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Flacon de Odeur 53 - Comme des garçons
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Air abstrait

par dau, le 30 juin 2010

En 1998, Comme des garçons avait déjà lancé des parfums mais cela était resté assez classique, bien que radical. Avec Odeur 53, on entrait dans le “parfum-concept” de la même manière qu’on avait découvert le “vêtement-concept” dans les années 80. Et cela faisait presque un peu peur.

Avez-vous déjà porté un vêtement créé par Rei Kawakubo ? La découverte de ses créations fut un choc pour l’Occident. C’était plus intéressant comme performance artistique que comme mode. Après lecture d’exégèses diverses dans vos magazines de mode chéris, imaginez que vous avez franchi le cap. Vous avez cassé votre tirelire et vous êtes offert une tenue Comme des. Vous vous sentez une œuvre d’art contemporain particulièrement audacieuse. Vous avancez fièrement avec le sentiment de votre supériorité intellectuelle. Puis vous arrivez chez vos parents et … votre sœur aînée qui vous ouvre la porte lève charitablement les yeux au ciel, votre grand-mère pleure et votre père se met à hurler « il est hors de question que tu viennes au mariage de Bathilde dans ce déguisement, retourne immédiatement te changer ! ». Votre mère prend sur elle, ne dit rien et tente de calmer les choses. Vous lui en êtes reconnaissant sur le coup, moins quand vous comprenez que pour les vingt prochaines années vous allez subir des reproches à propos de « cette tenue ridicule qui a fait pleurer ta grand-mère et gâché le mariage de Bathilde ». Pendant ce temps-là, vos petits-neveux ont mal au ventre à force de rire. Après moultes explications de texte assez fatigantes, vous craquez et ne portez plus de “Comme des”. Pour le mariage du cousin Machin, vous allez chez Armani (seulement Emporio), tout le monde vous complimente sur votre élégance et dans votre dos, on parle de vous comme d’un canon… Autant pour le conceptuel !

Alors, en parfum, ça donne quoi le concept ?

Le flacon est minimaliste, décoré des mentions obligatoires et du code-barres. C’est osé, mais assez réussi.

Un descriptif assez étrange et abscons dans la communication de la marque : il y a des éléments identifiables mais « roche ignée » par exemple n’évoque rien du tout pour moi.

Et du point de vue composition, si on veut faire précis, c’est exactement pareil : un dosage impressionnant en Hedione. Oui, bon, c’est précis, mais pas très parlant. De l’Hedione, il y en a souvent, mais c’est une note qui sert surtout à pousser les autres, alors, finalement, ça sent quoi ?

L’idée de départ est celle d’un parfum inorganique et c’est réussi : rien d’humain, d’animal ou de végétal. Le parfum est spatial, ouvert, celui d’une ville désertée sous le soleil de midi. On est sur la grand’place d’une banlieue industrielle, entourée de bâtiments administratifs et de commerces désertés, au loin, on voit les usines et on sent l’odeur des pierres chauffées par le soleil. Une voiture vient de passer, on peut encore percevoir l’odeur du moteur, mais on respire surtout le parfum des carrosseries rendues brûlantes par le soleil : métal, peinture, vernis, plastique. Tout près, une blanchisserie : on a sorti des T-shirts blancs du séchoir et on les repasse. Ça évoque un peu aussi l’après-apocalypse. Assez étonnant de naturel dans le genre synthétique revendiqué : toute la beauté d’une matière qui n’essaye pas de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas.

Et dans la pratique ? C’est assez proche d’une Cologne chaude. Tenace, et merveilleusement diffusant comme on pouvait s’y attendre avec l’Hedione mais très transparent, aucune lourdeur, aucun effet de matière, plutôt un coté “densité de l’air juste avant l’orage”. Assez facile à porter, sauf par ceux à qui l’orage donne la migraine, Odeur 53 avec son absence complète de référence connue se prête à tous les styles, tous les sexes, tous les temps, tous les âges. Il est juste nouveau, différent et pionnier comme a pu l’être en son temps un Chanel N°5.

En prime, bonne nouvelle, il est assez bien perçu par l’entourage : il sent bon et ne dérange jamais personne malgré son incontestable présence (ce ne sera pas toujours le cas avec les créations ultérieures de Rei Kawakubo). Ouf ! L’Art Moderne peut finalement être portable !

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dau

par dau, le 21 juillet 2010 à 20:43

Merci beaucoup. Oui, vraiment, je le conseille au moins pour un test parce qu’il est assez diffèrent et plutôt sans postérité. (oui, la Cologne de Mugler, il y a de ça effectivement)

 

Un petit ajout : Odeur 53 est génial pour mixer et remixer. Les deux parfums ne se mélangent pas vraiment (dans tous les essais que j’ai fait) Odeur 53 reste super discret et apporte un touche franchement moderne qui peut être sympa pour renouveler un parfum qu’on connait un peu trop bien. (Et je trouve que le comportement de l’autre parfum est un peu modifié : les note de tête sont gonflées, le cœur est diminué et le fond est beaucoup plus présent. C’est assez troublant…

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ChrisB

par ChrisB, le 30 juin 2010 à 21:40

Je ne connais pas ce parfum, mais félicitations pour cette jolie description.

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Tim Buktu

par Tim Buktu, le 30 juin 2010 à 16:50

CDG (un nom d’aéroport, entre parenthèses...) a créé là une odeur, terme que l’on réserve habituellement à la nature plutôt qu’à l’art. Mugler avait préparé le terrain (sortie avant Odeur 53 ? A vérifier) avec sa cologne qui sentait le fer à repasser. Je n’ai pas senti Odeur 53, et je ne suis pas sûr de vouloir un jour sentir comme une salle d’attente de kiné, une rame de TGV, le hall de ma Trésorerie Municipale ou des toilettes d’aéroport (pour ces dernières c’est facile, Kouros fera le travail, mais je m’égare dans la médisance) s’il prenait l’envie à CDG de décliner des flankers (Odeur 54, 55, etc). L’hédione me ferait spontanément penser à Eau Sauvage bien que je doute que 53 soit un hommage, même décalé, à Roudnitska.

En attendant de le tester prochainement, je rends hommage à l’exercice qui consiste à tenter de hisser la parfumerie contemporaine aux côtés de Duchamp et de Magritte (Ceci n’est pas un parfum).

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Phoebus

par Phoebus, le 30 juin 2010 à 13:56

Ah mais en fait l’Odeur 53, ce serait pas plutôt l’odeur de la Zone 51 ? ;)

Je suis intrigué en tout cas. Il y a eu un orage chez moi hier, et je me suis encore dis que, bon sang, j’adore l’odeur qui émane du bitume brûlant à peine mouillé par les premières gouttes de pluie. L’air statique et un peu électrique d’avant l’orage.

Je visualise très bien la présence que cette Odeur peut donner à une personne. Ca peut même faire un cadeau très original (et facilement accepté, s’il est si agréable à porter). Je prends note, je prends note...

(juste comme ça, quelqu’un sait si Comme des Garçons envoient des échantillons ou..?)

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Jicky

par Jicky, le 30 juin 2010 à 12:23

Eh beh mon vieux ! En tout cas ça donne envie de le sentir ! Bravo Dau.

Bon, je le connais pas ce parfum, mais je vais essayer de le trouver (si sur Paris il y a pas, je sais pas ce que je fais...).

J’aime bien la description, entre un monde à la Stephen King et une vision de Stanley Kubrick d’une ville désertée. Ca fait limite peur... ! Spatial, ça à l’air d’être ça. Puis le nom : Odeur 53. Ca sonne vraiment irréel, mais ça sonne juste. "Tu portes quoi ? - Oh, moi ? Odeur 53", et le regard éberlué de l’autre s’attendant plus à un nom bien viril.

En tout cas, bravo Dau et je vais le sentir le plus tôt possible !

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Blanche DuBois

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je viens ici à pas de velours et du bout du nez... j’ai voyagé avec vous sur des textes poètes,des heures de lecture qui m’ont fait quérir des flacons....à l’aveuglette ! Mes compagnons fidèles (...)
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