Musc Impérial

Avant d’intégrer la gamme des Colognes Absolues de la marque Atelier Cologne, Musc Impérial a été avant tout conçu pour devenir ce qu’on appelle désormais la signature olfactive de l’hôtel Majestic à Barcelone. Résultat d’un marketing olfactif bien orchestré, la composition est diffusée dans les différents espaces de l’établissement, et proposée aux clients sous forme de bougie, et d’eau de toilette.

Mais comment s’y prend-on pour mettre on en flacon l’âme olfactive du premier hôtel de luxe, presque centenaire, de la capitale catalane ?
Le résultat est à la fois surprenant et cependant évident : Musc Impérial est sans doute la Cologne qui mérite le mieux son appellation parmi toutes celles de la marque, (dont certaines semblaient s’être un peu éloignées du sujet), avec la particularité de renouer avec ce qu’est l’eau de Cologne à l’origine : un produit d’hygiène, en lien avec la propreté.

Une première envolée hespéridée, riche en bergamote un peu amère, et des notes aldéhydées de lessive, viennent se mêler à un accord aromatique de lavande et de sauge aux intonations propres, hygiéniques, limite désinfectantes. Une note verte de cassis et de figue, végétale et râpeuse, vient apporter sa touche naturelle et champêtre. Puis cette Cologne savonneuse et naturaliste évolue doucement vers des notes plus boisées fumées, avec un trait de cuir noir, mais cependant dans un esprit toujours très blanc, musqué et un peu old school.

On aurait pu s’attendre à une signature plus « luxueuse » que cette banale odeur de linge propre, de la part d’un hôtel de luxe tel que le Majestic. Mais ce serait oublier, déjà, qu’un des héritages olfactifs le plus ancrés en Espagne est justement celui l’eau de Cologne, déclinée dans les produits pour bébé, pour le corps, pour la maison… L’Eau de Rochas caracole d’ailleurs depuis longtemps en tête des ventes de parfums de l’autre côté des Pyrénées.

Par ailleurs, je vois dans ce choix olfactif une explication finalement assez bourgeoise de ce qu’est historiquement l’odeur du luxe, et celle de l’élite sociale : l’odeur du propre.
En effet, dès le XIXe siècle, sentir la lavande et l’eau de Cologne est vite devenu un signe distinctif pour les gens de la ville sur les gens de la campagne, et les maisons se devaient d’être également désodorisées et débarrassées de toute trace de miasme d’origine humaine, en signe de la supériorité sociale.

Ainsi, Musc Impérial, avec ses notes rassurantes de lavande et de bergamote, sa blancheur aseptisée qui évoque des draps fraîchement lavés, et sa petite touche de naturalité verte associée à la pureté et la délicatesse d’une nature bienveillante, n’est-il pas la meilleur signal pour procurer, inconsciemment, aux visiteurs du Majestic, le sentiment de luxe et de de considération qu’ils sont en mesure d’attendre ?…

Comme l’a écrit Colette dans Paysages et Portraits : « Qu’est-ce que la parfumerie, sinon la poésie de l’hygiène ? »