L’Interdit : le nouveau Breakfast at Givenchy’s
par Jeanne Doré - Anne-Sophie Hojlo, le 3 octobre 2018
La tendance en cette rentrée est décidément au « clonage » de parfums mythiques, sans lien olfactif avec l’original : après Joy de Dior (succédant à celui de Jean Patou), les nouveaux Gentleman et Eau de Givenchy, voici L’Interdit version 2018.
« Je vous l’interdis ! » Selon la légende, c’est ce que répond Audrey Hepburn à Hubert de Givenchy quand ce dernier lui demande en 1957 s’il peut commercialiser le parfum créé exclusivement pour elle à l’origine. L’Interdit est pourtant bel et bien lancé, prenant ce nom en souvenir de l’anecdote.
En 2018, la communication de son avatar joue toujours sur cet attrait irrésistible de l’illicite. « Aujourd’hui, avec L’Interdit pour cri de ralliement, Givenchy incite les femmes à briser les conventions. A éprouver le frisson de la liberté et des sensations défendues », écrit la marque.
La maison de mode française nous promet « l’union interdite d’une fleur blanche et d’un accord noir ». Les parfumeurs Dominique Ropion, Anne Flipo et Fanny Bal ont composé à cet effet « un bouquet narcotique et lumineux » de fleur d’oranger, jasmin et tubéreuse, souligné de vétiver et de patchouli « aux accents fumés et racinaires ».
Pour illustrer cette « fleur résolument underground », les pubs télé et papier ont été shootées dans le métro à Paris par Todd Haynes. Traits délicats, sourcils bien dessinés, et silhouette frêle, l’actrice Rooney Mara y a de faux airs d’Audrey Hepburn.
Eau de parfum 64,50 euros/35ml, 92 euros/50ml, 111 euros/80ml
Premières impressions
Risquer de s’aventurer dans les profondeurs du métro en robe haute couture Givenchy, tout ça pour y découvrir que la transgression ultime, c‘est se vaporiser de sirop de fleurs blanches musquées ?
Cet Interdit ne semble décidément pas à la hauteur des revendications du communiqué de presse, pourtant pas avare en discours engagé. Si la libération féminine est devenu le nouveau fer de lance de la parfumerie grand-public (Chanel, Calvin Klein, Cacharel, ...) l’ère d’une direction artistique subtile et respectueuse de l’héritage d’une marque n’a elle, pas encore connu son avènement.
Oui, les fleurs blanches sont narcotiques, mais de ce genre de substances addictives dont on craint de céder à la tentation tant elles annoncent mal de crâne et de cœur imminent. Le jasmin, plutôt vert et fruité, prend des allures de poire Belle Hélène et la fleur d’oranger celles de fraise des bois. En fond, le vétiver se fait plutôt discret, le patchouli propre et transparent, et une boule musquée évoque un Chamallow moelleux, poudré et dodu, à diffusion radiante. Un breakfast at Givenchy’s décidément plus nourrissant que « résolument underground ».
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par zapakh, le 10 octobre 2018 à 12:33
Bonjour, ce ne sont pas tant les arômes de chewing-gum ou de guimauve qui sont gênants (si tant est que l’on distingue de telles notes, et ce n’est pas mon cas), car après-tout, Incarnata d’Anatole Lebreton -que j’adore- évoque clairement le Malabar jaune mêlé d’Hollywood à la chlorophylle, L’Instant de Guerlain à des allures de guimauve, et cela ne semble gêner personne (je vous entends déjà penser : "oui mais tout est dans la délicatesse du traitement", "On ne mélange pas les torchons et les serviettes", "Il y a guimauve industrielle et guimauve artisanale", etc. On est d’accord). Le plus décevant pour moi dans cette fragrance (je parle du jus et non du projet global, le "parfum"), c’est la bourrasque de muscs qui anéantit un départ que je continue pour ma part de trouver plaisant, original et attachant, plus floral que sucré pour tout dire. Il y a quelques semaines, j’exprimais spontanément mon enthousiasme sur cette édition, c’était sans compter ces accords que je pensais être les fameux "bois ambrés qui vrillent le nez" avant que Jeanne Doré ne précise dans son billet qu’il s’agit de muscs. Si j’aime qu’un parfum soit facetté et complexe, je voudrais parfois que les notes de tête d’une composition soient figées, qu’elles aient tout au moins plus le temps d’exister, et ici ce n’est pas le cas. C’est dommage car j’aime vraiment beaucoup l’attaque de ce parfum. En tout cas, je lui aurais donné sa chance.
par Frédéric, le 10 octobre 2018 à 09:54
du chewing-gum...il doit y en avoir beaucoup sur le sol du métro parisien et sur la traîne de cette robe longue pour que ça sente autant le chewing-gum
par Doblis, le 8 octobre 2018 à 16:50
Quelle déception de la part de Givenchy de balafrer tous ses parfums de la sorte.
Pourquoi tant de haine ?
Rendez-nous le véritable L’Interdit !!!
Si Hubert de Givenchy avait offert ce jus à Audrey Hepburn, jamais elle ne lui aurait dit que c’était INTERDIT de le vendre au plus grand nombre. Elle ne l’aurais surtout même pas porté !
Quelle intérêt de vouloir rajeunir un parfum si c’est pour faire la même chose que les autres ?
Encore un sirop de fleurs sans grand intérêt. Les "parfumeurs" ont-ils des stocks de ce "sirops de fleurs" à écouler coûte que coûte qui imprime la tendance actuelle à tout le marcher ?
Et on ne peut pas critiquer les nez qui sont derrières : ils ne font qu’obéir à un cahier des charges des marques prêtes à tout pour vendre tout et n’importe quoi.
Givenchy est tombé bien bas : ils sont sous terre d’où le visuel choisi sans doute...
Décevant.
par Parfumsdemots, le 7 octobre 2018 à 22:01
Oui,une drôle d’impression sucrée :comme une odeur de malabar fraise,étrange et décevant surtout quand on a connu l’Interdit d’avant ...
par gabichou, le 7 octobre 2018 à 17:41
Hum ... ces rééditions de Givenchy sont toutes plus désolantes les unes que les autres.
C’est ça qui devrait être interdit !
par Garance, le 3 octobre 2018 à 12:18
Eh bien oui, encore un grand nom "L’Interdit" utilisé pour un parfum banal : un énième fleuri fruité bien gentillet, rien qui mérite d’être interdit...
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par poivre rose, le 27 novembre 2018 à 13:38
Bonjour,
Ce nouvel Interdit m’évoque un joli Twilly qu’on aurait laissé confire dans du sirop jusqu’à ce qu’il se transforme en gloubi-boulga liquoreux qui pique le nez un peu à la manière de La vie est belle. Je perçois un accord prometteur à la base mais qu’on n’aurait pas assez travaillé, ou bien au contraire un jus abouti qu’on aurait ensuite chercher à tout prix à défigurer en surdosant tout ce qui aurait pu faire son charme, comme si on avait vidé compulsivement dans la marmite les flacons de jasmin, de muscs et patchouli. Ca devient plutôt compact et écœurant une fois passées les premières notes. Je ne sens pas vraiment le côté chewing-gum, par contre je perçois une odeur de pop-corn, que j’aurais pu apprécier dans une version moins collante-caramélisée.
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par zapakh, le 27 novembre 2018 à 14:54
Bonjour poivre rose,
Je n’arrive pas à trouver de filiation entre Twilly et L’Interdit, en revanche, l’accord de tête prometteur dont vous parlez me plaît beaucoup, et pour cause ! Il me rappelle Alien, de Thierry Mugler... Connaissez-vous ? Ce serait intéressant d’avoir votre avis.
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par poivre rose, le 27 novembre 2018 à 15:06
Re-bonjour Zapakh, et non j’avoue ne pas du tout me souvenir à quoi ressemble Alien. Je vais aller remédier à cela très rapidement, je vous tiens au courant de mon ressenti. A bientôt.
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par poivre rose, le 30 novembre 2018 à 19:24
Chère Zapakh, j’ai fait mes devoir. Je suis allée tester Alien (sur touche), j’ai pris mon temps avant de vous faire part de mes impressions. Oui je vois je crois le fil conducteur tissé par cet accord ’prometteur’ entre L’interdit et Alien. Si la promesse n’est pas tenue dans le premier, elle me semble bien l’être dans le second. Je n’ai pas perçu immédiatement l’opulence ’Muglerienne’ d’Alien, il m’a dans un premier temps rappelé l’Eau belle d’Azzaro, un joli parfum plutôt frais que j’ai porté plus jeune le temps d’un été, avec son côté ’floral poivré’. Mais, une fois bien installé, il a une sacrée personnalité. Il ne me donne pas tant l’impression de débarquer d’une autre planète, il me semble plutôt qu’il porterait bien le nom d’ ’Hyptonic poison ’ non ? (presque plus que le vrai, dans sa version actuelle en tous cas !!). Il m’intéresse, j’irai l’essayer sur peau et vêtements. Pour revenir à notre ’accord prometteur’, je dirais que je le retrouve aussi dans Twilly dans une version plus ’santal crémeux’, tandis qu’il se fait ’ambré-poivré’ dans Alien, et carrément ’caramélisé-collant’ dans l’Interdit.
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par zapakh, le 4 décembre 2018 à 09:48
Chère poivre rose, je vous remercie de ce retour détaillé sur vos essais expérimentaux, 10/10 ;) Alors vous avez donc vous aussi senti une filiation entre Alien et L’Interdit dans les notes de tête, me voilà rassurée. En revanche, je ne vois aucun lien entre Hypnotic Poison et Alien, ou alors quelque chose m’échappe. Je possède un échantillon de Twilly, d’Alien et de L’Interdit, aussi je ferai l’exercice de comparaison, et vous préparai à mon tour une fiche de lecture ! Belle journée ! (En tout cas, on peut dire qu’on s’est donné la peine de le comprendre cet Interdit mal aimé ;) )
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par poivre rose, le 4 décembre 2018 à 15:05
Bonjour Zapakh,
Je me suis mal exprimée. Je ne vois pas non plus de lien entre le jus d’Hyptonic poison’ et celui d’’Alien’, ce que je voulais dire est que je trouve que le nom ’hypnotic poison’ irait bien au jus d’Alien, à sa personnalité :) En tous cas Alien m’évoque davantage un sortilège qu’un.. alien (mais cela ne reflète que mon imaginaire..).. Belle journée à vous aussi.
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