Duel
Goutal Paris
- Marque : Goutal Paris
- Année : 2003
- Créé par : Camille Goutal - Isabelle Doyen
- Genre : Féminin - Masculin
- Famille : Aromatique - Boisée
- Style : Élégant - Frais
Fleurets mouchetés
par Anne-Sophie Hojlo, le 13 janvier 2021
Un duel cinématographique et olfactif transformé en un duo bien orchestré, alliant habilement fougue et distinction.
La confrontation dont il est ici question rejoint celle des inspirations contrastées qui ont guidé Isabelle Doyen et Camille Goutal. Les deux créatrices ont raconté avoir imaginé Duel en pensant au personnage de John Malkovich dans Les Liaisons dangereuses et à celui d’Antonio Banderas dans Le Masque de Zorro – deux images de la masculinité assez dissemblables, on en conviendra, mais qui s’avèrent complémentaires.
En ouverture, une bergamote lumineuse et un petitgrain frais et vif suscitent un effet cologne qui siérait sans doute au raffinement très XVIIIe siècle de Valmont. Puis la légère amertume des agrumes se prolonge avec celle, plus franche, du maté, aux tonalités de thé, de foin, d’écurie et de tabac, comme si Zorro bouchonnait sa monture après une chevauchée dans les herbes sèches des vastes étendues californiennes. Ces notes végétales semblent appeler tout naturellement un iris racinaire accompagné d’une violette verte, et revoilà la perruque poudrée et la sophistication retorse du vicomte. Mais les inflexions cuirées des fleurs s’affirment pour évoquer la selle tannée de Tornado, fier destrier du justicier masqué.
Ce glissement de proche en proche par facettes contiguës transforme finalement le duel annoncé en un duo bien orchestré, alliant habilement fougue et distinction.
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Eau de Parfum 150€/100ml
Cette critique est initialement parue dans le livre Parfums pour homme, la sélection idéale
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par Jicky, le 29 janvier 2021 à 09:59
Duel a toujours eu une excellente réputation, c’était un petit trésor caché au sein de la collection Goutal, dont on connaît essentiellement les féminins et leur Sables si particulier. Quand j’ai approfondi mes références parfums, Duel revenait souvent dans les conseils des différents amis croisés ici et là. Et, alors qu’en général je n’avais pas trop de mal à comprendre pourquoi certains parfums fascinaient, j’ai mis beaucoup de temps à comprendre pourquoi Duel avait si bonne réputation.
Au début, j’ai longtemps été gêné par un aspect qui m’évoquait le plastique, le latex, le caoutchouc. Je voyais l’aspect hespéridé, pétillant, scintillant. Mais j’étais gêné par cette couche de cellophane qui m’asphyxiait, m’empêcher d’y voir la respiration dont parlaient les autres. Le fond de mousse continuait à me donner une impression de sécheresse. A vrai dire, aucune étape du parfum ne me donnait satisfaction.
Je l’ai laissé de côté longtemps. Puis j’ai grandi, j’ai appris, j’ai senti. J’ai pas mal suivi le travail d’Isabelle Doyen. Et j’ai retrouvé de plus en plus de trace de Duel dans d’autres parfums d’Isabelle Doyen. Dans ses autres notes thés : L’eau du fier, L’île au thé... Surtout dans cette incroyable Antimatière, grâce à laquelle tout s’est éclairé. Son accord très simple et lisible entre la mousse, le musc, la violette et l’ambre gris. J’ai vraiment compris l’accord, l’effet fourrure et chatoyant qu’il procurait.
L’accord de l’heure fougueuse m’a aussi aidé à mieux cerner Duel. Cette association entre le maté et la mousse qui donne un aspect chevalin, vaguement cuiré, pelage.
Duel me dérange toujours un peu. Il est peut être un peu trop dans un registre de violette un peu plastique-skaï-latex. Je crois que je ne suis finalement pas très fan de son association avec les agrumes (L’île au thé me l’a confirmé). Mais c’est un parfum important dans le travail d’Isabelle Doyen, et ça reste un accord très fort, identifiable, maîtrisé et toujours dans une certaine élégance. J’en suis presque à regretter de ne pas être encore plus séduit par ce parfum, comme si c’était moi le problème.
En fait c’est peut être moi le problème ?
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par Farnesiano, le 29 janvier 2021 à 14:40
Peut-être ??? J’ai toujours voulu aimer Duel parce Goutal, parce que Doyen, parce que violette. Et puis ce nom ! Je n’y suis jamais parvenu, sauf une fois quand un stagiaire à qui j’avais donné mon échantillon, l’a porté au boulot trois ou quatre jours. Et là, c’était l’enchantement. La note chevaline, déjà un peu présente dans le tout premier Vétiver d’Annick Goutal (avec en outre un effet entre crottin et odeur de port) se fait dans Duel plus cuirée, plus souple, vraiment attirante. Pour le côté violette, j’avais le choix à l’époque entre les classiques Grey Flannel, Fahrenheit, etc. Je pouvais me rabattre aussi sur le soliflore Goutal, cette pure gourmandise. Mais ce satané Duel...
Merci, Jicky, pour cet apport nuancé sur une des créations de cette maison que nous aimons tant !
par _pascale, le 29 janvier 2021 à 18:17
Je trouve aussi que Duel a une odeur qui évoque le plastique, au point qu’après plusieurs essais j’ai fini par le donner, aucun regret (ni culpabilité de ne pas l’apprécier).
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par Uther974, le 21 juin 2024 à 07:15
Aujourd’hui,
je ressors mon flacon de Duel, racheté l’année dernière après un hiatus de plusieurs années.
J’ai porté ce parfum avant au moins 2015, dans la flasque ambrée à l’étiquette rétro, et ça n’était jamais gagné : difficile à porter effectivement, certains jours étaient de véritables duels entre mon nez et cette bouffée difficile que je voulais dompter.
Je l’ai mis peu, au final, le parfum incommodant mon cher et tendre ; puis quelqu’un dans un nouvel entourage professionnel le portait (très bien, d’ailleurs), et mon flacon s’est retrouvé relégué au fond de l’armoire (pas besoin d’un autre duel), pour définitivement se faire la malle lors d’un déménagement.
Je l’ai donc racheté l’année dernière, dans ces nouvelles bouteilles Goutal Paris : c’est devenu une eau sympathique et à mes yeux inoffensive, bien juteuse, craquante, avec du thé...et c’est tout.
En définitive elle est bien plus facile à porter, plus de remarque du conjoint renifleur non plus.
Mon Duel à mort est devenu un agréable compromis qui ne me séduit plus, mais se révèle très pratique quand je ne sais pas quoi mettre.
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