Idylle

Je réponds, même s’il aurait été mieux de poser la question dans un nouveau sujet. (On est sur la description d’Idylle)

Digression : Winter délice de Guerlain
Guerlain avait un parfum, désormais disparu, sur cette inspiration du matin de Noël. C’était "Winter délice", dans la gamme des Aqua allegoria, au tournant des années 2000. C’était un ambré, avec des notes d’aiguilles de pin. Les épices ne ressortaient pas trop.
Les premiers Aqua allegoria était vraiment très bien. Il y a eu une période avec des nullités, et sous Thierry Wasser et Delphine Jelk ça redevient des parfums légers intéressants.
Guerlain a aussi arrêté "Oriental brûlant" (un ambré "ciste", plus dense et caramel), et "Guet apens / Attrape-coeur" (après l’avoir passablement dilué). Et récemment, Samsara en extrait a disparu, qui contenait aussi un peu de cardamone et de ces épices. Scrogneugneu !

Autre digression : Si vous aimez le pain d’épice, son épice principal est la cardamone (avec la cannelle, le miel, etc.).
C’est aussi la facette des thé épicé indien, ceux qu’on sert avec du lait et du sucre (thé noir, cardamone, poivre, gingembre...). Et de la bonne cardamone, il y a en a beaucoup actuellement en parfumerie ! Le côté incisif de la cardamone a un peu remplacé la bergamote, qui a perdu de son punch depuis qu’on lui retire ses allergènes (photosensibilisants).
Une bonne façon de tester cette épice est de tester "Déclaration" de Cartier en EDT, de Jean-Claude Ellena. C’est aussi l’épice qui ressort dans Voyage EDT d’Hermès.

mandarines : Peut-être "L’eau d’orange verte / Le concentré d’orange verte" d’Hermès pourrait vous plaire (chez les hommes). Il y a un mélange de zestes d’agrume (genre clémentine, mandarine verte, orange), avec une évolution de cologne aux reflets métallique bleuté, et un contraste avec une note qui me fait penser au céleri.
"Noir épice" de Frédéric malle est vraiment très intéressant aussi. C’est comme une photographie au couleur saturée, sur le thème de l’écorce d’orange, du clou de girofle, avec du patchouli, et une illusion de rose rouge qui bondit de façon différée.
Cannelle : "Ambre fétiche" de Goutal est pas mal. L’inconvénient de la cannelle (et de l’ambre), c’est que le nez s’aveugle vite.
Noël : Je sèche. Comme écrit plus haut, j’aime les notes "aiguilles de pin" (souvent l’ingrédient "fir basalm") pour compléter le tableau de Noël. Goutal a "Nuit étoilée" dont seul existe l’EDP désormais (menthe, herbes aromatiques, notes irisé, ambre à facette aiguille de pin). Lutens a "fille en aiguille" (très cher désormais). J’en oublie. Et je dois éviter de proposer des parfums disparus.
Chocolat chaud : On trouve actuellement en parfumerie normale l’extrait de Must de Cartier. Il est mieux structuré que l’EDT habituel, son début est désagréable car il faut que la note verte de galbanum se calme quelques minutes. Cette dissonance est mieux gérée dans l’extrait. C’est un ambré avec du patchouli et du cacao. Le parfum le plus "cacao" que je connaisse est "VII L’heure défendue" de la ligne exclusive Cartier (très cher, mais vous pouvez demander un échantillon, les vendeuses sont de bon conseil aux galleries lafayettes de paris).
Balade dans la neige : Pour moi, neige = aldehyde. Si vous pouvez passer devant une boutique Chanel, vous pouvez tester Coromandel  : ça commence par une très belle note d’Orange, puis c’est un ambré au cacao (davantage que le patchouli), avec un fond de benjoin et de patchouli. C’est très réussi. "Bois des îles" a aussi des épices, un côté cannelle et vin chaud, mais avec beaucoup plus d’abstraction. (cannelle, fève tonka, boisé rosé laiteux du santal)

Santal majuscule, cher Lutens, garde des inspirations "pain toasté" de son frère "Jeux de peau".

C’est vrai qu’on est parfois injuste.

Pourquoi est-ce que je trouve des circonstances atténuantes à, par exemple, Carat de Cartier et pas à Idylle ? Dans les deux cas il y a un travail sur le vide, et une très faible intensité olfactive, au profit d’un effet global satiné.

Pourtant, avec Idylle, j’ai vite dit que l’empereur est nu. (Bon, j’ai aussi dit qu’avec Carat on en avait pas pour son argent vu l’intensité).

Je trouve Carat assez clair dans son déroulé et ses intensions. Avec Idylle j’ai toujours du mal à détecter quoi que ce soit, sauf l’accord de fond. C’est quand tout le fluff est retombé, il y a une microscopique rose blanche, qui fait très naturelle, avec une microtouche de tonka, et ça fait Guerlain chez les liliputiens.

Les deux sont remarquables techniquement, y’a du skill.
Sauf que Idylle fait redite sur les néo-chypre (Lovely de Sarah Jessica Parker ?). C’est faire du moins disant, alors qu’on en attendait beaucoup de Guerlain et de Thierry Wasser. Comme le parfum ne s’ouvre pas j’ai trouvé ça étriqué comme parfum, et cynique comme démarche commerciale. Et il fallait applaudir ? C’était "les habits neufs de l’empereur".

Tandis que Carat, c’est comme L’envol : On n’attendait rien, et Mathilde Laurent arrive à faire quelque chose de nouveau avec des ingrédients ultra rabâchés, répandus, et bon marché. (éthyl-vanilline, violette, coumarine, etc...) J’ai pas envie de le porter mais ça force l’admiration ! Et j’apprécie la sincérité.

On dirait qu’elle prend une poignée d’ingrédients, et qu’elle arrive à les articuler comme des rouages de montre suisse. On obtient des petits automates qui font des petits mouvements.
(L’envol : un accord nouveau et compact qui sent tour à tour la vanille cuirée, la violette, la levure et le pain qui cuisent) (Carat : une bulle de savon qui flirte avec le floral, le nacré, le satiné, la fraîcheur, puis un final un peu cacao. Le tout sans rappeler un parfum existant, un produit d’entretien, ou un parfum discount.

Est-ce que tu as senti l’extrait d’Ydille ? Il y a plus d’euros *ahem* de roses dans la formule, et cette sensation de densité de vapeur blanche qui semble caractériser cette création. Je ne l’ai pas assez porté et apprivoisé en extrait, et je serais très curieux d’avoir l’avis d’autres personnes

Pour ma part, je le trouve lumineux et romantique.

Ce Guerlain me réjouit en saison printanière. Même si mes goûts vont plutot vers Mitsouko, l’heure bleue, Chamade, Shalimar, Nahema, Jicky ...(voire Champs Elysées que je trouve "magique") et que je suis fan de chypres, orientaux "a la Lutens" (FDB, Cuir mauresque, Cèdre), je pense que cette Idylle montre la délicatesse du travail de Thierry Wasser, dans ce grand bouquet floral.

Quand j’ai envie de floraux comme Trésor, Eternity, l’Air du temps(avant reformulation) Eau première, eau de toilette Numero5, j’aime porter Idylle et retrouver un esprit plus "Pleasures de Lauder".

Le comparer a LVEB et dire que le Lancôme serait préférable a porter... Faut-il sentir fort le sucre (et donner envie de degu..ler aux gens tout autour, ou bien, porter un bouquet de fleuriste assemblé de main de maitre, tout en légèreté, effet de rosée ?

Je respecte les goûts des autres et que vous le trouviez mièvre c’est tout a fait votre droit, d’autant que je ne doute pas de vos connaissances en parfumerie, (j’adore par ex Hermes et JC Ellena) j’aime les vintages et les Chanel comme le 5 ou Coco l’ancien.

On a le droit de préférer la peinture a l’huile, les sanguines mais les aquarelles sont aussi reconnues en peinture. Et existent en parfumerie.

Idylle est une aquarelle comme le Jardin de Monsieur Li.