Florabellio
Diptyque
Jardin du Cotentin
par Jeanne Doré, le 31 mai 2015
L’inspiration de Florabellio s’inscrit parfaitement dans l’univers Diptyque : souvenirs de vacances de la co-fondatrice Christiane Montadre-Gautrot pendant son enfance, à Barfleur, petit port du Cotentin à la beauté discrète, mais notoire.
La notion d’« abolition de frontière entre souvenirs et réalité » semble avoir incité à la création d’un parfum protéiforme, volontairement complexe et hétéroclite, dans lequel tout aurait été fusionné dans un patchwork olfactif : les embruns, l’eau salée, les pommiers en fleur, le café…
Le résultat est un parfum que l’on peut qualifier de mignon, voire agréable, mais qui ne dégage malheureusement pas la force émotionnelle qu’il prétend.
L’assemblage des notes florales aqueuses, accompagnées de pomme verte, qui évoluent sur un accord café-sésame avec des intonations de réglisse, peut paraitre certes original et insolite, mais également confus et dissonant.
De loin, le sillage qui s’en dégage peut à la limite, furtivement, évoquer l’esprit Diptyque par sa dimension florale, bucolique et romantique, mais au porter, le parfum n’arrive pas à me procurer ce petit supplément d’âme et d’émotion, propre aux véritables paysages olfactifs, que j’éprouve en sentant par exemple l’Ombre dans L’Eau, Tam Dao, Do Son ou encore Volutes. Les notes de fond, boisées et tenaces se font plus harmonieuses, mais elles ont du mal à compenser ma déception générale.
Si sa relative audace le sauve de peu du cliché floral fruité aquatique, il n’en reste pas moins un floral timide, à l’écriture quelque peu embrouillée, et qui semble s’éloigner quelque peu des valeurs de la marque, du moins celles auxquelles je suis attachée.
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par Jicky, le 30 juin 2015 à 03:44
Je suis tellement d’accord que je crois que j’aurais pu écrire ce texte sans en renier la moindre virgule.
A la fois je ne trouve pas ça indigne, plutôt mignon, bien en phase avec la marque... Et en même temps je trouve qu’il est dans une sorte d’expérimentation olfactive (entre le café sec, l’aqueux, le fleuri et le fruité) qui ne me paraît pas vraiment "sincère". Ce que je veux dire c’est que je sens plus une volonté marketing qu’une volonté créatrice derrière tout cet enchaînement de notes, ce qui n’est pas forcément un mal en soi (après tout, est-ce qu’un parfumeur aurait pensé à une telle histoire ?). Mais je trouve que ça ne fonctionne pas vraiment au final : le boulot du parfumeur est bien fait parce que le jus est bien foutu, mais jamais je n’arrive à rentrer pleinement dans le parfum. Je ne suis jamais charmé ni enchanté (oui oui, je ne suis pas qu’un monstre à disséquer les odeurs, sentir est avant tout un plaisir en soi). Je suis juste en mode chromato quoi : "ah tiens je sens ça, puis y a ça qui arrive c’est drôle. Ouaip ça se tient bien, ça passe bien pour diptyque".
Si quelqu’un arrive à trouver du charme et de la spontanéité à ce parfum, je serais curieux de lire ses arguments et son approche, parce que ça pourrait donner naissance à une belle petite relation.
par Clara Muller, le 1er juin 2015 à 15:10
Si je n’ai pas adoré Florabellio lui trouve tout de même un côté curieux qui m’attire presque malgré moi. J’approuve les termes "hétéroclite" et "dissonant" à son sujet car je le trouve étrangement dispersé, surtout sur touche. Je ne le perçois pas comme un ensemble homogène avec une évolution cohérente, mais comme un triptyque d’accords qui ne se superposent ni ne se succèdent, mais se battent pour passer sur le devant de la scène. Dès la première bouffée le "fond" caféiné fuse comme une lance et transperce les autres notes pour jaillir au milieu de la tête comme un invité inopportun. Inopportun mais amusant dirais-je. Et puis le côté floral reprend le dessus, avant d’être balayé par la vague marine, qui elle-même reflue pour laisser à nouveau place au café râpeux puis à la pomme,...etc Je le trouve donc joyeusement intriguant à défaut d’être véritablement beau.
par Memories, le 31 mai 2015 à 22:55
Merci pour cette critique que je partage entièrement Jeanne.
Diptyque a été, avec l’AP de Jean Laporte, l’un des pionniers en matière de parfums de niche.Mais, de cette splendeur, il reste peu de choses.
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par Jeanne Doré, le 1er juin 2015 à 08:53
Bonjour Aryse, je vois que vous avez résolu vos soucis techniques !
J’ose espérer que la "splendeur" de Diptyque n’est pour autant pas révolue, c’est normal que l’esprit d’une marque évolue... Il y a des tentatives, des ajustements... et parfois des erreurs !
Bonne journée.
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par Solance, le 1er juin 2015 à 09:58
Bonjour Jeanne et Aryse,
Je l’espère aussi, que Diptyque saura encore nous surprendre et nous ravir... c’est vrai que je n’ai pas encore senti Florabellio mais les notes annoncées sont assez surprenantes, pas forcément dans le bon sens, cette fois-ci... un pot-pourri d’odeuurs, c’est risqué si ce n’est pas bien construit et qu’il n’y a pas de fil conducteur...
Je profite de la critique de ce parfum pour demander, que dis-je, pour suppliiiiiier ! l’un des rédacteurs de ce site valeureux, de se pencher un jour sur la rédaction d’une bafouille sur l’un des parfums que je considère comme un chef d’oeuvre dans cette maison, j’ai nommé le somptueux Philosykos, le plus beau figuier jamais senti pour moi (et pourtant depuis un an,j’en ai senti des parfums figue/figuier !...). Merci par avance !
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par Aryse, le 1er juin 2015 à 11:33
Bonjour Jeanne et Solance,
Oui Jeanne : problème technique réparé et c’était plus simple que je ne le pensais.Mais, c’est souvent comme cela : les choses simples nous échappent longtemps.
Pour Diptyque, je vous rejoins sur l’évolution des marques, mais il y a évolutions et...évolutions.Je trouve que le changement de propriétaires de cette maison a débouché sur une vision et des créations inférieures à celles des créateurs d’origine.Tout comme je déplore ce que fait actuellement l’AP.
Mais, je m’efforce de positiver quand c’est possible.Et je suis entièrement de l’avis de Solance sur Philosykos.Ce parfum prend sa place (selon mon point de vue) parmi les meilleures notes de figues de la parfumerie.Après Premier figuier, Olivia Giacobetti a réussi un autre beau travail sur cette figue.
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VanessaC
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Le prochain sera un oud. Je ne pensais vraiment pas que Diptyque le ferait, surtout que ce serait prendre le train en marche (et même dans les dernier wagons). Mais peut-être que la maison travaillera ce thème de manière inattendue...
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