La Treizième Heure
Cartier - Les Heures de parfum de Cartier
Coup de cœur
- Marque : Cartier
- Année : 2009
- Créé par : Mathilde Laurent
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Boisée
- Style : Chic - Pointu
Combustion lente
par Jeanne Doré, le 1er juin 2010
Il y a des parfums plus intimidants que d’autres quand il s’agit de donner son avis, comme par exemple les classiques mythiques intouchables, mais aussi les parfums "primés".
Lorsqu’une création quasi confidentielle vient de recevoir le prix des parfumeurs créateurs et le prix des spécialistes aux Fragrance Foundation Awards 2010, et a reçu les meilleurs éloges de toute la blogosphère, on se sent tout de suite un peu honteuse de ne pas encore avoir réussi à aller dans cette satanée boutique Cartier pour découvrir la perle rare, et on se surprend même à craindre le pire : « et si je ne l’aimais pas, moi ?... »
Alors soudain, on se projette, on s’attend à tout un tas de choses compliquées, alambiquées, inimaginables, jamais senties... et on découvre qu’un parfum merveilleux est avant tout un parfum qui ne se dévoile jamais dès la première seconde. Tant mieux, sinon, j’aurais eu peu de choses à raconter.
Ma première rencontre fut donc à la boutique de la rue Saint-Honoré, avec une vendeuse pas vraiment là pour parler des Heures du Parfum. Pshitt pshitt, toute la collection vaporisée sur la même mouillette, pourquoi pas. Et je peux en mettre sur mon bras ? Quelle idée ! Bien sûr. Merci, au revoir. Je renifle, du bois fumé, du tabac, du cuir, du goudron. Ok, c’est puissant, ça traverse mon manteau, mais j’ai déjà senti tout ça dans le passé. C’est quoi, le truc ?
Il a donc fallu que je ruse pour pouvoir réitérer l’expérience, plusieurs fois, sur mes bras, mon cou, mes poignets... et petit à petit, le fameux truc est arrivé.
La Treizième Heure me parle tour à tour de papier blanc, d’encre noire, de rouleaux de réglisse, de cigares allumés, de vieux livres brûlés, de tasses de thé noir fumé, elle démarre comme une étincelle qui crame tout sur son passage.
Et puis, surprise, elle me dévoile une vanille surnaturelle, privée de son sucre, uniquement parée de sa note boisée et animale, mais qui m’évoque pourtant le même goût épicé et amer que lorsqu’on la croque à même la gousse après l’avoir infusée dans son riz au lait.
Une douceur blanche inattendue au milieu d’un décor noirci et mouvant. La simplicité du début ("c’est fumé") laisse place à une complexité brillamment maîtrisée, toute en dualité, où tout est pourtant parfaitement relié, minutieusement imbriqué.
La Treizième Heure n’a pas d’âge, pas de sexe, pas de cible à viser, et restera certainement une perle rare que peu d’entre nous iront s’offrir. Mais la rareté contribue souvent à la beauté, et les qualités de cette heure imaginaire ne peuvent que réjouir et réconforter ceux qui considèrent encore la parfumerie comme un art.
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par lrisfleur, le 24 octobre 2014 à 20:04
J’ai senti la XIIIe heure aujourd’hui et je dois dire que cet aspect excessivement fumé m’a un peu rebuté au premier abord, mais je garde la mouillette pour suivre l’évolution...
J’ai également essayé l’Heure Défendue, à base de cacao, qui rend très bien sur ma peau. Le prix reste prohibitif mais j’étais heureuse de découvrir cette gamme qui m’intéressait depuis longtemps.
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par lrisfleur, le 24 octobre 2014 à 20:07
Ah oui, et l’Heure Folle vaut également le détour à mon avis ! Moi qui suis habituellement déçue par les parfums fruités, j’ai trouvé celui-ci fin et très réussi.
par XIIIème Heure, le 10 décembre 2013 à 00:23
Bonsoir,
En rejoignant les rangs des participants du site, j’ai choisi le nom de ce parfum comme pseudonyme. J’ai attendu assez longtemps pour lui donner les quatre étoiles qu’il mérite amplement. Il évoque si bien la nuit d’hiver piquante et pleine de fumée froide, ou l’automne humide, doux et décrépissant. La Treizième Heure me touche d’autant plus qu’elle fait pour moi écho à ce passage du Journal de Mireille Havet :
« Odeur de fumée de l’automne.
On brûle les taillis, on brûle les sarments. Le chaume du champ fume comme une pipe.
A la mer, on brûle le varech.
Jusqu’à la ville, cette odeur roussie est venue. Elle apporte la mélancolie de la grande route et l’auberge sombre où, dans la nuit nouvelle, l’hôtesse allume quelques branches pour le souper.
Les retours ! les chasses, les angoisses… les nuits.
Le soleil rajeuni du lendemain et, cependant, comme il s’éloigne. L’Orient le tire, notre occident demeure privé de vie. »
par Thierry, le 13 mars 2011 à 12:48
Quoi ? Ce que j’apprends sur la "gestion des ressources humaines" pour reprendre la formule consacrée me paraît une fois de plus une hérésie ! Les marques se comportent avec un cynisme qui tendrait à prouver qu’elles n’ont rien compris !
Pour une autre marque - Goutal pour ne pas la nommer - j’ai rencontré des vendeuses qu’on oblige à "tourner" dans différentes boutiques alors qu’elles avaient réussi à connaître leur clientèle... Que leur demande-t-on aujourd’hui ? de mettre forcément en avant la dernière nouveauté ? (toujours de qualité dans cette maison) alors qu’évidemment proposer des parfums plus" anciens" (comme les merveilleux Heure exquise, Grand Amour, Eau du Ciel, Ce soir ou jamais...) suppose un travail d’une autre nature...
par Jeanne Doré, le 13 mars 2011 à 12:21
Information confirmée : Josiane, que j’ai eu le plaisir de rencontrer hier (Encre Noire, on s’est loupés de peu ;)) m’a dit qu’après avoir failli accepter un CDI chez Nina Ricci (Aaargh !), elle s’est finalement vue en proposer un chez Cartier, ouf !
C’est incroyable de constater que des marques sont prêtes à se séparer de leurs meilleures vendeuses, sans doute par pure méconnaissance de ce qu’il se passe "sur le terrain", Josiane aurait pu être remplacée par une jeune inculte comme il y en a tant sur les stands voisins, quel hérésie... Incroyable aussi que des personnes avec autant de compétences soient toujours en CDD précaire, alors que d’autres, hautement incompétentes, ont des positions à responsabilité et font n’importe quoi !
Bref, je ne sais pas ce qui les a fait changer d’avis, mais c’est tant mieux !
Elle m’a donc fait sentir toutes les Heures, que je chroniquerai bientôt, et m’a confirmé qu’il y aurait un grand lancement féminin pour Septembre, qui tentera de devenir LE féminin de la marque qui peine un peu dans cette catégorie.
Déclaration est clairement le best seller chez Cartier, suivi de l’Eau de Cartier, plus unisexe, puis arrive loin derrière Must, le grand classique qui n’a été détrôné par aucun nouveau féminin depuis, mais qui est loin d’être encore un hit. Elle m’a aussi confirmé que le Baiser du Dragon, c’est bientôt fini, mais elle fait des stocks, alors si vous le portez, allez vite aux Galeries Lafayette Haussman !!!
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par encrenoire75, le 13 mars 2011 à 13:24
J’espère bien qu’on se croisera un de ces jours, Jeanne ! J’ai hâte de voir vos recensements des autres Heures. En fait, j’étais aux GL la semaine dernière quand Josiane m’a prévenu de son possible départ imminent ; c’est Jicky qui m’a prévenu hier par texto que Josiane restait.
par encrenoire75, le 12 mars 2011 à 18:44
Fausse alerte. Apparemment, Josiane reste chez Cartier.
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par encrenoire75, le 5 mars 2011 à 18:24
Triste nouvelle : Josiane, la responsable du stand des parfums Cartier aux Galeries Lafayette, va très probablement bientôt quitter son poste pour rejoindre une autre marque aux Galeries. C’était une vendeuse particulièrement dynamique, charmante avec les passionnés de parfum, assurant un suivi personnalisé de ses clients (elle utilisait même son téléphone personnel pour informer de nouvelles arrivées) et attentive aux avis des bloggeurs. Espérons que sa remplaçante sera une aussi bonne représentante des parfums Cartier.
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par Jicky, le 5 mars 2011 à 18:29
Sérieux ???? Ah non non non non !!! Je veux pas !!! Elle part quand ??? Oh non !!!
par Jeanne Doré, le 28 octobre 2010 à 22:55
Merci Jicky de répondre quand je ne suis pas là ! et surtout quand je n’ai pas de réponse :)
Captainmilou, il faut que je retourne faire un tour chez Cartier ou aux Galeries pour prendre le temps de sentir cette heure folle, ainsi que les dernières lancées, car je suis complètement larguée...
par Jicky, le 28 octobre 2010 à 19:16
Bon, je sais, on ne m’a pas vraiment demander mon avis, mais là je peux pas m’en empecher, en ce moment je suis assez addict à L’Heure Folle ! (d’ailleurs, sans vouloir nous faire de la pub, un article sur elle est en préparation sur notre blog avec Phoebus, j’en dis pas plus...)
Je met ici mon humble avis que j’avais laissé sur le blog d’Ambre Gris :
"Par où commencer ? J’allais dire ma vue globale du parfum, mais en fait, non. Je vais... raconter ma vie ! :p (enfin, pas vraiment). A vrai dire, s’il y a bien un truc sur lequel je suis nul à deviner ce que je sens, ce sont les fruits : fraise, framboise, poire, pomme, papaye, goyave, (oui, bon peut être pas non plus ^^). Y’a que la pêche qui s’en sort bien :p (et Petite Chérie).
Donc alors, c’est pas vraiment moi qui vais souligner cet "indubitable filet de grenadine" XD !
Mais pourtant...
(là je passe à la vision globale ... + racontage de life :p, on ne change pas une équipe qui gagne —’)
là c’est indubitable, pour reprendre l’expression ! Je viens du Québec, et là bas il y a une baie qui est magistrale, non seulement au gout mais aussi pour le soin (les infections urinaires entre autre, c’est magique je vous le jure !) : la canneberge (cranberry pour les anglophones, mais on dit canneberge :o).
Cette petite baie est très acidulée dans son jus, et je retrouve une acidité vivante dans L’Heure Folle !
Au début, on a une envolé acide qui te monte au nez, puis fait vibrer l’oreille ! (je me comprend) Si !!!! Ca va un peu au niveau du creux, là où on est censé mettre le parfum ! C’est super acide, grinçant ! Mais tellement bien foutu....
Puis après, comme par un coup de baguette magique, l’accord tend vers l’amertume ! Je crois que je vais faire une thèse sur le rapprochement des extrèmes, on passe plus vite d’un extrème à un autre que d’un milieu à milieu un peu plus penché (oula ! je suis pas clair j’aime pas ça !).
L’amertume que je sens est très verte et terreuse ! Comme si après avoir gouté les petites baies, bien acide, on en eu cueilli une ! La verdure amère qui coule sur nos doigts, une épine qui nous fait mal et nous fait serrer par reflexe le doigt, écrasant ainsi le fruit ! Eh bien L’Heure Folle c’est ça (j’ai compris ! L’Heure Folle car après tu chopes le tétanos à cause de l’épine et tu délires...).
C’est d’une réalité saisissante ! Ah la la ...
Comment conclure, si ce n’est que je trouve que l’évolution sur peau va quand modifier les changement d’acidité. Je trouve l’évolution sur papier plus saisissante bizarrement. Dans mon cas, l’accord devient de suite plus charnel, et m’embaume rapidement, zappant un peu trop vite les divers états rigolos !
En tout cas, bravo Mathilde Laurent et
Vive l’odorat !"
par capitainemilou, le 28 octobre 2010 à 18:57
l’heure folle de cartier qui est restée plusieurs mois exclusive au grand magasin américain Saks vant d’arriver en france.Cette Heure Folle, une vendeuse visiblement peu séduite me l’avait annoncée "très, très fruitée.Ma foi, il fallait se rendre à l’évidence, les parfums aux allures de sirop de fruits sont à la mode, et même une collection de prestige ne pouvait manifestement pas y couper. Logique commerciale, n’est-ce pas... Et donc, je m’apprêtais à passer allègrement mon chemin, imaginant un de ces parfums Teisseire juste un peu amélioré pour l’occasion.Je n’en reviens toujours pas, et pourtant le fait est là : L’Heure Folle m’a surprise, puis... littéralement conquise. A mon sens, la réussite est totale. Baies sauvages et petits fruits des bois se pressent en avalanche, assez réalistes mais pas entièrement : ils suggèrent le fruit à même le buisson, mais sans qu’aucun ne se fasse particulièrement identifiable. En cherchant bien, on devine un peu de framboise, un peu de groseille sans acidité, peut-être quelques fraises des bois... mais le parfum reste surtout joyeux tutti-frutti en camaïeu de tons rouges et roses. A vrai dire, c’est peut-être la note de grenadine, douce-amère, qui est la plus reconnaissable - mais aucune crainte à avoir : si elle est sucrée, c’est avec mesure ; elle reste paradoxalement assez subtile et échappe surtout totalement à l’effet confiture lourdingue.
Chère Jeanne pouvais vos me donner votre avis sur cette heure ????merci d’avance
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Comme un vent qui s’enfle avec une progression régulière, j’entendis avec joie une automobile sous la fenêtre. Je sentis son odeur de pétrole. Elle peut sembler regrettable aux délicats (qui sont toujours des matérialistes) et à qui elle gâte la campagne, et à certains penseurs (matérialistes à leur manière aussi), qui, croyant à l’importance du fait, s’imaginent que l’homme serait plus heureux, capable d’une poésie plus haute, si ses yeux étaient susceptibles de voir plus de couleurs, ses narines de connaître plus de parfums, travestissement philosophique de l’idée naïve de ceux qui croient que la vie était plus belle quand on portait, au lieu de l’habit noir, de somptueux costumes. Mais pour moi (de même qu’un arôme, déplaisant en soi peut-être, de naphtaline et de vétiver m’eût exalté en me rendant la pureté bleue de la mer, le jour de mon arrivée à Balbec), cette odeur de pétrole qui, avec la fumée s’échappant de la machine, s’était tant de fois évanouie dans le pâle azur, par ces jours brûlants où j’allais de Saint-Jean-de-la-Haise à Gourville, comme elle m’avait suivi dans mes promenades pendant ces après-midi d’été où Albertine était à peindre, faisait fleurir maintenant, de chaque côté de moi, bien que je fusse dans ma chambre obscure, les bleuets, les coquelicots et les trèfles incarnats, m’enivrait comme une odeur de campagne, non pas circonscrite et fixe, comme celle qui est apposée devant les aubépines et qui, retenue par ses éléments onctueux et denses, flotte avec une certaine stabilité devant la haie, mais comme une odeur devant quoi fuyaient les routes, changeait l’aspect du sol, accouraient les châteaux, pâlissait le ciel, se décuplaient les forces, une odeur qui était comme un symbole de bondissement et de puissance et qui renouvelait le désir que j’avais eu à Balbec de monter dans la cage de cristal et d’acier, mais cette fois pour aller non plus faire des visites dans des demeures familières, avec une femme que je connaissais trop, mais faire l’amour dans des lieux nouveaux avec une femme inconnue. Odeur qu’accompagnait à tout moment l’appel des trompes d’automobile qui passaient, sur lequel j’adaptais des paroles comme sur une sonnerie militaire : « Parisien, lève-toi, lève-toi, viens déjeuner à la campagne et faire du canot dans la rivière, à l’ombre sous les arbres, avec une belle fille ; lève-toi, lève-toi. »
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par Marcel Proust, le 10 avril 2015 à 12:00
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