Corpus Equus, le cuir outrenoir de Naomi Goodsir
par Jeanne Doré, le 22 septembre 2021
Pour sa sixième création, la modiste australienne retrouve Bertrand Duchaufour pour un hommage olfactif au Pur-sang arabe qui l’accompagnait dans ses concours hippiques.
Mise à jour du 4 janvier 2022 : Voir notre critique de Corpus Equus
Dix ans après Bois d’ascèse, la créatrice d’origine australienne Naomi Goodsir et son acolyte Renaud Coutaudier présentent leur sixième parfum, mis en formule par Bertrand Duchafour, déjà auteur d’Or du sérail en 2014.
C’est que le duo prend tout son temps pour développer ses créations : celle-ci débute en 2013, lorsque Naomi émet l’envie de créer un parfum qui évoquerait l’odeur de son Pur-sang arabe blanc au caractère fougueux, baptisé Tequila, compagnon de concours de sauts d’obstacles et aujourd’hui disparu. Notamment l’effluve de « la selle qui frotte sur le dos de l’animal », une fois qu’on la retire, et celle du crottin, qui comme tous les amateurs d’équitation le savent, ne sent pas du tout mauvais !
De son côté, Bertand Duchaufour, aujourd’hui chez Technicoflor, souhaitait composer quelque chose inspiré de les « Outrenoirs » de Pierre Soulages, mais également du noir obscur des sculptures Vantablack d’Anish Kapoor.
Le résultat est décrit comme un cuir qui se pare de pétales de rose, d’un accord gin, de cendre de cigarette, de musk Tonkin et d’une infusion d’ambre, selon les mots des fondateurs.
Eau de parfum, 150 euros/50ml
Disponible
Photographie : © Iain MacKenzie
Premières impressions
Ce cuir « outrenoir » offre un étonnant départ velouté aux évocations d’encre, de thé fumé et de fourrure, procuré par des notes rosées et phénoliques qui figurent à la fois le toucher duveteux de la peau du cheval, mais aussi l’impression d’humidité tiède qui s’en dégage, sans jamais tomber dans une animalité premier degré, ni dans les clichés moyen-orientaux. Le cuir s’enrobe d’iris poudré et évolue sur un fini musqué légèrement cireux, sans perdre de sa tenue ni de son sillage, élégant et classique, tel un descendant lointain de Cuir de Russie.
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par kismi, le 3 octobre 2021 à 06:45
Alors ça c’est du cuir !
Franchement évocateur de l’ambiance des écuries, avec cette forte note de crottin au départ, l’évolution se fait sur un cuir tanné, réchauffé par le corps, cette même sensation que vous pouvez ressentir quand vous avez chaud sous un blouson (noir, ok, mais je ne vois pas le rapport avec Soulages qui travaille sur la lumière et la texture mais ceci est un autre sujet).
Il devient très doux sur peau par la suite, mais pulvérisé sur vos vêtements vous aurez vraiment l’impression de porter du cuir tant la rémanence est longue et réaliste.
Un vrai coup de cœur ! Bise !
par Farnesiano, le 27 septembre 2021 à 09:09
Un deuxième cuir pour cette maison qui produit peu (trop peu ?) et dont la ligne directrice ne me semble pas tout à fait claire. Mais avec Naomi Goodsir, il faut aller au coup de cœur car chacune de ses créations est unique.
Si l’Or du Sérail est à mon nez trop miellé (il a ses fans cependant), j’apprécie Bois d’Ascèse, j’adore Iris cendré, Nuit de Bakélite et Cuir Velours qui fait mes délices en ce retour de l’automne.
Corpus Equus, un joli nom ! Et un nouveau flacon, plus signé que les précédents qui étaient fort basiques. Je me réjouis donc de découvrir cet opus, en fan du prolifique Bertrand Duchaufour dont Méchant Loup, Al Oudh (original), Dzongkha, Timbuktu, Trayee, Mohur, Bois d’Ombrie, Copal Azur, Perle de Mousse, Sartorial et tant d’autres font ou ont fait mon bonheur en flacons ou en échantillons. Hier soir encore, je portais cette petite merveille qu’est Nuit de Tubéreuse. Vive l’odorat !
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J’aime beaucoup les créations dirigées par Naomi Goodsir. Uniques et éveilleuses d’émotions, je suis tombé amoureux de Nuit de bakélite qui est sublime, tout le talent d’I. Doyen se retrouve dans le jus ! Bref, ici il est question d’une création cuirée de Duchaufour. J’avais hâte de le tester et ai commandé un échantillon chez Nose.
Après un départ intéressant qui me fait penser aux odeurs de manèges de fêtes foraines (la graisse, les boulons qui chauffent) on tombe sur des notes plus classiques poudrées et je sens un cuir sans grande surprise, sans envolée lyrique... peut-être que je m’attendais à trop d’émotions, trop de sensations, mais ce parfum me laisse un peu de marbre et bien qu’il soit "joliment fait" il ne m’inspire pas trop... je ne sais pas trop quoi en penser à vrai dire !! :-/
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