Collection privée d’Houbigant, un foisonnant bouquet de fleurs
par Juliette Kirszenberg - Jeanne Doré, le 12 octobre 2018
En fin d’année sera lancée la Collection privée d’Houbigant, dont trois parfums sont déjà disponibles en avant-première dans certains points de vente. Elle est composée de la version originale de Quelques fleurs ainsi que de deux flankers : Quelques fleurs royales datant des années 1990, et le récent Quelques fleurs Jardin secret. Enfin, la réécriture d’une composition des années 70, Essence rare, rejoindra la collection en avant-première le 30 octobre.
Houbigant, une des plus anciennes maisons de parfums, tient une place toute particulière dans l’histoire de la parfumerie : fondée en 1775 par Jean-François Houbigant, elle lança en 1882 Fougère royale. Ce fut un des premiers parfums qui utilisait la synthèse et qui ne retranscrivait pas une odeur naturelle, contrairement à la mode en vigueur à l’époque, posant ainsi les jalons de la parfumerie moderne. Ses créations suscitèrent l’engouement des familles royales et de la noblesse européenne, et furent portées par des personnalités qui marquèrent l’Histoire, telles que Marie-Antoinette, Napoléon, ou encore la Reine Victoria d’Angleterre. Depuis 2005, la marque est passée sous le giron de la famille Perris, qui détient la marque Perris Monte Carlo.
Composé pour la première fois en 1912 par Robert Bienaimé, le parfum Quelques fleurs figure parmi les premiers bouquets multi-floraux de l’époque, qui devint le chef de file de cette famille olfactive, inspirant entre autre le N°5 de Chanel sorti en 1921. Alors que la fragrance fut modifiée dans les années 1980, cette nouvelle version de Quelques fleurs l’original serait plus proche de sa formule initiale. La fragrance débute avec des notes de bergamote, galbanum, estragon et citron. En cœur fleurit un bouquet d’absolue de jasmin et de tubéreuse, muguet, violette, absolue de rose, ylang ylang, œillet, absolue de fleur d’oranger, et clous de girofle. En fond se mêlent mousse de chêne, santal, civette, cèdre, muscs, iris et fève tonka.
Quelques fleurs royales, qui fut lancé en 1998, est inspiré par une création destinée à la Princesse Adelaïde d’Orléans. En tête, des notes de cassis et de pamplemousse annoncent un cœur de violette, d’absolue de rose, de jasmin et de tubéreuse. Santal, cèdre, vanille et muscs constituent les notes de fond.
Quelques fleurs Jardin secret est sorti en 2017. Composé par Luca Maffei, il s’ouvre sur des notes de bergamote, mandarine jaune et néroli. Son cœur se compose de fleur de magnolia, de narcisse, de rose, de fleur d’oranger, de jasmin, d’iris, et d’ylang ylang, tandis que le fond est constitué de bois de santal, absolue d’ambrette, ambre blanc et muscs.
La collection est complétée par Essence rare, composé en 1973 par Jean-Claude Ellena, alors jeune parfumeur chez Givaudan à New York, avec l’aide d’un parfumeur américain. Ce fut d’ailleurs sa première commande dans la ville qui ne dort jamais. Il réalisa un parfum en totale harmonie avec les goûts de l’époque : un classique complexe à la française comportant des notes archétypales de muguet, de rose et de jasmin, telles que les succès des années 1970 en comportaient : Calèche, Madame Rochas, Arpège ou encore N°5.
A l’occasion d’une conférence récente sur Houbigant, Jean-Claude Ellena rencontra la famille Perris, auprès de laquelle il évoqua sa création du parfum qui apparaissait sur l’écran de présentation : « l’image vieillissante d’un parfum qui n’avait pas vieilli : Essence rare ».
Il leur proposa alors une nouvelle version, une réécriture qui conserve la structure classique, en plus florale et épurée façon « Ellena d’aujourd’hui », moins complexe que la formule d’origine.
Le parfumeur qualifie de rêve la modification de formule alors que « le public n’est pas favorable et aime retrouver immuable le même parfum ». Se qualifiant d’« écrivain d’odeurs » [1], il souligne personnellement apprécier « la possibilité qu’ont les écrivains de retoucher leurs œuvres : on ne pense pas, on ne ressent pas, de la même façon tout au long de sa vie. Les expériences m’ont construit, ma sensibilité a évolué ».
La nouvelle création se compose de mandarine et de muguet en tête, sur un cœur de jasmin et de rose. Les notes de fond allient bois de santal, mousse de chêne, ambre et une poudre de vanille dont « on aurait retiré la partie sucrée, la vanilline ».
Eaux de parfum, 185 euros/ 100 ml
Quelques fleurs l’original, Quelques fleurs royales et Quelques fleurs Jardin secret sont disponibles en avant-première depuis cet été chez Bergdorf Goodman à New York, Fortnum et Mason à Londres et Printemps Haussmann à Paris.
Essence rare sera disponible en avant-première le 30 octobre au Printemps Haussmann, puis à Fortnum and Mason et Bergdorf Goodman fin novembre.
D’autres points de ventes distribueront la collection dès le mois de décembre.
Premières impressions
Quelques fleurs l’original surprend par la fraicheur croquante et verte, pétillante, presque fruitée, de ce bouquet de fleurs pourtant de facture classique.
Quelques fleurs royale plaira sans doute aux amateurs d’orientaux floraux complexes et facettés de la fin des années 1990, avec une touche soufrée inattendue de cassis/pamplemousse sur un bouquet de fleurs blanches un peu solaires, et un fond boisé, crémeux, assez enveloppant.
Quelques fleurs Jardin secret joue sur des notes poudrées, vertes, néroli, presque enfantines, qui m’évoquent Eau de narcisse bleu de Jean-Claude Ellena pour Hermès (hasard ou coïncidence ? :)
Enfin, Essence rare est un floral doux, feutré, avec des fleurs indéfinies et une impression de cuir poudré, crémeux. C’est à la fois classique, raffiné dans l’accord floral, mais bien actuel dans le style un peu abstrait. Une sorte d’hybride du Ellena des débuts et de celui d’aujourd’hui !
[1] L’Écrivain d’odeurs est le titre du dernier ouvrage de Jean-Claude Ellena publié en 2017 aux éditions Nez
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par Doblis, le 29 octobre 2018 à 18:52
Si je préfère Quelques Fleurs Jardin Secret à Quelques Fleurs Royales pour son côté plus fleuri, la version de Quelques Fleurs Essence Rare est juste sublime !
Quel immense Bonheur de retrouver Jean-Claude Ellena.
C’est juste "juste" ! Dans le bon sens du terme.
Equilibré, très propre, poudré, on se croirait en présence d’un iris alors qu’a priori il n’y en a pas.
Pour celles et ceux qui l’ont connu est adoré, il me fait beaucoup penser à L’Eau du Temps de Nina Ricci (pour moi le dernier très beau parfum de Nina Ricci) à qui il emprunte le même charme et la même classe.
Un petit coté Eau de Narcisse bleu aussi mais moins brut, plus rond et doux.
Excellente tenue.
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