Guerlain Homme

C’est avec un peu de retard que je me lance dans la critique de ce nouveau Guerlain qui aura déjà fait couler beaucoup d’encre ici, et j’en suis presque honteuse tant les internautes l’ont déjà dépeint avec autant de justesse que d’unanimité. Voici donc une mini-revue de presse de vos messages résumés ici en condensé : Mousse à raser, Mennen, sent-bon, Habit Vert (j’aime beaucoup celui-là), vieillot, insipide comme L’Homme d’YSL. Tout, pratiquement, est dit dans ces quelques mots.
Alors que les grands moyens sont déployés dans tous les grands magasins à coup de posters, films d’animation et pyramides de flacons, les forces de ventes, bien dressées, récitent le même discours appris par coeur à base « d’accord Mojito, limette, menthe poivrée et la rasade de rhum Jamaïcain ». Honnêtement, si on me proposait un cocktail avec une telle odeur, j’aurais des soupçons que le serveur y ait renversé son after-shave !

Pourquoi ne pas parler de Guerlain Homme en admettant vraiment ce qu’il est : une fougère classique, traditionnelle, banale et sans aucune originalité, à part peut être les 3 premières secondes, qui sont, il est vrai, agréablement pétillantes. Mais après ?
Thierry Wasser avait déjà signé ce parfum quand il s’est fait embaucher par Guerlain, comme s’il avait constitué sa clé d’entrée comme parfumeur de la prestigieuse maison. C’est qu’il devait donc répondre parfaitement aux critères de la directrice de la création, Sylvaine Delacourte, qui n’hésite d’ailleurs pas à co-signer de son nom cette dernière "créature". La priorité est évidemment d’exporter la marque Guerlain dans les pays où il y encore une marge de croissance, en Asie, en Russie, au Moyen Orient... d’où ce choix olfactif classique volontaire. Je ne crois pas que Guerlain Homme ait été conçu pour plaire en priorité aux Français, qui ont déjà leur Habit Rouge et leur Vétyver, et qui, tout le monde le sait, peuvent trouver des parfums de fougère fraîche au supermarché...

Si vous voulez continuer à rire après le spot de pub, il y a aussi le site, avec une animation digne des premiers CD-roms des années 90.
D’après Lucas Turin, le principal problème de la parfumerie aujourd’hui serait le manque total de direction artistique. Et si Guerlain était la meilleure illustration de la parfumerie française d’aujourd’hui ?