Vacances en Provence, brassées de roses et virée chez Robin des Bois : la revue de sorties parfums #17

Alors que le printemps s’annonce, les dernières nouveautés nous invitent à aller chercher la lumière et la douceur dans le sud de la France. L’Artisan parfumeur, qui a récemment arrêté Mimosa pour moi, lance Soleil de Provence pour rendre un nouvel hommage aux petits pompons jaunes duveteux. Daphné Bugey, qui s’est inspirée des paysages inondés de lumière que l’on trouve « le long de la route qui s’étire de Bormes-les-Mimosas à Grasse », livre une interprétation solaire de la fleur, soutenue par de l’ylang-ylang et des notes baumées.
Eau de parfum 170 euros/100ml

La jeune marque Nissaba, qui entend célébrer les régions productrices de matières premières pour la parfumerie, a elle aussi élu la Provence parmi ses destinations. Le parfum homonyme, signé Sébastien Cresp, est conçu comme un « bouquet provençal riche et aromatique » mariant lavande Diva, lavandin, sauge sclarée, coriandre et hysope. Dans le reste de la collection, Tierra Maya (Ilias Ermenidis) évoque l’Amérique centrale grâce au baume du Pérou et à la cardamome ; Grande Île (Frank Voelkl) Madagascar avec une vanille escortée de poivre rose et poivre noir ; Sulawesi (Nicolas Bonneville) l’île indonésienne où est traditionnellement cultivé le patchouli ; et enfin Chaco (Alexandra Monet) nous emmène dans les forêts primaires d’Amérique latine, en convoquant petitgrain, maté et gaïac du Paraguay.
Eaux de parfum 160 euros/100ml

Parmi les spécialités provençales, on opte pour le verre de rosé chez Martin Margiela, qui enrichit sa gamme Replica d’un « rendez-vous parfait avec vue sur les magnifiques vignobles » au coucher du soleil. Concocté par Carlos Benaïm, On a date dévoile une rose chyprée aux facettes soufrées marquées, entre pamplemousse, fruit de la passion et cassis, soulignées d’oud.
Eau de toilette 29 euros/10ml, 59 euros/30ml, 125 euros/100ml

Si la rose est également à l’honneur chez Chapel Factory, elle se révèle plus verte et fraîche, voire métallique, dans L’Eau d’épine. Décrite comme « une caresse piquante alternant la férocité des épines de rosiers et la suavité du baume ambré », la composition associe la reine des fleurs au galbanum, à l’hinoki, au labdanum, à l’encens, au cuir et au vétiver, dans un esprit pouvant rappeler L’Ombre dans l’eau de Diptyque ou La Fille de Berlin de Serge Lutens.
Eau de parfum 90 euros/100ml

Si D’Orsay nous raconte aussi « une histoire caressée de roses » avec Te dire oui V.H., celles-ci ont été cueillies « dans les vallées d’Orient ». Vincent Ricord dépeint le rituel des tatouages au henné accompagnant les mariages grâce à des notes de safran, d’encens, de nagarmotha, de rose, de styrax et de benjoin pour un sillage cuiré fumé presque goudronné.
Eau de parfum 110 euros/50ml, 170 euros/100ml

Inspiration plus charnelle chez Godet, qui nous promet « l’alchimie des corps » par l’entremise d’un Philtre d’amour liquoreux et chaleureux, entre tabac, rhum, iris, ambre gris et muscs, dans un style joliment rétro typique de la maison.
Eau de parfum 90 euros/30ml, 195 euros/100ml

On retrouve des ingrédients proches mais adossés à un storytelling très différent dans Soul of pirate de Patrice Revillard pour Liquide sentimental, où « des vapeurs de rhum antillais et de tabac blond se mêlent à la poudre à canon des batailles navales ». La jeune marque, qui a pour ambition de proposer « une odyssée olfactive au cœur des mondes imaginaires dont vous avez toujours rêvé d’être le héros », nous mène dans les profondeurs des abysses grâce aux facettes aquatiques et boisées de Deep of Atlantis, et réveille notre « magie intérieure » avec les accents de violette et d’héliotrope de Poudre de fée, toujours signés Patrice Revillard. Derkomai enfin, créé par Marie Schnirer, « un parfum à porter comme une armure pour déployer votre puissance », combine prune, cumin, cannelle, encens, piment et oud dans une évocation lointaine de Femme de Rochas.
Eaux de parfum 170 euros/100ml

De la cuirasse on passe à la flèche de Robin des bois, dessinée sur le flacon de Sherwood de Memo Paris. Juliette Karagueuzoglou raconte la forêt du même nom avec une « crème de santal à la signature boisée profonde et moelleuse », accompagnée de poivre rose, de graines de carotte, de bourgeon de cassis, de rose de Damas et de Cashmeran, pour un résultat très fruité lactonique et boisé ambré.
Eau de parfum 230 euros/75ml

Le même bois est la vedette de Santal Dan Sha chez Armani Privé, dans lequel Fabrice Pellegrin s’est inspiré de la sérénité des palais impériaux chinois et de leurs jardins où flotte une douce brise. Bergamote et cardamome apportent au santal une touche de fraîcheur pour une « signature apaisante, majestueuse, comme onirique ». Un joli santal épicé aux facettes de violette et de figue.
Eau de parfum 110 euros/50ml, 170 euros/100ml

Ambiance tout aussi méditative (et santalée) chez Aēsop avec Eidesis, qui nous promet « des épices profondes, de la terre humide et des bois secs ». Associant petitgrain, poivre noir, cumin, encens, santal, cèdre et vétiver, la composition reste fidèle au style « apothicaire chic » de la maison.
Eau de parfum 160 euros/50ml

Fragonard ne surprendra sans doute pas grand monde non plus avec Bel Oranger, cinquième création de Daniela Andrier autour de la fleur d’oranger pour la marque grassoise après Fleur d’oranger, Fleur d’oranger intense, Mon oranger et Belle d’Arles. Cette nouvelle variation se distingue par de jolies facettes vertes et fraîches – et par le prix le plus accessible de cette revue de sorties.
Eau de toilette 38 euros/100ml
Toujours chez Fragonard, après Églantine l’année dernière, la fleur 2023 est le Narcisse, dont Karine Dubreuil livre ici une interprétation. Escortée de mandarine, bergamote, jasmin d’Égypte, rose de Turquie, miel, bois et musc, la petite fleur jaune reste très discrète, se montrant plus fruitée et propre que fauve et sauvage.
Eau de toilette 20 euros/50ml

Et on termine cette revue de sorties dans le Paris des Années folles avec La Rhapsodie noire de Dusita. Pissara Umavijani raconte avoir eu l’idée de cette « néo-fougère » aux facettes de café et de sauge sclarée alors qu’elle traversait le Pont-Neuf un soir en écoutant Rhapsody in Blue, émue par le « charme légendaire de la Ville Lumière ». Un oriental anisé, tabacé et gourmand évoquant quelques succès masculins des décennies précédentes.
Eau de parfum 150 euros/50ml, 220 euros/100ml