Grands espaces, Beethoven et méthode Coué : la revue de sorties parfums #5
par Anne-Sophie Hojlo, le 14 avril 2020
Parce qu’il y a de plus en plus de lancements, y compris dans les marques de niche, et que l’équipe d’Auparfum tient à vous informer de façon la plus complète possible, voici la revue de sorties : chaque mois, un tour d’horizon des flacons qui sont arrivés sur nos bureaux.
Californie, Sahara, Andalousie, Japon… Alors que la majeure partie de la planète est confinée, les dernières sorties des marques de niche nous proposent un tour du monde immobile. S’ils sont récurrents dans l’histoire de la parfumerie depuis au moins Mitsouko de Guerlain il y a plus d’un siècle, les motifs de l’exotisme et du voyage prennent un relief particulier quand ils représentent une des seules formes d’évasion possibles.
Direction l’ouest américain avec Louis Vuitton, qui enrichit sa collection de « parfums de cologne » lancée l’année dernière avec California Dream. Jacques Cavallier-Belletrud traduit les couchers de soleil spectaculaires de Los Angeles en travaillant la mandarine, la poire, l’ambrette et le benjoin. Comme pour le reste de la gamme, le packaging a été conçu en collaboration avec l’artiste californien Alex Israel.
Eau de parfum, 215 euros / 100ml.
Grands espaces toujours avec The Different Company, qui fête ses vingt ans avec Al Sahra. Signé Emilie Copperman, il est décrit par la marque comme « le vent dans le désert, minéral et sensuel, qui poursuit la caravane d’épices entre les gratte-ciels et les pistes ». Derrière ses notes de cristaux de sel, lys des sables, ciste et encens se dévoile un sillage brûlant et sec, qui se tient à distance des caricatures orientalisantes.
Eau de parfum, 190 euros / 100ml.
C’est en Andalousie que nous emmène Mizensir avec Solar Blossom, « mille-feuilles de réminiscences olfactives où tout est parti d’une fleur d’oranger chaude et douce, à peine sucrée comme une gourmandise d’enfance ». Alberto Morillas a puisé dans ses souvenirs pour faire revivre la Séville des années 1960, où il se régalait de glace à la vanille dans un patio abritant des orangers en fleurs.
Eau de parfum, 190 euros / 100ml.
Une atmosphère hispanique paisible et réconfortante qui inspire également la marque Patio de los Perfumes, basée à Grenade. Parmi sa gamme d’eaux de toilette et de colognes, Divino évoque un « luxuriant jardin de notre patio et la floraison de ses orangers ». Bergamote, citron, néroli, coriandre, vanille et ambre donnent naissance à une cologne doucement régressive et, ce qui ne gâche rien, à prix doux.
Eau de cologne, 28 euros / 50ml.
Le voyage continue au Japon avec Liquides imaginaires, qui relance sa « Trilogie des humeurs » avec une version inédite de Phantasma. Anne-Sophie Behaghel retranscrit une rencontre avec une geisha dans un bar à saké de Tokyo en mariant yuzu, poudre de riz et « bois sensuels ». Ce « fantôme de vos désirs enfouis, de vos pensées cachées » se révèle d’une douceur enveloppante et tout en retenue.
Eau de parfum, 180 euros / 100ml.
Destination moins exotique pour certains d’entre nous, c’est Paris que Vilhelm parfumerie a choisi pour camper le décor de Body Paint. Dans une galerie de la capitale en 1988, « des danses rituelles, des sons susurrés, l’extase d’une peau brûlante ». Pour leur donner vie, Marc-Antoine Corticchiato a imaginé « une collision à couper le souffle entre le jus de poire glacé et le piment ». Une association en effet décoiffante, annoncée par un effet « peinture fraîche », et qui finit par muter en sillage boisé encens.
Eau de parfum, 135 euros / 50 ml, 210 euros / 100 ml.
Autre moyen de s’évader sans bouger de chez soi, la musique, qui a guidé la création du premier parfum de la marque Berceuse. Composé par Antonio Gardoni (fondateur de Bogue Profumo), Allegretto 7.2 traduit en odeurs « le deuxième mouvement, sombre et émouvant, de la 7e symphonie de Beethoven ». Bâtie autour d’un vétiver Haïti « qui s’éclaircit et s’assombrit au fur et à mesure de son développement », la composition a été pensée pour illustrer « comment la mélancolie devient beauté ».
Eau de parfum, 225 $ / 50ml.
Les adeptes de la méthode Coué préféreront sans doute tenter de voir la vie en rose. Goutal Paris décline Rose Pompon en une nouvelle version de l’eau de parfum, signée Camille Goutal et Philippine Courtière comme l’originale. Rose bulgare, rose de Taïf et framboise sont cette fois habillées de violette et de vanille, afin de prolonger « sur la peau la chaleur de sa signature gourmande ».
Eau de parfum, 102 euros / 50ml, 150 euros / 100ml.
Byredo se frotte également à la rose de Damas avec Lil Fleur. Après Rose noir et Rose of no man’s land, la marque suédoise opte pour une vision adolescente de la reine des fleurs. Accompagnée de bourgeon de cassis, safran, cuir, ambre gris, vanille, et notes boisées, elle est supposée symboliser « le changement de génération déroutant, l’existence compliquée des sexes et la perception de soi triomphante - mais innocente » inhérents à la jeunesse.
Eau de parfum, 127 euros / 50ml, 187 euros / 100ml.
Tom Ford met quant à lui à l’honneur non pas une, ni deux, mais bien trois roses, de mai, de Turquie et de Bulgarie. Nouvel ajout à la gamme des Private Blend, Rose Prick pique ce trio de notes de gingembre, poivre du Sichuan, patchouli fractionné, baume Tolu et fève tonka grillée. « Une rose sans épine ne serait pas une rose », souligne le styliste.
Eau de parfum, 278 euros / 50ml.
La rose se fait enfin chyprée avec Karat EG, de Maison d’Etto. Lancée l’année dernière par une cavalière de compétition, cette marque tire son inspiration de « l’art, de l’architecture et du design, ainsi que de (son) interprétation unique du mode de vie équestre contemporain ». Parmi les cinq parfums de la gamme « Connection to self », Karat EG, créé par Carlos Benaïm, marie un « nectar de rose fraîchement éclose » à du muguet, des facettes ambrées et un patchouli terreux pour incarner « l’éveil du printemps - son désir et sa promesse ».
Eau de parfum, 300 $ / 50ml.
Chez Houbigant, on rêve aussi de jours meilleurs avec La belle saison. La maison française a eu par le passé à son catalogue une création du même nom, lancée en 1925, et a confié sa nouvelle interprétation, très réussie, à Céline Ellena. Mimosa, fleur d’oranger et fleur d’abricotier unissent leurs facettes suaves et poudrées, évoquant ces instants où « de la terre vers le ciel, fleurs et feuilles saupoudrée de lumière et d’eau exhalent des parfums tendres et transparents ».
Eau de parfum, 185 euros / 100ml.
La terre, le ciel, mais aussi le feu et l’eau : voilà l’inspiration de Floratropia, une nouvelle marque qui se revendique 100% naturelle. Dans des éco-recharges souples façon Pom’potes, on découvre quatre compositions dont la complexité et la rémanence se distinguent de la plupart des parfums « clean ». On retiendra particulièrement Le Ciel, signé Delphine Thierry, un cocon douillet et vaporeux d’iris, de graine de carotte et d’ambrette. Le refuge idéal en période de confinement ?
Eau de parfum, 70 euros / 40ml.
Thèmes
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