Nouveau Dior Homme : je suis ton homme (mais plus le même)
par Jeanne Doré - Anne-Sophie Hojlo, le 17 janvier 2020
En ce début d’année, Dior lance son nouveau masculin, Dior Homme. Oui vous avez bien lu, et non nous ne sommes pas en 2005. La maison de couture présente une nouvelle mouture de l’eau de toilette lancée sous la direction artistique d’Hedi Slimane au milieu des années 2000. Rien d’étonnant jusqu’ici, puisqu’il s’agit de la huitième déclinaison en 15 ans. Rappel des faits.
En 2005, Dior, qui n’a pas encore de parfumeur maison, fait appel à Olivier Polge (alors chez IFF), pour composer Dior Homme, un iris poudré chocolaté, sophistiqué et androgyne qui séduit les passionnés comme le grand public. À partir de 2006, François Demachy devient le parfumeur attitré de la maison, et crée de nombreux flankers : Dior Homme Cologne (qui a connu deux formules successives), Dior Homme Sport, Dior Homme Intense et Dior Homme Parfum. Il est aussi déjà à l’origine d’une reformulation de l’eau de toilette Dior Homme en 2011, qui conservait les traits principaux de son prédécesseur tout en permettant d’internaliser la formule. En 2020, c’est à nouveau lui qui est à l’œuvre pour ce nouveau Dior Homme, décrit par le parfumeur comme une « signature virile évidente » et qui n’a cette fois plus aucun lien olfactif avec le précédent… mais en reprend tout de même le nom, sans le moindre signe distinctif.
Terminé l’iris et l’androgynie, la marque nous promet « une nouvelle sensualité au masculin », traduite par des notes de bergamote, de baies roses et d’élémi, une « polyphonie boisée riche de tensions et de dialogues » entre cèdre, vétiver et patchouli cœur, et un fond de muscs et d’Iso E Super. L’ex-Dior Homme ne disparaît pas (pour l’instant) : renommé Dior Homme original, il « reste disponible en boutique en France comme en Belgique et, bien sûr, pour le monde entier sur dior.com ».
Pourquoi remplacer cette eau de toilette en gardant le même nom ? Pour gagner un peu d’espace sur les linéaires des parfumeries, pourquoi ne pas se contenter d’un autre flanker puisque Dior n’en a pas été avare jusqu’ici ? Pourquoi créer de la confusion dans une ligne qui continuait à bien fonctionner - Dior Homme intense figurait toujours dans les 10 meilleures ventes en 2018 ? N’y a t-il donc plus de nouveaux noms de parfums disponibles pour être déposés ? Contactée, la marque n’a pas répondu à nos questions. Nous n’en saurons donc pas plus sur ce qui a motivé cette démarche
On ne peut cependant que constater que ce genre de tour de passe-passe devient pour elle une habitude, après le lancement de Miss Dior chérie, devenu Miss Dior à la place de la création de Jean Carles et Paul Vacher, rebaptisée quant à elle Miss Dior originale. Depuis, Sauvage tente de surfer sur le mythe de l’Eau sauvage, et Joy usurpe carrément le nom du parfum mythique de Patou. Au mépris des créateurs comme des consommateurs. Quelle sera la prochaine étape ? Un nouveau Poison avec la plus forte dose d’éthylmaltol jamais employée ? Dune revu et corrigé avec un accord sable du désert au bois de oud pour tenter de séduire le Moyen-Orient ? Les paris sont ouverts.
Côté pub, Robert Pattinson a troqué chemise et cravate pour un T-shirt blanc, sans doute plus confort pour bécoter sur la neige et danser sur « I’m your man » de Leonard Cohen.
La « nouvelle sensualité au masculin » et tous ses clichés a manifestement encore de beaux jours devant elle...
Dior Homme eau de toilette, 71 euros/50ml, 99 euros/100ml
Disponible
Premières impressions
Cette nouvelle version, présentée comme une eau de toilette qui « trouble par sa force et charme par sa fraîcheur » peut globalement se résumer à un accord fougère très convenu, pour ne pas dire ringard, encadré en tête par des notes vertes, fruitées, acidulées qui tirent vers l’ananas. Le vétiver, supposé déployer « son audace raffinée en note de fond » est bien timide au milieu de cet accord boisé synthétique, générique, et disons-le, bien bourrin. Peut-être s’agit-il là des fameux « bois virils pour exprimer une sensualité caressante » ? Toujours est-il que ce cocktail se rapproche davantage d’un croisement testostéroné et mille fois rebattu entre Sauvage, Drakkar noir et un gel douche Adidas. À mille lieux de la créativité, finesse et subtilité inégalées du premier Dior Homme, qu’il faudra désormais (et à juste titre) qualifier d’« original ».
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par Avalyn, le 18 janvier 2020 à 21:35
Au risque de paraître scabreuse, quand je vois l’affiche, j’ai l’impression que Robert est en train d’avoir une petite gâterie. Je dis, je dis rien.
Sinon Dior fait du Dior, c’est-à-dire du rien, du néant, de la reformulation à tous les étages, du flanker en veux-tu en voilà (et oui, y’a un nouveau flanker de Miss Dior à base de Rose, madre de dios mais oui quel génie), c’est vraiment d’un triste. Je suis allée sur leur boutique des Champs récemment, pour sentir le "Rouge Traflagar" (qui sent trois fruits rouge d’hiver et pis s’en vont), et j’y ai été éberluée du manque total d’accueil, de service, de connaissances des produits, de conseils... Bref, LVMH, au lieu de passer tout votre fric à mettre Dior en focus sur toutes les grandes enseignes, ça vous dirait pas d’utiliser cet argent pour rendre cette marque prestigieuse à nouveau ?
par DOMfromBE, le 18 janvier 2020 à 09:26
En tout cas, ce serait amusant que ce nouveau Dior Homme ait une odeur proche de la cultissime Préparation H...
Mais très certainement, les hautes sommités du marketing de LVMH ne commettraient jamais pareille erreur...
par monbazarunlimited, le 17 janvier 2020 à 23:50
Mais qu’a donc fait Hedi Slimane à Dior pour que la Maison détruise son excellent travail sur les parfums ? Déjà avec le triptyque Eau Noir / Cologne Blanche / Bois d’Argent. Maintenant avec Dior Homme, l’une des rares créations mainstream de la marque que j’aimais, achetée dès sa sortie.
Je ne sais pas ce qu’ils ont derrière la tête, mais ils flinguent un nom et une certaine histoire de la parfumerie avec juste des dollars à la place du cerveau.
Je pleure depuis de longues années sur le sort de mon cher Poison, flanké, destructuré et saigné de son identité première. Et je pleure encore plus quand je lis les premières revues du nouveau né « Rouge Trafalgar » à qui on arrive à trouver des qualités tant il sent quelque chose (le fruit rouge sans goût) dans une collection d’Exclusifs qui ne sent plus rien depuis bien longtemps.
Tristesse...
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par Absinthe, le 18 janvier 2020 à 00:39
Oh non, Poison s’est pris une claque lui aussi ?
Je possède un flacon de 2013 et il se tient encore bien, même s’il n’a plus son panache des années 80 (mais ça vaut pour à peu près tous les parfums).
Ne me dites pas qu’ils l’ont encore allégé ?
Parce qu’au pire, les flankers on s’en fiche tant qu’ils ne bricolent pas l’original.
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par monbazarunlimited, le 18 janvier 2020 à 00:49
Désolée Absinthe.
Il s’est pris une claque depuis la version d’origine, en 1985. Je l’ai acheté en 1987, adolescente, puis il me semble au milieu des années 90 et début des années 2000. Je garde ce dernier flacon précieusement. Je ne l’ai pas senti depuis longtemps, donc incapable de vous dire s’il a encore été decharné depuis 2013,mais cela ne m’étonnerait pas. Voilà bien longtemps que Dior le traite comme un sous-parfum, préférant valoriser ses flankers. Je me souviens même qu’il y a une dizaine d’années, je ne le trouvais plus dans les Sephora. Le bruit courait que Dior voulait l’arrêter. Et j’ai toujoirs peur que cela arrive un jour...
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par Absinthe, le 18 janvier 2020 à 01:27
Alors si mes souvenirs sont bons, j’ai commencé à porter Poison au début des années 2000 justement, et personne ne m’a jamais brandi de crucifix au visage, ce qui signifie sans doute qu’il s’était considérablement assagi depuis son année de naissance. Cela dit, vaporisé avec parcimonie je l’ai toujours trouvé supportable (je garde le souvenir d’une chef de bureau physiquement imposante et forte en gueule qui l’avait reçu en cadeau de Noël en 1986 et ne s’était pas gênée pour nous le faire savoir).
Méchanceté à part, ma belle-mère en avait reçu un flacon en cadeau d’entreprise, à l’époque où les vaporisateurs n’étaient pas la norme : à chaque fois que j’allais chez elle, j’ouvrais en douce l’armoire de sa salle de bain pour soulever le bouchon en verre de cette fiole ensorceleuse et renifler ce parfum intrigant, trop fort, délicieux, too much, addictif, pas pour moi, je le veux... ma belle-mère le détestait disait-elle, en tout cas elle ne le portait jamais, mais elle n’a jamais voulu s’en séparer, comme quoi il se passait tout de même quelque chose.
Je pense que Poison a longtemps eu ce côté "tu en fais trop, qu’est-ce que je t’aime", et ça serait dommage de calmer encore plus ses ardeurs, d’autant qu’il a encore ses fans de la première heure. Et puis Dior a lancé son Poison Girl pour les fifilles, et rajouté une bonne dose de sucre vanillé à son Hypnotic : je ne vois pas ce qu’il leur faut de plus. Poison ne dérange plus personne et il coûte encore une blinde, alors qu’ils lui fichent la paix.
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par monbazarunlimited, le 18 janvier 2020 à 17:52
Poison est un peu une madeleine de Proust pour moi. Mon premier parfum d’adulte (j’entends un parfum avec une vraie personnalité) qui m’a fait aimer la tubéreuse passionnément.
Je n’ai pas forcément un parfum-signature, mais la tubéreuse est ma signature. Elle est même tatouée sur moi ! ;-)
Poison n’étant plus le parfum que j’ai connu, je « chasse » la tubéreuse comme une quête mystique. J’ai adoré Tubéreuse Criminelle de Lutens, mais Carnal Flower des EdPFM reste mon favori, avec l’enchanteur Nuit de Bakélite de Naomi Goodsir. Avec, côté mainstream, le très réussi Bloom de Gucci, et même Tubéreuse Noir, issu de la collaboration Zara/Jo Malone CBE.
Vive la tubéreuse !!!
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par Nez inexpert, le 19 janvier 2020 à 19:27
Essayez éventuellement Tubéreuse absolue de Perris, surtout mariée au Cacao aztèque de la même maison : un mélange recommandé par une vendeuse au fait, et qui marche du tonnerre.
¡ Viva México !
par Angele, le 24 mars 2020 à 13:57
Je suis des vôtres enfin à la description Poison est mon parfum, ma madeleine de Proust, et quand je sens un parfum que j’aime en général la tubéreuse est là, quand je change j’y reviens toujours, à l’époque entre 1987 et 1994 ma belle mère le portait, et il y avait le savon, la poudre, dans de jolis écrins j’ai tout tenté pour trouver les dérivés mais ils ont tout arrêté quand le sucré est devenu tendance pour vendre aux plus jeunes et taper dans une nouvelle clientèle... Mais la tubéreuse je l’aime pas quand elle est trop verte trop rêche et je n’ai pas sentie Carnal Flower mais je penses qu’il correspondrait à ce que j’aime.
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par Absinthe, le 24 mars 2020 à 20:45
Bonsoir Angele ;
pour avoir porté Poison pendant 15 ans sans la moindre infidélité, je peux vous affirmer que Carnal Flower n’a strictement aucun rapport. Il est très beau, très bien fichu, assez sensuel mais il n’a pas le côté opulent et baroque de Poison ; en fait, Carnal est plus un parfum de peau selon moi. Plus éthéré et transparent.
Si vous voulez une tubéreuse qui diffuse mieux avec une gamme de bain assortie, je vous conseille Alien de Thierry Mugler : redoutable. Mais j’imagine qu’en bonne fan de tubéreuse vous le connaissez déjà.
Sinon bien sûr il y a Fracas de chez Piguet, une tubéreuse sans compromis, le genre qui vous fiche une claque avant de vous embrasser fougueusement.
En tout cas merci d’avoir parlé de Poison qui me rappelle tant de souvenirs, bons ou mauvais (c’est d’ailleurs pour ça que je ne le porte plus, même si je le sniffe de temps en temps comme un plaisir coupable ^^).
par DOMfromBE, le 18 janvier 2020 à 08:58
Quand il est sorti, Poison envahissait tout. On le sentait partout et il méritait bien son nom. D’ailleurs une version eau de cologne était même commercialisée au début des années 1990, pour les timides et les narines plus délicates.
Soupir...
Je ne peux pas approcher d’une tubéreuse sans avoir une migraine de compétition en moins de trous minutes...
par bh59, le 19 janvier 2020 à 10:23
Bonjour,
Je partage totalement votre avis. Dior détruit le travail d Hedi Slimane... Les premières colognes et dior homme. Je viens d acheter il y a 2 semaines bois d argent,
J en possède encore un flacon datant de 2008... Je suis déçu, les 2 formules n ont pas du tout la même "consistance". Alors effectivement la réglementation a poussé la reformulation, mais tout de même quelle tristesse de voir tout ce patrimoine artistique et parfumé voler en fumée...
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par monbazarunlimited, le 19 janvier 2020 à 10:47
Bonjour,
Eau Noire, mon chouchou absolu des tous débuts de Dior en parfumerie sélective, est aujourd’hui placardisé dans leurs boutiques. Vous ne le verrez jamais présenté dans un quelconque coin, visible par les visiteurs. Impossible donc à sentir avant de l’acheter (je ne saurais dire s’il a été reformulé... C’est le bruit qui court). Par contre, si vous le demandez, vous aurez droit à un grand soupir et, comme je l’ai vécu il y a 15 jours, un "Désolée, il est en rupture. Mais nous en faisons produire régulièrement un nouveau millesime (sic). Il devrait être disponible bientôt... Mais je ne sais pas quand !".
Et qui connaît le sillage d’Eau Noire peut se demander pourquoi il n’existe désormais qu’en... 250 ml (à 285 €) !!! Même porté tous les jours, on n’en verra jamais la fin !
par Absinthe, le 17 janvier 2020 à 23:15
Non Absinthe, ne ressors pas cette blague douteuse sur "Dior Homme" lu à l’envers et sur le fait que le monsieur sur l’affiche semble beaucoup en souffrir. Contente-toi de regretter l’iris de la première mouture, qui faisait toute la personnalité de ce parfum et ne plaisait pas qu’aux métrosexuels.
Enfin bon après c’est Dior et ses choix marketing quoi...
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