Brume de lumière
par Jeanne Doré, le 20 juin 2017
Après une première vie à Paris au sein des équipes marketing d’Armani et de Viktor & Rolf, Frank Salzwedel part à New York pour devenir artiste peintre et consultant. Il lancera finalement sa propre marque en 2015, Elisire, qu’il voit comme une connexion entre ses tableaux, des monochromes en dégradés - que l’on retrouve d’ailleurs sur ses flacons - et sa passion, la parfumerie.
Elisire incarne parfaitement cette nouvelle génération de parfumerie de niche imaginée par des anciens de l’industrie, habitués à travailler des jus plutôt calibrés avec les grands noms des maisons de composition. Une fois devenu indépendants, ils proposent des créations à la fois extrêmement peaufinées, ciselées, très bien exécutées, parfois un peu déjà vues, mais à la structure impeccable et à la beauté universelle, évidente et accessible. L’inverse de ce qu’on appelle parfois la « niche qui tache », qui offre des créations certes plus originales, souvent déroutantes, provocantes, mais aussi très artisanales, et parfois importables. Il en faut pour tous le goûts...
Mais venons-en à Poudre Désir, signé par Alberto Morillas, qui avec sa marque Mizensir a déjà fait la démonstration de ce souffle créatif mis au profit d’une parfumerie indépendante hautement maîtrisée, toujours tirée au cordeau.
Pourdre Désir est ce qu’on pourrait appeler une “Morillade”, tant on y retrouve les éléments qui constituent la patte du maître parfumeur genevois : légèreté des agrumes, harmonie des fleurs insaisissables et muscs boisés enveloppants.
En tête, la transparence et luminosité du néroli, de la mandarine et de la bergamote, qui se déploient dans une brume d’eau de Cologne, étincelant de notes vertes, zestées et amères. Une légère touche épicée accompagne l’entrée en scène d’un iris poudré, tout en légèreté, comme un nuage cosmétique vaporeux, où les notes amandées de l’héliotropine se fondent dans l’élégance crémeuse du gardénia. Un tapis de muscs boisés prolonge l’expérience avec tendresse, dans une sensation blanche, propre, presque savonneuse, sans aucune lourdeur ni fausse note.
Cette création semble combiner une propreté puritaine à l’américaine, un équilibre mesuré à la française et une douce volupté andalouse sous-jacente.
Dans son flacon surmonté d’un imposant bouchon de verre facetté, inspiré d’anciennes fioles à parfum, dans un style rétro, voire un brin kitsch, Poudre Désir propose un instant de délicatesse et de légèreté dont il serait dommage de se priver.
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par annesophie, le 20 novembre 2017 à 14:34
Où et comment sentir ce parfum, avant de l’acheter ?
Merci !
par amilune, le 27 octobre 2017 à 12:05
Bonjour à tous !
Vos phrases m’ont donné très envie de découvrir ce parfum, comme tant d’autres. Pour "poudre désir", je désespère de trouver des points de vente ou des sites proposant des échantillons... Je ne suis plus parisienne. Sauriez-vous s’il existe un moyen de le sentir avant de l’acheter, et où ?
par Adina76, le 22 juin 2017 à 16:19
Un grand merci à l’équipe d’Auparfum et Élisire pour m’avoir permis de découvrir et tester Poudre Désir. Tout, à commencer par le nom du parfum, s’annonçait sous les meilleurs auspices pour moi qui apprécie au plus haut point les parfums poudrés et fleuris, mais surtout poudrés. Je n’ai pas été déçue : Poudre Désir m’a comblée en tout point et mérite bien son nom. Le jus étonne par sa douceur, depuis ses notes de tête délicatement hespéridées (la mandarine et la bergamote, épicées de poivre rose) jusqu’à son épanouissement - jasmin et gardénia ultra féminins - qui se prolonge dans un doux soupir irisé et boisé, nimbé d’un voile vaporeux d’héliotrope.
Tendre mais pas mièvre, c’est un vêtement olfactif très soyeux, que je visualise dans une jolie teinte nacrée rose perle. Il reste très présent tout au long de la journée sans être envahissant ni ostentatoire. Ce n’est pas tant l’originalité qui le caractérise que l’aboutissement très réussi d’un parfum poudré intemporel qui a le bon goût - et finalement l’audace par rapport aux créations du moment - de laisser les muscs en sourdine, pour se développer avec grâce et élégance. Luxe, calme, volupté discrète mais bien réelle. Un magnifique parfum qui renouvelle le genre de façon très réussie !
par pierrelune, le 22 juin 2017 à 07:15
Merci à Auparfum de m’avoir permis de découvrir ce parfum.Je précise de suite que mon appréciation sera beaucoup plus prosaïque que la plupart des autres car j’avoue ne pas forcemment adhérer au discours souvent très alambiqué des critiques(à la Serge Lutens,dont j’apprécie par ailleurs les créations mais dont le discours m’agace souvent...)donc pour en revenir à "poudre désir",d’entrée sur moi bergamote qui prend toute la place suivie par 1 cologne assez classique.Puis se pose l’iris poudré qui me ravit .Mais hélas tout cela est très fugitif car au bout de 2 heures ,plus rien,ni sillage ni tenue....Je regrette beaucoup car ce parfum poudré aurait pu être pour moi .Je précise que je l’ai porté en differentes situations et le constat est le même Sur moi:aucune tenue au delà de 2 heures et cela c’est rédhibitoire pour 1 parfum de cette "catégorie" pour que je l’achète.Dommage...
par alizarine, le 21 juin 2017 à 19:44
Poudre Désir m’a étonnée, enchantée, séduite.
J’ai aimé la vivacité de son départ qui fuse de façon spectaculaire
Adoré le suave nuage tendrement amandé, poudré qui a suivi.
Après ? oh ensuite je ne sais plus ce qui s’y passe, et c’est ce troublant vertige le plus beau : une envolée étourdissante où je ne reconnais plus rien... Enfin j’avoue avoir eu envie de m’y perdre, loin, bien loin de vouloir tout identifier, nommer, étiqueter !
Que j’ en ai passé du temps à le humer doucement sur ou sous mon poignet, le gauche tout naturellement, côté coeur...
Ce parfum a un charme fou mais il reste en même temps assez altier. Il ne s’abaisse pas à des accroches en sucreries, à de lourdes et inconséquentes brassées de fleurs, à des lourdeurs d’épices mal maîtrisées. C’est un parfum qui "se tient".
Dans ce frémissement, comme un voile de gaze qui me frôlerait, m’ effleurerait enfin, puis s’enroulerait légèrement autour de mon cou pour y glisser voluptueusement sur la peau de mes épaules, il y a, en deçà de son infinie douceur frissonnante, toute une vie de beauté qui palpite. Et bien sûr derrière ce petit miracle, je pressens "en coulisses" un travail quasi mathématique, une structure impeccable pour tenir cet équilibre et en tenir les notes jusqu’à leur évolution, délicieux acmé irréel.
Voulez-vous que je vous dise ce que ses notes à l’heure où je vous écris m’évoquent ? Ceci, ces quelques vers de Baudelaire en résonance :
..."Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.Là, tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté. (...)Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre,Les riches plafonds,Les miroirs profonds,La splendeur orientale,Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté."
Un immense merci à vous Auparfum pour m’avoir permis d’entrevoir cela : merci pour cet essai d’un parfum qui m’a absolument conquise
par Lady Siegfried, le 21 juin 2017 à 12:54
Bonjour à tous !
Merci à Auparfum de m’avoir permis de tester ce joli parfum !
Ayant tendance à avoir la peau qui "boit" les parfums (peau très sèche, au point que même Habanita ne rayonne pas !), j’ai essayé deux états :
Peau fraîchement lavée, sans produit hydratant/nourrissant : la première chose qu’il m’évoque est la couleur rose pâle (je pense que j’ai été influencée par l’emballage de l’échantillon...) et jaune poussin. La gaieté de la mandarine pourrait devenir un rire euphorique et incontrôlable mais les notes poudrées viennent la poser en un sourire sincère et serein très rapidement. Sa rondeur sa douceur et sa lumière font apparaître à mon esprit un cygne qui sortirait d’un brouillard lumineux pour se lover dans le cou d’une jeune femme blonde à la peau nue sentant la poudre de riz ou le talc pour bébé.
Dans cet essai, le sillage est quasi nul (sans doute dû à ma peau comme dit plus haut) : je ne sens le parfum qu’en collant mon nez sur mon poignet. C’est ce qui, pour moi, explique le "désir" de son nom : il invite à se rapprocher de près, très près pour se dévoiler. Mais ce n’est pas un désir "bestial", de l’ordre du pulsionnel. Je ne sais pas pourquoi, les mots de description de Grand Amour me sont directement venus pour parler de ce désir là : "la passion sereine".
Étrangement les dernières notes sont quasiment imperceptibles, et le parfum disparaît au bout d’une heure et demie. À l’issue de ce premier essai, je suis un peu déçue, j’aurais voulu le garder un peu plus longtemps, sans pour autant lui donner un blâme puisque le problème vient définitivement de moi.
Je l’essaie donc une deuxième fois, sur peau "sale" et huilée avec une huile neutre, aux environs de 22h45 hier. 22h51 : Le sillage est un peu plus présent, on arrive à le percevoir quand je bouge les poignets. Le départ est toujours très gai, légèrement voilé par une note piquante (le poivre, je suppose). Il se poudre beaucoup moins vite qu’à l’essai précédent, les notes de fond apparaissent déjà en lui donnant un côté plus "incisif" et plus "âgé", dans le sens où il faisait très "jeune fille" voire "bébé" au premier essai. Je ne sais pas pourquoi il me rappelle encore Grand Amour.
23h12 : il reprend sa rondeur et sa douceur. Sur ma peau je sens surtout le gardénia, poudré juste ce qu’il faut par l’iris qui lui donne une certaine retenue.
23h19 : en fond je sens surtout le cèdre, je crois que c’est cette note qui donne le côte "incisif" dont je parlais plus haut. Ce bois a tendance à me causer des maux de tête, là on est pas loin mais heureusement, le sillage est très moyen, ce qui m’empêche de l’avoir constamment sous le nez.
Chose très curieuse, le jasmin apparaît furtivement quand je bouge les poignets mais pas quand je sens directement là où je l’ai appliqué.
Le lendemain il est encore là, très ténu mais il est là (je le sens encore à l’heure où j’écris).
Pour conclure, c’est un très joli parfum ! Il n’est pas forcément hyper original (sauf la mandarine poudrée que je trouve très bien maîtrisée et que je n’ai pas eu l’occasion de sentir ailleurs.), mais on ne peut pas lui enlever sa beauté et son équilibre, les notes se soulignant entre elles, se laissant leur juste place sans vouloir se dominer les unes les autres. Il en ressort donc un ressenti de grande douceur, et indéniablement de lumière.
C’est un parfum que j’ai particulièrement aimé porter juste avant de me coucher : sa douceur et sa sérénité ont su apaiser les angoisses qui me prennent à ces heures-là. Et je l’ai d’autant plus aimé car, petite confidence : la nuit du premier test, j’ai rêvé que je retrouvais un homme pour un rendez-vous secret dans un grenier meublé seulement d’une coiffeuse ancienne. Sans un mot, il a porté mon poignet à son nez, a souri et m’a attirée à lui pour déposer sur mes lèvres un baiser doux et léger... Comme une plume de cygne.
par pierrodel, le 20 juin 2017 à 20:24
Merci à Elisire et Auparfum de me faire découvrir Poudre Désir ; c’est l’occasion aussi pour moi d’écrire mon 1er commentaire. Par avance, je vous prie d’excuser mon manque d’expérience, je n’ai pas le nez aussi éduqué que la plupart d’entre-vous, et mon vocabulaire olfactif sera également en retrait par rapport à tous ces beaux commentaires que je peux lire. Néanmoins, je me lance.
Comme c’est un parfum féminin, il a donc été testé en duo, par ma femme pour mon ressenti et moi, par curiosité.
D’emblée, les notes d’agrumes s’installent, et je perçois même une petite note verte, assez fraîche mais fugitive, comme de l’absinthe. Les notes de tête perdurent plus longuement sur ma peau que la peau de ma femme.
Les notes poudrées se dévoilent très vite sur elle, en moins de 10 minutes, alors que c’est plutôt en 15-20 minutes sur moi. Leur intensité est moindre sur moi, les notes florales se mêlant de manière douce et harmonieuse.
Du coup, je ne le trouve pas incongru sur ma peau, et même si ce n’est pas ce que je recherche pour un parfum pour moi, je pourrais le porter, et je le trouve très intéressant sur nous 2.
Au bout de 2 heures, il est confortable et moelleux, il me fait penser à CKone, en plus facetté et moins monocorde.
Le sillage et la projection sont modérés, la tenue est très bonne.
Je le trouve très agréable, doux et pas tapageur, et il pourrait être unisexe.
Voilà, je fausse un peu le test ; peut-être apporterais-je un éclairage différent.
par POUPY, le 20 juin 2017 à 19:39
Bonsoir,
j’ai eu le privilège d’être choisie pour tester " Poudre Désir ", un grand merci pour cela !!!!!!
J’avais hâte de découvrir ce parfum, étant une inconditionnelle des parfums Mizensir.
Contrairement à d’autres personnes je ne trouve pas de filiation avec l’Infusion d’Iris de Prada.
Je lui trouverais plus un air d’aqua allegoria bergamote de Guerlain.
Je sens une cologne, mais à mon plus grand regret Poudre Désir me rappelle les lingettes nettoyantes au lait pour bébé Mixa, cette odeur ne se détache plus de moi.
Pour moi, c’est une déception et pourtant j’ai toujours l’impression que Mr Alberto Morillas créé des parfums qui me séduisent à chaque fois, mais cette fois et c’est la première fois ça n’est pas le cas.
Belle soirée à tous
par MayAdl3r, le 20 juin 2017 à 15:31
Je ne connaissais pas Elisire, et le descriptif des notes de Poudre Désir m’a interpelé, c’est pourquoi j’ai souhaité participer à l’opération découverte, et j’ai eu la chance cette fois d’être dans les 15 sélectionnés, merci Auparfum !
Au début de la découverte, des émotions très positives se sont vites imposées, c’est un extrait lumineux, joyeux, et pétillant. Il est parfois un peu évanescent avec ces notes d’iris, puis revient en force avec la bergamote, la mandarine, arrondis en élégance par le gardénia, le jasmin. Le sillage à ce premier essai n’est pas spectaculaire, et le nom du parfum semble un peu éloigné de l’impression qu’il me laisse. S’il présente effectivement des notes poudrées, il n’est pas cosmétique et ce n’est pas ce qui frappe le nez en premier lieu. Les agrumes prennent fortement le dessus, ils seraient un peu trop enfantins, innocents et piquants sans cette douceur florale pour venir les arrondir. Désir n’est pas non plus ce qui me saute au nez quand je sens ce parfum, ou alors un désir plutôt puéril, la vue d’une jolie citronnade quand il fait très chaud.
Les agrumes laissent place après une vingtaine de minutes à la partie plus florale. La poudre se dépose petit à petit, avec malice, sur la peau fleurie par le jasmin qui s’adoucit, les notes délicatement fruitées de celui-ci et du gardénia persistent en légèreté. Les notes parfois animales du jasmin ne se sentent pas ici, pour mon plus grand plaisir.
Le musc apporte peu à peu sa consistance, et l’héliotrope renforce le côté poudré, formant avec le musc une base un peu plus cosmétique, propre mais chaleureuse, loin de la froideur des aldéhydes. Le cèdre dépose un filet boisé très subtilement masculin. Le fond présente une vanille mutine rehaussée de touches pétillantes, comme on passe d’une citronnade au champagne, et laisse un peu plus entrevoir la deuxième partie du nom.
Je trouve Poudre Désir intéressant, et si je ne suis pas encore en mesure de distinguer la pureté des matières utilisées, il me semble qu’elles sont plutôt fines. J’ai passé un moment très agréable en sa compagnie, je perçois une jolie composition, pas extraordinairement originale mais élégante, vive, aux ondes positives. Je suis un peu étonnée de sa faible portée, d’un sillage plutôt discret pour un extrait, ou peut-être me plait-il un peu trop et j’ai envie de le sentir beaucoup plus au moindre mouvement ! C’est une belle rencontre qui me permet de confirmer mes penchants naturels pour les notes utilisées, sans faux pas, sans fausses notes, en délicatesse, assez sophistiqué et finalement proche de l’addictif, à découvrir !
leido
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Solstyce
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Bonjour à tous,
Je rejoins annesophie et amilune pour demander où trouver Poudre Désir. Il était en vente chez Colette. Mais Colette n’existe plus. Je crois qu’il a également fait un passage éclair au Printemps ... mais aujourd’hui, où peut on l’acheter ? Même si on habite Paris, la quête de certains parfums relève vraiment du parcours du combattant ! Le ou la perfumista se reconnaît notamment à sa ténacité !
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