Eau de citron noir
Hermès
Citro-tune
par Jeanne Doré, le 1er juin 2018
Citron juteux, pulpe acidulée, zeste lumineux, amertume maîtrisée, tons jaunes, dorés…. jusqu’ici (c’est-à-dire environ une minute) tout va bien...
Et puis le quartier de citron se retrouve soudainement flanqué d’un élément insolite, certes pas incompatible, mais sans doute pas attendu dans ce contexte : l’image d’une tranche de saumon fumé se dessine sous l’arrivée de notes évoquant le bois de gaïac.
Et là tout bascule, la fumée qui aurait pu rester où elle était, se métamorphose en un régiment de bois ambrés digne des meilleures ventes du rayon masculin de Sephora.
Après tout, pourquoi pas des bois ambrés, vous allez me dire, ce n’est pas parce que moi je n’aime pas que c’est pas bien ?
Qui sont-ils d’ailleurs, ces fameux bois ambrés, ou “bois qui piquent” comme les appellent certains ? Des molécules pas forcément nouvelles, mais utilisées en masse depuis quelques années, et dont l’odeur boisée intense, sèche, pointue, pénétrante, procure une diffusion et une ténacité à toute épreuve aux compositions masculines, mais aussi féminines, sans oublier tout un pan non négligeable de la parfumerie de niche qui ne jure plus que par ça.
Cedramber et Amber Xtreme (IFF), Amberwood et Ambrocenide (Symrise), Ambermax et Karanal (Givaudan) ou encore Norlimbanol et Z11 (Firmenich)... chaque maison de composition dispose de son arsenal de molécules à l’effet dessicatif toujours excessif et assez intolérable à mon nez.
Ils sont à la parfumerie moderne ce que l’Auto-Tune est à la pop music : un artifice, un tic, une mode qui sonne aussi “cool” pour un grand public en quête de “parfum tenace", qu’insupportable pour une petite poignée de “puristes exigeants”, sans doute, dont je fais hélas partie.
Comment ne pas voir ainsi dans cette composition si stéréotypée, et son beau flacon bleu-noir, une réponse à Bleu de Chanel et Sauvage de Dior, les deux hits du moment sur le marché masculin ? Et qui en voudrait à Hermès de vouloir séduire à son tour une clientèle masculine de cadres sup’ en costard bien coupé en quête de raffinement, qui réclament eux aussi leur sent-bon élégant, mais “qui tient” ? Personne, à part peut-être ceux qui continuaient à croire que le mythique sellier restait un ovni dans le paysage français des grandes maisons de parfums, avec à sa tête un parfumeur indépendant de toute influence du marketing, et libre de proposer des créations uniques, singulières et différentes.
Espérons que cette Eau de citron noir, coincée dans son rayon discret, ne rencontrera pas un trop gros succès auprès des amateurs de colognes fraiches et viriles, et qu’Hermès nous proposera vite une prochaine création qui nous redonne espoir !
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par GaelT, le 2 août 2018 à 14:54
Je suis un client fidèle des Colognes Hermès notamment Gentiane Blanche et Orange Verte, j’étais donc enchanté à la sortie de Citron Noir.
Quelle déception en effet, je rejoins tout à fait cette critique, "tout bascule" en peu de temps. Il ne m’a pas fait penser à Bleu ni à Sauvage mais à Black XS qu’on a l’habitude de sentir à tous les coins de rue ...
Les choix de Christine Nagel étaient intéressants pour Rhubarbe Écarlate, espérons que la prochaine Cologne nous fasse oublier celle-ci.
par Maeve, le 16 juillet 2018 à 20:08
Je vous adore mais je vous trouve tellement dur !
J’avoue même que ça en devient douloureux pour moi de vous lire tant j’adore l’eau de citron noir. Pire, j’ai vraiment l’impression que c’est de ma faute, comme si j’avais un problème de goût. J’ai vraiment l’impression qu’il n’y a que moi qui l’aime.
J’adore tellement ce parfum, je trouve déjà qu’il a un aspect réconfortant pour un parfum avec autant de notes citronnés.
Je ne sent absolument pas ce retour fumée poissonneux ou provenant d’un vulgaire spray à insecte. Je l’ai sur moi et je sent plutôt un bois fumée d’un arbre citronnier.
Après oui, tout n’est que citron dans ce parfum, ça c’est très clair. Et si j’ai un gros point noir à lui accordé, c’est que je pense qu’il a été conçu pour faire concurrence au Bleu de Chanel plus qu’à un réel but créatif.
Néanmoins (Nez en moins ?) c’est le genre de parfum que je met tout les jours et je l’aime vraiment beaucoup.
Je pense essayer à l’avenir l’eau de rhubarbe écarlate qui pourrait être un peu plus original mais l’eau de citron noir mérite clairement sa chance !
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par PwZz, le 27 février 2020 à 20:48
C’est effectivement une critique au vitriol pour un parfum dont les avis sont dithyrambiques sur l’aspect négatif !
Il est clair que l’odeur de bois ambré n’est pas des plus agréable ... mais cette eau de citron me transporte dans un marché populaire proche de la Mediterranée, où le citron (jaune, vert) plus que mûr dégage son arôme sous un soleil brûlant. Un air de vacances, dans une chaleur presque suffocante.
Un héspéridé très clivant, qui ne laisse pas indifférent.
par Ori, le 4 juin 2018 à 11:48
Bonjour,
J’avais déjà laissé un avis sur ce parfum sur l’article des Colognes Hermès.
Ma première impression ayant été plus que mauvaise, j’ai quand même voulu lui laisser une deuxième chance...
Quelle erreur ! Le départ est prometteur, mais à partir de la première minute, mon dieu, j’ai l’impression de m’être aspergée d’after shave très bas de gamme, le rendu me dérange vraiment, à me donner la nausée. Et c’est que sur peau c’est tenace en plus !
J’avais vraiment été convaincue par Twilly et l’Eau de Rhubarbe Ecarlate, et j’attendais énormément de cette nouvelle création. La déception est à la hauteur de l’attente.
par Chanel de Lanvin, le 3 juin 2018 à 15:26
Bonjour,on dit souvent qu’il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis,oui mais .....fort heureusement à la lecture d’Auparfum dont je suis fidèle,même si je ne m’exprime pas souvent,je constate que j’en reviens souvent à mes premières impressions.
Quand on parle de Cologne & Eau fraîche,dans le mainstream cela devient du n’importe quoi et donc vite oublié.
J’en reste à Pure White Cologne de Creed qui me satisfait à ravir.
Il n’est pas tombé par hasard dans ma collection,mais suite à une recherche âpre pour trouver cette sensation de fraîcheur qui reste et persiste toute la journée dès le matin.
Note de tête : citron, bergamote et pamplemousse.
Note de coeur : galbanum, néroli et poire.
Note de fond : ambre gris, musc blanc et riz.
Ce qui fait que ...vous avez tout compris,et sur ce,je lance un petit clin d’oeil à Jeanne Doré et son équipe qui auraient pu le placer dans le livre : Les cent onze Parfums .....à moins d’un second volume .....
Bien cordialement à tous.
par Tobacco, le 2 juin 2018 à 05:19
J’ai déjà donné mon avis sur ce parfum dans l’article concernant les colognes d’Hermes.
Je vois ici qu’il est comparé à Bleu et Sauvage... je ne connais pas ce dernier mais pour connaitre l’EDP de Bleu c’est un chef d’oeuvre à coté de ce Citron Noir. Je l’ai testé sur papier et ça tenue et sa diffusion sont très faibles. Ce qui est finalement un point fort.
par Vesper, le 1er juin 2018 à 18:43
L’échantillon faisait partie du toujours généreux lot qui accompagne chaque commande faite à ma parfumerie préférée. C’était il y a quelques mois.
N’ayant que l’embarras du choix, et comme je devais sortir, mon dévolu s’est porté sur cette Eau de citron noir parce que, comme je me le disais à l’époque, aucun risque d’être déçu par Hermès.
J’ai constaté que, dorénavant, le risque était devenu réel.
L’agression ressentie à l’odeur de cette cologne, même après m’être frotté la peau presque jusqu’au sang (ce qui n’a pour effet que de faire chauffer le parfum, soit dit en passant) m’a ôté pour toujours l’envie de faire mon premier test directement sur peau, quelque soit le parfum.
J’ai d’ailleurs cru, l’espace d’un moment que ce que j’avais appris à identifier comme étant les bois ambrés étaient en fait d’autres molécules. Il me paraissait impossible qu’une maison comme Hermès se laisse aller à tant de facilité.
Mais votre article confirme que, pour moi, ces bois-là ne servent qu’à défigurer un parfum.
Et à le défigurer à très long terme, parce que, évidement, ça a tenu pendant des heures interminables.
J’ai décidément beaucoup de mal avec les créations de Christine Nagel.
par estelleagnesse, le 1er juin 2018 à 17:34
Curieuse, j’ai voulu sentir cette Eau de citron noir car j’aime beaucoup celle à l’orange verte (qui malheureusement n’a pas une tenue exceptionnelle). Agréable de prime abord, elle m’a rapidement écoeuré et donné mal à la tête. Une note "lourde"malgré le fait que ce soit une Cologne. J’ai eu la même réaction la première fois que j’ai essayé "Twilly". Les créations de Christine Nagel sont certainement très belles mais pas du tout faîtes pour moi, je passe mon tour.
par Tevic, le 1er juin 2018 à 15:55
Bravo pour cette critique ! L’Eau de Citron Noir est en effet irrespirable, et sur les notes finales ressemble à Sauvage par son aspect ultra-ambré. Ca me pique le nez et me donne la nausée. Cette création n’a rien à faire parmi les Eaux d’Hermès et en effet, chez Hermès tout court.
Je suis aussi d’accord avec vous sur les premières minutes, où l’on peut avoir l’illusion d’un parfum frais. Cette impression ne dure pas très longtemps.
par Farnesiano, le 1er juin 2018 à 15:20
Ouh là, on recycle les flacons invendus de la fabuleuse Eau de Narcisse Bleu ?
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par S9, le 2 juin 2018 à 06:32
C’est exactement ce que je me suis demandé !
Bonjour au passage Farnesiano ;-)
En fait je l’ai sentie rapidement cette nouvelle Eau de Citron Noir, attirée par le mot "citron" dont je raffole, que ce soit en cuisine ou en parfumerie.
Effectivement, le citron est bien là les premières secondes, et après j’ai attendu le bel effet poudré enivrant que l’on retrouve dans la merveilleuse Eau de Narcisse Bleu, mais non, rien que du fumé, et je suis restée... comment dire... interloquée.
L’Eau de Narcisse Bleu ainsi que L’Eau de Gentiane Blanche sont pour moi des chefs d’oeuvre de subtilité, de raffinement addictif et de bon goût.
Je m’attendais donc à une version plus citronnée, mais qui restait dans le même état d’esprit...
Donc déception.
D’ailleurs ces deux eaux magnifiques ont disparu des rayons semble-t-il. (?)
Mais bon j’avoue que je n’ai pas pris la peine d’écumer les parfumeries de Béziers ou Narbonne, les deux villes proches de chez moi.
Quoiqu’il en soit, je ne vois pas trop l’intérêt de cette nouvelle eau, à part répondre au marché qui veut de la nouveauté, de la nouveauté, de la nouveauté !
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par Farnesiano, le 2 juin 2018 à 08:23
Bonjour S9. Vous citez avec raison l’Eau de Gentiane Blanche, aussi chic et raffinée que végétale et alpestre. Sans être un fan absolu d’Ellena, je la classe parmi ses plus belles créations que sont pour moi Bois d’Iris, Vétiver Tonka, Déclaration, L’Ambre des Merveilles, L’Eau d’Hiver, Cuir d’Ange et la Colonia Assoluta d’Acqua di Parma et l’injustement négligé Kelly Calèche EdP. Bon week-end !
Nez inexpert
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Je suis navrée de ne voir que des avis négatifs sur cette eau de citron noir.
Je l’ai Senti, un simple échantillon, il m’a plu. Je l’ai acheté, il me plaît encore davantage. Fan du nez Jean Claude Ellena, j’ai acheté plusieurs de ses parfums, dans différentes maisons, sans savoir qu’il en Était l’auteur.
Je l’ai vu quitter Hermès avec regret. Donc je regardais avec méfiance les nouvelles créations de chez Hermès. Je n’ai pas aimé twilly, mais j’adore l’eau de citron noir, puissant, frais puis chaud. Assez masculin, mais rassurant. Je ne suis pas un nez, mais j’ai essayé beaucoup de parfums et je redoute la vulgarité.
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