Auparfum

Habit rouge l’instinct, le galop indompté de Guerlain

par Jessica Mignot, le 26 avril 2022

Guerlain lance une nouvelle déclinaison de son grand classique masculin, autour d’un accord de rose et de cuir, dans « un esprit de liberté et de puissance ».

C’est en hommage à l’art équestre, et notamment aux vestes portées par les cavaliers, que Jean-Paul Guerlain composait en 1965 Habit rouge. Icône de la parfumerie, il a déjà connu plusieurs variantes, dont le très joli Dress code, composé pour la première fois par Thierry Wasser en 2015, et réédité à plusieurs reprises.

Avec cette dernière déclinaison, la maison parisienne entend « faire souffler un
nouveau vent de liberté sur la légende en réinventant son accord emblématique »
. Il s’inspire de « la fougue du pur sang » pour nous proposer une « signature aromatique inédite construite autour de la rose et du chanvre », qui se veut « indomptée par nature ». Delphine Jelk l’a habillé d’un « accord cuiré infusé de teinture de vanille » dessiné par l’absolu maté, et de deux qualités de patchouli, cœur et essence.

Le flacon carré reprend les lignes de celui créé en 1955 pour l’eau de Cologne parfumée Ode et « qui abritait Habit rouge en 1988 ». Il est désormais utilisé pour plusieurs masculins, et se distingue ici par son capot rouge.

Habit rouge l’instinct eau de toilette intense, 72 euros/50ml, 100ml/ 97 euros
Disponible en mai 2022

Premières impressions

Le chanvre est décidément à la mode en parfumerie ces dernières années, et semble constituer un réel atout marketing ! Il s’incarne ici timidement par des facettes de feuille verte froissée, mêlées à un patchouli plus terreux et à une fraîcheur hespéridée, propre et assez générique, lui conférant de fortes allures de déjà-vu. La rose, mariée à un cuir épicé et à une vanille plus douce en fond, semble noyée dans cet ensemble assez banal, piqué de bois ambrés, bien éloigné de l’esprit de la maison, et qui évoque plutôt un best-seller du rayon masculin. Puissant, en effet - mais surtout très distant de son élégant ancêtre : ceux qui apprécient l’original risquent de partir au galop. Espérons que Guerlain ne soit pas en train d’adopter la même stratégie qu’une autre marque du groupe LVMH, Dior, qui a multiplié les flankers autour de son Eau sauvage, capitalisant sur le storytelling historique mais s’éloignant drastiquement de la signature originelle, jusqu’à parfois perdre le consommateur…

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Nezenmoins

par Nezenmoins, le 22 mai 2022 à 07:13

Bonjour
Comme vous dites « au galop ». Amoureux d’Habit rouge depuis le lycée et cavalier, cette déclinaison m’a fait fuir. Et en plus « pur sang » encore plus éloigné…
Déjà l’eau de parfum s’éloigne de l’original mais garde une trace du premier. Le nouveau s’est adapté pour plaire à une clientèle jeune. Il s’agit d’enlever l’aspect rétro à un parfum.

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par Nombre Noir, le 14 mai 2022 à 14:53

Je viens d’en avoir un échantillon. C’est effectivement d’une grande banalité. Ça m’a instantanément rappelé "Selection" de Hugo Boss. En beaucoup moins bien, en plus.

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Des Esseintes

par Des Esseintes, le 6 mai 2022 à 14:28

"Habit rouge" étant l’un des parfums de mon père depuis plus de quarante ans, c’est dire si je le connais bien.
Piqué par la curiosité, je suis allé sentir aujourd’hui cette variation et c’est une énorme déception.
Il semblerait que Guerlain poursuive le jeu de massacre commencé il y a quelques années déjà.
Cette eau de toilette d’une banalité affligeante, sans aucun lien véritable avec son auguste aînée, révèle une fois de plus les dégâts causés par le marketing... On nous parle ainsi de "fougue de pur-sang" (le jus possède plutôt la timidité d’un poney), de "chanvre" (imperceptible, mais il faut bien conférer une dimension pseudo-sulfureuse à cette plate création), d’un "accord cuiré infusé de teinture de vanille" (que je cherche encore)...
Bref, amateurs des anciens Guerlain et de beaux parfums, passez votre chemin !

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par ParfumspKp, le 5 mai 2022 à 21:19

Senti aujourd’hui avec enthousiasme mais quelle déception !
Aucune référence à la senteur originale. Les fans ne vont pas s’y retrouver et vont le bouder c’est évident.
Je ne comprends pas comment un marketing peut valider un concept pareil.
L’instinct fait cheap, banal, sans personnalité. Instinctivement on s’éloigne de ce que Habit Rouge est une référence dans la Parfumerie française.
Très grosse déception et c’est pas faute de me réjouir de découvrir les nouveautés chez Guerlain

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par Troudujol, le 2 mai 2022 à 04:33

Étonnamment, je ne le trouve absolument pas puissant ; il n’a a aucune tenue, aucun sillage, aucune projection.
A côté, Sauvage et Bleu ont plus de personnalité et ne passent pas inaperçus.
Habit Rouge L’instinct démarre sur un pamplemousse triste et délavé, puis on devine le maté, et ce duo fatigué, déjà estompé en quelques minutes, se laissent vaguement respirer sur peau sans aucune évolution si ce n’est des bois piquants et synthétiques en sourdine...
Mais quel est l’intérêt d’un tel flanker, mon Dieu ? Décevoir les fidèles qui ne comprendront pas l’intérêt de mettre du Monsieur Propre Agrumes dans un si joli flacon ? Attirer un public qui se convaincra en lisant le blabla qu’il finira bien par sentir du cuir, du patchouli et de la vanille ? Le décalage entre le film publicitaire et cette "chose" est saisissant ; film bien trop ambitieux pour vendre un produit d’entretien, finalement.
Je ne sais pas si c’est l’effet Delphine Jelk, mais pour ce premier masculin dont Guerlain lui revendique la paternité en solo, c’est un naufrage total.
Entre ça et les exclusifs vendus à prix d’or, les lignes dérivées anéanties ou presque, et le programme de fidélité qui tourne au ridicule, la maison Guerlain est décidément tombée bien bas en moins d’un an, et c’est un fan qui vous écrit...

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Passionez

par Passionez, le 1er mai 2022 à 11:20

Je rejoins tout à fait le constat de monbazarunlimited. Bien que ma découverte ne se soit faite que sur une mouillette (je n’ai pas souhaité prolonger l’expérience sur un autre support...), mon impression est que ce parfum est un raté complet. Je l’ai trouvé excessivement agressif, une vraie claque dans le nez. Je n’y ai rien vu de frais ni de léger. Les bois-ambrés m’ont attaquée d’emblée. Et j’ai abrégé la rencontre pour éviter la migraine.
Dans le genre modernisation d’un classique, Habit Rouge Dress Code a été une très belle interprétation. Ou pour sa soeur, Shalimar Millésime Vanille Plantifolia p.ex. Ou encore Shalimar Initial.
Ici c’est plutôt l’héritage Bleu de Chanel et Sauvage de Dior qui nous crient à la figure. Ca promet pour le "futur"...

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monbazarunlimited

par monbazarunlimited, le 26 avril 2022 à 13:21

Merci Jessica,

Je suis à 100% en phase avec cette analyse. J’avais déjà pu lire sur les RS qu’un mauvaise surprise se préparait, et pas d’exagération : Habit Rouge a été défiguré, mis en pièces, dépossédé de son âme.

Je suis allée le sentir deux fois. La première a été un tel choc que je me suis dit "Non, je ne suis pas dans un bon jour, mon nez et ma peau me jouent des tours". Rebelote hier et hélas oui, mes narines, ma mémoire et mon émotion olfactives ont pris une magistrale baffe. Je ne suis pas partie au galop, mais la colère montait en moi, une colère perceptible par la vendeuse qui me le présentait, d’ailleurs.

"C’est un nouveau parfum", "C’est une version moderne et dynamique" (les quelques justifications apportées pour répondre à ma stupeur) sont des choses que je ne peux pas entendre d’une œuvre qui m’est chère depuis des décennies. J’ai pu supporter les précedents flankers, car un filet d’esprit était encore présent. Ici, plus rien, juste un mainstream "boizambrés XXL" comme on en croise régulièrement le fumet, puisqu’il paraît que cela plaît.

RIP, Habit Rouge tant aimé...

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par Tobacco, le 26 avril 2022 à 17:39

RIP ? Ce n’est qu’un flanker, Habit Rouge edt existe toujours (pas la version 1965 certe).

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par monbazarunlimited, le 26 avril 2022 à 18:00

C’est une image (désolée, je fais aussi dans le second degré ?)...

Cette "nouveauté" est plus proche d’une mise à mort que d’un flanker.

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