Or du Sérail
Naomi Goodsir
- Marque : Naomi Goodsir
- Année : 2014
- Créé par : Bertrand Duchaufour
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Ambrée
- Style : Opulent
Mielofruit
par Juliette Faliu, le 15 octobre 2014
Il y a deux ans de cela, la charmante modiste Naomi Goodsir avait bouleversé le petit monde de la parfumerie, faisant une entrée fracassante sur le marché de la niche. Le désormais fameux Bois d’Ascèse avait laissé de nombreux perfumistas sans voix. Il est en effet de plus en plus rare aujourd’hui de voir arriver une nouvelle marque de niche sur le marché sans lever le sourcil de circonspection, voire sans souffler bruyamment d’ennui et d’agacement à la lecture du positionnement "de qualité", "respectueux d’une parfumerie traditionnelle" et "privilégiant les ingrédients naturels".
Naomi Goodsir fait partie de ces petites maisons sans prétention, à l’image d’une Vero Profumo, qui cherchent surtout à incarner à travers le parfum, un univers riche et foisonnant. Porté par une vision esthétique et artistique toute singulière, on ne peut que le trouver rafraîchissant, à défaut d’y adhérer totalement.
Les deux premières créations de la maison ont été signées par le jeune parfumeur Julien Rasquinet et ont d’emblée placé la barre bien haut, refusant assez clairement les compromis de la parfumerie actuelle, qu’elle soit grand public ou confidentielle. Preuve (peut-être ?), que cette maison n’a pas laissé la profession indifférente, Naomi Goodsir a attiré dans son giron, et visiblement sans efforts, deux parfumeurs fort expérimentés et respectés, dont la réputation n’est plus à faire. J’ai nommé : Bertrand Duchaufour et Isabelle Doyen. Alors que Nuit de Bakélite, commandé à Isabelle Doyen, est encore en préparation, il est possible de sentir Or du Sérail chez Nose depuis le mois d’août dernier : un nouveau tableau haut en couleurs et en texture, réalisé par Monsieur Duchaufour.
Les fruits, en parfum, peuvent rapidement se révéler délicats à manipuler lorsque l’on veut préserver leur fraîcheur et leur aspect juteux, sans sombrer dans le chimique ou l’inévitable effet shampoing-gel douche. Or du Sérail réussit justement le tour de passe-passe de façon plutôt brillante, en proposant une tête appétissante et délicieusement souriante. Par son aspect réaliste, ce départ pourrait presque rappeler la bougie Mérida de Cire Trudon pour Arquiste, dans la maîtrise de l’exécution. Mais avant même que le disque mélodieux de ces fruits n’ait pu se rayer, le ton et les paroles se font plus langoureuses, car le miel entre alors en scène et dirige la lumière sur un tabac aux volutes jaunes, oranges, rouges et parfois bleues...
En cœur, on devine ainsi l’utilisation de notes chères à Monsieur Duchaufour, comme la davana (une espèce d’armoise) avec ses effets fruités de pomme mûre et liquoreuse, ou encore la cire d’abeille dont les accents miellés viennent parfaire le tracé de la facette tabac du parfum. A cet instant d’ailleurs, Or du Sérail semble faire un clin d’œil appuyé à Back to Black de By Kilian, lui aussi un tabac fruité, sans toutefois se confondre avec lui. Au fur et à mesure de l’évolution, la note ambrée se fera de plus en plus présente, notamment par la présence du labdanum, dont les notes rouges seront révélées par la chaleur de la peau. Mais la note "ambrée" se fera aussi par les bois qui portent ce doux nom : les bois ambrés, plus communément appelés "bois-qui-piquent". La présence marquée de ceux-ci à la fin de l’évolution pourra gêner certains et certaines, et peut apparaître comme un défaut majeur du parfum.
Pourtant, Or du Sérail, comme de nombreux parfums de Bertrand Duchaufour, invite au voyage et au rêve, proposant à chaque fois un angle de vision différent, mais qui nous semble familier. Les traits étant toujours tracés de manière un peu sauvage, ils ont toujours quelque chose de touchant. Sa patte un peu brutale par endroits, saturée de couleurs et de textures chatoyantes, laisse parfois une sensation de trop plein, à la limite de l’écœurement. Mais elle invoque aussi, dans ce parfum, une sensualité franche, qui n’a pas froid aux yeux et qui, sans être vulgaire, pourra plaire aux personnalités extraverties ou olfactivo-séductrices : "Tu me sens, alors regarde-moi".
D’une certaine façon, l’idée de l’or, le thème oriental débordant et la présence un peu trop marquée des "bois-qui-gênent", peut faire penser à d’autres rouleaux compresseurs de la séduction... Mais Or du Sérail offre pour moi un sillage bien plus agréable, riches en images et en évocations, prouvant ainsi que les matières techniques de la parfumerie peuvent aussi être utilisées de manière qualitative...
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par del, le 17 mars 2016 à 17:47
J’ai acheté l’échantillon chez Nose cette semaine. Il sent bon et longtemps ! Couvrant et/ou enveloppant. J’ai senti la pomme caramélisée puis le tabac blond qui aurait été mélangé à du miel et puis l’odeur de la cire d’épilation que l’on sent en institut. Belle découverte.
par Farnesiano, le 16 octobre 2014 à 16:03
Merci, Poivrebleu, pour ce long et " succulent " éloge d’un parfum qu’on se réjouit de découvrir bientôt. En attendant, je me bornerai ici à signaler aux perfumistas belges que les parfums de Naomi Goodsir sont disponibles à Bruxelles chez Kroonen & Brown, au n°49 de la rue Lebeau dans le joli quartier du Grand Sablon. Très sympathiquement tenue, cette boutique nous offre les splendides marques que sont Amouage, Aedes de Venustas, Ann Gérard, Atelier Cologne, Brécourt, Byredo, Carner barcelona, Eight & Bob, Humiecki & Graef, Juliette has ..., Maria Lux, Miller Harris, Nasomatto, Orto Parisi, Neela Vermeire, Odin, Olfactive Studio, Parfum d’Empire, Pozzodi Borgo, Le Soft Perfume, etc. A Bruxelles, il n’y a pas que Senteurs d’Ailleurs à Bruxelles. Bonnes découvertes parfumées.
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par Poivrebleu, le 17 octobre 2014 à 11:47
Merci Farnésiano pour vos gentils mots !
Vous faites bien de signaler la présence des Naomi Goodsir à Bruxelles, d’ailleurs, il faudra que je songe un jour à venir vous visiter pour faire la tournée des grands ducs du parfums ! ;-)
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par Farnésiano, le 18 octobre 2014 à 10:30
Et terminer cette tournée des grands ducs par l’Archiduc, joli bar art-déco, pour savourer une coupe de champ’ ;-) Bon week-end !
par Youggo, le 16 octobre 2014 à 08:13
Ça alors ! Je réalise que je n’ai toujours pas eu l’occasion de tester ce petit nouveau ! Mais comme Au Parfum organise un concours EXPRÈS pour que je gagne (clin d’oeil insistant et petit billet sous la table), je vais vite pouvoir y remédier !
Et tout cas l’article est alléchant : citer simultanément Mérida et Back to Black, je suis conquis d’avance.
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par Poivrebleu, le 17 octobre 2014 à 11:57
J’ai pensé à toi en l’écrivant figure-toi ! (Je ne dirais pas que je l’ai fait exprès, mais il y avait tout de même un petit Youggo qui voletait autour de moi).
Je te réponds pour apporter quelques précisions néanmoins : si Or du Sérail propose pour moi un joli tabac bien miellé et bien fruité (avec de beaux fruits pour de vrai, plutôt jaunes, par rapport à Back to Black), la tournure qu’il prend sur le fond est tout de même moins agréable que le Kilian. Les bois ambrés sont fort présents, et propulsent assez violemment le parfum en avant.
C’est un élément avec lequel il faut donc composer, personnellement, cela ne me gêne pas énormément, mais selon les peaux et selon les sensibilités, ça pourra être rédhibitoire. Mais je sais par exemple que tu avais bien aimé le Irish Leather de Memo, que je trouvais moi-même beaucoup trop "bois-hurleurs"... Donc, c’est à voir, et à sentir donc. J’espère que tu ne seras pas déçu :)
par domik, le 5 novembre 2014 à 00:33
ah, le voilà le pot-de-vin.. ben c raté :)
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par cuiretmusc, le 5 novembre 2014 à 13:30
Moi, j’ai dû l’envoyer à la bonne personne, hihihi :)
Contente, je suis !
J’attends mon flacon avec impatience !
Bonne journée à tous et merci pour ce joli cadeau
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C’est un beau parfum, on sent bien la mangue à l’ouverture avec une fraicheur d’oranger avant qu’il ne fasse place au miel et à l’ambre (labdanum). Les effluves de cire d’abeille, de tabac (et de bois qui persistent plusieurs jours sur les vêtements) sont bien équilibrés. Malheureusement pour moi, c’est un laissez-passer, le parfum du miel est trop proéminent, il me fait parfois penser au Bee de Cristiano Canali pour Zoologist.
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