Vanille de Tahiti
Perris Monte Carlo
Coup de cœur - Nouveau parfum
- Marque : Perris Monte Carlo
- Année : 2020
- Créé par : Gian Luca Perris
- Genre : Féminin
- Famille : Ambrée
- Style : Opulent - Sensuel
À fleur de gousse
par Clara Muller, le 4 janvier 2021
Une belle vanille florale, naturaliste à souhait, qui prend sa place parmi les créations qui ont su exploiter les facettes diverses de la précieuse gousse.
Il y a toujours une légère méfiance au moment de découvrir une nouvelle vanille. Si l’épice présente simultanément, et selon les espèces, des facettes très variées, son usage en parfumerie est trop souvent prétexte à des solinotes gourmands de peu d’intérêt. Vanille de Tahiti, créée par Gian Luca Perris, parfumeur et directeur créatif de la marque qui porte son nom, est en ce sens une belle surprise et prend sa place parmi les créations qui ont su exploiter toutes les richesses de la précieuse gousse.
Le premier effluve, celui d’une gousse entière, absolument naturelle, restitue le parfum brut de l’épice, jusqu’à ses arômes les plus sombres et les moins sucrés. C’est que la vanille utilisée dans le parfum est une extraction au CO2 supercritique, une technique – décrite en détail dans le Grand Livre du Parfum dont une nouvelle édition vient de paraître – qui permet un rendu plus proche de l’odeur naturelle de l’épice que l’extraction par solvants volatils qui produit l’absolue généralement employée en parfumerie. En résulte l’impression délicieuse de se tenir au dessus d’une caisse de vanille qui viendrait tout juste d’être ouverte. Les gousses encore grasses et luisantes. D’un brun presque liquoreux qui évoquerait presque, avec certes moins de puissance et d’opulence, la Spiritueuse Double Vanille de Jean-Paul Guerlain qui semblait avoir macéré depuis de longues années dans un rhum ambré épicé.
Ce n’est par ailleurs pas n’importe quelle vanille que Gian Luca Perris a choisi de mettre en valeur dans ce parfum. La vanille de Tahiti présente un profil aromatique singulier, très différent de celui de la vanille de Madagascar que nous avons l’habitude de sentir dans les parfums et les pâtisseries. Ses gousses larges et charnues ont un parfum floral prononcé. Elles contiennent en effet peu de vanilline, cet aldéhyde aromatique qui se développe dans les gousses en période de séchage et qui représente à terme, pour certaines variétés, jusqu’à 30% de leur composition chimique. Ainsi, l’extraction au CO2 supercritique permet de restituer les inflexions florales de la vanilla tahitensis, exaltées en sus par un duo de fleurs blanches, aussi exotiques pour nous que l’est la vanille : l’ylang-ylang et la fleur de champaca. Le mariage est absolument réussi. Ainsi enluminée de fleurs solaires, Vanille de Tahiti convoque le souvenir de la jolie Vanille galante de Jean-Claude Ellena pour Hermès, pour laquelle le parfumeur n’avait conservé que les facettes épicées et florales de l’épice, au point de la faire ressembler à un lys.
Sans s’alanguir dans la facilité d’un ambre trop doux, le fond de Vanille de Tahiti, n’en est pas moins chaleureux. Le santal épouse les rondeurs poudrées et héliotropées de la gousse de Tahiti tandis qu’un accord musqué lui conserve du caractère, du montant, et une palpitation à fleur de peau. Certains se souviendront peut-être des muscs râpeux de feu Vanille Absolument de Bertrand Duchaufour chez l’Artisan Parfumeur...
En somme, Vanille de Tahiti, sans être simpliste, s’accorde avec la simplicité de son nom. Ronde sans être écœurante, dense sans être entêtante, elle pourrait paraître policée comparée à certaines de ses consœurs plus ostensiblement singulières ou plus grandiloquentes. Elle n’en demeure pas moins une belle vanille florale, une caresse chaude et ensoleillée, et un remarquable hommage à la plantureuse et méconnue Vanilla tahitensis.
Ce parfum fait partie de la sélection la Box #24 – novembre/décembre 2020.
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par kismi, le 4 janvier 2022 à 08:37
Une vanille crasseuse, qui m’a surpris par ses relents fécaux, qui durent un temps certes mais qui sont bien présents.
Amateurs de vanille pâtissière, passez votre chemin.
L’évolution est confortable, j’adore le point de vue.
Des bises !
par Nez inexpert, le 4 janvier 2021 à 18:45
Celui-ci ou Fleur cachée de Lebreton est peut-être le parfum qui me réconciliera enfin avec cette plante. Vanille galante y était presque parvenu. En attendant, Vanilla prend une majuscule puisque c’est un genre.
par Farnesiano, le 4 janvier 2021 à 14:09
Pas spécialement adepte des parfums dits gourmands, j’avais cependant très apprécié la vanille que Bertrand Duchaufour avait plongé dans un grand bain de rhum, d’épices et de fruits confits pour le somptueux 1697 de Frapin, création aujourd’hui disparue, qui prolongeait d’une manière peut-être plus masculine, plus sombre et sans doute plus alcoolisée, les délices de la Vanille Absolument du même créateur parue peu avant chez L’Artisan. Plus sèche et subtilement amandée, la Vanille Exquise d’Annick Goutal aura été il y a une quinzaine d’année mon premier authentique coup de cœur pour la " gousse. " Sans oublier la vanille de la maison Guerlain qui demeure toujours dans tant de belles références !
Adina76
a porté Vanille de Tahiti le 4 décembre 2021
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par Petrichor, le 12 février 2024 à 16:35
Ces derniers jours, j’ai porté l’extrait de "Vanille de Tahiti" de Perris, sorti en 2023 après l’EDP.
C’est une vanille discrète, coquette, mais sans défaut (j’ai eu peur tout le long de l’évolution), les facettes florales sont un peu "giroflée", et légèrement rhum au début.
Dans le sillage subtil, on a le côté mignon des grains de vanille. On est dangereusement proche des vanilles de synthèse à la façon des crèmes glacées. C’est assez logique, car la vanille de Tahiti et le mode d’extraction choisi apporte plus de vanilline naturelle, mais ça reste de la vanilline :/ Donc tant mieux pour l’absence de défaut, car il lui manque beaucoup des facettes "fauve" de la gousse.
Le fond se rapproche du lys et des encens secs de "Baiser volé", notamment l’ex version extrait de parfum. Je suis content de l’avoir acheté à l’aveugle, d’occasion, mais ce n’est pas ma vanille préférée.
(La dernière vanille à m’avoir époustouflé c’est le "Shalimar" extrait de 2019, et pourtant je connais "Shalimar" et je suis très dur avec Guerlain. Gros coup de coeur pour la vanille naturelle et lavandée de "Couleur de la nuit" de Voyages imaginaires. J’ai hâte de sentir les vanilles de la marque Les indémodables. J’ai hâte de sentir "L’eau des immortels").
Je craignais les défauts de "Magnifying vanilla" de Bvlgari, ou de certains "Hypnotic poison" EDP de Christian Dior : de la vanille pâtissière, des carbocycle plâtreux plutôt que lactés, et des muscs blancs cotonneux. lourdingues.
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par Petrichor, le 12 février 2024 à 17:13
J’oubliais un point : entre le sillage vanillé mignon et subtil, et le fond quand on rapproche son nez, il a un trou. Il y a un trou dans la perception de l’extrait de "Vanille de Tahiti". Les avis sur fragrantica semble la critiquer, outre le prix, comme étant une vanille gourmande trop banale. Je pense que c’est le trou le problème : Les gens vont être tenté d’amplifier le sillage en en mettant plus, et ils ne sentiront plus rien en s’étant aveuglé l’odorat. Les gens sont trop habitués aux vanilles qui bastonnent.
Moi je valide une telle création, c’est un vrai plaisir de gourmet, j’y sens de la sincérité et pas du cynisme. Et malheureusement pour faire un peu mieux en art, on paie parfois un zéro de plus, et ça ne veut pas dire que le résultat sera dix fois meilleur. Donc je comprends que les gens, ceux qui ne roulent pas sur l’or, trouvent que cette création ne vaut pas du tout le coup. Toutefois il convient de rester sincère dans nos critiques, et de ne pas faire comme dans "le renard et les raisins". En fait l’inconvénient c’est d’appeler "extrait" des parfums qui sont vaguement plus fort qu’une eau de parfum de moyenne intensité. Côté prix, Guerlain fait pire avec ses extraits solinotes à 550€ les 50ml. (Je ne les ai pas encore senti). Perris les fait à moins de 300€. Cette comparaison n’est pas une consolation, mais voilà, côté prix Guerlain fait pire. Et sur Facebook Guerlain reçoit beaucoup de visibilité, de la part de groupes de fan passablement moutonniers, alors que Perris manque de bouche-à-oreille.
À ce niveau de prix, la logique commerciale cynique, pour que pour que les gens en aient pour leur argent, ça aurait été de proposer un tank olfactif, . Au contraire, la vanille dans "Vanille de Tahiti" a un côté presque régressif, et a des petites inflexions médicinales et marines sous sous son lys abstrait. Son odeur n’est pas invasive. Ces effets sont donc à l’inverse des attentes d’une clientèle classique qui souhaiteraient un parfum "empouvoirant", quand elle paie cher. La vanille de ce parfum a la fraîcheur d’un rire d’enfant. Ce n’est pas empouvoirant mais je refuse d’attaquer ce genre de beauté.
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