Iris Ukiyoe
Hermès - Les Hermessences
Iris à l’eau
par Jeanne Doré, le 10 novembre 2010
Accros à Dior Homme, fétichistes d’Iris Silver Mist et autres dingos de Chanel N°19, prenez garde avant de fourrer votre nez dans la dernière Hermessence.
Iris Ukiyoé n’est pas un iris comme vous avez l’habitude de le sentir dans les parfums qui disent en contenir, car comme vous le savez (tous, ou presque), c’est en général du beurre d’iris dont on parle, obtenu à partir du rizhome, à l’odeur intense, crémeuse et poudrée de violette, et qui constitue une des matières naturelles les plus onéreuses de la palette du parfumeur.
Mais comme Jean-Claude Ellena ne fait rien comme tout le monde, (et puis la racine de l’iris, il a déjà joué avec dans Paprika Brasil, et pour The Different Company avec Bois d’’iris), c’est à la fleur qu’il intéresse ici, en l’esquissant, à grands coups de pinceaux détrempés, grâce sa boîte magique d’aquarelle olfactive.
Dire d’Iris Ukiyoé que c’est un parfum impressionniste est un euphémisme, car il est plus que jamais composé de ces petites touches de couleur pastel qui se juxtaposent sans jamais vraiment se rejoindre, et qui pourtant rendent plus vrai que nature une odeur palpable.
Le départ fait jaillir un zeste de mandarine juteux, amer et légèrement grinçant, qui s’efface doucement pour laisse s’imposer une grande ombre verte et végétale, à la fois florale (la rose et la fleur d’oranger lui donnant un petit air de produit pour bébé) et presque de l’ordre du légume cru et vert (connaissez-vous l’edamame, cette fève de soja japonaise, entre haricot et petit pois ?).
On est définitivement dans la nature, au grand air, le vent balaye les arbres, et pas loin, une source d’eau, pas forcément la mer, plutôt une rivière avec des pierres grises, dans laquelle trempent de longues plantes aquatiques aux longues tiges molles gorgées de sève. Cette végétation humide ne serait pas si évidente si elle n’était pas relevée d’une petite touche épicée, légèrement poivrée, qui vient faire le lien avec l’autre dimension du parfum, plus inattendue, et pourtant complémentaire : un effet gras, baumé de beurre de cacao, jamais gourmand, mais qui ajoute une note chaude et organique dans ce décor tout en transparence aérienne et aqueuse. L’iris est bien là, sa fleur mauve et fragile nous délivre son parfum caché par de petites respirations fugaces.
La contrepartie, vous l’aurez deviné, c’est cette subtilité au delà du minimaliste qui ne plaira pas à ceux qui aiment les parfums joyeux qui virevoltent autour d’eux (comme le préconise très honnêtement Sixtine sur son blog « à vaporiser très abondamment pour avoir un sillage »). C’est encore une fois un exercice de style, jouant le registre de l’équilibre fragile et de l’ultra transparence, mais qui, je le conçois, risque de décevoir, voire d’en énerver certains.
Iris Ukiyoé est un parfum curieux et plutôt austère, pour ceux qui, à l’instar des Japonais, veulent garder leur odeur pour eux mêmes, ne pas l’imposer ou la partager avec les autres. Mais lorsque quelqu’un vous dira "vous portez la dernière Hermessence ?", là, vous pourrez au moins vous dire que vous avez trouvé un ami.
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par Jeanne Doré, le 24 novembre 2010 à 23:04
Poivre Bleu, j’aime bien ce genre de "coup de gueule", et je ne peux que m’incliner car si ma critique semble finalement plutôt clémente, à l’heure où je l’ai écrite, je ne savais pas encore trop encore si je me rangeais ou pas parmi les "agacés" cités à la fin ... ;)
En fait, je trouve que cet Iris Ukiyoé est beau dans le genre exercice de style, mais pour autant pas forcément réussi pour un parfum qui va se vendre en magasin (à un certain prix, en l’occurence) et être porté par des vrais gens, qu’ils connaissent, aiment ou pas JCE.
C’est la grosse limite de cette Hermessence, qui devrait appartenir en effet à une autre catégorie encore, les "Ellenessences", spécialement créées pour les blogueurs, qui ne se vendraient pas, ne se porteraient pas, mais seraient juste là pour nous faires jaser ? ;)
Dau, je n’ai pas vu ce documentaire, mais on m’a raconté, ça a l’air génial !
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par Poivrebleu, le 19 décembre 2010 à 21:36
En retard je suis, mais je tenais à vous dire merci tout de même ! Il me semble important de pouvoir s’exprimer réellement sur des sujets comme ceux là. Merci de nous en donnez l’occasion.
Et je suis d’accord sur le dernier point : ces parfums sont des exercices de styles à sentir juste pour le plaisir. Mais on ne devrait pas avoir à payer 170 euros pour le faire. Et puis très franchement, je ne sais pas si j’aurais plus de respect pour cette création si elle était donnée à sentir de façon moins onéreuse. Il faut certes tenter de comprendre un parfum par rapport aux personnes qui vont le porter, mais aussi dans son ensemble, pour lui-même. Enfin, il me semble, après je peux me tromper.
par eh-andy, le 22 novembre 2010 à 16:01
Dau, PoivreBleu, je ne puis que me joindre à vous en ce qui concerne la critique, pas si méchante au fond, adressée au travail de Jean-Claude Ellena, même si ma sympathie pour lui m’amène à préciser au sort que l’on donne à son travail (Iris Ukiyoe aurait sûrement fait une charmante cologne, et peut-être ailleurs que chez Hermès..). Je nuancerai quand même la critique de "Voyage". Ce dernier, à part un problème de tenue, n’est pas dénué d’une petite identité à lui. J’ai appris à l’apprivoiser. Même si pour l’instant, le meilleur Ellena pour moi reste Terre, ou Ambre extreme pour l’artisan..
J’espère qu’Hermès nous entendra : on veut un nouveau Ellena, mais nouveau cette fois, et surtout, puissant !
par dau, le 22 novembre 2010 à 14:37
Avez-vous vu The September Issue ?
Pendant tout le film, A Wintour gère les équipes du Vogue US d’une main de fer et la très créative et talentueuse G Coddington, créative en diable, n’arrête pas de râler parce qu’on coupe ses photos (magnifiques) et qu’on l’empêche de choisir tous les vêtements qu’elle aimerait voir dans Vogue etc. A la fin, elle admet pourtant que le magasine est bon grâce à la Wintour et qu’elle a besoin d’être éditée. Et par éditée, on comprend encadrée, coupée, aiguillée, dirigée etc. Elle admet que le magasine est bon grâce à la Wintour et que sans elle il n’y aurait pas de Vogue, que personne ne verrait son travail qui donc ne servirait à rien, et qu’elle n’aurait d’ailleurs plus de budget pour faire les photos qu’elle veut.
C’est peut-être ça le problème de JCE chez Hermès : on lui laisse trop faire ce qu’il veut et les hermèssences sont des essais de labo, très joli et poétique, qui aurait du rester des essais et ne pas sortir dans le commerce. (et surtout pas à ce prix-là) Comme beaucoup de créatifs, il a peut-être besoin d’être édité.
J’aime bien son travail, mais pour rien au monde je n’investirais dans un parfum à ce point dépourvu de sillage et de tenue pour ces prix-là. (Les premiers, il n’osait peut-être pas se lâcher complètement, c’est donc plus raisonnable … bien qu’entre son Ambre Extrême pour l’Artisan et l’Ambre Narguilé, même si c’est diffèrent, …) ce qu’il a le mieux réussi chez Hermès, je trouve, dans le genre évanescent qu’il affectionne, que ce sont les colognes bien plus raisonnables en termes de pris et aussi tenace et même plus qu’un brin de réglisse par exemple… Peut-être qu’Ellena aurait du se faire embaucher chez Roger & Gallet en fait ? (mon dieu, c’est un fan qui dit ça !)
Je pense que c’est en partie notre faute à tous, qui avons mis certains nez sur un piédestal, les faisant parfois passer avant la marque, réclamant de la liberté de création pour eux… Et aussi faisant le succès de la chose rare, étant prêt à pardonner beaucoup plus à de la niche qu’à du mainstream avec une partialité parfois flagrante. (Admettons qu’il nous arrive d’être snob) Nous avons peut-être crée des monstres ?
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par etiennesuper, le 27 novembre 2010 à 13:16
Dau, je ne suis pas dans le secret des dieux mais il me semble que JC Ellena, s’il bénéficie d’une plus grande liberté que la majorité de ses confrères parfumeurs, est tout de même encadré chez Hermès. Il y a une Direction Générale Parfums (et même des équipes marketing) chez Hermès. C’est elle qui définit les thèmes et c’est ensuite au parfumeur de les interpréter mais la Direction Générale donne son avis. Le parfum se nourrit d’un dialogue mais, dieu merci, le parfumeur n’est pas soumis aux commentaires stupides d’un "Chef de Produit Junior" qui n’a aucune connaissance solide en parfums ou à une ribambelle de tests consommateurs qui aplanissent les créations. D’après ce que j’ai entendu, JC Ellena ne supportait plus ce genre de dérives et tant mieux si Hermès lui a donné la chance et les moyens de créer des parfums plus personnels. Concernant les Hermessence, là je crois qu’il a vraiment entière liberté car il n’y a pas d’impératifs commerciaux à la clé. Disons pour être grossier que pour un Terre d’Hermès qui fait "tourner la baraque" on lui fiche une paix royale sur une ligne comme les Hermessence qui sont juste une très belle vitrine pour la maison... Enfin concernant le prix des Hermessence, ce n’est sûrement pas JC Ellena qui les fixe et on peut effectivement s’interroger sur le "rapport qualité prix" de la collection. La qualité intrinsèque des formules me semble en effet proche de celle des parfums à plus grande diffusion (la qualité d’un Terre d’Hermès, pour prendre leur parfum leader, étant, elle même, très au dessus de la moyenne du marché mainstream). Outre le caractère exclusif, on achète surtout la "quintessence du style Ellena" (avec ses qualités et ses défauts) quand on craque pour une Hermessence. Ca n’a rien de "raisonnable", c’est un "coup de coeur" ! PS : concernant The September Issue, c’est un documentaire passionnant en effet, pas trop complaisant vis à vis d’Anna Wintour mais c’est sans Grace Coddington il n’y aurait pas eu de Vogue non plus ! Quel caractère, quelle beauté et quelle classe ! Anna Wintour a l’air d’une mère supérieure à côté...
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par dau, le 27 novembre 2010 à 16:57
Je parlais juste des Hermèssences. Bien sûr que pour le reste, il est plus "tenu" par le marché et que ça n’a pas cet aspect "essai pour me faire plaisir dans mon labo." Heureusement !
par Jicky, le 21 novembre 2010 à 00:14
Oui, ça par contre c’est se f**tre de la g***le du monde. Surtout quand on connait le prix que ça leur coute un flacon. Mais comme beaucoup de monde s’accorde à le dire, un parfum exclusif à 60€, ça démystifie l’affaire —’
J’aime bien l’image du "parfum goutte d’eau qui fait déborder le vase", c’est vrai que je considère Voyage comme ça ^^
Mais je me souviens que "dans mes débuts", Ellena, c’est le premier parfumeur dont j’ai retenu la patte, et dont je suis capable d’identifier presque toutes les créations (dans le sens "ça c’est un Ellena" "ça, nan"). Ironie du sort, j’arrive à bien reconnaitre les Roudnitska...
Voila, sinon j’ai mon échantillon de 4 ml et pour ainsi dire, ça me suffit assez largement... Mais il n’empêche que je suis vraiment fan :D !
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par miroulette, le 21 novembre 2010 à 13:41
Poivrebleu, bravo d’avoir osé écrire ce que certains pensent et n’osent exprimer. Il y a deux mois j’aurais pu poster un coup de gueule similaire au tien, j’étais exactement dans cet état d’esprit, j’en avais ras le bol qu’on me rabatte les oreilles et les yeux avec les parfums inconsistants d’Elena et de sa fille. J’ai senti the different company et je n’ai rien ressenti, aucune émotion. Et puis j’ai découvert qu’il était le créateur de jardin sur le Nil que j’ai porté et beaucoup aimé. Par curiosité j’ai été découvrir les Hermessences dont je lisais tant de critiques élogieuses, je me suis appliquée,j’ai senti, re-senti, j’ai demandé des échantillons. J’étais très dubitative. Rose Ikebana pour moi ne sent rien, je suis totalement anosmique. Et puis, il y en a trois qui ont éveillé mon intérêt : ambre narguilé qui sent le rhum Négrita (souvenir de mon enfance), vanille galante qui évoque le sucre impalpable (merci Jeanne d’avoir mis des mots sur des sensations) et Iris Ukiyoé qui a une odeur fleurie et aquatique assez perceptible que je trouve moins plat que d’autres Elena. Malgré mes réticences j’ai néanmoins décidé d’acquérir 4 hermessences. J’en ai trois en tête mais pour la quatrième je ne sais vraiment pas. Pour moi, les autres sont trop evanescentes. Je prendrai sans doute deux ambre narguilé.
Voilà je suis en grande partie d’accord avec toi Poivrebleu et bravo d’avoir osé l’écrire. Moi, quand je suis devant un parfum que je ne connais pas et qu’on me dit que c’est un elena, j’ai tendance à me détourner pour essayer des parfums plus intéressants.
Je suis relativement insensible à ses exercices de style.
par Phoebus, le 20 novembre 2010 à 18:03
Après deux avis aussi contrastés qu’extremistes, j’ai l’impression d’être un planqué avec mon deux étoiles...
Bon, alors en fait moi je suis un peu comme poivrebleu, Ellena et moi on est pas fait pour s’entendre...Des parfums fragiles, évanescents, transparents, ça peut être bien, mais pas tout le temps bon sang.
Idem pour le concept : la fleur plutôt que le rhizome, je trouvais ça intéressant...Et au final j’ai été déçu...Je ne m’attendais pourtant à rien de particulier hein, mais c’est juste que quand j’ai sentit cet Iris, j’ai pensé "ça sent Ellena" plutôt que "ça sent l’Iris mouillé". (je tiens Voyage d’Hermès en horreur pour cette raison...).
Mais après, en soi, ça ne sent pas mauvais, c’est même agréable et duveteux...Ce n’est pas nécessairement aussi signé que certains le disent, à mon avis, mais parmi les Hermessence, elle se distingue, ça c’est sûr.
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par Poivrebleu, le 20 novembre 2010 à 19:29
Bonjour Jicky et Pheobus, je vous réponds l’un après l’autre dans le même message.
@Jicky : Bon, j’ai essayé de pas être trop méchante, mais pour tout dire, je ne sais pas mentir alors bon. J’ai pourtant réfléchi longuement sur ce parfum, mais je ne me voyais pas dire autre chose. Je suis d’accord avec toi sur un point, le style Ellena : on y adhère ou on y adhère pas. Personnellement, ce n’est pas une patte qui me touche. Mais il y a plein de ses parfums que j’adore, et pleins qui ne me disent rien. Résultat, c’est quelqu’un dont je découvre les créations toujours avec un peu de recul, puisque mon affectif rentre assez peu en jeu. Je comprends très bien que l’on puisse être amoureux de ses créations, mais Iris Ukiyoé, même s’il est novateur dans un sens est le parfum-goutte-d’eau qui fait déborder le vase. Trop, trop, trop, trop de pas assez. Il serait vraiment temps de faire autre chose.
@Pheobus : Carrément d’accord pour le "ça sent Ellena" ! On se rend compte sur cet exemple à quel point le style du parfumeur cannibalise la création. D’un autre côté, ça prouve que sa patte est puissante... Comme je l’ai dit et comme tu l’as rappelé : au moins on le retient. Après, pour le porter c’est une autre histoire, si c’est pour faire de la figuration pendant 5 minutes, autant dépense 170 euros dans autre chose, parce que là, franchement, c’est un scandale.
par Le Nez Bavard, le 20 novembre 2010 à 15:31
Moi je vais plonger à fond dans ce que tu évoques à la fin Jeanne : je suis profondément agacée. J’avais l’intention de faire un billet complet pour expliquer ma position, mais le débat qui vient d’avoir lieu sur mon blog à propos des blogers qui écrivent tous sur les même lancements m’a fait remballer mes ambitions (4 billets déjà sur ce parfum).
Donc je m’exprime ici ! Mais c’est aussi bien sur Auparfum !
Bref, Iris Ukiyoé c’est pas possible. Vraiment. Oui, Jean-Claude Ellena est un homme ô combien talentueux qui nous a donné à sentir des créations magnifiques. Pour ma part, je n’ai jamais été profondément émue par sa parfumerie que je trouve trop désincarnée (sauf dans Déclaration), mais j’ai toujours admiré la beauté de ses créations et son savoir-faire. Inutile de revenir sur son aptitude à tirer les bons fils au bons endroits pour obtenir un magnifique rendu de matière et de pureté. Là n’est pas la question, j’admire et respecte Monsieur Ellena, au même titre que tous les grands noms de cette industrie.
Mais Iris Ukiyoé est l’archétype de tous les défauts de ce style : un parfum qui n’en est pas un, une évocation terriblement furtive, qui ne tient pas et émeut aussi peu de temps qu’il en faut pour le dire. C’est un parfum de paresse, et ce n’est pas le premier : Voyage aussi était une resucée de "tout ce que Monsieur Ellena aime", éclairci et remis dans un magnifique flacon, avec une communication à pleurer. Je pense que Hermès voulait lui aussi son Déclaration et qu’il l’a eu. Le parfum est beau et agréable à porter, mais il ne surprend pas, et surtout reprend trop de codes Ellena, de matières Ellena, de rendus Ellena...
Dans le cas d’Iris Ukiyoé, le parti de vouloir évoquer la fleur plus que le rhizome est une bonne idée, mais à l’arrivée franchement, on se dit qu’on aurait mieux fait de rester chez soi. Techniquement, ce parfum est bien fait, mais les matières utilisées sont froides, lisses, inexpressives et le résultat est dans la même veine : froid, lisse et inexpressif. Et si Monsieur Ellena a réussi à éviter dans ces précédentes créations, à ne pas franchir de justesse cette limite, elle est aujourd’hui franchie pour moi. Uris Ukiyoé est une belle mandarine, une fleur mouillée et puis... c’est tout. C’est bourré d’hédione, de notes aqueuses (qui apportent pour moi cet effet gras) et d’un peu de muscs pour enrober le tout. Mais concrètement on ne parle de rien. A sentir à l’aveugle (sans marque ni flacon), les avis seraient différents je pense. Je lui concède cependant une chose : le fait d’être reconnaissable. La note est assez bien construite pour ne pas s’oublier. Cela dit, je la range plutôt dans un mauvais coin de ma tête, parce que je l’associe à d’autres type de produits qui ne se marient pas très bien avec les Hermessences.
Et d’ailleurs, pour finir, ou est l’essence dans cet opus ? Ou est le travail de la matière ? Ou est la matière tout court ? Il serait peut-être temps de revenir à un peu plus de consistance et d’évocation terrestre. L’esprit et le concept de ce parfum sont louables et intéressants. Mais je trouve cela un peu facile se cacher derrière la recherche de l’évanescence. Il peut y avoir autre chose que de l’évanescence, de l’instantané, de la transparence et du fugace. A trop vouloir être insaisissable et transparent on fini par disparaître.
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par Jicky, le 20 novembre 2010 à 17:06
Eh beh mon vieux ! T’y vas pas de main morte !
1ère réaction : ah mais c’est sûr, Voyage ne sert strictement à rien. C’est un TuttiEllena, une sorte de best of du parfumeur, avec au final pas beaucoup d’âme...
Par contre, c’est vrai qu’être touché par son style, c’est autre chose. C’est limite polarisant. Parce qu’en soit, oui, on est tous d’accord pour dire que c’est beau, bien fait et de qualité. Mais je comprend : Jean-Claude, je veux pas être méchant, mais parfois tu gonfles. Voila, c’est cash, un peu méchant, mais c’est plutôt une petite piqure de rappel. Mais mince, on demande pas forcément un néo MKK, mais quand même, c’est vrai que parfois, c’est trop lisse, trop pure. Par exemple, celui qui sent vraiment bon, mais que je peux pas saquer, c’est Angélique Sous La Pluie : mais arkkkkk !!! Du muscs ! De la civette, du santal ! Vade retro notae aequeusa !!!
Cependant, je trouve qu’Iris Ukiyoé renove en même temps son style un peu répétitif. La note aqueuse toute douce, ronde, pure, est magnfifique ! Je suis incapable de sentir l’hédione et toute la clique, mais c’est vrai que sentir à l’aveugle est une bonne idée. C’est ce que je fais en fait : je pschit, je met dans une pochette, et le soir, je demande à ma soeur de 8 ans de sortir, de rien lire, de me tendre juste la mouillette au nez (j’ai les yeux bandés par une écharpe ou un truc dans le genre), puis je dis mes idées, ce à quoi ça me fait penser. C’est comme ça que ça m’évite d’avoir mes pré-idées "celui là je me sens obligé de l’aimer" "celui là je dois pas l’aimer".
Et reellement, Iris Ukiyoé au début j’étais pas fan, pas tant pour le côté froid (sur moi il est tellement duveteux, que je pas le qualifier de froid, mais je comprend), je le trouvais trop dilué. Puis je l’ai porté, senti, senti, ressenti, puis tout plein d’images me sont venues. Et tout.
A trop vouloir être insaisissable et transparent on fini par disparaître
Là par contre j’approuve totalement, mais pour le coup, j’attend de voir vraiment la suite, car je ne vois vraiment par Hermès sortir sa 17ème Hermessence. JCE va s’essoufler surement, et alors on verra !
Vive l’odorat
par Jicky, le 19 novembre 2010 à 19:44
Voila, je voulais absolument finir l’article sur notre blog avant de poster sur auparfum (on part du principe qu’on évite l’énumération de ce que l’on sent, mais on fait plus une histoire ^^), mais je tiens à poster aussi sur auparfum !
Déjà, un petit mot sur le projet, sur le parfum. Jean-Claude Ellena, c’est un eu à double tranchant : tu es plus ou moins persuadé d’avoir une composition cohérente, de bonne facture et intéressante ; mais bon, par moment t’as envie de lui "Eh oh coco ! la composition épurée, et tout le tra la la y’a pas que ça !".
Alors en ce moment, je suis dans ma période iris ! Surtout Iris Silver Mist, L’Heure Promise, Iris 39 et tout... Sauf que dès que j’ai vu la fleur d’iris, j’ai eu un blanc avec moi-même : heu, okkkkkkk, et c’est censé sentir quoi ? Parce que depuis tout petit, je suis à côté d’iris (le jardin de mon père :D), puis à part une vague odeur verte, un peu éthérée, je n’ai jamais senti de vrai parfum pour l’iris.
Selon Jean-Claude Ellena, et son Iris Ukiyoé, il faut d’abord du pep’s !D’accord, c’est vous le chef je vous suis. Je met sur mon poignet. Bien. Je n’ai qu’un mot en tête : vitamine C effervescente. C’est de la mandarine, ça je le sais, mais j’ai envie de dire : non, l’iris n’a pas du tout ce piquant naturel. Et c’est un peu la seule fausse note qu’il y a dans le parfum et ... tant mieux ! Car sinon, c’est vrai que le tableau final aurait été fadasse et sans aucune personnalité. Trop fort JC !
Puis, c’est ensuite que vient l’odeur de l’iris. Mon Dieu, c’est tellement ça. Et ça sent tellement... juste ! Oui ! C’est vraiment merveilleusement bien accordé. Bon, alors les plus forts disent que y’a de la rose, de la fleur d’oranger et tout. Ca j’en sais rien et en même temps, tant mieux encore ! Car j’aime cette abstraction. Tout y est fait un peu comme le muguet de Diorissimo (comme le souligne Ambre Gris) : l’odeur de la fleur est reproduite avec cependant presque aucune note discernable.
Au tout début, en revanche, j’avoue ne pas avoir été fan du tout. Le problème ? La note aqueuse. Car là, il y a réellement de l’eau !Mais aucune note salée, une note d’eau pure et ronde qui me rappelait trop l’expression de Phoebus : "tout est dilué". Oui, au début, on a l’impression que JCE a mis un peu trop d’eau sur sa palette d’aquarelle. Mais... aujourd’hui j’adore ! Iris Ukiyoé est ma Badoit. Une note d’eau magnifique, peut être ma préférée à ce jour (j’ai jamais été amoureux des parfums marins).
D’autant plus que j’avais lu avec étonnement "une note chocolat". J’avais ri un peu : JCE emploit du chocolat pour un parfum à l’iris ! Et la cueilleuse emballe la concrète de tubéreuse aec du papier d’alu... mais bien sûr !
Sauf que depuis 2 jours... je ne sens que lui ! C’est fou ! Mais cependant, c’est assez fugace comme sensation. Car oui, le côté crémeux, amer du chocolat est contrebalancé par l’accord aqueux du reste de la composition.
Donc toute cette partie un peu brouillon s’apparenterais au coeur. Car le fond a des odeurs beaucoup plus évocatrices. Le dliuage reste, mais devient un peu plus sec, comme s’il s’évaporait fac à une lampe chaude. Et demeure l’odeur. THE odeur : l’odeur du textile. Iris Ukiyoé sent la douceur d’un plaid (orange) en laine, tout doux et caressant, un peu chaud. Très réconfortant, avec notion complétement régressive. Un régal pour le nez, Ô combien agréable pour l’entourage (je leur ai fait pas mal de tests de nouveautés et autres ces derniers jours ^^).
Un parfum... étrange au final dans sa simplicité.
Un parfum à plusieurs degrés de compréhension
par Jeanne Doré, le 14 novembre 2010 à 21:20
Schlimmelmann, si vous aimez le sillage d’AMbre Narguile, qui est sûrement le plus diffusif des Hermessences, vous risquez d’être un peu déçu avec celui là. Mais certains le sentent plus que moi, alors à essayer tout de même !
Romain, merci pour ce portrait olfactif et coloré ! un vrai Ukiyoé parfumé !
par RomainB, le 11 novembre 2010 à 14:18
Je la remets ici :
Un monde flottant dessiné à l’aquarelle.
Une fleur d’iris épurée dans un violet dilué, une beauté gracile et fragile. Elle se reflète dans l’eau ondoyante d’un lac au cœur d’un jardin japonais.
Un haiku dit par une geisha.
La geisha en question à la peau couleur de neige, aux lèvres rouges et regard mystérieux est revêtue d’un kimono de soie aux motifs aquatiques, de magnifiques nénuphars à peine éclos sur lesquels des perles de rosée brillent au premier rayon du soleil. Des petits poissons nages tranquillement dans ce décor aquatique. La geisha est debout face au lac au milieu de ce jardin aux formes épurées, elle nous tourne le dos puis dans un mouvement lent tourne la tête et nous regarde, dans ses yeux se reflète toute la grâce et la beauté de ce monde entre ciel et terre qui l’entoure. Elle tient dans la main une fleur d’iris mauve qu’elle porte à son nez. Une brise se lève, agitant les iris au bord du lac dans un léger bruissement. Le parfum subtil et évanescent se mêle à l’odeur de l’eau. La geisha ferme les yeux, le temps s’arrête. Lentement elle s’allonge sur la pierre noire au bord du lac et laisse glisser sa main dans l’eau fraîche. Un rayon de soleil apparait, le parfum se réchauffe lentement, s’évapore. Les couleurs se floues se mélange dans une aquarelle de bleu et de violet qui s’estompe pour finir par disparaitre.
Un sentiment de légèreté, de zen, d’harmonie. Un léger sourire aux lèvres. Ce conte éphémère, d’une grande poésie, est pour ma mon hermessence préféré. Un air d’innocence et de douceur, rassurant.
Un conte à aimer, un conte à partager.
L’art de Jean-Claude Ellena, de faire naitre de la simplicité et de l’épure, une complexité étonnante. L’art de nous mener par le bout du nez.
par schlimmelmann, le 10 novembre 2010 à 11:32
Ukiyoé est un bel adjectif pour cet iris. On comprend très bien cette transparence, cette fragilité dont vous parlez. On comprend aussi qu’il s’agit d’une odeur discrète et presque introspective.
J’ai porté Paprika Brasil l’été dernier, et Osmanthe Yunnan et Un jardin sur le Nil un peu avant. Ils sont très bons, mais un peu trop discrets. (En revanche, je suis amoureux d’Ambre Narguilé, que j’ai acheté déjà plusieurs fois, et son sillage est toujours présent.) Je me parfume pour me faire plaisir, et j’aime sentir l’odeur que j’ai choisi quand même.
Vous déconseillerez cette gravure japonaise dans ce cas-là ?
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