Auparfum

Pentalogies : les cinq sens ont désormais leur parfum

par Gabrielle Badach - Jeanne Doré, le 10 septembre 2020

Dorothée Duret, fondatrice de la parfumerie indépendante Le Nez insurgé à Bordeaux, lance sa marque de parfum, Pentalogies Parfums et nous invite à redécouvrir nos sens à travers cinq parfums.

Pentalogies (mot qui désigne une œuvre composée de cinq volets) est né de l’idée que nos sens nous unissent au monde à travers les émotions qu’ils nous procurent, et que, même si l’odorat est dénué d’un langage qui lui est propre, « le parfum se distingue par sa capacité à stimuler l’imagination », en « érigeant des ponts pour fédérer les sens autour du langage. »

La marque lancera officiellement les cinq parfums de sa première collection, « L’Étude 1 », le 24 septembre prochain à Paris. Selon Dorothée Duret, fondatrice et directrice artistique de la marque, cette collection « s’intéresse à l’organe comme instrument au service des sens » . Tous les parfums sont composés par Clémentine Humeau, ancienne hautboïste, parfumeure depuis 2009 au sein de sa société Les Olfactines, à Bordeaux également.

Étude 1.1 La Vue

L’œil, décrit comme « l’organe cosmique », ou la « fenêtre sur l’âme aux mille dimensions » s’exprime d’abord dans un accord décrit comme « un univers monochrome et sans contour » à travers des notes de cyprès, élémi, poivre, cardamome, aldéhydes, baies de genièvre, muscade, et un accord « lumière cosmique blanche ». Un départ qui évolue vers une rose « froide, blanche et métallique », une graine de carotte et un « iris talqué minéral », pour laisser place à un fond de cèdre, santal, ambrette, héliotropine, violette, costus, muscs blancs, et un « accord papier de bible ».

Étude 1.2 L’Ouïe

L’oreille, perçue comme « l’organe des abysses » est retranscrite dans un « accord eau salée » et révèle une « fraîcheur lacrymale qui ruisselle sur un bois nacré ». Le parfum est composé de bois de rose et poivre noir, qui se fondent dans un cœur d’amyris, santal, cèdre, gaïac, oud, et lait de coco, qui fait ensuite place à un « accord nacré » accompagné d’héliotropine, vanille, fève tonka et musc.

Étude 1.3 Le Toucher

La peau, en tant qu’« organe érotique », se traduit ici par « un corps à corps, un coup de foudre tactile et narcotique » qui révèle une chaleur solaire et « l’animalité du désir » dans un départ de géranium, romarin, jasmin et ylang-ylang, un cœur de benjoin, santal, cumin et oxyde de rose, sur un fond de styrax, cuir, et gaïac.

Étude 1.4 Le Goût

La bouche, cet « organe mythique » est retranscrite dans « un univers baroque » composé de « velours aux couleurs miellées chaudes et intenses teintées de jungle luxuriante ». Des notes d’eucalyptus et de figue en tête dévoilent un cœur d’immortelle, labdanum, patchouli, et miel, sur un fond de cassis, lentisque et accord chocolat.

Étude 1.5 L’Odorat

Le nez, évoqué comme « l’organe mnésique » est interprété par un « cuir chromé » qui « marie l’aura réconfortante d’un marc de café à l’empreinte indélébile d’une pellicule photo argentique ». Cette cinquième étude est composée d’angélique, cyclamen, anis, lavande et thym, un cœur de café, accord encre noire, ambre, amyris, sur un fond de papyrus, vétiver, cuir, opoponax, myrrhe, labdanum, et accord cuir safrané.

Eaux de parfum 180 euros/100ml, kit échantillons 19 euros / 5 x 2ml ou 25 euros avec la « boussole » pour naviguer dans l’univers Pentalogies.

Déjà disponible en exclusivité au Nez Insurgé à Bordeaux, et sur la boutique en ligne de la marque. Un point de vente parisien sera annoncé prochainement.

Premières impressions

À l’image de son univers graphique, vraiment très réussi, singulier et personnel, voici une collection qui ne ressemble à rien d’autre.
Les cinq parfums de l’Étude 1 sont assez uniques en leur genre, tous très facettés, denses, avec une forte personnalité, beaucoup d’évolution et de surprises (pas forcément toujours bonnes, cependant !) mais au moins ça surprend. Il peut s’en dégager une impression de confusion et de dissonance, une certaine difficulté à les comprendre, à les reconnaître, à les classer, mais ceci est pleinement assumé par la fondatrice, qui avoue aimer « l’idée qu’il faille s’y reprendre à plusieurs fois » pour découvrir un parfum. On est donc très loin de la gamme cliché déjà-vue mille fois « voilà la tubéreuse, l’oud et la vanille », avec des constructions au contraire complexes et mouvantes.

Parmi nos préférés, L’Ouïe, pour son côté lacté, blanc, propre, salé et poudré qui se révèle en fond.
Le Toucher, pour ses fleurs blanches solaires, épicées, animales, très charnelles, sur un fond boisé ambré.
L’Odorat démarre très bien, avec un joli accord aromatique épicé, anisé, oriental, mais il évolue vers des bois qui sonnent plus masculin en fond.
La Vue est un accord épicé, aromatique, poudré, métallique, minéral, sec, plus difficile à cerner.
Enfin Le Goût a un côté un peu « over the top » entre patchouli, tabac, miel, fruits rouges, ambre... très riche et excentrique en tout cas !

Avis aux amateurs de montagnes russes olfactives...

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Jicky

par Jicky, le 17 septembre 2020 à 13:33

"même si l’odorat est dénué d’un langage qui lui est propre"

Ce n’est pas parce qu’on a de la difficulté à lire, que le langage n’existe pas. L’odorat a aussi sa grammaire, ses codes et des images qui s’en dégagent. Ce n’est pas les milliers d’articles et échanges d’auparfum qui me contrediront ^^

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par Duolog, le 17 septembre 2020 à 14:49

Je suis bien d’accord. Le langage, c’est une production sociale, et en tant que le parfum et les odeurs sont lues comme des signes, avec la capacité de communiquer et même d’exprimer une pensée, l’odorat a son langage. Il a sa sémantique, et il me semble que ce qui se dessine sur Auparfum, c’est aussi l’idée qu’il peut même avoir sa syntaxe et sa grammaire dans le parfum, et gagner en articulation. Les implications de tout cela sont tout à fait passionnantes !

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par Dorphée Mentha, le 1er octobre 2020 à 21:16

Le langage de l’odorat existe c’est certain. Il s’agit plutôt de dire que d’un point de vue linguistique, il n’y a pas de dénomination des odeurs au même titre que la vue désigne les couleurs ou les formes par exemple. Ce qui contribue probablement à en faire un sens expert en métaphores.

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