Roadster
Cartier
Belle mécanique
par Jeanne Doré, le 10 octobre 2008
Alors que Guerlain réinvente la fougère Mennen déguisée en Mojito, Cartier nous offre une composition qui, si elle peut au premier abord effrayer dans son déguisement de chewing-gum Hollywood, se révèle au final plus intéressante qu’elle n’y paraît.
Tout d’abord, l’emballage donne le ton : un flacon massif, lourd, structuré, un écrin noir et gris, une typo graphique qui rappelle les automobiles américaines des années 50, on est ici très loin de l’univers de la mousse à raser ou du déo pour ado. Pas de geste brusque, trop viril ou impatient, il faut même être presque intelligent pour ouvrir et refermer ce capot (en forme de remontoir proéminent de la montre du même nom), d’une subtile rotation du poignet. Tout à fait en phase avec l’esprit de la marque : qualité, discretion, précision.
La marque de fabrique de Roadster revendiquée est bien sûr la menthe. Dentifrice, chewing-gum, tisane digestive, gel minceur, la pauvre est généralement associée à tout sauf à une idée de luxe. Ce n’est pas faute d’avoir déjà été utilisée (pourtant avec succès) en parfumerie : les notes de départ de Polo Sport et Le Mâle en témoignent.
Elle apparaît ici comme une explosion dès les premières notes, dans un mélange équilibré des deux principales espèces utilisées en parfumerie : la menthe crépue (celle du Hollywood Chlorophylle, la plus sucrée) et la menthe poivrée (celle des dentifrices ou du Hollywood Menthe Polaire, riche en menthol, très fraîche, presque piquante).
Malgré l’effet “kiss cool” un peu réfrigérant, il se dégage une impression végétale, naturelle et croquante, et l’association qui me vient en premier serait plutôt celle de feuilles de menthe froissées prêtes à être arrosées d’eau bouillante pour la préparation d’un thé.
La deuxième sensation est progressivement plus florale, verte, aqueuse et pourtant presque poudrée... serait-ce dû à la feuille de violette et sa facette mi-concombre mi-iris ?
Alors que la menthe a fini son "prime time", se dégage soudain une dimension beaucoup plus masculine, dans un univers de sous-bois ombragé, où se croisent le vétiver, le patchouli, le ciste, arrondis par une trace de vanille crémeuse. Je ne sais pas si Roadster en contient, mais l’ensemble me procure une légère sensation de cuir, souple et tendre, comme un gant usé par le temps.
On se croirait presque dans une voiture de collection embarquée sur une route de campagne bordée d’arbres, aux côtés d’un charmant gentleman vêtu de tweed, rasé de près, et à l’haleine fraîche !
Sans être une innovation extraordinaire, Roadster est sûrement le lancement masculin le plus honorable de la rentrée 2008, qui plaira aux hommes élégants appréciant les boisés texturés et discrets, et pas réfractaires aux effluves mentholées.
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par HUMBERTO, le 27 septembre 2010 à 14:43
Love this a lot !!! I got my second bottle of 100 ml. Good sillage and long lasting.Um grand bravo pur Mme. Mathilde Laurent :)
par ChrisB, le 7 juin 2010 à 20:18
Je portais aujourd’hui pour la première fois Roadster, reçu ce week-end. Je n’ai je crois jamais eu autant de compliments de mon entourage et de mes collègues. Et sa tenue a été exemplaire, le soir encore des collègues me demandaient quel était mon parfum (attention, après quelques petites vaporisations à nouveau vers 13h00).
par ChrisB, le 28 février 2010 à 09:38
J’ai beau adorer la menthe, je fus moi aussi surpris par le premier jet entre thé à la menthe "Eléphant" et bombe désodorisante Air Wick. Mais bon, on est chez Cartier, et il faut laisser le temps au temps. Et Roadster évolue très bien, la menthe laissant place à un fond boisé et je trouve légèrement épicé. Concernant la tenue, rien à dire. A l’heure où d’autres sacrifient qualité pour vente, Cartier continue à nager au-dessus du panier. Pour ma part, je mets Guerlain Homme très loin derrière.
par germanomio, le 7 août 2009 à 16:49
le nom ne m’annonçait rien de bon : ça allait sentir le truc bien viril pour le mâle amateur de vitesse , de grosses cylindrées mugissantes et aux chromes rutilants
le flacon genre gadget bling-bling non plus
et bien je n’ai pas été déçu : le jus commence par une note de menthe genre dentifrice qui ne me rappelle même pas la menthe naturelle, puis enchaine sans transition sur une note très amère, très désagréable et incongrue surgissant sans articulation avec la menthe, pour finir sur un fond bien viril sans grande originalité
sorti à la même époque, le très décrié Guerlain Homme surpasse de très loin ce roadster de par la qualité de ses ingrédients (la menthe y est verte, naturelle et donne l’impression d’écraser des feuilles fraîches sans avoir cette impression de sentir le dentifrice) et de son architecture
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par Styrax, le 7 août 2009 à 21:13
Est ce vraiment votre ressenti ou une volonté délibérée de vous démarquer ? Je ne vois vraiment pas en quoi guerlain Homme surpasse Roadster ! Moi GH, je le trouve très mousse à raser bon marché, et ce même après avoir fait un second test, suite à votre dythirambique critique !
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par germanomio, le 8 août 2009 à 17:59
je vous livre ma perception de ce jus dans toute l’objectivité de ma subjectivité ...
peut être que je n’ai pas le goût de tout le monde et je ne suis pas l’avis général , auquel cas je m’en félicite ! mais je ne cherche pas volontairement à me démarquer des autres ou à créer la polémique
vous semblez aimer Roadster comme à peu près tous les gens qui ont laissé leur avis, tant mieux pour Cartier qui trouve des gens pour acheter leur parfum
par Troudujol, le 8 août 2009 à 11:53
Sans vouloir alimenter de polémique, je trouve également Guerlain Homme plutôt agréable, même s’il ne révolutionne pas la parfumerie. Alors que Roadster m’évoque réellement trop Hollywood Chewing-Gum à la chlorophylle ou à la menthe pour que je puisse imaginer me parfumer avec... C’est déjà le reproche que je faisais à Herba Fresca ou à Mentafolia... Dans Guerlain Homme, le citron et le rhum qui soutiennent la menthe font que je ne perçois pas l’effet après-rasage Mennen que beaucoup lui reprochent ici...
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par bus57, le 9 novembre 2009 à 09:46
Un peu déçu pour un produit de chez Cartier. Effectivement Guerlain Homme est plus agréable dans le genre menthe légère. L’odeur de schewing-gum et après un effet cuir assez désagréable à mon goût. A découvrir, la version "sport" qui arrive. Après les fraîcheurs aquatiques, voilà les "citronnées/propres" qui auront un peu plus de caractère et de présence , ce que je préfère...
par xxerus, le 20 février 2009 à 16:21
Une menthe fusante, un moteur de berline : Je pulvérise... Un blast de menthe verte m’entoure aussitôt, et là, je me dis, "c’est le drame" : Cartier a voulu rajeunir son image et donne dans la facile fougère fraîche. Et une de plus en ces temps chargés de sent bons inutiles (Guerlain-Homme en tête) ! Je sors de ce très connu marchand de senteurs* où les vendeuses sont aussi douées en conseils qu’en hiéroglyphes, et décide d’ignorer cette rencontre olfactive fortuite bien plus que décevante. Chemin faisant, mes narines commencent à détecter une timide mais déterminée effluve légèrement piquante, âcre mais somme toute agréable... Comment ? Serait-ce donc cette main innocente qui sentirait si bon ??... Je réitère l’inspiration et hume de plus belle : je sens déjà la menthe crêpue s’éloigner à grand pas, pressée de laisser place à de bien moins sages intentions... Le poivre explose en toute fraîcheur et s’entoure déjà de puissantes mais racées notes de fond balsamiques et boisées, patchouli en tête. Une surprise étonnante de fraîcheur et d’espace, habilement construite autour d’un classique accord basique délicieusement réinventé et pourtant étonnement moderne. Je ne saurais dire à qui s’adresse ce parfum tant il est atypique (et à l’opposé classique), mais j’ai beaucoup de mal à l’imaginer porté par le mass market. La menthe verte si évidente au début présente au final une belle évolution qui permet d’en avoir tous les avantages sans en pâtir de ses inconvénients (effet After Eight, mousse à raser beurk-cheap...). En résumé, une vraie bonne surprise. Et moi qui déteste la menthe !! * En rébus pour les plus perspicaces : C + contraire de vrai + cousin de la souris
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par Jeanne Doré, le 20 février 2009 à 21:47
Votre expérience est intéressante et révélatrice de ce qu’un vrai parfum évolutif peut offrir à chacun : des surprises !
par SarahB, le 1er décembre 2008 à 18:09
@ JerryB : vous évoquez HERBA FRESCA ; Dieu sait que j’ai porté cette super aqua allegoria... pour la menthe bien sûr. Mais la menthe, à force d’être galvaudée, m’a dégoûté de ce parfum... je ne peux plus le porter voire le supporter ! c’est horrible, mais j’ai parfois l’impression de sentir le gel pour WC ! (Oui oui c’est horrible ! Pardon à la Maison Guerlain !!) A présent, vous me donnez une envie irrésistible de ressortir de la maison, pour aller sentir le Roadster à la parfumerie du coin !
Reste à savoir, si j’ai un coup de coeur, si je pourrais le porter (puisque parfum "pour hommes" ;-)
par PoisonFlower, le 30 novembre 2008 à 20:49
Je prends bonne note de ces suggestions ! Bon, je risque de mettre un peu de temps avant de découvrir ces parfums, vu que je ne suis pas parisien et qu’une escapade dans la capitale n’est pas prévue pour le moment...
par jerryb, le 30 novembre 2008 à 17:06
S’il y a bien un parfum où la menthe ne passe pas inaperçue, c’est Herba Fresca que vous citez. Sinon, si vous aimez vraiment la note de menthe, deux parfums pourront peut être titiller votre nez : Menthe Fraiche chez Heeley et Sahara chez Stéphanie de Saint Aignan. Pratique, on trouve ses deux marques de niche au Printemps Haussman. Bonne balade et tenez moi au courant ...
par PoisonFlower, le 30 novembre 2008 à 15:52
Ses notes fraîches, aromatiques et boisées légèrement fumées me rappellent beaucoup Coriolan. Je ferai donc le même reproche à Roadster, à savoir un petit manque de caractère.
En revanche, je peine à déceler vraiment la présence de menthe ou de menthol...
Dommage, car j’aime beaucoup ces odeurs. Existe-t-il des parfums les mettant à l’honneur de façon plus évidente, en dehors de Herba fresca et de A*men (et sa célèbre note de tête qui rappelle les mouchoirs en papier verts parfumés au menthol) ?
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par etiennesuper, le 1er décembre 2008 à 14:57
Bonjour Poisonflower, dans le registre mentholé et facile à porter, vous pouvez également essayer le dernier Guerlain : "Guerlain Homme" (très critiqué sur ce forum... mais faites vous votre propre idée !)
par Le Gnou, le 1er décembre 2008 à 18:37
Pour faire sa critique, Luca Turin est même allé jusqu’à gouter Roadster (pschit dans la bouche !?!) pour justement évaluer la teneur en menthol. D’après lui, il y a effectivement très peu de menthol.
La verdeur de la note de tête de Roadster semble être due à de la feuille de violette avec une assez légère pointe de menthe.
Tout de même, quelle conscience professionnelle ces critiques de parfum ! ;-)
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par lili, le 9 mars 2009 à 16:39
Bonjour Le Gnou, je suis justement à la recherche de la critique de Luca Turin sur Roadster, pouvez-vous me dire où je peux la trouver ? Merci (une fan de Roadster)
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par Le Gnou, le 12 mars 2009 à 15:44
Voilà un lien
C’est en page 13...
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par tambourine, le 12 mars 2009 à 15:57
mais il n’y a que ça dans son guide ? où sont passés tous les autrs parfums plus classiques ? il ne parle que des nouveautés ?
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par Le Gnou, le 12 mars 2009 à 17:19
Non, ce PDF est juste la mise à jour du guide pour la rentrée 2008.
C’est pour cela que l’accès à ce document est libre et gratuit, pour avoir le guide complet, il faut payer.
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par tambourine, le 12 mars 2009 à 17:37
d’accord donc en fait si on achète le livre 2008 de LT, il y a ses commentaires de 94 plus ceux-ci, ou non, tout est revu en entier ?
Merci du renseignement !
par etiennesuper, le 1er décembre 2008 à 22:18
Poisonflower, encore une suggestion que j’ai ressenti cette après-midi pour m’assurer que ma mémoire olfactive était bonne : Booster de Lacoste. La menthe combinée à une note citronnée est très présente dans ce parfum. C’est un parfum facile à porter et résolument "fusant". Petite précision : je crois me souvenir que l’auteur de ce parfum est Jean Kerléo un parfumeur celèbre qui a pris sa retraite depuis (à moins qu’il ne dirige encore l’Osméothèque à Versailles où il m’avait gentiment accordé un entretien il y a 4 ans...)
par Le Gnou, le 11 octobre 2008 à 16:54
Roadster démarre en trombe (facile, je sais) : la menthe fuse, verte et glaciale ; peut-être un éclair d’hespéridés, mais c’est confus ; un background aromatique et boisé se dessine…
Assez rapidement, la menthe aérienne et « ozonique » vient se confronter à de puissantes notes terrestres, boisées et résineuses. Certains pourront trouver ici un accord dissonant, ressentir une âpreté, une amertume. Je trouve que l’on là est au cœur de l’originalité de la composition : il y a une sorte d’alchimie de végétal vireux. Peut-être un sous-bois peuplé non pas de fougère, mais de jusquiames noires, de mandragores et de belladone ?
L’évolution de fond se fait plus sage, tout en restant puissante et riche en nuances, à la fois boisée, balsamique, musquée et légèrement fumée.
Le discours sur le produit nous annonce une « fougère minérale » ; pour ma part j’y trouve une fougère atypique, mais tout à fait végétale, faites tour à tour d’essences mentholés et aquatique, de gommes résineuses, de bois fumé ou balsamique. Un beau masculin, paradoxalement audacieux et classique, vigoureuse réécriture du genre « fougère ».
Après l’ivresse le flacon. Une pièce lourde, du verre épais, du métal tantôt poli tantôt brossé (du plastique en fait, mais chut….), un design inspirée du monde de l’automobile (donc forcement phallique) et de la montre éponyme de la marque : le flacon rempli bien son rôle d’objet de (presque) luxe. On n’en attendait pas moins de la maison Cartier.
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