Auparfum

Le Jardin retrouvé, précurseur de la parfumerie indépendante

par Anne-Sophie Hojlo, le 8 novembre 2019

Parmi les pionnières de la niche, Le Jardin retrouvé reste fidèle à ses créations à l’aura vintage, mais à l’élégance finalement intemporelle.

C’est dans les années 1970 que naît en France ce qu’on n’appelle pas encore la parfumerie de niche. Pour échapper à la montée en puissance du marketing dans la parfumerie grand public, certains créent des marques confidentielles. En 1975, Yuri Gutsatz est de ceux-là avec Le Jardin Retrouvé, ce qui fait de lui un pionnier aux côtés des fondateurs de Diptyque ou L’Artisan parfumeur.

Né à Saint-Pétersbourg en 1914, il arrive à Paris dans les années 1930. Il rejoint d’abord les parfums de Mury, avant de devenir chef parfumeur chez Roure, aujourd’hui Givaudan. Il y restera trente ans. Au tournant des années 1960, il part à Bombay en Inde pendant six ans pour diriger une usine de production de matières premières à destination de la parfumerie. À son retour en France, Yuri réalise le virage pris par l’industrie, et décide quelques années plus tard de fonder Le Jardin retrouvé. Auteur d’un article publié en 1979, « Parfumeur, ton nom est personne », il se donne pour mission grâce à cette nouvelle marque de remettre les matières premières de qualité et le parfumeur au cœur du processus, à une époque où les couturiers sont plus volontiers mis en avant.

Quand il disparaît en 2005, la maison sommeille pendant dix ans. Son fils Michel, accompagné de son épouse, l’artiste Clara Feder, décident en 2016 de perpétuer son héritage et de reprendre le flambeau. Parmi les quelque 2000 formules originales laissées par Yuri, sept sont sélectionnées, retravaillées par le parfumeur Maxence Moutte et rééditées. Trois nouvelles créations, inspirées elles aussi des archives de la maison, les rejoignent en 2018.

Ces compositions classiques et attachantes, où l’on retrouve en guise de fil rouge des notes ambrées, cologne, savonneuses ou des accents chyprés, ont un charme suranné et nostalgique, un peu à la manière de l’univers de Santa Maria Novella ou Oriza L. Legrand. Nimbées d’une aura vintage, elles promettent un voyage à travers la parfumerie traditionnelle, des eaux fraîches d’antan au thème oriental, en passant par le mythique accord cuir de Russie. Une élégance hors du temps, illustrée dans notre sélection.

  • Sandalwood sacré

    Une interprétation du santal qui met en sourdine son caractère lacté et crémeux pour privilégier ses notes boisées poudrées, mariées à une fleur d’oranger proprette et à un patchouli moussu dans un esprit de savon chic à l’ancienne.


  • Tubéreuse Trianon

    La diva des fleurs blanches revêt ici ses atours les plus joyeux et lumineux. Fraîche et verte voire légèrement camphrée, elle dévoile peu peu des accents fruités et poudrés, escortée de jasmin et d’ylang ylang, avant de s’arrondir pour se faire de plus en plus crémeuse.


  • Cuir de Russie

    Le célèbre accord est interprété sous la forme d’une violette cuirée, dans l’esprit des Violettes du Czar d’Oriza L. Legrand ou d’Aleksandr d’Arquiste. Verte et savonneuse, la fleur s’assombrit d’inflexions cuirées et fumées, annoncées par des facettes de réglisse légèrement amères.


  • Verveine d’été

    Une bouffé de verveine vive et acidulée, saisissante de naturelle, se lie à des notes vertes et aromatiques gorgées de rosée, avant de s’épanouir dans un lit de mousse de chêne. Une évocation bucolique d’une simplicité rafraîchissante comme un matin avant la canicule.


  • Eau des délices

    Une jolie composition dans un esprit de Cologne classique, qui démarre dans un éclat de bergamote, d’orange et de petitgrain, relevés d’un léger souffle anisé. Un tendre néroli se fond ensuite peu à peu à des intonations doucement chyprées.


  • Oriental sans souci

    Dès l’ouverture vive et hespéridée, on décèle une lumière plus ambrée, des notes moelleuses et richement baumées de vanille et de fève tonka enrobant les facettes terreuses du patchouli. Une composition confortable et contrastée qui pourrait réjouir les amateurs de Guerlinade.


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Quelques fleurs

par Quelques fleurs, le 13 novembre 2019 à 17:37

Je fais partie moi aussi des personnes sélectionnées pour tester.
Excepté Tubéreuse Trianon j’ai été peu emballée par ce que j’ai senti. J’ai eu l’impression de plonger dans une armoire dans laquelle sont confinés de vieux parfums. Ils font le job : cuir, oriental, boisé, cologne mais le fond fait vraiment ancien. Je sais que le vintage peut plaire, moi ici ça ne me convainc pas surtout qu’ils ont été "reformulés" en 2016.

Mais Tubéreuse Trianon est, lui, joli. Cette tubéreuse n’est en rien médicale ou crissante, elle se fait lentement douce sous l’ylang-ylang.
Je ne perçois pas la framboise comme les autres mais le parfum, sur peau, se révèle plein de tendresse.
Je ne trouve à aucun moment cet effet "vieillot" ressenti pour les autres. Bref, je veux bien faire un tour au Trianon.

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monbazarunlimited

par monbazarunlimited, le 13 novembre 2019 à 10:37

Merci à l’équipe d’Au Parfum de m’avoir sélectionnée avec d’autres amateur(trice)s des belles senteurs en confiant les échantillons des 6 parfums ci-dessous...
Un exercice très agréable et bien sûr pas toujours évident !

Eau des délices
Je démarre par l’inspiration Cologne de la maison... et donc par une création qui ne fait pas partie de ce que je préfère en parfumerie. C’est plein de matières premières classiques et plutôt agréables au premier abord (citron d’Italie, petitgrain, orange du Brésil, bergamote, mousse de chêne, lavande). Toutes associées, cela donne quelque chose de très hespéridé au départ, avec une puissance qui m’a presque fait mal au crâne. Cela a duré quelques minutes et puis plouf, plus grand chose, en tout cas jamais de signe de la lavande qui aurait donné un peu de couleurs à l’ensemble. C’est même plutôt une eau qui tourne. Comme j’étais assez chafouin du fait de mon mal de tête, cela m’a évoqué le liquide vaisselle. Pas pour moi. Je passe.

Verveine d’été
Les frimas pré-hivernaux étant déjà bien présents, ce n’était pas forcément le moment idéal pour tester cette création que je classerais comme "mixte absolu".
Niveau matières premières, du frais et de l’aromatique (basilic, citron, bergamote, eucalyptus, vétiver, mousse de chêne, verveine), et un départ ultra pétillant dès les premières secondes, et très vert. Sur ma peau, la verveine prend très vite le lead. Si j’espérais un peu de complexité, c’est raté. Je lui ai sinon trouvé une très belle légèreté, et une véritable fraîcheur élégante. La tenue est assez sommaire sur moi, mais comme cela ne fait pas partie des créations qui m’attirent, je passe là aussi mon tour, sans pour autant être fâchée.

Sandalwood Retrouvé
Ah, sacré candidat que voilà. Une liste de matières premières très alléchante (santal, patchouli, encens, muguet, héliotrope, mousse de chêne, petitgrain, musc, coriandre, fleur d’oranger) et un nom qui donne envie.
Et dans les premières minutes, sur la peau, cela ne ment pas : c’est un parfum très voluptueux, qui explose entre notes boisées, épicées et fleuries. Et qui me donne, forcément le sourire. Puis une fois posé, il me colle à la peau dans ses facettes épicées, chaudes et rassurantes, quasi Noëlesque,. La facette fleurie s’est un peu fait manger la politesse et forcément, cela prend des tournures très viriles, avec un accord santal - patchouli qui s’impose. Cela manque hélas de surprise, voire même de modernité. Plus les minutes s’égrènent, et plus je trouve ce Sandalwood Retrouvé un peu trop "old school" et masculin pour moi, genrant du même coup ce parfum que j’aurais aimé plus fusant et moins terre à terre.

Cuir de Russie
Voilà un sacré pari que de s’attaquer à un tel classique de la parfumerie ! Là aussi, une joli composition (violette, cuir, ylang-ylang, patchouli, cannelle, bois de cade, styrax) qui donne envie.
Sur ma peau, le départ est ultra boisé, très brut de décoffrage et masculin. Inquiétude. Mais heureusement, l’ylang-ylang vient faire sa place et adoucir ce départ tonitruant. Un brin de violette pour arrondir le tout, tout en gardant cette ligne boisée, un brin animale, qui lui donne du caractère. En fermant les yeux, on imagine sans peine des bottes d’écuyer abandonnées dans une grange, au coucher du soleil.
Un Cuir de Russie qui tient vraiment la route, un bon classique rassurant et chaleureux. Avec une tenue très correcte, très agréable à sentir aussi dans la doublure d’un blouson en cuir.

Tubéreuse Trianon
C’est le premier que j’ai essayé, car la tubéreuse, c’est ma passion. Et forcément, à force d’en porter, d’en aimer et d’en détester, je suis toujours un brin impatiente d’en découdre avec une nouvelle création. J’avoue que sa composition me faisait un peu peur : tubéreuse, framboise, coco, jasmin, ylang-ylang, coriandre. Cela laissait augurer une tubéreuse solaire, pas vraiment ma favorite, moi qui l’aime très charnelle ou bien ultra fraîche et ciselée.
Belle surprise dès les premières minutes : le départ est proche de Carnal Flower (MA référence absolue !), une tubéreuse extrême, chaude et un brin épicée. Puis le jasmin et l’ylang-ylang prennent la suite pour adoucir et sophistiquer ce coup d’envoi tonitruant. D’un coup, la tubéreuse s’arrondit, tout en restant pimpante et coquine. Au bout de 30 minutes, une très légère note acidulée (la framboise) donne un peu de relief au parfum, une petite pique accompagner cette tubéreuse ultra féminine, solaire et lumineuse.
Une très belle création... et un vrai plaisir de découvrir cette nouvelle tubéreuse ! Là aussi la tenue est très correcte.

Oriental Sans Souci
Je termine par mon coup de cœur absolu, la petite pépite que je n’attendais pas. La composition pouvait donner l’impression d’un parfum sucraillé (jasmin, fève tonka, néroli, patchouli, ambre, vanille, bergamote) et peut-être l’est-il sur certaines peaux, mais sur la mienne... c’est une merveille !
Un parfum extrême, qui déborde de partout : la fève tonka y est pour beaucoup. A la fois rond, gourmand, acidulé... c’est un bonbon sur peau, joyeux et généreux. Il s’arrondit assez rapidement et devient, de fait, un véritable doudou, exactement le type de création dans laquelle j’ai envie de me lover dès les premiers frimas. Il a surtout une qualité que j’apprécie beaucoup en parfumerie : il évolue sans cesse. Le doudou devient feu d’artifice, avec le patchouli qui fuse par à-coups et une note épicée qui me fait penser à la cannelle. Puis le bonbon revient. On s’en délecte !
Oriental Sans Souci n’est sans doute pas le parfum le plus sophistiqué qui soit, mais il est d’une générosité enthousiasmante, tout en joie et en pétillance. Une jolie surprise qui est devenu un véritable coup de coeur !

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par monbazarunlimited, le 13 novembre 2019 à 10:40

Pardon : il faut lire "Sandalwood Sacré" et non "Sandalwood Retrouvé"

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par double vanille, le 12 novembre 2019 à 20:49

Sandalwood sacré
Un démarrage très frais et des notes aromatiques vertes signent les notes de tête. S’ensuit une note savonneuse qui me semble longue et persistante pour une senteur mono note, très hygiénique. Heureusement c’est un lit lacté et boisé qui prend le dessus où le santal onctueux et chaleureux séduisant rencontre le patchouli et quelques épices, onguents mais aussi des notes acidulées.
Au final un boisé intéressant et séduisant. Aussi pour les femmes !
Sillage doux et técacité moyenne.

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par double vanille, le 12 novembre 2019 à 20:44

Verveine d’été
La face hespéridée fuse au premier pschitt : d’abord la sensation du citron confit apportant pétillance et fraicheur tonifiante. Réminiscence d’un granité au citron réconfortant en plein été. Une note aqueuse apparait, difficile à étayer avec précision.
Au bout de quelques minutes, la verveine, qui me semble confite aussi. Puis le basilic surgit : c’est un bouquet aromatique rafraichissant pour les beaux jours.
C’est équilibré, léger, agréable mais évanescent car au fur et à mesure du temps qui passe, le lien olfactif avec ma peau s’estompe. Je pense naturellement à une eau de Cologne mais c’est une eau de parfum. Un plaisir trop éphémère.
Sillage doux mais tenue faible.

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par double vanille, le 12 novembre 2019 à 20:34

Eau des délices
Avant de tester cette fragrance, je me suis interrogée sur son nom et son histoire. Peut être influencée par le référentiel floral fruité de Délices de Cartier, je m’attendais à une signature différente. Donc influencée malgré moi..et surprise de découvrir un bouquet aromatique.
D’abord les notes agrumes de bergamote et citron puis la mandarine. Puis la sensation de notes de feuilles coupées aussi. Enfin plus rien. Tout s’est joué en quelques minutes.
Un spray éclair puis tout s’en va. S’apparente d’abord à une eau de Cologne mais trop éphémère : une déception.

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par double vanille, le 12 novembre 2019 à 20:17

Oriental sans souci
Un démarrage d’agrumes très frais, acidulés qui seraient plutôt de couleur verte. Les notes volatiles des héspéridées laissent ensuite place à un beau coeur floral jasmin qui virevolte. C’est ce même jasmin épanoui, souriant, gorgé de soleil (déjà identifié dans Tubéreuse Trianon) qui apporte les premières notes chaudes à cette fragrance. Une senteur fugace de thé masala m’amène quelques instants sur la route des épices en Inde, puis s’en va, laissant la place à d’autres épices, tout aussi douces mais plus intenses et marquées. Une essence confortable, rassurante parfaitement restituée dans son nom même Oriental sans souci. L’effet seconde peau n’est pas loin mais il manque un je ne sais quoi pour aller chercher les vibrations. Cet oriental est classique, un accord ambré traditionnel, vanillé mais je le trouve timide, trop lisse : certainement l’effet secondaire du « sans souci ».
Sillage doux, tenue trop modérée pour un oriental.

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par double vanille, le 12 novembre 2019 à 20:08

Cuir de Russie
Un territoire olfactif audacieux.
A l’aspertion, une envolée fraiche éclair , des accents toniques immédiats de résines froides et d’épices (cannelle ?) . S’ensuit un coeur floral violette ardent, généreux avec une facette d’abord poudrée et verte puis croquante comme les bonbons de Nancy ou Toulouse et enfin suave et chaude. Une belle « pensées ». Curieusement je ne détecte pas la moindre facette de l’ylang ylang qui m’est pourtant si cher.
Puis l’élégance boisée cuirée s’impose rapidement, efficacement mais toujours dans la maitrise. L’équilibre est là. Un parfum chaleureux au coeur de l’hiver
Un clair obscur, froid chaud, qui n’est plus seulement réservé à la gent masculine. Un seul regret : une ténacité moyenne sur ma peau.
Très belle réinterprétation du mythique Cuir de Russie.

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par double vanille, le 12 novembre 2019 à 20:00

Je fais partie des quelques privilégiées appelées à commenter six fragrances de la maison Le Jardin retrouvé. Cela a été un réel plaisir et je remercie l’équipe d’Au Parfum pour ces belles découvertes.

Tubéreuse Trianon
Mon coup de coeur dès le premier moment : une envolée florale blanche et lumineuse, pleine de promesses ... qui me transporte immédiatement ailleurs.
Voyage imaginaire sous des latitudes clémentes, synesthésie, profusion d’odeurs et de couleurs claires, de fleurs blanches soit une nature riche et exubérante. Les premières notes créent une émotion qui se renouvellera à chaque fois que je cherche le parfum sur les points stratégiques. Mon appréhension liée à la tubéreuse, souvent "criminelle", enivrante jusqu’au mal de tête parfois est rapidement balayée, je suis rassurée puis séduite, doucement mais surement. Les premiers mots qui me viennent à l’esprit pour ce parfum sont dense, opulent, légèrement gras, solaire mais tous dans leur acception positive. Cet accord floral blanc est vraiment charmant : une tubéreuse jeune et verte, un ylang ylang crémeux, un jasmin épanoui à souhait et souriant. Des facettes légèrement miellées et innocentes apportent rondeur et stabilité à cette fragrance. Par contre je ne détecte pas les notes fruitées de la noix de coco et de la framboise..
Il m’est plaisant de sentir et ressentir ces effluves au fil des heures qui passent, l’envie de conserver le lien olfactif est là.
Tubéreuse Trianon par son nom et sa construction olfactive fait aussi écho au faste de la Cour d’antan mais sans la démesure avec une tubéreuse domptée. Elégance et sensualité pour ce très beau parfum féminin, à porter de jour comme de nuit.
Sillage doux avec ténacité maîtrisée.

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par Albine, le 12 novembre 2019 à 14:08

Eau des Délices
Cologne au départ fusant et assez bien équilibré : les notes hespéridées se mêlent harmonieusement à la lavande.
Puis le patchouli émerge doucement et s’impose peu à peu pour nous conduire vers un fond plus sombre… presque un mystère. La référence au Jardin des Délices de Jérôme Bosch semble finalement assez bienvenue.
Une eau pas si fraîche que cela, plus complexe que ce qu’elle laissait présager.
Elle demeure néanmoins sans grande prétention : son classicisme et son manque de tenue au bout d’une heure à peine ne m’évoquent pas grand-chose.

Verveine d’Été
La grosse déception !
Pas trop mal orchestrée d’abord puisque les notes hespéridées mettent en valeur une jolie verveine, cette eau de parfum vire très vite à une confusion aromatique trop appuyée par la mousse de chêne.
Je pensais que celle-ci allait me raconter une histoire légère, vive et claire. Or le sillage s’alourdit de plus en plus et, la fin, je ne retiens rien de la verveine ! J’ai simplement le nez plongé dans une espèce de sent-bon pour vieux beau… mais vraiment très vieux…

Sandalwood Sacré
Un santal bigrement espiègle « au premier nez » ! À la fois bien accordé au patchouli qui l’assombrit et étonnamment éclairci par une fleur d’oranger qui lui ôte avec bonheur le côté lacté tant attendu, il paraît de prime abord un peu fou, tout en faisant preuve d’une personnalité intéressante.
Mais ce que l’on croyait être un boisé tourne ensuite au chypre un peu trop sage, un peu trop convenu.
En somme, un ado qui grandit trop vite et devient tout d’un coup un monsieur respectable d’un certain âge. Respectable certes, mais propret et sans grand mystère.
Où est le côté « sacré » ?

Tubéreuse Trianon
Un vrai coup de cœur…
D’abord, une explosion exubérante de fleurs blanches. La tubéreuse (ici présente jusqu’au fond) est presque métallique.
Mais au lieu de la faire migrer vers des inflexions bêtement sucrées, les fruits rouges étirent leurs multiples facettes vers des équivocités qui me font rêver.
Ça, c’est un voyage !
Au départ, foisonnent des odeurs solaires, de régions que l’on s’imagine tropicales. Oui, je suis ailleurs.
Puis la reine de la nuit étend ses pétales, dans ce qu’elle a de plus crépusculaire, follement amoureuse, follement ambigüe.
Qui le croirait de cette passionnée ? Elle finit par se recouvrir de voiles, épurée et tendre. Elle rend son âme en exhalant l’odeur suave d’une peau de bébé fraîchement talquée.

Cuir de Russie
Un cuir très féminin.
D’agréables notes fleuries soutenues par la violette en tête, progressivement arrondies par un souffle baumé. Là, au lieu de s’infléchir vers des accents résolument empyreumatiques ou gras de certains cuirs, l’eau de parfum propose une modulation plus fraîche.
Une architecture originale, mais il lui manque une profondeur, une énigme…

Oriental Sans Souci
Un joyeux désordre de notes empilées un peu cul par-dessus tête, mais sympathique somme toute.
Cet oriental fleuri m’évoque le côté guimauve de « L’Heure Bleue » dans un mélange indéfinissable d’odeurs que l’on sentait dans les anciennes drogueries.

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Farnesiano

par Farnesiano, le 11 novembre 2019 à 16:35

Le Jardin retrouvé ! Voilà un bien joli nom qui immanquablement évoque les charmes de l’univers proustien : de la fraîcheur du Pré catelan de Combray aux dalles inégales de l’orientalisante Basilique Saint-Marc à Venise, il me semble ressentir à travers ces noms de parfums toute la poésie du voyage auquel nous invite la Recherche. Cette collection nous permettra-t-elle d’accéder au " Temps retrouvé " ?

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