Luna Rossa

Lorsque la nouvelle avait fuité que le prochain parfum féminin de la marque Prada serait un gourmand intitulé Candy, les amoureuses et passionnés de parfums, anticipant les caries à venir et les hauts-le-cœur, ont eu un peu peur. Puis, car ce sucre candi s’est révélé avoir été façonné comme un joli caramel poudré mou au beurre, plutôt qu’un bonbec industriel, finalement, tout a été pour le mieux.
Prada qui, décidément, met le cœur de ses aficionados à rude épreuve, s’en tire, à nouveau, plutôt bien.

Dès lors que l’on a su que la marque italienne allait lancer un parfum axé sur la tendance "Sport" ("Luna Rossa" est, en effet, le nom du voilier de la marque), de nouveau, certain(e)s ont affiché un regard dubitatif.
Mais, à quoi allait ressembler ce parfum situé dans un spectre olfactif qui peut laisser présager le pire ?

Un accord franc de fraîcheur aromatique mêlant feuilles de menthe, orange et lavande pas trop métallique assure le contrat d’un parfum accessible.
Puis cet accord, plutôt traditionnel dans l’univers masculin, s’assèche à peine et s’adoucit par un effet hésitant entre bois blonds doux et feuilles sèches froissées. Simple, mais, seyant. Cela évoque une sorte de tracé allant de Amber pour Homme à Infusion d’Homme, complétant avec cohérence la gamme Prada. On peut s’interroger pour savoir si Daniela Andrier serait capable de créer un "mauvais" parfum quand bien même on la menacerait.

L’accord mêlant menthe et effet de feuilles séchées n’est pas sans rappeler, comme me l’a fait remarquer Jicky, en même temps, Armani Code et Guerlain Homme ; ce dernier me paraissant plus fourni, complet et achevé que Luna Rossa. Or, ce qui semblait énervant il y a quelques années de la part d’une vénérable maison comme Guerlain dont la fraîcheur (de vivre !) n’est pas vraiment la signature olfactive, paraît plus facilement acceptable de la part d’une marque avec une autre histoire et assumant l’identité sportive de sa sortie. Autre époque, autre cible, autres mœurs. Décidément, Guerlain reste une marque qui en inspire d’autres.

Si la structure de Luna Rossa est simple, elle n’en n’est pas moins assez qualitative, à l’image de certaines matières qui la composent, comme l’ambrette qui réchauffe la composition après un démarrage bien plus frais et un peu trop métallique malgré tout. Mais, parfois, on souhaite juste enfiler un t-shirt en coton blanc. Ajusté, et pas informe. Ce parfum pourrait se révéler le compagnon idéal des jours ensoleillés et... du sport !

Luna Rossa, s’il n’est pas la sortie innovante et marquante de l’année, permet d’accéder à la demande plus que fréquente de "frais" sans sombrer totalement dans l’ennui. En effet, la vaporisation de ce "Prada Homme Sport" ne semble pas tenir lieu de somnifère risquant une crise de narcolepsie ou un décrochement de mâchoire par bâillements intempestifs.
Malgré tout, le manque d’inventivité est assez certain. Alors, en tant que mâle en mal de "Sport", vous n’avez qu’à aller vous acheter Acqua di Gió si vous n’êtes pas content ! ^^