Auparfum

L’Eau de Paille, les moissons du Serge

par Jeanne Doré, le 6 janvier 2016

L’Eau de Paille, quatrième volet de la série des Eaux de Serge Lutens, nous invite dans un champ de blé, pour la moisson, un jour d’été de grande chaleur de 1954. La narratrice croise le sourire d’un beau jeune homme, mais feint l’indifférence et ignore ses avances.

« Sinon les brindilles emmêlées dans la chevelure de cet homme de paille, j’ai retenu la couleur : elle était blonde.
En essences, il suppose une eau sèche pour ceux qui n’aiment pas se mouiller.
 »

L’Eau de Paille, dont les notes revendiquées sont vétiver, céréales et encens, pourrait être décrite comme une eau aromatique, aquatique et boisée.

— 

Disponible en février 2016 à la boutique du Palais Royal et sur le site internet.
À partir de mars 2016, en grands magasins et parfumeries.
78 euros / 50 ml - 110 euros / 100 ml

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par Don SALLUSTE , le 15 février 2023 à 12:21

Je le porte aujourd’hui dans sa première version (bouteille haute), je dois dire que c’est plutôt une belle surprise. et ça tient très bien. La nouvelle présentation, je ne connais pas. Mais peut-être une dilution a-t-elle été faite entre les deux ???

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Petrichor

par Petrichor, le 28 septembre 2022 à 20:14

"L’eau de paille"
C’est une cologne sous-dosée, à 40% de son intensité. Les avis que j’ai lu ailleurs sont souvent très négatifs. Maintenant que vous avez revu vos attentes à la baisse, je dois dire que je l’aime bien.

Le jour où je l’ai découvert, mon inconscient l’a trouvé agréable et a eu l’envie d’en mettre plus. Elle a sa petite originalité. Mon avis est entre "moyen" et "bien".

J’ai donc cherché un flacon d’occasion.
Le rapport intensité / prix est mauvais. Mais à ce stade, soit vous êtes un richou qui s’en moque, soit vous êtes un.e passionné.e.s qui cherchera une offre d’occasion (50€ ou moins, quoi). (Soit vous avez appris à l’aimer de plus en plus).

J’aime vraiment beaucoup le flacon, qui est dévissable et réutilisable. Avec sa forme carré, et sa belle forme dépolie par transparence. J’ai envie d’en avoir plusieurs, et de mettre du Chanel dedans. Toutefois, j’ai lu ici et là des gens pour trouver le bouchon moche. Osef...

Mais ça sent quoi alors, sur la peau ?
Alors, c’est une écriture parfumesque en tout petit.
Ca sent rien, puis ça sent un peu de pomme blète agréable -rappelant les lavandes au dyhydromyrcenol des années 80 (sans vraiment la cardamone, ni le patchouli)-, ça sent pas ouvertement l’absolu paille comme je l’attendais, ça doit contenir de l’iso-e-super.
Une copine est hypersensible à un truc dedans. Je ne sais pas quoi, car moi ça va, mon hyper-osmie aux boisés-ambrés n’est pas titillée.
Après, le vétiver apparaît un peu si on presse le nez, par sa facette proto- ananas (la suite de la pomme blète), un peu de sauge, et l’encens blanc est probablement derrière, et peut-être qu’une micro-touche de vrai vanille (teinture de gousses) réchauffait le tout depuis le début.

Ça sent le parfum "T-shirt", comme le définissait Juliette Faliu. Le ressenti agréable est là : un souvenir de propre, un confort de sortie de douche ou de bain, ça sent le linge propre et la chemise blanche, sans les fautes de goûts des lessives au musc blancs rapeux. C’est une petite bulle de rêve, et de savon, qui freinera un peu les micro-agressions du quotidien auxquelles on s’attend.

Le pari conceptuel est tenu : Certes ça sent un peu la vieille "trace de cologne" sur la peau, désolé pour l’expression. (C’est le côté cologne sans hespéridé). Mais ça sent "l’autre", de manière civile. Ce quelqu’un a mis pour la journée, de façon impromptue, une chemise blanche dans une belle matière. C’est un autre qui donne envie de se rapprocher. "L’eau de paille" est un parfum de peau, qui m’évoque une promiscuité agréable. C’est bien une "eau de politesse". C’est un peu une odeur de métro au paradis. J’y trouve de la poésie.

La parfumerie connaît des cycles.
Par exemple, l’inconscient collectif associe l’odeur de propre aux muscs blancs de synthèses des lessives. Elles se sont inspirées des savons durs. Eux, ils ont imité les parfums de luxe, quand ils utilisaient les coûteux 1ers muscs de synthèses pour leurs floraux, avant que leurs prix ne se démocratisent.
Lutens est un homme de notre décennie. Il pastiche les poncifs de "l’odeur de propre", en mettant tous les défauts à doses homéopathiques, à commencer par la surdose de musc blanc qui se sur-ajoute sur les vêtements. (l’effet dihydromyrcenol pomme blette, l’effet iso-e-super, le vétiver et l’encens qui supplantent le musc blanc, et la sauge la lavande, et le possible foin la vanille de synthèse)

C’est comme un silence assourdissant, après l’orage. On peut presque sentir la dissipation au loin des boisé-ambré, et des muscs râpeux. Nombre de gens n’arrivent pas à faire passer l’odeur d’aisselle de leurs t-shirt et chemises, ce qui ravive une odeur de vieille soupe au 1er effort. Et bien ici, même antipode, cet autrui a une sueur propre, qui perle avec une odeur sexy. (La sauge et l’odeur de bien des pharmacies).

Autre point, certains extraits naturels ont une faible intensité, quoi qu’on fasse. Et il y a un courage à les employer, car même les perfumistas vont vous descendre et dire que vous radinez ou mettez du faux.
Par exemple, c’est le cas du vrai mimosa. Nombre de fois j’ai vu des critiques d’amateurs éclairés, sur les sites anglo-saxon ou français, contre... "Mimosa et moi" de L’AP, "Farnesiana", "Pure eve" de TDC, etc... Mais cette discrétion est le charme même de cet ingrédient, qu’on apprend à détecter.
Ici, il y a une élégance à laisser le public sentir inconsciemment ?ces éventuels foin, sauge, pseudo- narcisse *, teinture de vanille ?. Ce ne serait pas la première fois que tonton Serge nous offre des broches dont, sans le dire, les strass sont en fait de vraies pierres taillées en cabochon.

* ("L’eau de paille" a peut-être ce pseudo extrait naturel de narcisse. Je retrouve un peu de cette signature de tige verte coupée, qui perle une goutte sucrée, avec une facette de foin. "Carat" de Cartier en revendiquait ouvertement, et j’avais plutôt parler d’un parfum "les habits neufs de l’empereur". (le descriptif citait un ingrédient pour chaque couleur de l’arc-en-ciel, dont un narcisse). "H24" d’Hermès revendique aussi une extraction mystère de narcisse dans sa pyramide olfactive, et ses photos à côté de la sauge.
Quelqu’un aurait-il des infos sur cet extrait naturel bizarre de narcisse ? )

J’y trouve une peu de poésie. Il y a un équilibre. D’un côté, il y a des poncifs de la parfumerie. (Sensation de dihydromyrcenol, d’iso-e-super, de gel douche yves rocher à la sauge). De l’autre, ces poncifs sont détournés, par des soupçons d’extraits naturels, dont certains rarement employés même dans la niche.
Avec le rendu des notes botaniques, ça fait que cet autrui -propret et dans les code, faussement guidé- semble paradoxalement libre dans sa tête. Il se dégage une nonchalance, une élégance.
C’est un peu comme quelqu’un qui murmure des choses intéressantes. Notre attention crée du silence pour que ses paroles en ressortent mieux. On y prête mieux l’oreille.

Peut-être que Lutens subvertit des tropes depuis le début avec ses "eaux". Je ne pensais pas dire ça un jour, mais ça me donne envie de tester à nouveau "L’eau", "L’eau froide", etc., pour confirmer ou infirmer la théorie. (J’étais plutôt dans l’équipe qui pense "supercherie", "trahison", "je veux des orientaux qui tâchent !")

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John

par John, le 7 septembre 2019 à 16:39

J’ai porté ce parfum tout l’été et j’en suis pleinement satisfait, c’est mon 2 ème achat chez lutens (mon premier c’est five 0 clock ).
Cette eau de paille ne ressemble à aucun autre parfum d’été , qui en général ont une odeur qui tire vers des notes aquatiques .
Cette eau a une odeur sèche donc surprenante, une odeur champêtre , qui pour ma part me transporte dans un beau petit village paisible au milieu de nulle part ,ou il fait bon vivre , déambulant dans ces petites ruelles arborées de belle fleurs et entouré de champs à perte de vue ,par une belle journée d’été.
Parfait aussi pour de longues soirée d’été, simple ,entre amis, autour d’un tablée estivale ou avec votre dulcinée pour un repas en amoureux , vous vous sentirez élégant sans en faire trop, sans le côté frimeur...

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par Sybil Vane, le 6 août 2017 à 21:49

Bonsoir, j’ai essayé ce parfum sur mon poignet par hasard dans un Marionnaud, et à ma grande surprise, il m’a accompagnée toute la journée. Un vieil ami aux cheveux d’or, à la voix douce et à la peau tannée était comme entré à l’improviste chez moi, et m’avait suivie comme une ombre, me faisant inhaler sa douce odeur de sueur et de soleil sans que je l’ai invité à partager mon intimité.
Bref, je suis fascinée par ce parfum, mais j’ai lu sur plusieurs sites qu’il était assez banal, et qu’il travaillait l’accord de foin comme il a été fait mille fois. Quels sont les parfums qui s’inscrivent dans le même univers ?
Et je serais très heureuse de lire une critique de l’Eau de paille, si un jour vous avez un peu de temps pour vous attarder sur ce Lutens sans prétention, mais qui ne manque pas de charme.

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par euskalpyth, le 7 août 2017 à 07:43

Ne vous compliquez pas l’existence, Sybil : si ce parfum vous plaît, portez-le !
Ce qu’en pensent les autres, pourquoi pas, mais profitez du parfum "à l’instinct", même si vous ressentez par ailleurs le besoin (bien compréhensible) de mettre des mots sur le jus et d’en "connaître" davantage sur l’aspect technique.

Ce que je veux dire (car je ne suis pas sûr d’être clair), c’est : ne vous laissez pas détourner de l’Eau de paille par des avis négatifs !
Bon, je n’ai pas l’impression que ça soit le cas, et tant mieux, mais on ne sait jamais, et ça serait dommage que vous passiez à côté d’un parfum qui vous provoque de jolies émotions, parce que vous avez été influencée par des lectures peu flatteuses...

Votre avis vaut celui de n’importe qui d’autre (j’aime beaucoup votre premier paragraphe, empreint de douceur et de poésie, même si je n’aime pas l’Eau de paille),
et vous êtes aussi légitime que n’importe qui à écrire un avis sur un jus qui vous fascine... (et ça sera d’autant plus agréable à lire que vous serez enthousiaste !)

Et pour finir, s’il fallait vous proposer un parfum qui soit un peu dans le même esprit, je dirais peut-être : l’Eau de Guerlain ?
(toujours jolie, mais avec une tenue bien faible dans sa version actuelle...
Ceci dit, comme, sur ma peau, l’Eau de paille tient une demi-heure, on va dire "un partout, balle au centre"...)

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par Messapia, le 15 avril 2016 à 10:27

J’ai senti cette Eau de paille.
C’est ce que j’ai senti de mieux chez Lutens depuis plusieurs années.
Je ne connais pas la pyramide, il y doit y avoir des fruits, mais pas sucrés, rien d’écœurant.
Je vais réessayer, la vendeuse m’a donné plusieurs échantillons.

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