Aromatics in White
Clinique
Coup de cœur
- Marque : Clinique
- Année : 2014
- Créé par : Nicolas Beaulieu
- Genre : Féminin
- Famille : Boisée
- Style : Élégant - Sensuel
Confusion des genres
par Aurélien Caillault (PoisonFlower), le 23 février 2015
J’avoue avoir eu peur en découvrant l’apparence et le nom de cette nouveauté : quoi, la marque qui avait toujours joué la carte de l’anticonformisme avec Aromatics Elixir allait oser commettre un flanker de ce dernier ? Faire marche arrière et proposer une version aseptisée grand public de son classique, peut-être nous resservir un fleuri fruité/musqué aussi inoffensif que Happy ?
Si vous aviez vous aussi quelques craintes, je vous rassure de suite, Aromatics in White n’est rien de tout cela, mieux, il est, à sa manière, aussi audacieux que l’original, ouf !
Après une Modern Muse pas franchement palpitante, les lancements mainstream du groupe Lauder se suivent et ne se ressemblent donc heureusement pas tous.
Le "white" du nom et du flacon semble suggéré par l’entrée en matière, douce et féminine, une sensation opaque de fleur blanche et poudrée (fleur d’oranger, feuille de violette) qui me rappelle un autre parfum de l’écurie Lauder, le très beau Shanghai Lily de Tom Ford et dans une moindre mesure L’Instant de Guerlain.
Le traditionnel accord chypré rose/patchouli, hérité de l’Aromatics originel et ici habillé de poivre, s’immisce ensuite quelques instants pour assurer la transition vers ce qui constitue selon moi le véritable thème du parfum : le fond boisé, ambré et musqué (ciste, ambre gris, benjoin), moelleux, étonnamment subtil, résolument androgyne.
Par rapport à la puissance de la base résineuse et animalisée d’Aromatics Elixir, ce fond pourra d’ailleurs paraître un peu timide, moi je le trouve confortable et raffiné, ce que le jus de 1971 (que j’adore !) n’est pas exactement.
Vous l’aurez sans doute compris, à l’exception de quelques notes en commun, cet Aromatics n’a finalement que peu à voir avec l’original : plus boisé que chypré, moins tonitruant, moins "sexuel", plus lisse, mais pas ennuyeux, car il se révèle assez complexe.
Si le premier fascinait par sa beauté fumée, anguleuse et autoritaire, ce nouvel avatar sous des traits plus policés séduit néanmoins par sa proposition d’une féminité ambiguë, qui convoque des notes rosées, épicées, boisées et ambrées pouvant rappeler certains masculins des années 80/90, je pense par exemple à Egoïste, ou bien la rondeur crémeuse et boisée d’un plus récent Déclaration d’un Soir. Bref, je perçois comme un clin d’œil à des fragrances qui ont osé s’aventurer hors des sentiers battus en rendant floue la frontière entre parfums destinés aux hommes et parfums destinés aux femmes.
Tout en en cultivant sa personnalité bien à lui, plus nuancée et contrastée que celle d’Aromatics Elixir, Aromatics in White a en tout cas ceci de commun avec son prédécesseur : une pointe d’originalité et d’indépendance, qui lui dicte notamment de ne pas céder aux tendances des parfums féminins à succès du moment et de plutôt miser sur des notes boisées androgynes intemporelles.
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par Farnesiano, le 23 février 2015 à 22:53
Le flacon m’a l’air magnifique. La classe ! En espérant que son contenu soit à la hauteur, je me réjouis de le découvrir.
De la " confusion des genres ", Bernard Chant était le champion, en créant pour le groupe Estée lauder, les échos masculins de grands féminins :
Aramis, frère de Cabochard ; JHL de Cinnabar ; Devin du merveilleux et quasi introuvable Alliage ; et enfin, le méconnu (en Europe du moins) Aramis 900, version à la fois plus épicée et plus aromatique du grand classique Aromatics Elixir. Non que ces parfums soient interchangeables, mais ils sont si proches, si consanguins, presque incestueux, que la notion d’attribution de sexe perd ici toute justification, c’est l’époque seule qui le voulait. Aujourd’hui, en niche ou parfumerie d’auteur, cela ne veut heureusement plus rien dire.
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par PoisonFlower, le 24 février 2015 à 22:34
Je suis fan de l’idée que le groupe Lauder ait recyclé des compositions à la base "féminines" pour certains masculins (essentiellement dans les années 70 en fait) !
Après, je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agissait là avant tout d’une manœuvre visant à lancer de nouveaux parfums sans devoir à chaque fois définir un nouveau concept olfactif (sans doute une manière aussi de faire de faire des économies, j’imagine !) plus qu’une véritable volonté d’abolir les barrières entre parfums dits féminins et parfums dits masculins ! ^^
Petit HS : Devin, par rapport à Alliage, c’est aussi bien ? Il me tente beaucoup, mais j’ai peur de ne pas retrouver le charme de l’original. Je ne connais que JHL dans cette série de faux masculins/féminins déguisés (bon, Aramis aussi, mais ça fait très longtemps que je l’ai senti et surtout je ne l’ai jamais testé sur peau) et il lui manque, de mon point de vue, le foisonnement, la richesse de Cinnabar...
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par Farnesiano, le 25 février 2015 à 15:52
Merci, PloisonFlower pour ce retour. La volonté d’abolition des frontières entre parfums masculins et féminins n’est qu’un point de vue contemporain ( le mien ) assumé devant l’émergence de parfums de niche dit mixtes ou unisexes (horreur de la réduction qu’entraîne ce vocable : quelle perte de richesses, de nuances, de subtilités...) Une volonté commerciale présida aussi à la création de ces faux " doublons ", qui, notons-le, ne paraissaient jamais simultanément mais quelques années plus tard, comme si les nez masculins avaient eu dès lors le temps de s’acclimater à ces senteurs différentes.
Tous ces parfums ont été reformulés il y deux ou trois ans en même temps qu’un flaconnage identique les a rhabillés. Du lot, Aramis me semble être resté le plus fidèle à la version des années 70 (qu’en Italie, on sentait à tous les coins de rue.) A la limile, il semble moins daté que son grand frère Cabochard. Le JHL (Joseph Harold Lauder) d’aujourd’hui n’a pas l’éclat ni la profondeur de Cinnabar, ses épices alcoolisées s’assombrissent et se ternissent un peu, mais le fond demeure attachant.
Devin également a perdu de sa superbe verdeur aromatique, de sa lumière vibrante qui me faisait chavirer quand je l’ai acheté il y a dix ans. Moins cinglant et métallique qu’Alliage, qu’au passage je devrais sentir à nouveau. Souvenir perso : ma mère l’a porté le temps d’un flacon et je me souviens que jeune homme, je n’arrivais pas à croire qu’un parfum pouvait sentir ça ! Je ne pouvais entrer dans sa chambre sans aller sentir le petit flacon au jus vert jaune doré au nom qui me rappelait, à mon grand désespoir, mes pénibles cours de chimie...
NB : Les versions actuelles de bon nombre de parfums anciens me semblent souvent comme adoucies ou attiédies, voire appauvries. Passage de l’IFRA ou bien mon nez a-t-il évolué ? Peut-être un peu des deux ;-)
par Le Nez Bavard, le 23 février 2015 à 22:36
Aaaaaaaaaaaaaaaaaahhh !!! Veux sentir ! Veux sentir ! Veux sentir !
(Commentaire inutile du soir, me voilà ! )
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