34 Boulevard Saint-Germain
Diptyque
Lego facile
par jle, le 19 juillet 2011
Par Jle
Quelle mouche a donc pu piquer Diptyque, cette discrète et
bourgeoise maison parisienne tout aussi connue pour ses
bougies que pour nombre de parfums originaux et intemporels ?…
Mais la mouche marketing voyons, la Diptera pépettus
facilis !!
L’idée est simple et tristement mauvaise : capter l’essence
de 50 ans de cette maison en synthétisant en un seul jus
une belle aventure odoriférante démarrée au 34 du boulevard
St-Germain à Paris. Il s’agit donc d’une sorte d’improbable
inventaire olfactif où tout doit concourir à rappeler
l’ambiance cossue, le bois, les bougies ondoyantes et les
parfums Diptyque. Pour cela ont été appelés à la rescousse
deux fines lames de chez Givaudan, Roman Kaiser sans sa
montgolfière pour capter l’esprit et Olivier Pescheux pour le
mettre en musique et surtout en bouteille.
Oui mais voilà, au risque de me répéter, peut-on vraiment
réduire un parfum à une simple idée germée dans l’esprit d’un
responsable marketing et qui aurait du être noyée tel un
feu de forêt naissant ? Doit-on accepter qu’une maison se
fourvoie autant dans le plus pur mainstream technique, là où
d’autres parfumeurs tout autant prolixes comme Lutens ou Etat
Libre d’Orange font des pieds et des nez pour cérébraliser ou
conceptualiser leurs créations ? Je vous laisse deviner la
réponse.
Et 34 dans tout ça ? La première impression est la rusticité
et la force brute d’un mariage pas inintéressant, mais peut-être trop
brouillon. Vert et épicé, 34 est un chypre aromatique et fruité
mixant, dans le désordre, la rose de Turquie, le citron, le benjoin, le
cèdre, le santal, le musc, le clou de girofle, une pointe de
patchouli, de la cardamome, de la tubéreuse, du géranium, de
la feuille de figue, un bon paquet de Tonka et du cassis.
Le tout sent assez fort et tient longtemps mais hélas fait
irrésistiblement penser à une bougie d’intérieur plus qu’à
une eau de toilette pour homme. Comble pour cette marque,
l’ensemble fait artificiel et manque d’originalité et de classe,
en clair, pas de coup de cœur.
Ayant acheté un flacon de 50ml j’ai décidé de mettre la raison
au service de mon cœur défaillant et suis parti à la pêche aux
références olfactives ayant servi à son élaboration. C’est
ainsi qu’à l’ombre des feuilles et des figues de Philosykos,
au milieu des roses humides et des cassissiers de L’Ombre dans
l’eau, assis sur le tronc de santal de Tam Dao et bercé par
les effluves de tubéreuse de Do Son et des épices balsamiques
de l’Eau Diptyque, j’ai reconstitué l’itinéraire bien malgré
lui du 34 et ai fini par l’accepter, mais pas l’aimer. J’ai
effectué un cheminement sentimental et sensuel bien alambiqué
que bien peu feront, préférant reposer le testeur sur le
présentoir.
Construit comme un Lego historico-olfactif, 34 a raté sa cible
mais comment aurait il pu en être autrement, avec une idée
où la technique et le marketing prennent autant le pas sur
le cœur et le talent. Si créer un parfum était aussi simple
qu’empiler des ingrédients et des bonnes recettes, ça se
saurait !
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par Patrice, le 20 juillet 2011 à 22:05
Plus je le sens, moins je le supporte !
C’est dommage car il aurait pu être vraiment beau. En fait, il me met mal à l’aise. Je ne sais pas pourquoi, mais surement cette odeur trop "ambiance" voir "synthétique" (excusez moi pour le mot !)
Il est vraiment trop lourd, surtout à cette époque.
par Youggo, le 20 juillet 2011 à 15:34
En fait j’ai l’impression que tout le monde est tombé dans le gros panneau bien visible, fluo et clignotant de ce parfum.
Cette nouvelle création de Diptyque, c’est avant tout un concept. Une idée plutôt originale : capter l’odeur, l’ambiance olfactive de la boutique mythique du 34 Boulevard Saint-Germain. Un concept pas tellement marketing je trouve, et qu’aucune autre marque n’avait jusqu’alors expérimenté.
Les attentes des perfumistas semblaient bien loin du résultat proposé, espérant quelque chose d’inspiré, un nouveau voyage exotique comme Diptyque sait si bien les faire…
Pourtant tout était clair dans le communiqué de ce parfum anniversaire : un parfum d’ambiance, très technique, et sans âme – ou du moins celle de la boutique. Un concept clairement voulu et assumé par la marque.
Et le résultat est bien là, à la hauteur du concept : un parfum d’ambiance, pot-pourri olfactif. Ni plus, ni moins. Le bois, les épices, les différents parfums et bougies de la marque. Tout est là. Réaliste, puissant, saturé, brouillon, fatiguant même. Mais réaliste.
Alors oui, l’idée même de ce concept peut sembler assez tordue. Qui voudrait se parfumer avec un parfum d’ambiance de boutique ? Et ce côté "best-of" pot-pourri brouillon peut clairement déranger, on est bien d’accord. Et pour être totalement franc, je ne l’aime pas et je le trouve totalement importable.
Mais ça reste cohérent avec le concept initial, et sans compromis du genre « on va ajouter un peu de ceci et enlever cela pour alléger et le rendre plus facile à porter/vendre ». Pour le coup je trouve cette démarche bien loin de répondre à des critères marketing.
Viendrait-on reprocher au M/Mink de Byredo de sentir l’encre de Chine ? À Sécrétions Magnifiques de sentir… les secrétions ?
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par Jean-David, le 20 juillet 2011 à 16:10
Youggo, tu fais un avocat du tonnerre ! Du coup, j’en viens même à me dire : et pourquoi importable ? Ne serait-ce pas marrant, décalé et courageux de porter un parfum qui capte juste l’ambiance d’un lieu ?
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par Youggo, le 20 juillet 2011 à 16:32
Le concept du 34 est intéressant et c’est lui que je défends dans mes arguments, mais personnellement je suis pas fan du résultat. Il a le mérite d’être réaliste, cohérent, et de coller au concept. Et la marque ne nous a jamais mentis sur ce que nous pouvions en attendre.
Mais franchement une odeur de boutique, ça ne me fait pas tellement vibrer. Pas envie de me trimballer un sillage de pot-pourri et de bougies parfumées dans la rue.
Les senteurs de lieux je trouve ça sympa, à condition que ce soit un lieux intéressant avec une puissance autre qu’olfactive (puissance religieuse, naturelle, mystique, spirituelle, historique...) Et il faut que ce soit composé de façon intelligente, en triant, en sélectionnant, et en équilibrant les divers composants. Dzongkha en est un bel exemple.
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par Jean-David, le 20 juillet 2011 à 16:38
Ce que tu écris me fait dire qu’effectivement, il faut parfois se méfier des bonnes idées, ou tout au moins ne pas s’en contenter, et ne pas perdre de vue le résultat sensible. S’il faut renoncer à une partie du concept initial, l’amender en divers endroits pour obtenir un résultat dans lequel le public se reconnaisse, il ne faut pas hésiter à le faire.
par Vivi Snow, le 20 juillet 2011 à 16:42
Bonjour Jean-David,
Je rejoins Youggo à propos du 34.
Je l’avais sur le poignet depuis fin de matinée et j’avais nettement l’impression d’être réduite à une grosse tenture sur laquelle on avait vaporisé un parfum d’ambiance beaucoup trop lourd !
Je me suis lavé le poignet parce que je ne le supportais plus, mais il me colle, un autre lavage s’avère nécessaire ! ;-)
C’est très désagréable de sentir la bougie parfumée... ^_^
Bonne fin de journée.
par jle, le 20 juillet 2011 à 17:57
Non, je ne vois pas de piège autre que l’envie de créer quelque chose de bon et de vendable en partant d’une idée assez farfelue. Trop sans doute.
Comment un nez conçoit-il un parfum ?? A partir d’un brief, d’une histoire, d’une couleur, d’un cahier des charges, certainement pas à partir d’une somme d’ingrédients et d’accords imposés. Demandez à un peintre de vous faire un tableau sur tel ou tel sujet, vous pourrez avoir une oeuvre d’art, imposez les teintes, les dégradés, et forcez-le à recycler certains "accords" d’autres oeuvres précédentes et à coup sûr il vous sortira un truc aussi impersonnel et improbable que 34.
A titre d’info je vous conseille d’essayer 69, l’autre tentative de parfum "hommage" à la boutique historique d’ELO. On sait pourtant gérer les concepts farfelus là-bas, malgré tout le résultat est très en deçà des autres parfums de cette maison.
Sécretions dites-vous ?? C’est un parfum magnifique, un vrai coup de maître dans la réalisation d’un jus aussi attirant que repoussant.
Pour en revenir à 34, certains aimeront, sa tenue est excellente, la plus grande partie en revanche va s’abstenir, sans oublier qu’il a en plus une forte dose de testostérone anti filles et un sillage très Séphora...Rahhhhh Lovely !!
Vous savez quoi ?? Il me fait penser par son côté pétaradant et limite mensonger à Ambre Nuit de Dior dont après quelques essai je regrette l’achat. Il va être Ebayé prochainement d’ailleurs. La vie est trop courte pour sentir mauvais !!
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par DOMfromBE, le 20 juillet 2011 à 14:47
Je ne serais pas tenté de le porter.
Mes premières expériences avec cette gamme remontent aux bougies, à Tam Dao et Eau Lente. Mais un de mes amis proche le porte et ... avec Dioressence, il me fait l’effet de sentir l’entrée d’une parfumerie, comme un mélange disharmonique de senteurs, à la façon d’un orchestre qui accorde et répète.
Pas un coup de coeur pour moi.
par amalia, le 20 juillet 2011 à 13:39
J’imaginais 34 à peu près comme vous le décrivez Jle et à présent que je vous ai lu, il me tarde d’aller y jeter un nez, histoire de voir comment je l’appréhende.
Comme quoi un avis, même négatif, intéressant et bien écrit peut donner une irrésistible envie de se pencher sur un parfum...
Je me passionne depuis peu pour cette marque, tout à commencé par ma quête de tubéreuse et Do Son, puis de figuier avec Philosykos, celui-ci il était écrit qu’il me ferait languir, d’abord on m’offre un "concurrent", Ninfeo Mio, puis lorsque je me décide à aller l’acheter le revendeur n’en a plus, je salive donc encore.
Dans mon cycle santal - moi aussi je fonctionne par cycle ;) - j’ai découvert avec ravissement Tam Dao que j’ai rapidement offert a une peau qui le sublime mieux, plus je le portais plus il était évident que ce parfum était fait pour mon fils.
Je n’ai pas accroché tout de suite avec l’Eau, le clou de girofle sans doute, je retenterai cet hiver.
Je vais donc partir à la conquète de 34, plutôt ça sera à lui de me conquérir, ça risque d’être "douloureux". Je me servirai de votre article comme support de reflexion, merci :)
La fin du billet me fait penser à quelque chose... Comment reconnait-on un perfumista : c’est celui qui ne repose pas un parfum difficile sur le présentoir. À rajouter à la liste J et P ^^
par trotte, le 20 juillet 2011 à 09:40
Très intéressante cette description, je ne l’ai pas senti en eau de toilette mais j’ai découvert 34 sous la forme d’un palet parfumé qui parfume armoirs et intérieurs !
Le vendeur à la boutique des Francs-Bourgeois n’a même pas cherché à me faire découvrir le parfum et je n’ai moi-même pas du tout pensé à demander si il y avait une gamme parfumée autour de cette senteur. POur moi c’était une déclinaison olfactive sur la gamme des palets parfumés, histoire d’avoir le choix entre "Baies", "Feuilles de Lavande" etc quoi... Comme quoi, il doit vraiment y avoir "un truc" qui fait de ce 34 un parfum d’ambiance plus qu’un parfum à porter !
par Vivi Snow, le 20 juillet 2011 à 01:01
Bonsoir Jle,
Bel article, encore une fois ! ;-)
Effectivement, je te rejoins dans tes impressions : un parfum d’intérieur, une belle bougie mais importable sur peau... en ce qui me concerne. Too much !
Bon, demain, je vérifie une deuxième fois sur peau avec le petit échantillon que je possède, pour essayer de reconnaitre les parfums que tu cites. Il n’y a que l’Eau de Diptyque que je ne connais pas...
Bonne nuit en espérant que le soleil pointe enfin son nez... ^_^
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par jle, le 21 juillet 2011 à 15:55
Merci pour tes mots gentils Vivi, c’est un vieil article que j’ai écrit cet hiver ou presque, et depuis je n’ai pas remis mon nez dans ce parfum. Je vais m’y replonger dès que j’aurai fini avec un autre jus que je suis en train de décortiquer ce qui me rend fidèle au moins une semaine à une même fragrance !! Intenable ;0)
ghost7sam
a porté 34 Boulevard Saint-Germain le 4 août 2015
aaron83
a porté 34 Boulevard Saint-Germain le 27 janvier 2015
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