Whip

Cela faisait un petit moment que je voulais écrire quelque chose sur le relancement de la marque Le Galion par Nicolas Chabot, et même si ce n’est pas celui auquel j’aurais pensé a priori, il se trouve que Whip fut le premier échantillon à trouver place dans ma « boîte à test ».

Et étant donné la météo du moment, son profil hespéridé l’a, disons, un peu pistonné par rapport à d’autres quand il s’agissait de savoir quoi essayer le matin.

Contemporaine de créations d’Edmond Roudnitska comme l’Eau Fraîche de Dior, Whip, créé par Paul Vacher en 1953, s’inscrit dans la lignée des eaux fraîches et chyprées, avec un profil originellement plutôt masculin, mais finalement porté par les femmes. Il précèdera les lancements de Pour Monsieur de Chanel, ou encore Monsieur de Givenchy,, avant la "nouvelle vague" des Colognes chyprées qui explosera en 1966 avec le succès de l’Eau Sauvage.

Un départ très hespéridé, avec du citron et de la bergamote, un effet verveine acidulée, une pointe verte de galbanum, et une jolie note d’estragon aromatique et anisée qui apporte un aspect un peu “herboriste”, voilà pour l’ouverture.
Puis un cœur fougère émerge, entre lavande, géranium, avec légèreté et insouciance, avant d’aborder la troisième phase du parfum : le fond chypré.
Celui-ci ne lésine pas sur le vétiver, qui, entre mousse et patchouli, évolue sur un cuir vieilli, irisé et poudré, qui prend alors un aspect étrange, herbal, presque médicinal. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai l’impression de plonger mon nez dans une vieille trousse à pharmacie remplie de bandages, de talc, de baumes aromatiques et de lotions d’apothicaires. Au premier abord, cela ne donne pas spécialement envie, mais pour moi, cela constitue une évocation suffisamment bizarre et inattendue pour me plaire et me donner envie de le sniffer pendant des heures !

Quand on a été comme je l’ai été amoureuse transie d’Eau Sauvage, et qu’on pleure devant son actuelle version, cela fait du bien de sentir une eau fraîche comme Whip, avec du caractère, une empreinte, un supplément d’âme, mais aussi ses curieux défauts et ses aspérités surprenantes, qui ne la rendent après tout que plus charmante, et plus humaine.