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La liste au père Noël #2, par Aurélie, Sarah et Olivier

La liste au père Noël #2, par Aurélie, Sarah et Olivier

par Sarah Bouasse - Aurélie Dematons - Olivier R.P. David, le 15 décembre 2023

Pour les retardataires qui ne sauraient pas encore quoi (s’)offrir à Noël, les rédacteurs vous proposent leur sélection personnelle de cadeaux qui font plaisir au nez (mais pas seulement). Deuxième fournée : Aurélie, Sarah et Olivier nous parlent de cuirs bien trempés, d’objets parfumés et de pages embaumées...

Noël au tison, par Aurélie Dematons

« Ah ces femmes qui mettent des parfums d’hommes, on sait ce que c’est ! » Cette phrase du film Fanfan, un bon nanar des années &ç90, sonne bien désuète ! Aujourd’hui, exit les préjugés, et ce Noël confirme bien la tendance dans notre boutique du Bureau du parfum (cofondée avec l’agent Jérôme Herrgott), consacrée à la parfumerie de niche, accessible sur rendez-vous. On se laisse surprendre par les clientes : une jeune femme qui portait Amor Amor et qui ne recherche aujourd’hui que des boisés mystérieux pour renvoyer une autre image. Ou encore cette petite blondinette à la tête d’ange qui n’aime que les cuirés hyper puissants… Pour les adeptes de sillages plus équilibrés, celui qui fait l’unanimité en ce moment est le tout dernier Carner Barcelona : Revolución. Ambiance aviateur avec son départ métallique, un shoot d’ozone qui étourdit avant d’atterrir sur un fond cuiré ambré très chic. Autre tendance qui se dégage pour Noël et le besoin de se réconforter : les boisés gourmands. Dans cet univers, Le Goût de Pentalogies explore avec délices les résonances entre patchouli, immortelle, rhum, miel et figue noire, tandis que Feu zinzolin de Couleurs, marque créée par la boutique bordelaise Le Nez insurgé, caramélise une prune-patchouli façon « cannelé de Bordeaux ». Il faut s’y faire, ce Noël les femmes sentiront le spiritueux ou le tison !
Revolución de Carner Barcelona, eau de parfum, 160 euros/100 ml
Le Goût de Pentalogies, eau de parfum 180 euros/100 ml
Feu zinzolin de Couleurs, 120 euros/100 ml

Grenade imprégnée, par Sarah Bouasse

En photo, on pourrait croire à un simple objet de déco, du genre qu’on poserait volontiers sur la cheminée d’une maison de campagne en Méditerranée. Mais quand on l’a entre les mains pour de vrai, sa fonction première ne fait plus aucun doute : sentir. Objet emblématique du catalogue de Santa Maria Novella, cette grenade en terre cuite parfume très fort et très longtemps. Placard à chaussures, petite pièce, salle de bal, que lui importe : elle remplit tout sur son passage, saturant l’air des notes de Melograno, la cologne phare de la marque florentine : un nuage dense de poudre irisée, posé sur un accord baumé chaleureux, boisé et épicé. Une odeur propre et délicieusement surannée, quelque part entre un talc italien et un savon Dove, qu’il convient d’offrir à quelqu’un qui saura l’aimer.
D’autant plus qu’une fois la boîte ouverte, il en prend pour plusieurs années.
60 euros

Chaï épicé, essence fruitée et souvenirs jasminés, par Olivier R.P. David

Pour un passionné de créations parfumées, offrir un flacon est un acte trop intime, presque sacramentel pour se lancer à conseiller un cadeau de façon anonyme : je préfère donc partager des attention bien-odorantes qui pourront faire plaisir à un proche, à la famille ou aux amis.
La première idée, gustative, est une boisson très parfumée, à déguster à plusieurs pour un moment chaleureux, ou seul pour une pause méditative avec le Chaï du Rajasthan de la maison Épices Shira. La composition équilibre des épices puissantes – la marque indique que sont broyés ensemble gingembre, anis étoilé, cannelle, macis, cardamome verte, feuilles de cannelier, clou de girofle, poivre noir, noix de muscade – pour un résultat étonnant de douceur et de suavité. La poudre est infusée dans l’eau chaude, ou mieux encore dans le lait ou lait d’avoine qui rend la boisson encore plus profonde et réconfortante.
Pot 40 grammes 5,75 euros, sachet 100 grammes 9,50 euros

Autre idée, purement olfactive : l’huile essentielle de maniguette fine, qui provient de la distillation de la cardamome de Madagascar ou Aframomum angustifolium. La société Astérale promeut une agriculture raisonnée et assure une distillation locale de cette plante malgache typique. L’essence a une odeur délicieuse, fruitée, aux accents de fraise mûre et des facettes douces de chocolat. Elle est réputée pour son action apaisante, favorisant un sommeil calme, la tradition locale précisant même qu’elle chasse les cauchemars pour ne laisser que de beaux rêves, il suffit d’en mettre quelques gouttes dans une soucoupe pour la laisser s’évaporer naturellement et parfumer délicatement l’atmosphère.
18,50 les 5 ml, 33,30 euros les 10 ml

Enfin, afin de sombrer tranquillement dans une douce nuit avec la lecture de Colette, j’offrirai le dernier ouvrage écrit par l’écrivaine dont tous les sens sont en éveil et qui considérait l’odorat comme le plus noble : Le Fanal bleu, publié en 1949. Dans cet almanach de souvenirs chers à son esprit de femme clouée au lit par les rhumatismes, elle nous promène dans une langue incomparable, notamment par les narines, avec l’histoire savoureuse du fruit trop odorant d’un pommier du Japon, ou celle d’une visite à Grasse dans l’usine Robertet pour l’extraction du jasmin dont voici quelques extraits :
« Vers six heures après midi, l’odeur des jasmins commence à barrer les routes, raide comme une corde tendue. […]
Neuf cent kilos de fleurs de jasmin, c’est une litière, blanche encore, versée à la hâte sur les dalles polies, non loin d’un autre lit de tubéreuses, dont la flétrissure, mortellement odoriférante, respecte la couleur doucement carnée… La torpeur consentante, le souhait de ne presque pas vivre montent de ces entassements inestimables ; je resterai là, prostrée et optimiste, sous la garde d’une jeune fille qui s’est dévouée ce matin à pousser ma chaise roulante. […]
Le maître de l’usine veut me guider vers les destins successifs qui attendent, en vase clos, les dépouilles des cultures de Grasse : nul regard ne les verra plus sous leur aspect de fleurs. C’est une grande merveille que l’intégrité d’une telle industrie. Ici, on extrait le jasmin du jasmin, et des bulbes d’iris vient l’iris. “Si vous restiez à Grasse, me dit Maurice Maubert
[Colette est donc chez Robertet], je vous montrerai les grands matelas multicolores d’œillets frais cueillis, qui sentent l’essence de girofle…” »
Le Fanal bleu, Colette, Le livre de poche, 1988, 7,90 euros

Visuel principal : Henry Mosler, Christmas Morning, 1916, Wikimedia Commons

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