Angélique Noire
Guerlain - Les Exclusifs de Guerlain
Joyeux oxymore
par Cécile Clouet, le 18 mai 2015
Angélique Noire, création composée en 2005 par Daniela Andrier pour la collection l’Art et la matière, constitue certainement l’un des opus les plus réjouissants du catalogue moderne de Guerlain.
Le titre à lui seul donne une belle idée du pari de départ : déjouer les apparences, concilier les contraires, être ce qu’on prétend être, et même un peu plus encore.
Les premiers instants sont troubles, cinglants, mouvants.
L’angélique, cette plante à laquelle on prête de nombreuses vertus médicinales et protectrices (à la renaissance, on l’accrochait comme une amulette au cou des enfants), nous offre une entrée en matière dépourvue de toute innocence, dans une explosion de notes rugueuses et montantes. La verdeur est poussée jusqu’à l’âpreté, dans un élan épicé et amer, nous procurant quasiment la sensation gustative d’un aliment râpeux qui vient nous mordiller la langue.
Après quelques minutes, la matière semble respirer, et l’amertume initiale se teinte d’une note de poire légèrement sucrée qui nous emporte vers des territoires enfantins. L’angélique s’éloigne de sa dimension sauvage pour évoquer alors les petits bâtonnets confits que l’on ajoute dans la pâte pour confectionner un cake.
La composition s’épanouit dans un coeur réconfortant, faisant la part belle à une riche vanille qui me semble constituer le réel fond du propos. La dimension gourmande de la fragrance n’est pas éludée, dans des accents amandés et pâtissiers, mais la vanille se déploie également dans sa dimension florale grâce à un jasmin qui vient aérer le rendu, et enfin dans sa dimension de plante, avec la persistance de la verdeur de l’angélique.
C’est là le pari réussi de ce parfum que de savoir amener, avec cette vanille baumée typiquement Guerlain, un fond chaleureux et gourmand sans que celui-ci n’écrase la vivacité des notes de tête, qui resteront présentes en contrepoint jusqu’à la fin de l’évolution.
Dans Angélique Noire, l’angélique ne tient le devant de la scène que brièvement, servant de prétexte à l’avènement de la vanille et de part d’ombre (noire angélique !) à une création dont la gourmandise sait se montrer pleine de reflets... comme un clair-obscur ?
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par Rose, le 19 mars 2018 à 20:48
Bonjour,
Auriez-vous une idée de parfum qui serait proche d’Angelique Noire ? L’augmentation de son prix depuis sa mise sur le marché comment à être inquiétante et le rend tristement peu accessible. Merci à vous tous.
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par Farnesiano, le 20 mars 2018 à 07:31
Bonjour Rose,
En matière de vanille boisée, je pense à la jolie Vanille Exquise d’Annick Goutal mais celle-ci n’a pas la fraîcheur épicée de l’Angélique Noire ni le côté " poire fondante " qui fait tout le charme de cet onéreux Guerlain. Je ne sais ce que vaut la formulation actuelle du Goutal, je ne l’ai pas senti depuis longtemps, mais c’est assurément une vanille plus boisée que sucrée. Un faux gourmand, en somme.
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par Rose, le 21 mars 2018 à 00:02
Mille mercis, je vais le tester.
Si vous aviez d’autres idées, mille mercis de plus !
par Duolog, le 22 septembre 2018 à 22:13
Étonnamment, Angélique noire m’a fait penser aujourd’hui à Douce amère de Serge Lutens, du fait d’une note verte d’armoise ou absinthe mêlé à un fond plus chaud. La note fruitée poire est bien sûr absente chez le Lutens, qui profite d’une fraîcheur plus anisée au départ et d’un fond un brin plus floral, moins vanillé ensuite. La fleur de tiaré et un petit côté fumé lui donne à mon goût une tonalité moins "domestique", plus sauvage ou exotique, mais la parenté est bien là.
par mooggie, le 4 novembre 2016 à 16:45
Je suis revenue à ce parfum après une année d’infidélités insatisfaisantes.
Je le trouve d’une douceur réconfortante et d’une grande sensualité mais sans la lourdeur des orientaux traditionnels ni la mièvrerie des parfums "gourmands" pour jeunes filles en mal de doudous !
De plus, je le reconnais entre mille tant il est original et ce que je recherche aussi dans un parfum. Bref, il est fait pour moi !
par billieH, le 26 octobre 2015 à 12:30
Une nouvelle mission pour toi Euska, à l’occasion j’aimerais bien le sentir, tu m’as donné envie, grr. Je sais j’exagère ;) Pour la peine je t’embrasse ! Oui encore lol
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par euskalpyth, le 26 octobre 2015 à 14:58
Alors là, c’est pas gagné, car les échantillons de la collec "l’art et la matière" chez Guerlain ne sont pas faciles à obtenir...
Mais je vais y aller avec mon plus beau sourire et je te tiens au courant si ça marche !
Bizz en retour :-)
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par billieH, le 26 octobre 2015 à 19:09
Euska, à l’impossible nul n’est tenu ! Mais si tu sors ton plus beau sourire...
par euskalpyth, le 26 octobre 2015 à 10:23
Il est très beau !
Il est très très beau, ce parfum !
Bon, je vais essayer d’être un peu plus constructif.. ;-)))
Déjà, première surprise en relisant la critique : il a été fait par Daniela Roche-Andrieu !
Je me rappelle m’être dit, il y a quelques jours, en ayant découvert les Olfactories de Prada, que je n’étais pas fan de cette créatrice, or force est de reconnaître qu’elle a au moins créé un parfum que j’adore : Angélique noire !
Je le porte rarement (échantillon) mais il est très présent, même à petite dose (quasiment aussi costaud que le Bois d’Arménie dans la même collection) et, contrairement à tout ce que j’ai lu dans les avis des uns et des autres (et j’avoue être étonné de voir qu’il a eu droit à beaucoup de critiques "négatives" :-(), je ne le trouve pas du tout écoeurant...
Je ne décèle pas la note amandée dont parle Newyorker (et ça n’est pas plus mal, car je n’aime pas trop l’amande en parfumerie), ni la note poire qu’évoque Doudou,
mais je n’ai pas non plus cette sensation d’être saturé par la vanille, même si elle est assez rapidement là et bien là sur ma peau, car j’ai toujours ce petit contrepoint vert-amer-acidulé (je suppose que c’est l’angélique, même si je n’arrive pas l’identifier en tant que telle) qui allège le parfum, qui reste présent sur la durée et lui donne son originalité !
Bref, un petit plaisir rare (on économise l’échantillon) mais intense : à chaque fois que je le porte ou que je le sens, je suis surpris de combien je l’aime (ne me demandez pas pourquoi...)
Tiens, d’ailleurs, c’est vrai : moi qui suis toujours à pester contre les parfums nommés "noir" ou "black", je me rends compte qu’il y en a au moins un que j’aime ! ;-))
par Le Nez Bavard, le 19 mai 2015 à 11:29
Bonjour Cécile, bonjour tout le monde,
Je viens de lire avec plaisir cette critique sur Angélique Noire que j’avais découverte en 2007 en même temps que Cuir Beluga. J’aime beaucoup ce parfum, même si je comprends aisément qu’il ne puisse pas faire l’unanimité, comme le soulève de son côté Newyorker. Ce parfum joue sur des sensations de liqueurs et de verdeur acidulée-fruitée que je trouve intéressante. La qualité des matières est indéniable, à part peut-être l’envolée feuille verte écrasée (triplal ?) un peu trop synthétique à mon goût (comprendre ici : mal maîtrisée). Mais pour être honnête, je crois qu’Angélique Noire a toujours beaucoup plus flatté mon envie d’être "croquée" que mon envie de paraître élégante.
Je suis d’ailleurs surprise qu’Angélique Noire t’aies autant plu, compte-tenu de sa facette alimentaire très présente, alors que Cuir Beluga n’a reçu que peu de faveurs de ta part, ne pouvant plaire qu’aux "amatrices de LVEB" selon tes propres mots.
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par doudou, le 19 mai 2015 à 15:13
Coucou Juliette, et tout le monde !
J’ai pris le temps de porter Angélique noire et aussi de sentir à nouveau les opus de la collection pour essayer de trouver les mots et un angle d’approche.
Avec le recul je dirais que Cuir Béluga n’est pas si sucré, mais qu’il partage avec ses collègues Tonka impériale et SDV un côté un peu gras ou sourd dans la gourmandise, là où je trouve que la verdeur d’Angélique noire structure la matière différemment et la fait respirer.
Cela dit, ce sont tous des jus qui jouent sans équivoque la carte de la gourmandise et en cela ils pourraient être une alternative plus qualitative pour des amatrices de notre cher iris gourmand et son fil de sucre....
par Bella R, le 18 mai 2015 à 22:05
Merci Doudou pour cet article,
Pour ma part ce parfum ni vert ni aéré... ni poire, ni jasmin.... Peut être ma peau est en cause ?
La vanille, plutôt vanilline, qui sort n’une force que je ne supporte pas ce parfum malheureusement. Je le trouve même étouffant ce lui-ci.
Pas mon registre c’est sûre, mais a part cela je le trouve très synthétique, vanilline en overdose. J’ai trouvé aucune fleure. J’ai l’impression de me transformer en cookie géant quand je le porte, portais plutôt :-)))))
par Yohan Cervi (Newyorker), le 18 mai 2015 à 21:53
Hello Doudou, et merci pour ce billet,
J’avais acheté Angélique Noire en 2009 sur un coup de tête, avec mes économies d’étudiant (le prix était alors de 145 euros, non pas 185). Je l’ai abandonné une semaine après. J’avoue ne pas réellement percevoir la verdeur souvent évoquée, au delà des dix premières secondes. Le tout bascule alors dans une vanille amandée, pas inintéressante, mais d’une lourdeur sans nom. C’est une pure caricature de la pâte Guerlain, qui ne retient que la vanille (plutôt alimentaire ici) en overdose. Pour moi, aucune note ne vient aérer la composition. Il me rend malade, je ne le supporte pas. Mais ce n’est pas pour autant un mauvais parfum, juste, à mon humble avis, une caricature facile, aux traits un peu trop grossiers.
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par Newyorker, le 18 mai 2015 à 22:03
Hum...une patte bien sûr, et non une pâte (désolé, j’écris en mangeant mon plat de macaroni :-) ).
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par Troudujol, le 18 mai 2015 à 23:15
Ton lapsus apporte pourtant un côté pâtissier particulièrement adapté à ce parfum, et à ton propos. ;-)
Pour ma part, j’ai acheté ce parfum pour son côté vert, amer, presque "frais" que j’ai senti quelque temps. Puis j’ai fait une pause, et depuis je n’ai jamais réussi à le retrouver ; comme toi, seule une vanille très dense et lourde m’envahit. Mais c’est devenu le parfum de ma mère ; sur elle, je l’apprécie, quand elle n’a pas la main trop lourde.
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par eckbo, le 19 mai 2015 à 09:28
Troudujol, vous avez mis l’accent sur ce qu’il ne faut pas faire avec Angélique Noire : avoir la main trop lourde pour pouvoir en profiter pleinement.
par Memories, le 18 mai 2015 à 21:50
Merci pour cet article Doudou, mais je dois dire qu’aucun des parfums de la collection l’Art et la Matière ne m’a convaincu.
Et, Angélique Noire est l’un des pires à mon nez : une fragrance qui donne l’impression d’avoir été construite dans la précipitation et qui réunit une note de tête de beurre rance particulièrement déplaisant et un fond d’huile savonneuse et florale rappelant les pires jus des années 80.
Pour le prix, on est en droit d’attendre autre chose de Guerlain...(désolé d’être aussi strict).
par SleepingBeautyAngel, le 18 mai 2015 à 20:47
Déjà sentie sur la boutique éponyme des Champs Elysées, cette Angélique Noire a été un véritable coup de foudre, je l adore mais il faut en avoir les moyens malheureusement, mais cela reste tout de même une très belle découverte
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Rien ne se perd, tout se transforme... ou se recycle : je reçois un courriel de la Maison Francis Kurkdjian intitulé " L’Art et la Matière " me proposant la découverte (et l’achat) de bien jolies bougies parfumées. De Guerlain à la cire de notre si cher Francis, il n’y a qu’un clic ;-)
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par Garance, le 27 octobre 2018 à 11:45
J’ai eu la même surprise que vous, Farnesiano. J’imagine que la Maison Francis Kurkdjian n’a pas le droit de s’approprier ce nom pour une collection, en revanche, rien ne les empêche effectivement de l’utiliser pour un intitulé de mail !
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par DOMfromBE, le 27 octobre 2018 à 16:45
Bah, tout cela reste dans la cour de chez LVMH...
A quand un Sublime Poison Interdit pour le Soir eau extrême florale light édition collector spécial journée de la pouffe ?...
Bon weekend à tous.
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