil – ou, plus poétiquement, de l’astre « en fusion qui descend dans un flamboiement brûlant au-dessus de la mer ». Des fleurs blanches sur un lit de baumes, réveillées par une explosion de cannelle, mais aussi de bois ambrés.
147 euros / 30 ml, 237 euros / 50 ml

Autre motif d’émerveillement esthétique, l’arc-en-ciel a lui aussi son pendant olfactif, plus aérien : avec Steamed Rainbow, inspirée d’un album de Terry Riley (A Rainbow In Curved Air), DS & Durga pense les odeurs en couleurs. Mandarine pour figurer le rouge, élémi pour le jaune, cèdre pour le vert, ou encore « fleur d’amande bleue »… Le résultat évoque l’odeur de la terre humide, d’où s’élève une vapeur musquée et aldéhydée.
180 euros / 50 ml

Si après la pluie d’été vous cherchez à retrouver la chaleur ambiante, Marie Jeanne vous invite à vous plonger dans un jardin ensoleillé. Pour Adèle, le dernier né de la maison grassoise dans la collection « Héritage », Alexis Dadier associe « la douceur poudrée de l’iris et le vert du galbanum » dans une « eau fraîche » aux accents de cologne.
105 euros / 100 ml

Entre chaud et froid, Bon parfumeur n’a pas voulu choisir : de son dernier né, 803, la marque vante le « caractère ardent sous la glace ». Une réinterprétation du patchouli à l’ouverture anisée, accompagnée d’épices fraîches (baies roses, genièvre, gingembre), mais aussi de notes iodées, qui nous invitent à prendre le large.
27 euros / 15 ml, 42 euros / 30 ml, 85 euros / 100 ml

C’est sur les flots de la mer ionienne que vogue Ulysse, cherchant à rejoindre son Ithaque natale. Cette île grecque a inspiré Memo qui lui voue sa dernière création de la collection des « Graines vagabondes ». Après la brise hespéridée, la parfumeuse Marypierre Julien a « célébré la mémoire émotionnelle des retrouvailles » autour d’une dégustation de fruits rouges acidulés, sur un fond boisé plus conventionnel.
230 euros / 75 ml, en exclusivité à la boutique parisienne de la rue Cambon et à Hong Kong.

Caron nous convie également en voyage avec Belle de Niassa, par laquelle le parfumeur maison Jean Jacques « offre pour la première fois en parfumerie un rôle-titre à la fleur d’acajou ». Pour la reconstruire, il a employé des absolues de jasmin et d’ylang ylang, arrondies d’un accord de fruit exotique. Le résultat ? Un floral blanc propre et musqué, avec des facettes de fruits jaunes, dans une écriture lisible.
135 euros / 30 ml, 175 euros / 50 ml, 245 euros / 100 ml

Restons dans les forêts tropicales avec Bambou, nouveau chapitre de la collection « Fraîcheur » de Molinard qui nous promet des « notes végétales et exotiques », entre cardamome, gingembre, basilic, bambou (donc) et fond boisé. L’ensemble est vert, avec quelques facettes de fruits d’eau et de thé, dans une jolie simplicité et à un tarif tout à fait honnête.
69 euros / 75 ml

Si Osmanthe Liu Yuan trouve lui aussi son inspiration dans les contrées lointaines qui lui donne son nom (le jardin Liu Yuan se situe à Suzhou en Chine), c’est finalement de son « enfance provençale » que Maxence Moutte s’est souvenu pour cette dernière création du Jardin retrouvé – qui fait suite à une bougie du même nom qu’il avait composée un peu plus tôt. Un osmanthus abricoté, cuiré et musqué, qui renforcerait, nous promet-on, « les sentiments de bonheur et d’enchantement », selon des études menées avec Givaudan.
42 euros / 15 ml, 98 euros / 50 ml

Le sol provençal est également foulé par L’Occitane pour une édition limitée de sa Verveine, en version Fleur de carotte, qui elle aussi « ressource par sa douceur légère et joyeuse ». Si la verveine originelle règne toujours en maître avec ses atours à la fois verts, aromatiques et acidulés, elle est réchauffée par des notes boisées légères. La tenue est légère, mais le tarif l’est aussi : quelques sprays dans la journée assureront donc la jolie fraîcheur de cette « senteur sauvage et herbacée ».
56 euros / 100 ml, disponible dès le 5 juillet 2023

Une autre « nature sauvage » constitue le territoire d’inspiration de la toute nouvelle collection en édition limitée de Jo Malone : celle des Highlands écossais. Quatre colognes en célèbrent la beauté : Melancholy Thistle dresse le tableau d’un château abandonné entouré de chardons avec « un parfum aromatique boisé renforcé par une note minérale » ; dans Highland Heather, c’est la brume matinale qu’évoquent lavande, cyprès et ambre. Notre préférence va à Wild Achillea, un vert naturaliste, presque amer, qui révèle « des bouquets dorés d’achillées sauvages qui encerclent des ruines isolées » ; et à Mallow On The Moor de Yann Vasnier où les fleurs de mauve côtoient un héliotrope poudré, musqué, que l’on pourrait presque butiner.
65 euros / 30 ml

Restons au Royaume-Uni, mais dans un lieu plus policé : le Flower Market de Covent Garden à Londres, ville d’où est originaire la maison Thameen. Pour Fanfare, Bruno Jovanovic a composé un « accord Flower Market  », qu’il a habillé de notes hespéridées, d’un accord vermouth, de vétiver et de patchouli. Comme un bonbon acidulé, qui persiste sur un fond musqué et boisé.
270 euros /50 ml

Si vous cherchez de jolies fleurs, vous les trouverez également chez Dusita. Pissara Umavijani a imaginé une création en souvenir du moment où elle a décidé de devenir parfumeuse, assise au milieu des roses du Parc de Bagatelle à Paris. C’est donc la « reine des fleurs » – ce que signifie le nom du parfum, Rosarine, en thaï – qu’elle a mis au centre de cette composition, en se focalisant sur ses facettes fruitées et épicées plutôt que vertes et terreuses. On y sent ainsi une rose confite, entourée de fleurs et de fruits, de musc, de patchouli et de baumes, rappelant la tradition des grands chypres majestueux.
150 euros / 50 ml, 220 euros / 100 ml

La même fleur est au cœur de la dernière création d’Aedes de Venustas, Amnesia Rose, du nom d’une variété au coloris pâle, tirant sur le sépia. Elle est cette fois-ci traitée par Luca Maffei dans une ambiance « vintage », « comme si l’on soufflait la poussière qui tapisse grand vin rouge ». Dans la veine d’un Portrait of a lady, l’ensemble est épicé, boisé, porté par l’oud et l’encens – et ne se fait pas oublier.
205 euros / 100 ml

S’il est aussi question d’encens dans Search d’Amouage, c’est dans un mariage plus inattendu avec des notes citronnées. L’agrume se fait éclatant, métallique, et persiste au milieu de la fumée qui « s’élève et s’écrase en vagues de cade brûlé, de bois de gaïac épicé et de vétiver incandescent ». Entre ombre et lumière, le parfumeur Alexis Grugeon capture l’essence de ceux qui « combattent leur obscurité intérieure pour accomplir leur soi ».
345 euros / 100 ml

Les agrumes sont aussi au centre de la dernière composition d’Aqua di Parma, qui rend hommage avec son édition limitée Arancia la Spugnatura à cette méthode d’extraction artisanale consistant à frotter leur écorce avec une éponge de mer, que l’on pressera ensuite pour recueillir l’élixir. Le résultat, naturaliste, est à la fois juteux, amer et légèrement iodé.
170 euros / 100ml