Cologne Indélébile
Éditions de parfums Frédéric Malle
- Marque : Éditions de parfums Frédéric Malle
- Année : 2015
- Créé par : Dominique Ropion
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Hespéridée
- Style : Propre - Sage
Indécrottable optimiste
par Alexis Toublanc, le 17 juin 2015
Après le très réussi Géranium pour monsieur et la plus déceptive Eau de magnolia, Frédéric Malle explore à nouveau le thème d’une "fraîcheur qui dure" en s’attaquant à la structure de la cologne. Constatant que son acolyte Dominique Ropion n’avait que peu travaillé cette famille, les deux compères se sont donc amusés à tripoter de la fleur d’oranger pour donner naissance à une Cologne Indélébile.
Entendons-nous bien dès à présent, ce parfum n’est pas un parfum "WAHOU" destiné à faire s’arracher les vêtements des perfumistas du monde entier ! C’est une fleur d’oranger musquée, qui possède sa propre signature, certes, mais ne bouleverse en rien les codes du genre. Son ouverture est de loin la partie la plus intéressante du parfum : Ropion y injecte une foule d’effets olfactifs tous plus intéressants les uns que les autres. Les notes orangées apportent différentes nuances, allant de l’ocre au fluo, et différentes textures, qui lorgnent tantôt vers le lisse, tantôt vers le rugueux. Néroli, petit grain, bergamote et fleur d’oranger : tous ces cousins souvent traités selon une vision particulière (soit toutes les notes très lumineuses, soit toutes les notes très fleuries, soit toutes celles très granuleuses), sont ici réunis dans leur pluralité, apportant une richesse bienvenue. Les effets sont accompagnés de notes légèrement médicinales, soutenues par une verdeur un peu crue mais adoucie par le juteux de l’association bergamote - orange. Enfin, à noter une petite sécheresse oscillant entre le foin et le vert, apportée par un narcisse discret, presque anecdotique, qui clôt en beauté une ouverture agréable et généreuse.
L’évolution conserve le gras et la lumière de la fleur d’oranger en plongeant le tout dans un océan de muscs assez monolithique et... indélébile. Ou comment le propos du parfum en deviendrait presque la partie la moins intéressante. Les muscs jouent les équilibristes entre la touffeur et le fonctionnel, mais ils possèdent un rythme, un mouvement qui les empêchent de tomber d’un côté ou de l’autre. Les aficionados adoreront cette déferlante musquée. Les autres bailleront d’ennui et passeront leur chemin.
Néanmoins, si la Cologne Indélébile paraît chétive à côté des autres chefs-d’oeuvre de Ropion chez Frédéric Malle, elle en dit presque tout autant de son auteur. Car tout est ropionesque dans ce parfum : son évidence, sa générosité, son immédiateté et son flot ininterrompu de fleur d’oranger musquée. Encore une fois, ce parfum n’est pas la claque de l’année (de toute façon, la claque de l’année, c’est aussi ce duo qui l’a apportée avec le somptueux The Night dont je vous parlerai très vite), mais il n’a jamais été voulu comme tel. Entre humilité et générosité, Cologne Indélébile est un condensé de petits riens finissant par en dire beaucoup.
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par priamide, le 3 juillet 2018 à 09:01
Je le trouve enivrant et il fait le même effet auprès des personnes qui me côtoie. Il ne laisse pas indifférent, sait se faire oublier et laisse beaucoup de douceur sur son passage et tout au long de la journée. Je ne m’en lasse pas depuis sa sortie.
par Donald Bovy, le 28 juin 2015 à 15:00
Bla bla bla, ce nouveau Frédéric Malle me déçoit clairement. Déjà senti ailleurs même si on pourra toujours trouver des variations. C’est Dominique Ropion tout de même !!! Je fus plus intéressé par le précédant que vous avez si vite assassiné.
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par Jicky, le 28 juin 2015 à 20:22
Coucou,
Derrière ces trois "bla" se cachent ce que d’aucuns nomment des arguments :)
Il y a du bon et du moins bon (ou du mauvais et du moins mauvais, as you want) dans les deux parfums et je suis d’accord avec vous pour dire que dans les deux cas ce ne sont pas des Grands Malle. Mais je pense que pour faire avancer un peu le truc, il serait plus intéressant que vous nous exposiez un peu plus votre point de vue. Que trouvez vous de plus intéressant dans l’Eau de Magnolia ? (Le rapprochement est pertinent ! Ce sont deux structures fraîches construites dans la longueur). Et, au delà de la non-originalité (évidente) du parfum, y a t-il d’autres éléments expliquant votre déception ?
Au plaisir de vous lire
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par Donald Bovy, le 28 juin 2015 à 21:01
Il y a une tendance dans l’eau de Magnolia qui m’interpelle, je m’interroge et j’aime cela. Un retour du vert mais avec une tendance douce. Je ne suis pas sûr de pouvoir faire aimer facilement un vert plein de galbanum mais l’eau de Magnolia, c’est le parfum en discrétion. Une tendance pour les Japonais. Avec d’autres, il ouvre une voie que je demande à entendre. Dans ce sens, il ne me viendrait pas à l’idée de l’abattre. La Cologne de Dominique Ropion est un truc déjà senti il y a juste quelques années et que l’on tente de nous refourguer parce que ce n’est pas encore passé dans la masse. Il n’ouvre aucune porte, il ne prend aucun risque. Aucun nouveau chemin n’est emprunté comme il l’a fait avec la menthe, aucune référence à une histoire ancienne comme Fleur de cassie. Il y a une prise de risque avec l’eau de Magnolia. Vous le démontrez par votre critique. Il n’y en a pas avec cette cologne.
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par dau, le 29 juin 2015 à 08:38
Discrétion ? L’Eau de Magnolia ?
Avec son sillage et sa ténacité, je ne lui trouve rien de discret. Et j’avoue que son fond de bois ambrés me dérange fortement, je le trouve insupportable, il me vrille les naseaux.... (Cela dit, j’aime beaucoup le départ du parfum que je trouve très beau et très intéressant.)
par Jicky, le 29 juin 2015 à 14:02
Une prise de risque avec un floral diaphane aux inflexions fruitées et nourri aux bois ambrés donc...
Je rejoints parfaitement dau au final : je ne retiens de ce parfum que sa très belle ouverture hespéridée (plus que franchement verte), qui offre un propos réellement intéressant. Le problème étant, je le redis, que l’idée n’a pas été poursuivie et c’est la facilité d’une évolution qui tient et qui pulse qui a été choisie.
J’ai presque le même problème dans la Cologne Indélébile qui, par son fond musqué tellement compact devient assez lourde à porter, mais c’est déjà un parfum plus cohérent avec lui-même et qui est tout à fait honnête vis à vis de son public.
par Moonkyn, le 27 juin 2015 à 12:02
Bonjour,
Un article (et des exemples ;) ) très juste.
Merci pour cette belle interprétation.
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par Jicky, le 27 juin 2015 à 21:49
Merci à vous ! vous voyez qu’on peut s’entendre parfois ;)
(puis alors en plus si vous êtes team X-Men plus que team Avengers, tout va bien dans le meilleur des mondes :p)
par billieH, le 19 juin 2015 à 18:34
Certainement un de mes prochains achats, je le portais d’ailleurs aujourd’hui, belle fleur d’oranger, toute douce, lumineuse...et quelle tenue. Je le perçois encore très nettement après une journée, chose rarissime pour une cologne.
Dominique Ropion est vraiment le parfumeur qui me plaît le plus, son écriture me parle beaucoup. Et oui, son travail est souvent généreux !
par Chanel de Lanvin, le 18 juin 2015 à 12:25
Très ressemblant à Neroli Portofino de Ton Ford sorti en 2011.
Là on tourne en rond dans la création.
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par Jicky, le 20 juin 2015 à 00:22
Alors je suis à la fois d’accord et pas d’accord du tout... En fait, il y a deux choses importantes à mettre en parallèle pour cette comparaison. (attendez je trouve mes mots) <== (lol, je suis par écrit, vous ne voyez pas mes gros blancs de réflexion ah ah !) <== (oui je parle tout seul à mon ordi).
Pour tenter de m’exprimer clairement, je pense qu’il faut distinguer le support de la création et le propos qu’il y a derrière, ce propos étant ici distingué par la forme de la Cologne Indélébile. Je préfère commencer par un exemple.
Je ne sais pas si certains d’entre vous aiment les films de super héros, mais peut être aurez-vous remarqué la récurrence d’un personnage Marvel au cinéma entre mai 2014 et avril 2015 : Quicksilver. C’est un super-héros qui va très vite et qui est apparu dans le somptueux X-Men Days of Futur Past (mai 2014) et la grosse artillerie Avengers Age of Ultron (avril 2015).
C’est un même personnage d’un univers précis (l’univers Marvel), mais interprêté par deux acteurs différents (les plus geeks d’entre vous se sont même amusés à voir que les 2 acteurs étaient les 2 amis geeks du Kick-Ass de Matthew Vaughn, lui même sorti le 21 avril 2010, soit 5 ans pile poil, enfin à un jour près, d’Avengers 2 aaaaaaaah ALEXIS TU PARS EN COUILLES RECENTRE TOI).
Il faut voir l’utilisation du néroli dans Néroli Portofino et Cologne Indélébile dans une optique identique. Pour cela, je vous conseille de donner 2min de votre vie à la meilleur scène d’action du cinéma de 2014 avec THE scène de Quicksilver dans Days of futur past : https://www.youtube.com/watch?v=1NnyVc8r2SM
Et de comparer ça avec les écarts kitch d’Avengers 2 (je n’ai pas grand chose à vous proposer en terme de vidéo, hormis ce truc promo qui montre un peu le traitement du personnage : https://www.youtube.com/watch?v=hzr9340h1fo à noter que Scarlet Witch est la meilleure chose du film cela dit AMHA mais je repars en cacahuète).
Pour un même personnage, il y a deux constructions tout à fait différentes malgré un pouvoir identique (la super vitesse de la mort qui tue), avec des idées de mise en scène fantastique, une réalisation hyper intelligente chez Bryan Singer (X-Men), enfin une vraie scène de cinéma quoi. Là où le Quicksilver d’Avengers est plus... marvel lisse quoi.
Tout ça pour dire, je ne dis pas que Néroli Portofino est à la Cologne Indélébile ce que le Quicksilver d’Avengers est à Days of futur past. Mais ce que je veux dire c’est qu’effectivement le néroli traité est le même dans les deux parfums, et donc forcément la filiation est proche et est normale à faire, mais c’est la seule ressemblance. En effet, le Tom Ford offre une interprêtation du néroli bien différente dans le propos et la forme de celle de la Cologne Indélébile. Chez TF, on est sur un registre exclusivement lumineux, il est plus pétillant, plus pimpant, avec des effets zestés plus hespéridés là où le Malle explore en plus les facettes boisées, fleuries grasses et est bien plus compacte et solide que le TF.
Enfin, l’évolution - et donc tout le propos du parfum de Malle ! - sont radicalement différentes, étant donné que le TF reste dans l’idée d’un néroli à utiliser en splash (une vision plus traditionnelle de l’hespéridé), plus fugace, plus rieur. Le Malle lui, s’oriente dans une évolution musquée très caractéristique, avec ses propres thématiques (cf l’article du coup).
En cela, il rejoint un peu La Fille de l’air de Courrèges, qui devrait sortir d’ici peu, où la fleur d’oranger très cristalline est dynamitée par des muscs au sillage assez incroyable.
Après, je comprends votre remarque sur la création. Je l’ai dit : ce registre de création ne révolutionne absolument rien. Tout comme les films de super-héros sont très critiqués aussi de leur côté. Mais c’est une vision assez biaisée de la parfumerie/du cinéma de dire que la création part en couille, car certains films/parfums derrière leurs facilités apparentes, sont parfois dotés de réelles qualités. Et c’est un peu notre rôle de passionnés ici sur auparfum (et ailleurs) que de souligner cela aussi ;)
Voilà.
(Bon, vous pourrez dire que je me suis fait plaisir pour la comparaison, je ne sais pas si ça va parler à tout le monde mais bon, j’ai trouvé le parallèle assez intéressant).
Vive l’odorat !
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par ray_78, le 26 janvier 2016 à 23:59
Cher Jicky, il est 3h du matin et la lecture de votre billet, accompagnée du visionnage des vidéos, m’a fait explosé de rire....
J’ai parfaitement compris votre exemple.
par Memories, le 18 juin 2015 à 00:29
Rien de nouveau sous le soleil en ce qui me concerne.On se demande quelle est l’utilité de ce parfum sinon que de participer à une inflation désespérante du nombre des jus.
Et, pour reprendre l’expression de Jicky, bien chétive à côté, non seulement des autres chefs-d’oeuvre de Dominique Ropion, mais aussi des grands jus sortis chez les EDPFM....
Après la reprise par Estée Lauder, j’espérais beaucoup mieux.
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par Jicky, le 19 juin 2015 à 23:46
Je comprends parfaitement ce point de vue là. Après, chez Malle je trouve pas ça choquant. Un parfum par an, ça va (je ne compte pas The Night qui est très particulier dans sa distribution et même dans sa construction). Et j’arrive vraiment à comprendre comment Malle et Ropion en sont venus à ça. Après, c’est vrai que ça n’apporte pas grand chose au monde de la parfumerie et ce parfum sera sûrement oublié dans 3 ans. Mais quand on le regarde avec le prisme du travail de Ropion, ça reste quand même intéressant.
(pour le coup, c’est un projet qui date d’assez longtemps, bien avant la reprise de Lauder, donc je pense que la théorie du complot peut être mise de côté pour ce parfum là ;)
par Thelittlebox, le 17 juin 2015 à 23:43
Bonsoir Jicky
Merci pour cette critique.
j’ai une question idiote mais ... Quelle différence faites vous entre fleur d’oranger et le néroli ?
Bonne nuit,
thelittlebox
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par domik, le 18 juin 2015 à 00:10
Bonjour
Des débuts de réponse ici https://auparfum.bynez.com/Fleur-d-oranger et ici https://auparfum.bynez.com/Neroli :)
Et peut-être que nos savants camarades pourront apporter encore plus de précisions !
A bientôt
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Magnifique Cologne qui porte si bien son nom. Après l’avoir laissé quelques temps, je le retrouve avec bonheur et ne peux plus m’en passer. Cologne indélébile, oui, il ne laisse personne indiffèrent.
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