Le parfum bio c’est quoi ?

par Mathilde Clamart, le 16 avril 2008

Sommaire du dossier La parfumerie decryptée

auparfum a le plaisir de donner la plume à Mathilde Clamart, pour, je l’espère, le début d’une longue série de billets d’humeur... Elle nous donne aujourd’hui son avis sur un vaste sujet : le parfum bio. Et vous, vous en pensez quoi ?

Le parfum bio c’est quoi ?
Un parfum sans alcool ? Un parfum qui va me faire du bien ? Un parfum qui va faire du bien à la planète ?!
La parfum bio ça sent quoi ?
La campagne, l’air pur, les légumes, les infusions de verveine, les huiles essentielles ?

Le parfum bio c’est pour qui ?
Pour les personnes allergiques ? Pour les bobos parisiens ? Les altermondialistes ? Pour Al Gore, Dominique Voynet et Nicolas Hulot ?!!!
Décodage des récupérations marketing des marques de parfum dans le contexte global d’aujourd’hui, que nous avons tous à l’esprit : le développement durable !

Il n’y a bientôt plus de pétrole, nos activités industrielles et domestiques sont trop polluantes… notre planète sature, elle ne peut plus absorber notre pollution et produire suffisamment de ressources naturelles … le climat se réchauffe. Nous devons apprendre à consommer durablement. C’est-à-dire dans le respect de l’environnement, dans le respect des populations et de façon économiquement viable.

Pour le parfum que j’achète chez Sephora avec ma carte de fidélité, ça veut dire quoi ?

Justement, c’est drôlement compliqué, et sincèrement c’est un micro-sujet pour consommateurs de pays riches…
Les vraies premières mutations dans notre manière de consommer sont en cours dans le développement des énergies renouvelables, dans le développement des moteurs qui fonctionnent à l’éthanol ou à l’hydrogène, dans le bâtiment et la conception d’habitats et de tours passifs, c’est-à-dire auto-suffisants en énergie et non polluants. Franchement, le parfum, a-t-il vraiment un rôle à jouer dans ce contexte ?

Mais les marques de parfum veulent être tendance et voient dans le développement durable, une opportunité de croissance, alors il faut exploiter le filon à tout prix, et elles créent …. le parfum BIO !

Le parfum bio … voyons, y’a quoi comme marque de parfum qui fait du bio chez Sephora … ? y’en a pas ! Il n’y a que quelques tentatives médiocres chez L’artisan Parfumeur avec l’Eau de Jatamansi, une gamme de 4 parfums chez Patika, et quelques mélanges d’huiles essentielles bio à acheter chez Florame, ou autres marques vendues chez Naturalia entre la crème au calendula suintante de chez Weleda et les infusions Léa Nature infestées de charençons … (ouais, mais c’est cool, c’est bio…).

Et pourquoi ça sent tout bizarre, genre pas comme mon Chanel 5 ou mon Poison de Dior ?

Pour faire un parfum bio, il faut utiliser des huiles essentielles, des baumes et des résines bio … issus de plantes cultivées en bio, donc en nombre très restreint. Souvent 2 fois plus chères que les non bio. Et il ne faut utiliser que ça !

Bye, bye, les molécules de synthèse, les aldéhydes géniaux de Chanel N°5, l’Hédione® miraculeuse de L’Eau Sauvage, la vanilline envoûtante de Shalimar, l’éthyl-praline coquine de Angel, les muscs blancs de synthèse qui font tenir le parfum jusqu’au bout de la nuit, et les esters de fruits rouges de mon Miss Dior Chérie !

Un parfum bio ça sent les agrumes, les bois, la rose, la lavande et les aromates de Ducros … même avec le meilleur parfumeur du monde qui s’y décarcasse !

Ma copine Véro qui habite rue des martyrs dans le 9ème à Paris, bobo jusqu’à la culotte en lin bio et équitable, pour se parfumer, elle utilise quelques gouttes de fleurs de Bach bio ou de l’huile essentielle bio de néroli, ça lui rappelle les crèpes à la fleur d’oranger de sa grand-mère et ça lui fait du bien. L’Eau de Jatamansi, hors de prix … elle ne la regarde même pas ! Et puis, pour les soirs un peu spéciaux, pour plaire à François, elle se parfume avec un beau parfum de chez Serge Lutens : Bois et Musc
Ma copine Béné, fan de Dior et peu sensible au discours huiles essentielles, (pour draguer au Showcase, pas vraiment efficace !), le parfum bio n’entrera sans doute jamais dans sa salle de bain.

Le Parfum bio, c’est quoi ? Une grande parade marketing !
Ca sent quoi ? l’eau de Cologne qui tient pas, les condiments Ducros et la rose séchée façon pot pourri.
C’est pour qui ? Pour personne, non ?

Thèmes

Marketing parfum Parfum bio

Commentaires

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexion Inscription

par jerryb, le 20 juin 2008 à 16:33

Vous semblez confirmer ce que je pense et ce que je dis on vous prend pour des c... Oui, le linalol, le citronellol, le citral et d’autres comme actétates de styralyle ou le salycilate de benzyles au noms "barbares" sont bien 100% d’origine naturelle et présents dans la nature !!! Mais cela ne veut pas dire que ce ne sont que des matières 100 % naturelles que l’on utilise ... Façon bien orchestrée de dire les choses sans doute ??? Je suis quand même bien d’accord pour progresser dans le sens de l’écologie, mais de manière globale et progressive, pas en jouant sur les mots pour en faire du markéting. Soyons clair sur les discours et tout le monde se portera mieux. Je continurai à préfére Dior, Guerlain et Chanel a ces marques lucrativement alternatives, mais il ne faut pas oublier non plus que la tendance à vouloir plus de qualité et de vraie est bien palpable.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Jeanne Doré, le 20 juin 2008 à 12:22

Le problème selon moi avec ce sujet, c’est qu’il y a amalgame entre l’Agriculuture Biologique (à laquelle j’adhère profondément, et que je défends, pour des raisons de société, de santé, d’économie...) et le Bio récupéré par l’industrie des cosmétiques et des parfums pour en faire un truc à la mode, et qui utilise pour se justifier les soupçons portés aux matières synthétiques, qui il est vrai ont pour certaines (les muscs) des impacts encore mal connus sur l’environnement et l’homme.

Mais une chose est claire, on peut être "ecolo" et continuer à aimer les parfums, comme on continue à taper sur un ordi (en plastique, ça pollue) aller voir des films (la pellicule, ça pollue), voir des expos (la peinture, ça pollue), sans tomber dans une psychose parano guidée par un marketing opportuniste.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Lanaturedanslapeau, le 20 juin 2008 à 11:07

Attention aux amalgames en lisant un peu vite !

Je suis allée voir le site de Cosmaterra, et si vous regardez bien la composition on voit qu’ils n’ont pas obtenu la certification bio parce qu’il y a 25% d’huiles essentielles mais bien parce que la composition est 100% d’origine naturelle (voir dans l’onglet "Composition" : "Alcool dénaturé biologique, parfum, limonene, linalol, citral. 95% minimum du total des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique. 100% du total des ingrédients sont d’origine naturelle".)

Peut-être que certaines marques surfent sur la tendance bio. Mais beaucoup de marques cosmétiques naturelles ont une vraie démarche de qualité et un vrai engagement. Et il y a plein de gens qui veulent des parfums (et des cosmétiques en général) plus purs, pour leur peau et pour l’environnement.

L’idéal serait que tout le monde travaille vraiment dans ce sens, sans se faire la guerre ;)

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par jerryb, le 20 juin 2008 à 02:26

Alors là c’est fort de café !!!! je viens d’aller faire un tour sur le site ou l’on parle de Patyka !! Ils disent "ce sont les seuls parfums qui contiennent 25% d’huiles essentielles bio et bla bla bla" ! STOP, on se fout de votre g... mais pas de votre argent. Si les pro de la cosmétiques ont réussit à obtenir un label Bio parce qu’il y a 25% d’huiles essentielles BIO dans un parfum, je dis qu’ils ont bien défendu leurs intérets, mais je vous informe que c’est de la récupération mercantile. Erreur d’écriture sur le site ou conscience bien pensée, je ne sais pas , mais cela ne veut littéralement pas dire que le parfum est 100% BIO ! Serait ce un bien d’ailleurs ? Un vrai parfum, depuis toujours et encore maintenant contient forcément des huiles essentielles, quelques uns à + de 25% dans leur formules. Depuis peu, les grandes marques font des efforts pour se fournir les matières premières dans une logique de développement durable, ce qui veut dire que, si le label n’impose que 25% d’HE naturelles BIO, on va en voir fleurir des parfums BIO ! Je ne dis pas que c’est mal, mais faut arrêter de nous prendre pour des c... et nous de voir le "danger" pour notre "chère" santé partout !! A force de faire trop attention dans une logique de bien être écolo-mercantile, ne le perd on pas, son bien être réel à soi ?

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Céa, le 20 juin 2008 à 09:28

Bien dit Jerryb ! Je suis également très sceptique à l’égard de ces compositions qui préservent notre santé tout en surfant sur une tendance bien lucrative ! De plus, l’univers de la parfumerie bio n’évoque pas (pour moi) le raffinement, le luxe et le glamour de maisons telles que Chanel ou encore Lutens. C’est une autre démarche, certes plus dans l’air du temps, mais qui ne me séduit pas vraiment. Les fragrances sont trop aromatiques et assez similaires, bref, ne me correspondent pas vraiment. Cependant, le sujet des cosmétiques bio semble d’actualité et certains discours alarmistes sont inquiétants. A nous, donc, de faire la part des choses, mais ce n’est pas demain que je troquerai mon Coco contre un parfum à la tisane !

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par anne-cosmaterra, le 19 juin 2008 à 12:42

Il ne s’agit pas de suppositions, un certain nombre d’ingrédients issus de la pétro-chimie s’avèrent nocifs pour la santé ET pour l’environnement. Allez consulter par exemple le très bon site http://www.laveritesurlescosmetiques.com/ pour en savoir plus ou le guide Cosmetox : http://www.greenpeace.org/france/news/lancement-Cosmetox.

En ce qui concerne les fragances, effectivement on est tellement habitué aux odeurs synthétiques qu’on a dû mal à se réhabituer aux vraies odeurs des huiles essentielles naturelles. Je reconnais que les eaux de toilette et les eaux de parfums bio sont parfois assez volatiles. En revanche, de vrais parfums bio comme ceux de Patyka proposent une réelle alternative à la chimie : http://www.cosmaterra.fr/page.sous-famille.php5?&u=2&f=6&sf=20

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Céa, le 19 juin 2008 à 17:06

Merci beaucoup pour tous ces renseignements !

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Sam - Les Jardins d’Aroma, le 10 avril 2010 à 23:13

Tout à fait d’accord avec Anne,

Doit-on vraiment accepter des produits nocifs pour la santé sous prétexte que cela dure plus longtemps ? A ce moment là acceptons des fruits et légumes modifiés anarchiquement avec de la pétrochimie, afin pouvoir les conserver plus longtemps...

Et pour répondre à jerryb, les certifications bio permettent de connaitre la teneur des produits parfois étiquettés bio : voici les règles pour les principaux labels :
Ecocert, Cosmébio, Nature & Progrès, AB

Ainsi des produits tels que l’eau de toilette bio du Laboratoire des Sources peut être considéré comme 100% bio !

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par clochette, le 11 avril 2010 à 00:34

Je ne vois vraiment pas ce qu’un parfum peut avoir de nocif pour la santé. Le pire, c’est l’allergie à un composant (la plupart du temps un composant naturel, d’ailleurs, tels que la mousse de chêne ou, comble de l’absurdité, le limonène qui a été règlementé par l’IFRA alors que rien qu’en empluchant une orange, on se pulvérise l’équivalent de 400 fois le limonène contenu dans une eau de toilette). Faut s’intéresser un tout petit peu à cet artisanat qui est respectable et admirable avant d’alimenter la psychose écolo-puritaniste des consommateurs comme vous le faîtes. Les parfums sont constitués de composants chimiques depuis plus d’un siècle, des femmes se sont parfumées avec Diorissimo toute leur vie sans que leur santé n’en soit affectée. Le genre de discours que vous tenez n’a mené qu’à un résultat, jusqu’à présent : l’interdiction de belles matières premières naturelles, tels la mousse de chêne, le jasmin de Grasse etc. Quant aux huiles essentielles, leur effet allergisant, photo sensibilisant est bien connu. C’est absurde de croire que ce qui est naturel est bon et inoffensif, et cette "philosophie" basée sur un écologisme naïf et mal placé n’a eu que des effets négatif sur ce beau patrimoine qu’est la parfumerie française.

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par clochette, le 11 avril 2010 à 00:41

Et voici le lien d’une vidéo montrant bien l’absurdité et l’excessivité des réglementations actuelles : http://1000fragrances.blogspot.com/2010/03/reportage-reformulation-parfums-et.html

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par Céa, le 16 avril 2008 à 21:30

On entend beaucoup parler de substances potentiellement nocives contenues dans de nombreux parfums (muscs artificiels) mais quel crédit doit-on accorder à ces suppositions ?

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

par NathalieB, le 16 avril 2008 à 20:59

Excellent ce billet d’humeur ! Si on veut du bio pour les parfums ce n’est pas seulement les synthétiques qu’il faudra abandonner mais aussi les absolues obtenues avec des solvants volatils, bye bye l’absolue de fleur d’oranger, adieu le jasmin, la tubéreuse… Non mais franchement !

Le bio m’a toujours fait doucement rigoler. Mon père est arboriculteur et il m’a expliqué que les pommes bios, par exemple, sont beaucoup plus traitées que les autres ! La différence réside dans le fait qu’elle ne sont traitées que avec des produits naturels. Naturel n’est pas synonyme d’inoffensif.

J’ai pas envie d’un parfum bio, mon parfum il faut juste qu’il soit beau, c’est tout. Merci !

Répondre à ce commentaire | Signaler un abus

Page préc. 1 2 3 Page suiv.

à la une

C’est du propre ! La revue de sorties décapantes qui annoncent le printemps

À peine sommes-nous sortis de l’hiver que les bureaux de Nez et d’Auparfum sentent à plein nez le linge propre et le coton immaculé. L'occasion de vous livrer une nouvelle revue… tout droit sortie du pressing.